Un grand projet d’avenir sacré.
Pour tous, une profession de foi :
Rationalité, efficacité, autorité,
Un grandiose plan global, une loi,
Entrer dans la Grande Histoire,
Rejoindre l’immensité.
Faire une fête, faire une foire,
Inviter le monde à danser.
Entraîner le monde dans la guerre,
Au grand bal des horreurs,
La terreur doit pénétrer les cœurs,
Pour en vainqueur écraser l’adversaire.
À nous, Zinoviens, on ne la fera pas.
Dit le Guide. Il nous faut dans l’État,
Créer un État militaire, c’est élémentaire,
Pour protéger la Zinovie pacifique,
Il nous faut mener une vraie guerre,
Déployer une armée fantomatique
D’hommes véritables, d’hommes décidés,
D’hommes capables de décisions fatales,
D’hommes coupables d’actions létales :
Hommes viables, hommes décédés,
Hommes dessiqués, hommes disséqués,
Hommes dépiautés, hommes dépités.
C’est toujours ainsi en Zinovie,
À peine lancé, tout fout le camp.
En une laborieuse inertie,
Tout se délite en dépit des plans.
Malgré les instructions, les dispositions,
Les conceptions stratégiques, la tactique,
Les troupes d’élite, les divisions, les bataillons,
Et les grandes idées historiques,
Les fusées explosent en l’air,
Les pensées roulent à l’envers.
Rien ne va plus, tout s’en va.
Chacun doit faire ce qu’il doit.
Un général, ça meurt debout
Au front, en héros malgré tout.
Avec les honneurs, les laudations,
Les discours, les fleurs, les distinctions,
Sa photo dans les journaux, à la télé,
Le génial général s’en est allé.
Général le plus décoré en place
Il est mort secrètement à l’hôpital.
C’est la règle, c’est normal :
Qui on envoie à l’hôpital,
En Zinovie, perd sa place ;
Sans attendre, un autre le remplace.
Pour tous, une profession de foi :
Rationalité, efficacité, autorité,
Un grandiose plan global, une loi,
Entrer dans la Grande Histoire,
Rejoindre l’immensité.
Faire une fête, faire une foire,
Inviter le monde à danser.
Entraîner le monde dans la guerre,
Au grand bal des horreurs,
La terreur doit pénétrer les cœurs,
Pour en vainqueur écraser l’adversaire.
À nous, Zinoviens, on ne la fera pas.
Dit le Guide. Il nous faut dans l’État,
Créer un État militaire, c’est élémentaire,
Pour protéger la Zinovie pacifique,
Il nous faut mener une vraie guerre,
Déployer une armée fantomatique
D’hommes véritables, d’hommes décidés,
D’hommes capables de décisions fatales,
D’hommes coupables d’actions létales :
Hommes viables, hommes décédés,
Hommes dessiqués, hommes disséqués,
Hommes dépiautés, hommes dépités.
C’est toujours ainsi en Zinovie,
À peine lancé, tout fout le camp.
En une laborieuse inertie,
Tout se délite en dépit des plans.
Malgré les instructions, les dispositions,
Les conceptions stratégiques, la tactique,
Les troupes d’élite, les divisions, les bataillons,
Et les grandes idées historiques,
Les fusées explosent en l’air,
Les pensées roulent à l’envers.
Rien ne va plus, tout s’en va.
Chacun doit faire ce qu’il doit.
Un général, ça meurt debout
Au front, en héros malgré tout.
Avec les honneurs, les laudations,
Les discours, les fleurs, les distinctions,
Sa photo dans les journaux, à la télé,
Le génial général s’en est allé.
Général le plus décoré en place
Il est mort secrètement à l’hôpital.
C’est la règle, c’est normal :
Qui on envoie à l’hôpital,
En Zinovie, perd sa place ;
Sans attendre, un autre le remplace.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/2/2023 - 15:49
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Chanson française — Les Méditations — Marco Valdo M.I. — 2023
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : L’État unique ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ;
Épisode 99
Enrico Baj — 1975
Les méditations, dit Lucien l’âne, voilà un titre que ne renieraient ni le philosophe (Descartes), ni le poète (Lamartine) qui, rameur poétique et amoureux, sur le lac, méditait paisiblement ainsi :
« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »,
ni sans doute un théologien porté sur la mystique, mais j’imagine qu’il ne s’agit d’aucun des personnages du genre ici évoqués.
Non en effet, répond Marco Valdo M.I., et j’ai un peu de mal à formuler ma réponse. Enfin, voici. Comme toujours dans les chansons qui relatent ce voyage, on entend percer dans le brouhaha qui fait le quotidien sonore de la vie en Zinovie une ou plusieurs voix ; par ailleurs, anonymes. En fait, ici, une seule voix nous parle, mais elle se contente pour l’essentiel de rapporter ce que dit le Guide, ce qu’il pense, ce qu’il médite. En quelque sorte, elle s’est introduite dans la tête du Guide et de là, elle répercute son monologue intérieur, ses ruminations, qu’elle appelle pudiquement ses méditations.
C’est plus chic, dit Lucien l’âne, je le concède. Alors, qu’est-ce qu’elle nous chante cette chanson ?
Comme les précédentes, Lucien l’âne mon ami, elle est faite de quatre parties. Cela, tu le sais déjà. Dans la première, il est fait écho au « grand projet d’avenir sacré » que ressasse le Guide.
Encore l’avenir radieux ?, demande Lucien l’âne.
Oui, reprend Marco Valdo M.I., mais cette fois, sacralisé, nimbé d’une aura religieuse. On s’attend à voir surgir derrière le Guide un Patriarche barbu, vindicatif, inspirateur, imprécateur et belliqueux. Il y a là un ton de danse macabre perverse.
Inviter le monde à danser.
Entraîner le monde dans la guerre,
Au grand bal des horreurs… »
Et puis, la suite ?, demande Lucien l’âne.
La suite ?, dit Marco Valdo M.I., se décline en trois morceaux. Les propos de l’appel à la mobilisation des hommes de Zinovie, avec en fond encore une sorte de délirante ballade d’un nouveau Grand Macabre. C’est le second morceau.
Déployer une armée fantomatique
D’hommes véritables, d’hommes décidés,
D’hommes capables de décisions fatales,
D’hommes coupables d’actions létales :
Hommes viables, hommes décédés,
Hommes dessiqués, hommes disséqués,
Hommes dépiautés, hommes dépités. »
Puis, le troisième où le Guide consterné se lamente de l’échec de son grand plan :
À peine lancé, tout fout le camp. »
Et finalement, la quatrième partie, nous apprend le destin du « responsable désigné » de cette déculottade.
Il est mort secrètement à l’hôpital.
C’est la règle, c’est normal :
Qui on envoie à l’hôpital,
En Zinovie, perd sa place ;
Sans attendre, un autre le remplace. »
En somme, dit Lucien l’âne, ça m’a l’air d’un grand classique de l’Histoire cette disparition hospitalière opportune de ce général, mué ainsi en victime expiatoire du délire impérial. Vae victis ! — Malheur aux vaincus !, disait aux sénateurs romains le barbare gaulois. Enfin, c’est ce qu’on raconte ; m’est avis que c’est une phrase légendaire aussi crédible que les rodomontades du Guide de Zinovie. Cela étant, tissons le linceul de ce vieux monde barbare, idiot, fanfaron, lunatique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane