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Une sorte de bonheur

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Une sorte de bonheur

Canzone française – Une sorte de bonheur – Marco Valdo M.I. – 2009

(Dachau Express - Suite en plusieurs tableaux.)

Une sorte de bonheur est la vingt- troisième étape d'un cycle de chansons, intitulé Dachau Express, qui raconte l'histoire d'un jeune Italien qui déserta pour ne pas servir le fascisme; réfugié en France, il fut rendu par les pétainistes aux sbires du régime, emprisonné. Les étapes ultérieures de ce tour d'Italie un peu particulier se prolongent en Allemagne et racontent la suite de l'aventure qui se terminera à Dachau.
Comme on le découvrira ici, ces canzones racontent l'histoire d'un homme, aujourd'hui âgé de 88 ans, mais encore plein de vie, qui habite quelque part loin de l'Italie dans le Limbourg près de la frontière hollandaise, en pays flamand. Il s'appelle encore et toujours Joseph Porcu (en Italie, Giuseppe), il est né en Sardaigne et connut une vie passablement agitée. Il connaît et suit avec attention ce Giro d'Italia, ce cycle de chansons et il espère que la mémoire qu'il transmet ainsi pourra permettre de mieux résister à tout retour de la bête immonde (encore qu'actuellement en Italie...) et inciter les gens à tout faire pour créer enfin ce monde de justice (sociale) et de liberté pour lequel sont morts tant de résistants.
Ora e sempre : Resistenza !

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

Le temps passe, même lentement, même mal. Même à Dachau, même dans les camps, les jours succèdent aux jours, les saisons aux saisons, les bombardements aux bombardements, les morts aux morts. L'enfer aussi a une fin. Et la fin s'annonce et en même temps, se fait attendre. Le monde de l'enfer se délite; la machine se détraque et sa décrépitude s'accélère. Les officiers SS, naguère si glorieux (du moins, le croyaient-ils...) s'en vont l'échine pliée sous leur sac militaire. Ils fuient, la honte au cul. Il ne reste plus au matin du 29 avril 1945 que des drapeaux blancs sur les miradors.
Ça s'est passé un dimanche... Ainsi, le dimanche 29 avril 1945 entre dans le camp, sous le fameux portail Arbeit macht Frei !, la première camionnette à l'étoile blanche. Il est 17 heures, ce sont les Américains. Pour les prisonniers – du moins ceux qui ont survécu et qui ont encore la force, c'est une clameur immense qui sort de leurs poitrines, de leurs tripes... Libres, libres...
Il y avait de quoi hurler de joie, de quoi se réjouir... D'autant qu'il y avait eu dans les derniers des massacres, des massacres à n'en plus finir; le camp s'était transformé en un gigantesque abattoir humain. Les ordres venaient d'en haut. On retrouva dans les papiers de l'administration du camp le télégramme de Himmler : « Aucun prisonnier ne doit tomber aux mains des alliés »...
Certains survécurent, mais tout juste. Quelques jours de plus leur auraient été fatals... Joseph était de ceux-là. Joseph a survécu à l'enfer tel qu'il avait été conçu par une bande de déments , dont certains – leurs descendants en quelque sorte – aimeraient bien camoufler les traces de leurs délires. Il n'est pas question pour Joseph de laisser s'installer cette chape de silence sur les crimes des fascistes et de leurs disciples nazis. Il n'en est pas plus question pour nous.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.



Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, un étrange bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis

Bombardements toujours plus violents
D'immenses ruines dans le couchant
Mon camarade debout, moi couché,
Il ne bougeait pas, il tentait de parler
Pas de blessure, deux fois rien.
Je lève les yeux, il était mort soudain,
Tragédies d'un jour,
Tragédies de tous les jours
On entendait des tirs
L'enfer allait-il finir ?
Escarmouches, accrochages, batailles
22 avril 1945, on n'allait plus au travail

Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, une sorte de bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis

Du 25 au 28, comptages, rassemblements,
On allait nous transférer vers d'autres camps
Le 26, 7000 partirent avec les chiens et les SS
Folie des transferts avec les chiens et les SS
On imaginait le pire, on craignait pire encore
Et le pire du pire se révéla pire encore.
Que sont mes amis devenus ?
Nioj, Sarde comme moi, sur un maudit wagon
Partit pour le néant, le néant absolu.
Il reste son souvenir, il reste son nom.
Comme mille et mille autres dans les wagons

Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, une sorte de bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis

Ils étaient tant et tant
À mourir ainsi continuellement
Ordre télégraphique de Himmler
retrouvé après la guerre
« Aucun prisonnier ne doit tomber
Aux mains des alliés ».
Faire tout disparaître, tout détruire
Dachau devait devenir
Un camp vide aux fours pleins.
Les crématoires étaient éteints
La machine parfaite s'enrayait
Même les officiers SS s'enfuyaient


Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, une sorte de bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis


Comme des voleurs, à pieds, avec leur sac sur le dos
Les bons Aryens partaient vers l'Eldorado
On les captura, on les ramena à Dachau
Avec sur la poitrine, un écriteau :
« Je suis de retour à nouveau ».
29 avril, sur les miradors, de blancs drapeaux
Vers 17 heures, en ce beau dimanche
Entre une camionnette à l'étoile blanche
Nos corps squelettiques hurlaient
On gémissait de plaisir, on pleurait
C'était fin de l'enfer nazi.
Ainsi finissait la tragédie.

Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, une sorte de bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis
Malgré les bombes, malgré la peur
On était contents, une sorte de bonheur
C'était le printemps et nous étions en vie
Ça sentait la fin des nazis

envoyé par Marco Valdo M.I. - 25/3/2009 - 23:57




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