I was born in Jamaica, raised up in Japan
Yeah, I was born in Jamaica, raised up in Japan
I'm the atomic baby that's been raising all the sass
I've got a high potential and a low resistance point
Yeah, high potential, low resistance point
Better handle me with care or baby I'll blow up the joint
I can heat your room, light your light
If I start your motor, it'll run all night
Atomic baby, atomic baby
I'm the atomic baby
Better handle me with care
See baby, watch me closely, don't let me cross your wires
Yeah, watch me closely, don't let me cross your wires
Got a chain reaction that could set this world on fire
They can build them small, can build them large
But that they can't build a motor that'll stand my charge
Atomic baby, atomic baby
I'm the atomic baby
Better handle me with care
Well, I'm a little bitty mama
I don't need a whole lot of room
Yeah, teeny, weeny mama
Don't need a whole lot of room
If I ignite your rockets, I'll shoot you to the moon
Yeah, I was born in Jamaica, raised up in Japan
I'm the atomic baby that's been raising all the sass
I've got a high potential and a low resistance point
Yeah, high potential, low resistance point
Better handle me with care or baby I'll blow up the joint
I can heat your room, light your light
If I start your motor, it'll run all night
Atomic baby, atomic baby
I'm the atomic baby
Better handle me with care
See baby, watch me closely, don't let me cross your wires
Yeah, watch me closely, don't let me cross your wires
Got a chain reaction that could set this world on fire
They can build them small, can build them large
But that they can't build a motor that'll stand my charge
Atomic baby, atomic baby
I'm the atomic baby
Better handle me with care
Well, I'm a little bitty mama
I don't need a whole lot of room
Yeah, teeny, weeny mama
Don't need a whole lot of room
If I ignite your rockets, I'll shoot you to the moon
envoyé par Pierre André Lienhard - 28/2/2025 - 18:53
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Written by Ernest Tucker, Frank Haywood
With The Red Callender Sextette
Issued by Recorded in Hollywood
Single "Atomic Baby / What's It To You, Jack", both as vinyl 7" and shellac 10"
Is further to find on:
- "Atomic Platters: Cold War Music From The Golden Age Of Homeland Security", Germany, 2005
- "Linda Hayes, Atomic Baby", Compilation of 2008
- "Cold War Classics", UK, 2017
Et il n'est pas indifférent qu'une femme soit la première à publier cette chanson, car les paroles filent de bout en bout une métaphore qui établit une équivalence entre sex appeal et puissance atomique. Le premier vers a été modifiée pour clarifier le sujet.: La mystérieuse référence initiale "I was born in Jamaica, raised by a businessman" devient plus explicite avec "I was born in Jamaica, raised up in Japan" dans la version enregistrée par Linda Hayes.
Cette comparaison est caractéristique de ces années où le public aux Etats-Unis et, avec eux, les sociétés du monde "libre", oscillent entre peur de la puissance destructrice du nucléaire et fascination pour la puissante énergie qu'elle libère. Autre exemple de la diffusion de cette métaphore, la chanson "B. Bomb Baby", enregistrée en 1956 par The Jewels, groupe R&B et Doo Wop qui joue sur la classification des bombes: puisque la bombe atomique est dite "A", alors la petite amie vient immédiatement après avec la lettre "B".
Il faut dire que la sexualisation de la puissance atomique est une idée qui a germé dès l'année 1946, dans l'esprit des militaires du "Manhattan Project" d'abord, puis cueillie quasi simultanément par des publicitaires, pour enfin diffuser sans difficulté dans le public. Il s'agissait sans conteste d'inverser l'image négative de la bombe résultant de l'onde de choc créée par les images d'Hiroshima et Nagasaki, d'apprivoiser la monstruosité, en lui conférant les attraits de la "bombe sexuelle".
En effet, en juillet 1946 ont lieu les deux essais nucléaires américains sur l'atoll de Bikini situé dans le Pacifique. La première des deux bombes testée le 1er juillet est nommée "Gilda", en référence à la femme fatale incarnée par Rita Hayworth dans le film éponyme, sorti dans les salles aux USA en février 1946. La seconde bombe est nommée Helena of Bikini, tout un programme également. Les deux essais font l'objet d'une vaste campagne médiatique, réaffirmant d'une part la puissance américaine au yeux du monde, mais recherchant de l'autre l'adhésion du public américain au programme nucléaire. Alors que les deux bombes larguées sur le Japon avaient des surnoms masculins, quoi de plus "naturel" en somme dans une société patriarcale que d'attribuer des noms féminins dans le cadre d'une opération de séduction. Mais il aura fallu une autre campagne publicitaire, contemporaine mais d'un tout autre ordre, pour lisser la métaphore et lui assurer sa diffusion. Le 5 juillet de la même année, à la piscine Molitor à Paris, le couturier Louis Réard, présente un costume de bain deux pièces taillé dans 1 mètre carré de tissu. N'ayant trouvé aucun mannequin acceptant de le porter, il mise explicitement sur le caractère explosif de sa transgression vestimentaire; il engage une danseuse des Folies Bergères pour présenter le costume et le nomme "bikini", en référence à l'atoll du même nom où avait explosé seulement quatre jours plus tôt la bombe "Gilda". Les slogans publicitaires de lancement sont éloquents: « Le Bikini, la première bombe an-atomique ! » ou encore « En bikini, elle fait l'effet d'une bombe ». Mais les résistances religieuses et féministes s'organisent. Si l'élection de Miss Monde avait immédiatement fait du bikini un accessoire obligatoire, les organisateurs y renoncent en 1951, après que de nombreux pays en ait interdit le port sur leurs plages. Pour un temps, comme on sait...
Les paroles d'"Atomic Baby" saisissent l'esprit du temps plus que ne le laisse penser à priori la métaphore immédiate de la bombe. Au-delà de la convocation d'un imaginaire lié aux propriétés explosives du nucléaire, elles évoquent également le potentiel énergétique du nucléaire dans ses applications civiles: la production de chaleur et d'électricité (I can heat your room, light your light) et la propulsion (If I ignite your rockets, I'll shoot you to the moon), même si elle est appliquée ici de manière fantasmagorique à une conquête spatiale encore balbutiante. La chanson sort en 1953. La première centrale nucléaire du monde à produire de l'électricité (puissance de quelques centaines de watts), l’Experimental Breeder Reactor I (EBR-I), est entré en service aux États-Unis le 20 décembre 1951. La première centrale nucléaire civile à être connectée au réseau électrique sera celle d'Obninsk en Union Soviétique. Elle sera suivie par celles de Marcoule (France) et de Sellafield (UK) en 1956, et de Shippingport (USA) en 1957. Et si les Russes lancent le satellite Spoutnik 1 cette même année 1957, il faudra attendre le milieu des années 60 pour que la propulsion nucléaire soit appliquée aux domaines naval et spatial. Cependant l'idée courrait déjà bien avant, puisque le dessinateur Hergé avait publié en 1950 déjà, dans le magazine "Tintin", les premières planches de la bande dessinée "Objectif Lune" (1953) qui fait du Professeur Tournesol, l'inventeur d'un moteur à propulsion nucléaire.
Si l'"Atomic Baby" de la chanson se pare la femme de tous les attributs de la puissance nucléaire, elle invite également le partenaire à un traitement respectueux car: "Better handle me with care or baby I'll blow up the joint" ou "Got a chain reaction that could set this world on fire".