Langue   

L’Enfer grotesque

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Le Revenant dit : Mes amis,
J’ai des nouvelles d’un ami.
Je l’avais plusieurs fois croisé
Avant qu’il soit emprisonné.
Extrait de l’enfer lui aussi.
Contre des bandits échangé,
Exilé contre son gré, banni,
Réfugié à l’étranger.
En deux ans, treize prisons
Une carcérale excursion
Dans ce système gigantesque,
Désespérant et grotesque.

Toujours, toujours seul, encore,
Onze mois, comme mort.
Aucune nouvelle, nul son,
Aucun écho de la maison.
Sur la planche fixée au mur,
Le bois glacé est dur.
Réveil au petit jour
Dans l’air encore froid
Pour recommencer le tour
Des cinq mètres sur trois.
Marcher, marcher en rond ;
Assis, regarder le plafond.

Souvent, on se sent mourir ;
À la longue vient la folie ;
La tête finit par défaillir ;
Entre les heures fuit la vie.
Les gardiens de prison
Sont des gens ordinaires ;
Il leur faut juste un salaire
Ils remplissent leur mission ;
Ils ont des horaires.
C’est leur profession.
Ils n’ont rien contre nous.
Ils collaborent, c’est tout.

Seules, isolées au milieu de tous,
À la va comme je te pousse,
Veules, contraintes et forcées,
Vont leurs vies écorcées.
Sur elles, trône le Guide.
Dès le petit main, chaque jour,
Le régime fort, pour toujours
Installé, puissant, solide,
Opaque, les bride.
Pour toujours jusqu’enfin,
La dictature de l’aigrefin
S’effondre soudain.



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