L’Industrie de la Guerre

Dialogue Maïeutique



Comme tu as l’usage de le dire, Lucien l’âne mon ami, souvent le titre de la chanson exprime une idée forte ou un aspect particulier et c’est le cas ici. Donc, il vise à attirer l’attention par cet éclairage spécifique. Cependant, il faut insister sur le fait qu’aucune chanson ne peut être réduite à son titre. Sauf peut-être, « Les Pantoufles » de Jean Constantin, dont on avait parlé lors de la présentation ici même du « Shah Shah Persan ».

Oui, dit Lucien l’âne, j’aime beaucoup ces pantoufles, mais c’est vraiment une exception. Dès lors, oui, c’est presque toujours impossible ; c’est presque par nature que la chanson est polysémique. C’est certainement vrai pour les chansons de ce voyage ; c’est même la règle de base, me semble-t-il.

C’est bien ça, Lucien l’âne mon ami, cette remarque est tout à fait pertinente. Alors, évidemment, il surgit une difficulté et quand on veut synthétiser les choses, il faut décomposer.

J’imagine, Marco Valdo M.I., que c’est dû à la structure en quatre strophes. J’ai même l’impression qu’on pourrait aisément faire de chacune de ces parties une chanson à part entière, tant elles sont cohérentes et denses.

En effet, répond Marco Valdo M.I., il y a une logique à l’ intérieur du texte. C’est pour ça que je décompose mon commentaire. Cette fois encore, en quatre parties correspondant aux quatre strophes. Partie 1 : C’est la Grand-Mère, incarnation de toutes les grand-mères de Zinovie et mémoire d’un autre temps, porteuse d’une certaine sagesse « populaire », qui ouvre le bal. Elle n’est pas du tout contente de ce qui se passe là-bas et elle en ressent l’ambiance dépressive. Elle en appelle à la conscience, dénonce le caractère nocif de la guerre et la déconsidération qui frappe tous les Zinoviens et qui s’amplifie au fur et à mesure que le temps passe.



En as-tu fini avec la grand-mère ?, demande Lucien l’âne.

Oui, il le faut bien, dit Marco Valdo M.I., et pourtant, il y aurait encore tant de choses à dire. Par exemple que la Grand-Mère invite à une profonde méditation et plaide pour le tranquille bonheur des heures.



Certes, dit Lucien l’âne, mais Tonton Georges le disait déjà :



Décidément, Lucien l’âne mon ami, que voilà une élégante façon de condamner les fauteurs de guerre. J’en viens à présent, logique pour logique, à la deuxième partie. Partie 2 : le trouvère enchaîne à son tour et se lance dans certaine considération philosophique sur la vie et la mort qui sont des donnés sur lesquels se bâtit la vie humaine.



Partie 3 : Le soldat, qui par la force des choses en connaît un bout sur la guerre et sur celle en cours contre les voisins, ne peut s’empêcher de faire part de son avis.



Et enfin, la dernière partie : Partie 4 : Là, on ne sait trop qui parle. Ce pourrait être un des trois protagonistes (le trouvère?) ou tous les trois, ou alors, une de ces voix anonymes qu’on a souvent rencontrées et qui pourrait fort bien être l’écho des multitudes, elles mêmes incognito. Allez savoir ? Mais certainement, cette voix clame bien haut son reproche :



Oui, dit Lucien l’âne, encore faudrait-il savoir ce que pourrait être le pire. Mais finissons-en – dans le fond, on n’est là) que pour susciter le débat intérieur, la réflexion intime – et alors, tissons le linceul de ce vieux monde inconscient, inconstant, inconsistant, incongru et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane