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Les Oies cendrées

Marco Valdo M.I.
Language: French




Un jour, Grand-Mère, dit le trouvère,
On entre comme ça en rébellion
Sans trop savoir quoi faire,
Chacun pour soi, sans illusion.
On rêve de sortir du désert,
On songe à fuir l’enfer,
Comment échapper au mirage fielleux,
Au nuage hypnotique de l’avenir radieux.
Sans faire d’histoires, sans barguigner,
J’ai écrit mes histoires, sans imaginer
Qu’ici en Zinovie, toute critique
Est, par nature, un crime politique.

Vague après vague, à l’inverse de la mer,
Les émigrants fuient le radieux mirage.
Ils découvrent de lointains rivages,
Ils accostent d’autres terres.
L’exil est sans doute une punition
Préférable au camp ou à la prison.
Ainsi, comme chaque année,
En bandes, les oies cendrées,
Les gens d’ici s’en vont
Vivre ailleurs leurs ambitions.
Certains songent parfois à revenir.
Moi, je n’ai jamais pu partir.

Grand-Mère dit : Les filles de là-bas,
Elles aussi du pays ne peuvent partir.
Avec constance, elles doivent mentir.
La chair est triste quand on la bat
Et La barbe du Guide intimide
Un peu, un moment, les plus timides.
Il leur faut baisser les yeux ;
Il leur faut cacher leurs cheveux.
En elles, couve la résolution
D’être soi sous le voile,
De lever les yeux aux étoiles,
Malgré la religieuse révolution.

Les filles de là-bas rêvent à
Se maquiller après le bain,
Aimer simplement comme ça,
Se promener main dans la main,
Habiter seule, avoir son chez-soi
Ou bêtement avoir un chien.
À tout ça, elles n’ont pas droit.
Dans ce monde si malsain,
Les filles de là-bas ont la volonté voilée,
Clandestine, obstinée de protester,
Contre cette assommante société,
Et le désir têtu de vivre la vie volée.



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