Avec nos pieds chaussés de sang
Avec nos mains clouées aux portes
Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les têtes qui sont mortes
Avec nos poumons de Camel
Avec nos bouches-sparadrap
Et nos femmes qu'on monte au ciel
Dans nos ascenseurs-pyjamas
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos morales bâtardes
Filles d'un Christ millésimé
Et d'un almanach où s'attarde
Notre millénaire attardé
Et puis nos fauteuils désossés
Portant nos viandes avec os
Et la chanson des trépassés
Des jours de gloire de nos boss
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos oreilles au mur
Avec nos langues polyglottes
Qui magnétophonisent sur
Tous les tons et toutes les bottes
Avec nos pelisses nylon
Qui font s'attrister les panthères
Dans les vitrines du Gabon
Leur peau pressentant la rombière
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos journaux-pansements
Qui sèchent les plaies prolétaires
Et les cadavres de romans
Que les Goncourt vermifugèrent
Avec la société bidon
Qui s'anonymise et prospère
Et puis la rage au pantalon
Qui fait des soldats pour la guerre
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Cela dit en vers de huit pieds
A seule fin de prendre date
Je lâche mon humanité
ET JE M'EN VAIS A QUATRE PATTES
Avec nos mains clouées aux portes
Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les têtes qui sont mortes
Avec nos poumons de Camel
Avec nos bouches-sparadrap
Et nos femmes qu'on monte au ciel
Dans nos ascenseurs-pyjamas
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos morales bâtardes
Filles d'un Christ millésimé
Et d'un almanach où s'attarde
Notre millénaire attardé
Et puis nos fauteuils désossés
Portant nos viandes avec os
Et la chanson des trépassés
Des jours de gloire de nos boss
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos oreilles au mur
Avec nos langues polyglottes
Qui magnétophonisent sur
Tous les tons et toutes les bottes
Avec nos pelisses nylon
Qui font s'attrister les panthères
Dans les vitrines du Gabon
Leur peau pressentant la rombière
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Avec nos journaux-pansements
Qui sèchent les plaies prolétaires
Et les cadavres de romans
Que les Goncourt vermifugèrent
Avec la société bidon
Qui s'anonymise et prospère
Et puis la rage au pantalon
Qui fait des soldats pour la guerre
t'es Rock, Coco ! t'es Rock !
Cela dit en vers de huit pieds
A seule fin de prendre date
Je lâche mon humanité
ET JE M'EN VAIS A QUATRE PATTES
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2008/9/24 - 22:18
Oh, dit Lucien l'âne, repassant sur cette chanson à la recherche d'un vers exact, je me rends compte qu'une erreur (au moins) figure dans le premier octain; juste un mot, mais quel mot; il faut dire que cette erreur (d'où est-elle venue ? D'une transcription à une mauvaise oreille ?) est de taille et il suffit d'écouter Léo chanter pour s'en rendre compte.
Soit, dit Marco Valdo M.I., je l'avais insérée à mes débuts et je n'avais pas encore l'expérience de ce genre de caviard; je faisais confiance aux textes insérés par d'autres. Mais quelle est cette erreur, au fait ?
Le texte erroné est :
"Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les femmes qui sont mortes"
et le texte exact ( et beaucoup plus fort et plus logique) est :
"Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les têtes qui sont mortes",
C'est évident, conclut Marco Valdo M.I. On dirait du Rutebeuf ou du Villon.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Soit, dit Marco Valdo M.I., je l'avais insérée à mes débuts et je n'avais pas encore l'expérience de ce genre de caviard; je faisais confiance aux textes insérés par d'autres. Mais quelle est cette erreur, au fait ?
Le texte erroné est :
"Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les femmes qui sont mortes"
et le texte exact ( et beaucoup plus fort et plus logique) est :
"Et nos yeux qui n'ont que des dents
Comme les têtes qui sont mortes",
C'est évident, conclut Marco Valdo M.I. On dirait du Rutebeuf ou du Villon.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Marco Valdo M.I. - 2020/4/18 - 17:16
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Vous me direz : « Faut avoir du culot pour s'oser à faire un commentaire à propos d'une chanson de Léo Ferré... Surtout, à propos de celle-là, qui est si complexe et si hautement poétique... ». Eh bien, voyez-vous, j'ose, moi. Car voyez-vous, j'aime beaucoup les chansons de Léo Ferré et particulièrement, celle-là qui martèle tant et si bien la rengaine de nos époques. T'es Rock, coco !, vous pouvez le dire tous les jours. C'est une chanson nouvelle, chaque jour renouvelée. À la fois aussi, ancienne par sa scansion, par sa façon de prendre son pied avec la langue. Un peu Villon, un peu Verlaine, un peu Vian... Oh, vous savez, Léo était un très grand poète. Il avait de la noblesse et puis du style; il met de la noblesse, du style, de la lucidité, du courage, de la rage aussi dans cette dénonciation de la société bidon, la société dans laquelle on nous noie chaque jour dans un magma d'images aussi idiotes que les textes qui les supportent.
Pour survivre dans cette société, dans leur société, celle de ceux qui font les guerres et qui mènent la guerre de cent mille ans, il faudra peut-être comme le conclut Léo, « s'en aller à quatre pattes ».
À se demander finalement s'il n'y aurait pas plusieurs humanités ou si l'humain minoritaire dans la société ne finira pas par disparaître.
L'homme, une espèce en voie de disparition ? Le risque est là; demain, aujourd'hui déjà, s'installe, façonné par la télé et ses magazines et journaux succédanés, le temps des zombies, des robots, d'une masse grise, jouisseuse et méprisante, vaniteuse, vantarde, vile et riche, riche, riche... Pour tout dire, très exactement, fasciste...T'es Rock, Coco...