Les épis étaient mûrs,
la glume du blé volait déjà.
À Nuras, le dix de juin cette année-là.
"Cette fois, nous y sommes vraiment !",
Les femmes fouillaient les têtes des enfants.
Les vieilles cardaient ou filaient.
L'après-midi, sans vent
Les pierres des rues brûlaient
Les vieux contre le mur de l'église,
attendaient la brise.
Sur le balcon de la Municipalité
l'unique radio du village
Fit entendre les crachotements patriotiques.
Une langue presque inconnue,
au rythme étranger et froid,
frappait l'oreille.
Don Achille, ce héros,
propriétaire des bois et des marais,
podestat et secrétaire du fascio,
décidait et ordonnait.
Le salon de son petit palais
et la salle du conseil communiquaient.
Une idée de son père le précédent podestat.
"Ordre du podestat !
Tous sur la place ! "
La musique cessa.
Le garde se raidit en position fixe.
« Combattants de terre, de mer et de l'air !
Chemises noires de la révolution et des légions !
Hommes et femmes d'Italie,
de l'Empire et du Royaume d'Albanie !
Écoutez ! »
L'Italie, Nuras même,
avaient déclaré la guerre.
« Peuple italien !
Cours aux armes, et montre ta ténacité,
ton courage, ta valeur ! »
La voix se tut.
Les crachotements patriotiques reprirent.
Don Achille leva la main tendue.
"L'avenir est éclatant et radieux ! Nous vaincrons !"
La soutane noire bougea dans un geste de bénédiction.
Les femmes se signèrent.
Les vieux s'informèrent :
"La guerre ?
Et contre qui la faire ?",
En six mois, vingt-cinq avaient dû y aller,
"Maudit vent, qui ce soir ne se décide pas à souffler !"
Les Nurasois n'étaient pas un peuple de guerriers.
La nuit-même, une détonation sourde.
Devant l'édifice municipal :
quatre murs noirs écroulés.
Les papiers de l'état civil ravivaient l'incendie.
Don Achille, en pyjama, hagard, devant les débris,
"Maudits ! Maudits tous !
Je vous ferai moisir les os en prison ! …"
A Nuras, les hostilités avaient commencé.
À l'aube, arrivèrent deux camions de carabiniers.
la glume du blé volait déjà.
À Nuras, le dix de juin cette année-là.
"Cette fois, nous y sommes vraiment !",
Les femmes fouillaient les têtes des enfants.
Les vieilles cardaient ou filaient.
L'après-midi, sans vent
Les pierres des rues brûlaient
Les vieux contre le mur de l'église,
attendaient la brise.
Sur le balcon de la Municipalité
l'unique radio du village
Fit entendre les crachotements patriotiques.
Une langue presque inconnue,
au rythme étranger et froid,
frappait l'oreille.
Don Achille, ce héros,
propriétaire des bois et des marais,
podestat et secrétaire du fascio,
décidait et ordonnait.
Le salon de son petit palais
et la salle du conseil communiquaient.
Une idée de son père le précédent podestat.
"Ordre du podestat !
Tous sur la place ! "
La musique cessa.
Le garde se raidit en position fixe.
« Combattants de terre, de mer et de l'air !
Chemises noires de la révolution et des légions !
Hommes et femmes d'Italie,
de l'Empire et du Royaume d'Albanie !
Écoutez ! »
L'Italie, Nuras même,
avaient déclaré la guerre.
« Peuple italien !
Cours aux armes, et montre ta ténacité,
ton courage, ta valeur ! »
La voix se tut.
Les crachotements patriotiques reprirent.
Don Achille leva la main tendue.
"L'avenir est éclatant et radieux ! Nous vaincrons !"
La soutane noire bougea dans un geste de bénédiction.
Les femmes se signèrent.
Les vieux s'informèrent :
"La guerre ?
Et contre qui la faire ?",
En six mois, vingt-cinq avaient dû y aller,
"Maudit vent, qui ce soir ne se décide pas à souffler !"
Les Nurasois n'étaient pas un peuple de guerriers.
La nuit-même, une détonation sourde.
Devant l'édifice municipal :
quatre murs noirs écroulés.
Les papiers de l'état civil ravivaient l'incendie.
Don Achille, en pyjama, hagard, devant les débris,
"Maudits ! Maudits tous !
Je vous ferai moisir les os en prison ! …"
A Nuras, les hostilités avaient commencé.
À l'aube, arrivèrent deux camions de carabiniers.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2008/8/23 - 19:24
Language: Italian
Adattamento italiano di Riccardo Venturi
Piacenza, 26 agosto 2008
Piuttosto che di lanciarmi in sardismi che non conosco, ho preferito in alcuni punti scrivere nella mia lingua vera, il toscano. Ché tanto, a Nuras come in mille e mille altri paesi d'Italia, così fu accolta la guerra anche se non fu magari fatto saltare in aria il Municipio. Questo atto va ovviamente totalmente a gloria di Nuras e dei suoi abitanti. (RV)
Piacenza, 26 agosto 2008
Piuttosto che di lanciarmi in sardismi che non conosco, ho preferito in alcuni punti scrivere nella mia lingua vera, il toscano. Ché tanto, a Nuras come in mille e mille altri paesi d'Italia, così fu accolta la guerra anche se non fu magari fatto saltare in aria il Municipio. Questo atto va ovviamente totalmente a gloria di Nuras e dei suoi abitanti. (RV)
LA DICHIARAZIONE DI GUERRA
Le spighe eran mature,
già si spulava il grano.
A Nuras, il dieci giugno di quell'anno:
« Stavolta ci s'è per davvero! »
Le donne scaruffavano il capo ai bimbi,
le vecchie cardavano o filavano.
Dopo mezzogiorno, senza vento,
le pietre delle strade bruciavano
e i vecchi, al muro della chiesa,
aspettavano un rèfolo.
Sul balcone del Municipio
l'unica radio del paese
mandò i onda i patriottici scaracchi.
Una lingua quasi sconosciuta,
dal ritmo straniero e freddo
colpiva gli orecchi.
Don Achille, quell'eroe,
padrone dei boschi e delle paludi,
podestà e segretario del fascio,
decideva e comandava.
Il salone del suo palazzetto
comunicava con la sala consiliare:
un'idea di suo padre, il podestà di prima.
« Ordine del podestà!
Tutti in piazza! »
La musica cessò.
La guardia si mise fissa sull'attenti.
« Combattenti di terra, di mare e dell'aria!
Camicie nere della rivoluzione e delle legioni!
Uomini e donne d'Italia,
dell'Impero e del Regno d'Albania!
Ascoltate! »
L'Italia, e pure Nuras,
avevano dichiarato la guerra.
« Popolo italiano!
Corri alle armi, e mostra la tua tenacia,
il tuo coraggio e il tuo valore! »
La voce si tacque.
Ripresero gli scaracchi patriottici.
Don Achille fece il saluto romano.
« L'avvenire è grandioso e radioso! Vincere! E vinceremo! »
Il sottanone nero fece un gesto benedicente.
Le donne si fecero il segno della croce.
I vecchi si misero a chiedere:
« La guerra?
E contro chi si fa, la guerra? »
In sei mesi, in venticinque erano dovuti andarci:
« Maledetto vento che stasera non vuol soffiare ! »
I Nurasani non erano un popolo di guerrieri.
La notte stessa, un'esplosione sorda.
Davanti al palazzo del Municipio:
quattro muri anneriti in macerie.
I registri dello stato civile attizzavano il fuoco.
Don Achille in pigiama, distrutto davanti ai calcinacci:
« Maledetti! Maledett'a tutti!
Vi fo marcire le ossa in prigione !... »
A Nuras erano cominciate le ostilità.
All'alba arrivarono due camion di carabinieri.
Le spighe eran mature,
già si spulava il grano.
A Nuras, il dieci giugno di quell'anno:
« Stavolta ci s'è per davvero! »
Le donne scaruffavano il capo ai bimbi,
le vecchie cardavano o filavano.
Dopo mezzogiorno, senza vento,
le pietre delle strade bruciavano
e i vecchi, al muro della chiesa,
aspettavano un rèfolo.
Sul balcone del Municipio
l'unica radio del paese
mandò i onda i patriottici scaracchi.
Una lingua quasi sconosciuta,
dal ritmo straniero e freddo
colpiva gli orecchi.
Don Achille, quell'eroe,
padrone dei boschi e delle paludi,
podestà e segretario del fascio,
decideva e comandava.
Il salone del suo palazzetto
comunicava con la sala consiliare:
un'idea di suo padre, il podestà di prima.
« Ordine del podestà!
Tutti in piazza! »
La musica cessò.
La guardia si mise fissa sull'attenti.
« Combattenti di terra, di mare e dell'aria!
Camicie nere della rivoluzione e delle legioni!
Uomini e donne d'Italia,
dell'Impero e del Regno d'Albania!
Ascoltate! »
L'Italia, e pure Nuras,
avevano dichiarato la guerra.
« Popolo italiano!
Corri alle armi, e mostra la tua tenacia,
il tuo coraggio e il tuo valore! »
La voce si tacque.
Ripresero gli scaracchi patriottici.
Don Achille fece il saluto romano.
« L'avvenire è grandioso e radioso! Vincere! E vinceremo! »
Il sottanone nero fece un gesto benedicente.
Le donne si fecero il segno della croce.
I vecchi si misero a chiedere:
« La guerra?
E contro chi si fa, la guerra? »
In sei mesi, in venticinque erano dovuti andarci:
« Maledetto vento che stasera non vuol soffiare ! »
I Nurasani non erano un popolo di guerrieri.
La notte stessa, un'esplosione sorda.
Davanti al palazzo del Municipio:
quattro muri anneriti in macerie.
I registri dello stato civile attizzavano il fuoco.
Don Achille in pigiama, distrutto davanti ai calcinacci:
« Maledetti! Maledett'a tutti!
Vi fo marcire le ossa in prigione !... »
A Nuras erano cominciate le ostilità.
All'alba arrivarono due camion di carabinieri.
Le Corriere della Sera a publié aujourd'hui un intéressant article sur cette journée mémorable...
En ces temps-là, la population italienne était moins réactive au régime que les gens de Nuras. Elle semblait s'accommoder du régime et rien ne laissait penser au revirement des années suivantes. Le Parti au pouvoir regroupait en ses rangs des millions d'adhérents... et son chef allait s'adresser avec morgue et sûreté à "son" peuple. Il partait à la bataille et se voyait vainqueur.
On ne sait trop si l'histoire se répétera...
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
En ces temps-là, la population italienne était moins réactive au régime que les gens de Nuras. Elle semblait s'accommoder du régime et rien ne laissait penser au revirement des années suivantes. Le Parti au pouvoir regroupait en ses rangs des millions d'adhérents... et son chef allait s'adresser avec morgue et sûreté à "son" peuple. Il partait à la bataille et se voyait vainqueur.
On ne sait trop si l'histoire se répétera...
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Marco Valdo M.I. - 2010/6/5 - 21:37
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Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Una canzone di Marco Valdo M.I. da un racconto di Ugo Dessy
Marco Valdo M.I. qui a traduit une série de ses nouvelles en langue française a fait cette chanson pour saluer lui aussi cet écrivain de haute tenue littéraire et morale.
La chanson que voici, intitulée « La déclaration de guerre » s'inspire directement d'une nouvelle éponyme d'Ugo Dessy. Elle raconte un moment précis de l'histoire de l'Italie : le discours radiodiffusé que « Menton carré » fit à la nation italienne, à l'Empire et au Royaume d'Albanie le 10 juin 1940 où il annonçait son entrée en guerre aux côtés de (je cite texto) : « de l'Allemagne, de son peuple et de ses merveilleuses forces armées ». Les Italiens de Marzabotto, de Rome, de Florence, de Cuneo.... ont pu apprécier la finesse du jugement. Sans compter ceux qui s'en allèrent finir à Auschwitz, Dachau... sous la houlette des dites « merveilleuses forces armées ».
Le discours est entendu – de force – dans un petit village de Sardaigne – à Nuras – 320 habitants, 25 jeunes hommes sous les drapeaux. On est en plein dans les moissons.
Le village accueille la nouvelle sans trop d'enthousiasme (de quoi y cause ? Quelle guerre ? Pourquoi la guerre ? Contre qui ?...) et fait connaître son point de vue dès la nuit suivante : la maison du podestat et la mairie montent (joyeusement) en l'air. Au matin, les carabiniers occupent Nuras.
Les Nurasois, décidément, ne sont pas un peuple de guerriers.
Comme à son habitude, Marco Valdo M.I. rappelle qu'il n'est pas musicien qu'il est seulement un parolier. Si quelqu'un voulait mettre une musique à cette chanson, elle n'en serait que plus jolie.
On pourrait même la traduire en italien ou en sarde, pour ceux de Nuras. Ce ne devrait aps être trop difficile, elle en vient.
Ugo Dessy fu salutato da Fabrizio de André come “padre spirituale”; in altre parole, questo scrittore abitante in Sardegna e convinto anarchico fu ben lungi dall'essere un militarista sfegatato. Fece parte per tutta la vita del movimento antinuclearista e antimilitarista; al pari di Fabrizio e di tanti altri, fece sentire la sua voce contro la presenza dei militari -specialmente americani- alla Maddalena.
Marco Valdo M.I., che ha tradotto alcuni suoi racconti in francese, ha scritto questa canzone per salutare anch'egli questo scrittore di elevata statura letteraria e morale.
Questa canzone, “La dichiarazione di guerra” (La déclaration de guerre) è direttamente ispirata dall'eponimo racconto di Ugo Dessy, dove si racconta un determinato momento della storia italiana: il discorso radiofonico con cui, il 10 giugno 1940, il “Mascellone” annunziò alla nazione italiana, all'Impero e al Regno d'Albania l'entrata in guerra a fianco (cito testualmente) “della Germania, del suo popolo e delle sue meravigliose forze armate”. Gli italiani di Marzabotto, di Roma, di Firenze, di Cuneo...poterono poi ben apprezzare la squisita esattezza di tale giudizio, senza contare quelli che finirono a Auschwitz e a Dachau* sotto il bastone di quelle “meravigliose forze armate”.
Il discorso mussoliniano viene fatto sentire -a forza- in un paesino sardo, Nuras, 320 abitanti e 25 giovani sotto le armi. Si è in piena mietitura.
Il paese accoglie la notizia senza troppo entusiasmo (ma di che si parla? Quale guerra? Perché la guerra? Contro chi?...) e fa sapere come la pensa fin dalla notte successiva: la casà del podestà e il municipio saltano (allegramente) in aria. Al mattino, i carabinieri occupano Nuras.
Sos Nurasanos, decisamente, di far la guerra non ne hanno voglia.
Come sua abitudine, Marco Valdo M.I. ricorda di non essere un musicista, e di non essere altro che un paroliere. Se qualcuno volesse mettere in musica questa canzone, la renderebbe sicuramente più bella. Si potrebbe anche tradurla in italiano o in sardo, per i nurasani; non dovrebbe essere troppo difficile, va da sé. - Adattamento italiano di RV
*Inciso personale: tra gli italiani spediti dai fascisti e dai nazisti a fare una "gita" oltre confine, a Mauthausen per la precisione, ci fu anche mio nonno paterno. (RV)