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Néron, le Sicilien

Marco Valdo M.I.
Langue: français


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Néron, le Sicilien




Lors d'un voyage en Sicile, en 1951, Carlo Levi s'en va visiter les mines de soufre de Lercara Friddi. Il y arrive pendant une grève, la première de toute éternité. A cette occasion, il est amené à rencontrer le patron de la mine, Monsieur Ferrara, surnommé Néron par les mineurs en raison de sa façon brutale et dictatoriale de mener l'exploitation des mines. C'est un patron de choc, assurément; c'est aussi un éminent représentant de la démocratie Chrétienne. Pour asseoir sa domination, il s'entoure de toute une bande d'hommes « au visage obtus et féroce, avec deux moustaches noires filiformes au-dessus des lèvres, le regard oblique et fuyant, la démarche à la fois insolente et inquiète. Si la mafia (qui n'existe pas) existait, ceux-là seraient, pensais-je, le portrait typique et exemplaire d'un mafieux. »

Les mines de soufre avaient fait un temps – au dix-neuvième siècle, la richesse de certains entrepreneurs siciliens. Vers le milieu du vingtième, les mines de Lercara Friddi sont tombées aux mains d'exploitants sans envergure et sans ambition autre que la rente de situation. En quelque sorte, ils sont assis dessus et se contentent d'en tirer le profit maximal au détriment essentiellement des travailleurs qui sont sous leur coupe. Néron, et sa garde prétorienne, en est le prototype-même. Il illustre bien cette couche d'intendants arrivistes, qu'on trouve aussi dans Il Gattopardo (Le Guépard) de Lampedusa et qui constitue la base-même du pouvoir politique – au travers de la machine politique qui, dans le Sud, lie l'État bourbonique ou italien et l 'Église catholique, et du pouvoir occulte de la mafia. Là aussi, se déroule une phase de la guerre de cent mille ans.
Bien entendu, nous étions en 1950...

La chanson reprend - en synthèse – ce portrait de Néron, le Sicilien, dont l'histoire figure comme celle de Salvatore Carnevale, militant assassiné par la mafia, dans le livre de Carlo Levi : Le Parole sono pietre.
A l'entrée était assis
chemise ouverte et costume gris.
une tête à la peau de cuir,
des mâchoires à faire fuir,
une bouche pleine de dents
et des yeux tout petits, fuyants,
derrière les énormes verres
d'une paire de lunettes de fer.
C'était Néron, l'intendant,
patron des mines tout puissant..

Pas de la mafia
Qui n'existe pas.
Si elle existait,
Sûr, il en serait.
Parrain, politicien,
Néron, le Sicilien.

La face imperturbable
L'œil terne, impénétrable,
Le visage grimaçant
une mixture d'astuce, méfiant,
et qui sait, peut-être, intelligent.
Un homme ni d'hier, ni d’il y a cent ans,
le rare représentant
d'une race perdue, il y a dix mille ans.
dans ce monde d'antan
sans écrit, sans document.

Pas de la mafia
Qui n'existe pas.
Si elle existait,
Sûr, il en serait.
Politicien, démochrétien
Néron, le Sicilien.

Néron, ses manies,
Pas d'images, pas d'écrits,
Étrange pathologie.
Pas une photographie de lui...
Pas de photographies.
C'est interdit, absolument interdit.
Le docteur me l'a interdit",
"et le pharmacien également."
Interdit, interdit
Depuis dix mille ans.

Pas de la mafia
Qui n'existe pas.
Si elle existait,
Sûr, il en serait.
Démochrétien, Parrain.
Néron, le Sicilien.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 29/8/2008 - 16:52


Da allora, era il 1955, quasi tutto è cambiato in Sicilia. Tranne l’archetipo, il suo essere metafora. Sono cambiati i tempi, i modi, le mode, i rapporti sociali, i comportamenti ; l’archetipo rimane, immarcescibile.

La Sicilia offre la rappresentazione di tanti problemi, di tante contraddizioni, non solo italiani ma anche europei, al punto da poter costituire la metafora del mondo odierno. [Leonardo Sciascia, La Sicilia come metafora]

La memoria è la nostra cultura. È l’ordinata raccolta dei nostri pensieri. Non solamente dei nostri propri pensieri: è anche l’ordinata raccolta dei pensieri degli altri uomini, di tutti gli uomini che ci hanno preceduto. E perché la memoria è l’ordinata raccolta dei pensieri nostri e altrui, essa è la nostra religione (‘religio’). Nacque la Memoria nell’istante medesimo che l’esiliato Adamo varcava la soglia del Paradiso terrestre... Disperata era in principio la Memoria. Ma quando un dio si avvicinò a lei amorosamente, alla Memoria si aggiunse la Speranza... Nove figlie generò l’amore di Giove a Mnemosine. Le quali, scese che furono sulla terra, questa ne sospirò di gioia e di consolazione. L’arte dunque è sorta dal fecondo grembo della Memoria... Se l’arte non deriva dalla Memoria, l’arte è ignobile (plebea), ristretta e piena di noia, vana come i sogni.[ Leonardo Sciascia, Il teatro della memoria, La sentenza memorabile]

Riccardo Gullotta - 26/7/2021 - 20:00




Langue: italien

Testo italiano / Text italien / Italian text / Italiankielinen teksti

business as usual
NERONE IL SICILIANO

Era seduto all'ingresso
camicia aperta e abito grigio.
una testa con una pelle di cuoio,
mascelle per spaventare,
una bocca piena di denti
e piccoli occhi sfuggenti,
dietro gli enormi occhiali
di un paio di bicchieri di ferro.
Era Nerone, il maggiordomo,
onnipotente capo delle miniere.

Niente mafia,
che non esiste.
Se esistesse
Certamente lui ne farebbe parte.
Padrino, politico,
Nerone, il siciliano.

Il volto imperturbabile
L'occhio spento e impenetrabile,
La faccia sorridente
un misto di astuzia, sospettoso,
e chissà, forse, intelligente.
Un uomo né ieri né cento anni fa,
il raro rappresentante
di una razza persa diecimila anni fa.
in questo mondo d'altri tempi
senza scrivere, senza documenti.

Niente mafia,
che non esiste.
Se esistesse
Certamente lui ne farebbe parte.
Politico, democristiano
Nerone, il siciliano.

Nerone, le sue stranezze,
Niente immagini, niente scritti,
Strana patologia.
Non una sua fotografia ...
Niente fotografie.
È vietato, assolutamente vietato.
Il dottore mi ha proibito ",
"e anche il farmacista."
Proibito, proibito
Da diecimila anni.

Niente mafia,
che non esiste.
Se esistesse
Certamente lui ne farebbe parte.
Democristiano, padrino.
Nerone, il siciliano.

envoyé par Riccardo Gullotta - 26/7/2021 - 20:03




Langue: sicilien

Traduzzioni siciliana / Traduction sicilienne / Traduzione siciliana / Sicilian translation / Sisiliankielinen käännös:
Riccardo Gullotta

[[https://carlolevifondazione.it/wp-content/uploads/2015/10/Le-parole-sono-pietre.jpg|]]
NERUNI U SICILIANU

Ier’assittatu â trasuta
Cammisa graputa e vistutu griggiu
na testa cu na peḍḍ’i coriu
masciḍḍi ca megghiu fujri
Na vucca chinizza i denti
E ucchi nichi,rifardi,
Darré i lenti grossi
Di ucchial’i ferru
Iera Neruni, u ‘ntinnenti
U patruni nniputenti dê surfari

Nenti mafia
Nun esisti
Su ci fussi
Certu ca iḍḍu fussi mascariatu
Parrinu, politicanti,
Neruni, u sicilianu

A facci ca 'n si scuìta
L’occhiu stutatu, ‘ndicifrabbili
A facc’i smorfi
na cumminazzjon’i spirtizza,malu pinsanti
e, cu sa’, po essiri,’ntilliggenti
Un cristianu ni d’ajeri ni di cent’anni arreri
Un rapprisintanti finu
i na razza scumparuta decimila anni arreri
Ne stu munnu ca fu,
nuḍḍa scritta e nuḍḍa documenta

Nenti mafia
Nun esisti
Su ci fussi
Certu ca iḍḍu fussi mascariatu
Puliticanti, dimocristjanu
Neruni, u sicilianu

Neruni, cch’î so stranizzi,
Nenti figuri, nenti scritti
Na malatia strana.
Nuḍḍa fotografia di iḍḍu …
fotografì nenti
Je proibitu, assolutamenti proibitu.
“U dutturi mû proibì”
“E pur'u farmacista”.
Proibitu, proibitu
Avi decimila anni

Nenti mafia
Nun esisti
Su ci fussi
Certu ca iḍḍu fussi mascariatu
Dimocristjanu, parrinu
Neruni, u sicilianu.

envoyé par Riccardo Gullotta - 26/7/2021 - 20:12


Pour Riccardo Gullota,

Merci de ces deux traductions en italien et en sicilien, qui ramènent au pays ces morts que j’avais empruntés à Carlo Levi pour écrire cette chanson, une de ces chansons que j’avais appelées « Chansons lévianes ».
Pour la Sicile – toujours tirée de « Le parole sono pietre », j’avais aussi écrit : « Salvamort », à la mémoire de Salvatore Carnevale et à celle de Danilo Dolci : « Danine ! Danine ! » et du procès qu’on lui fit, où on croise Carlo Levi, mais aussi Piero Calamandrei.
D’autre part, il est toujours étonnant et réjouissant de voir traduit un texte qu’on a écrit. On s’aperçoit alors que « je est (aussi) un autre » ; on se voit différemment.

Cordialement

Marco Valdo M.I.

Marco Valdo M.I. - 28/7/2021 - 16:40


Pour Riccardo Gullotta,


pour compléter le choix, je propose :
tirée de l’écrivain sicilien : Roberto Alajmo

It's a long way to the Holy Sepulchre ou La Croisade du Prince de Palerme


Cordialement

Marco Valdo M.I.

Les références des deux chansons citées antérieurement sont Salvamort et Danine ! Danine !.

Marco Valdo M.I. - 28/7/2021 - 17:19




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