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Léo Ferré: Nous deux

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Langue: français


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[1961]

Ferre Nous Deux

J'ai toujours scrupule à commenter les chansons, surtout quand elles sont bonnes. Je me sens un peu gêné aux entournures de paraphraser des textes aussi renversants de qualité et par ailleurs, je suis tout aussi embarrassé de faire la leçon , en quelque sorte, à des lecteurs que je devine assez capables de le faire eux-mêmes. En somme, je n'aurais qu'à me taire. Mais Riccardo Venturi dit qu'il aime bien que l'on commente... Mais je me dis aussi que ce raisonnement restrictif, cette pudeur qui est la mienne, même dans les conversations entre amis, éteindrait toute relation. Alors, j'entends Zazie qui dit : Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire... En effet.

Cette chanson écrite par Jean-Roger Caussimon, lui-même interprète, est probablement une des plus belles chansons de la langue française. La musique de Léo Ferré n'y est pas pour rien non plus. C'est une chanson d'amour, mais avec Léo Ferré, l'amour est en effet cette île d'or au milieu de l'océan de bêtise et de bâtisses de béton où l'humaine nation s'enlise. Le monde est là avec ses misères, avec ses Gitans (nos frères Gitans, i nostri fratelli Rom), avec son dégoulis de commerce et de télé, avec ses guerres d'ici :

Et de Boulogne et de Vincennes
Et des quais fleuris de la Seine
Bientôt, il ne restera rien".
et d'ailleurs, ses futurs assassinats massifs de l'espace :

"Que tout flambe ou que tout se glace
Nous aurons déjà notre place
Dans la légende des amants
Nous deux !
Alors, quand sautera la planète
Si jamais sonnent les trompettes
On s'en foutra divinement
Nous deux !"


Ce ne seront certainement pas les fameuses « trompettes de la renommée », mais bien celle du Jugement dernier, qui – selon Benoît et ses sbires, devront effrayer les hommes jusqu'à la fin des temps.
Comme on le voit, avec Léo, pour moi aussi d'ailleurs, il n'y a pas d'un côté les (mauvaises) affaires du monde et de l'autre, la vie et l'amour. On ne saurait détacher l'amour, les relations de sentiments et de chair du monde dans lequel, bon gré mal gré, on est plongé.

Malgré les planches et puis la terre... Les amants éternels.

Ergo, la chanson d'amour est aussi une chanson contre la guerre. Voilà pourquoi elle a sa place ici....

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Ils sont partis sans crier gare
Avec leurs mômes et leurs guitares
Nos frères gitans de Saint-Ouen.
Elles sont parties, à tire-d'aile
Et sans retour, les hirondelles
Paris n'en avait plus besoin.
Flots de béton et de bêtise
Faut des drugstores et du strip-tease
Des buildings et des souterrains
Et de Boulogne et de Vincennes
Et des quais fleuris de la Seine
Bientôt, il ne restera rien.

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Malgré les planches et puis la terre
On se blottira comme on sait le faire
Nous deux !
Malgré la terre et puis les planches
On se câlinera, comme le dimanche
Quand on va pas au cinéma
Nous deux !
Et qu'après, on se 'retrouve en rêve
Fascinés comme Adam et Ève
Et tout fiers d'avoir trouvé ça,
Nous deux !

Tu vois, c'est écrit à la une
On se dispute déjà la Lune.
Enfants de demain, innocents !
Un général sur les planètes
Vous suivra de loin, à la lunette
Et dira : C'est rouge de sang !
À tant jongler avec la bombe
Un jour, faudra bien qu'elle tombe
C'est son but et c'est notre lot
Il faudra bien que ce jour vienne
Adieu Paris et adieu Vienne
Adieu Rome et Monte-Carlo !

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Que tout se glace ou que tout flambe
Ça fait rien, si l'on est ensemble
Nous deux !
Que tout flambe ou que tout se glace
Nous aurons déjà notre place
Dans la légende des amants
Nous deux !
Alors, quand sautera la planète
Si jamais sonnent les trompettes
On s'en foutra divinement
Nous deux !

Les gens vont me traiter d'artiste,
De sans-cœur, et si j'en suis triste
Je n'en serai pas étonné
Car ce cœur pitoyable et tendre
À toi seule, qui sus le prendre,
Depuis longtemps je l'ai donné.
Tout comme aujourd'hui, je te donne
Cette chanson de fin d'automne
Qui se voulait chanson d'amour.
Je ne suis ni saint, ni apôtre
Et pour penser encore aux autres
Il me reste trop peu de jours.

En attendant, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Puisque nos âmes vagabondent
Allons faire le tour du monde
Nous deux !
Puisque vagabondent nos âmes
Embrassons-nous tout près des lames
De l'océan des mauvais jours
Nous deux !
Et puis, à nos amours fidèles
Au cœur des neiges éternelles
Allons nous perdre pour toujours
Nous deux !

envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/4/2009 - 17:14


Comme les fous du copyright ont encore frappé et supprimé la vidéo de la version chantée apr Léo Ferré, on va leur en mettre deux :

- la première chantée par l'auteur du texte, le merveilleux poète Jean-Roger Caussimon

- la deuxième par Léo Ferré.

Et avis à tous, ici comme ailleurs, nous, les ânes, nous sommes têtus... et moi, spécialement, qui suis un âne anar. Quand je veux faire entendre une chanson aux amis, je le fais. Dussé-je la chanter moi-même et me faire enregistrer par Marco Valdo M.I., cette chanson vivra.

Ora e sempre : Resistenza !

Lucien Lane

Lucien Lane - 5/1/2012 - 14:25




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