Le Drapeau blanc

Dialogue Maïeutique



Cette fois, Lucien l’âne mon ami, je suis persuadé que tu comprends tout à fait bien le sens du titre de la canzone. Elle s’intitule Le Drapeau blanc.

Oui, dit Lucien l’âne, c’est le drapeau de ceux qui veulent mettre fin aux massacres, aux destructions, aux assassinats collectifs. Il s’agit tout simplement d’une proposition simple : arrêter de s’entre-tuer. Dans le fond, si c’est l’envahisseur, c’est-à-dire l’agresseur qui le lève et qu’avec son drapeau blanc bien haut, il rentre au pays, précisons dans son propre pays, c’est la victoire de la raison sur l’absurdité, de la tranquillité assumée sur l’insanité primordiale, laquelle est cause de la guerre. C’est le triomphe de l’intelligence sur la bêtise.

Donc, voilà qui est dit pour le drapeau blanc, reprend Marco Valdo M.I., et maintenant, je te donne le schéma de la chanson. D’abord, il est question du Guide et de ce qui conduit sa marche au pouvoir ; comme tu vas le voir, ce qui guide le Guide, c’est l’irrépressible besoin qu’il a de remplir son vide intérieur, de tenter de combler ce néant qu’est son existence et sa personne. Pour cela, tout est bon.



Farine ou barine ?, dit Lucien l’âne, telle est ma question.

Oh, dit Marco Valdo M.I., il est évident qu’il s’agit des deux ; c’est ce qui résulte de cette expression populaire de chez nous qui dit exactement « tout fait farine au moulin » ; quant au barine, c’est le nom que se donnaient les nobles zinoviens du temps jadis. Mais la vraie question est de savoir quel est ce tout, ce à quoi il réfère ici et comme, on le voit dans la chanson, ce « tout » est réellement nauséabond.

Le pire, dit Lucien l’âne, est évidemment que le Guide s’est tellement persuadé lui-même d’être le centre, le moteur et la loi de son univers, lequel englobe à ses yeux a minima son Empire, la population et tout ce qui lui passera par la tête de vouloir qu’il n’arrive pas à voir les limites de la décence et qu’il pervertit à son image tous ceux qui le suivent ou s’inclinent devant lui. Il n’y a rien là d’extraordinaire, c’est dans la nature même du Guide, de n’importe quel Guide et c’est précisément en cela qu’ils sont dangereux au plus haut point. Cependant, le Guide est prudent, il prend soin de s’entourer et de soigner son entourage, de se créer une cour, tout un peuple de gens qui lui doivent.



Et il sait y faire apparemment, dit Lucien l’âne.

En effet, reprend Marco Valdo M.I., il n’hésite pas à tirer profit des morts, même si en dernier ressort, c’est lui le responsable de leur malheur. Le Soldat en est dégoûté.


Bien entendu, dit Lucien l’âne, le Guide s’en balance de l’indignation qu’il suscite, il ne la comprend même pas. La morale lui échappe.

Précisément, dit Marco Valdo M.I. ; et puis, voici le Revenant à qui un militaire (forcément anonyme) vient dire comment mettre fin à cette indignité qui frappe au cœur toute la Zinovie. C’est là qu’il est question du drapeau blanc :



Et le même militaire dévoile l’absurdité de la situation de la Zinovie qui avec la plus grande et la plus puissante armée du monde se voit contrainte de faire appel à une armée de « soldats étrangers ».



Ça tourne à la farce, dit Lucien l’âne, même s’il s’agit d’une mauvaise farce. Et puis ?

Et puis, voici la grand-Mère qui revient dans le groupe, répond Marco Valdo M.I., et si elle parle à nouveau des filles de là-bas, c’est pour souligner par l’exemple d’un gars, d’un homme, d’un artiste, que les femmes et les filles ne sont pas seules face aux vestales poilues ( ayatollahs, mollahs) et aux gardiens (des mœurs et de la révolution). Ce gars, cet homme, cet artiste

« Avec rage et courage,
De prison en exil, d’exil en prison,
Il sème les graines sauvages
De la liberté et de la raison. »

Et ainsi finit la chanson.

Alors, conclut Lucien l’âne, tissons le linceul de ce vieux monde absurde, abject, insane, insupportable et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane