Le vieux dit : vous n’avez pas vécu
Ce que nous avant, on a connu.
Quel changement maintenant en Zinovie,
Avec le temps, on améliore la vie.
Bon débarras, cette émigration,
Elle nettoie le pays de ces gens
Toujours à faire de l’agitation.
Qu’ils restent à l’étranger et longtemps.
Il y a du laisser-aller à présent ;
Avant, faces au mur, on les mettait en rang.
Il faut refaire pareil, en plus intelligent.
Il n’y a pas à dire, tout fout le camp.
La Zinovie a plus de terres vides
Qu’aucun autre pays sur Terre ;
Elle est grande, très grande
Elle veut étendre encore ses frontières.
La résistance des pays voisins
Rend nos dirigeants chagrins,
Avec nous, tous seraient si bien,
On leur offrirait notre langue, notre littérature ;
On leur apprendrait notre science, notre culture.
Ces gens ne comprennent rien.
En tout, on les mettrait à notre niveau ;
Ils verraient l’avenir radieux du monde nouveau.
En Zinovie, on édifie une seconde nature.
Le Guide veut une pensée uniforme ;
Une humanité d’une nouvelle stature ;
La vie entière sous une commune norme ;
Vider l’homme ancien de sa substance
Pour instaurer une nouvelle conscience,
Adaptée à la nouvelle forme de vie
Qui s’impose à la Zinovie :
Un citoyen ardent au travail, adapté,
Prêt à répondre à l’appel, sans rechigner
Apte à manifester, acclamer et si nécessaire,
À se sacrifier, à faire la guerre.
À la guerre comme à la guerre,
Chacun vide son verre.
Moi, j’étais pilote de guerre,
Comme qui dirait, un chasseur de l’air.
Bombarder, tirer en piqué,
Et ce qui est bien, ne voir jamais
Les gens qu’on va assassiner.
À chaque fois, l’instant parfait.
À mon dernier raid, je suis parti,
J’ai rien vu, j’étais fini.
C’est dur de mourir à vingt ans ?
Je n’ai plus mal aux dents.
Ce que nous avant, on a connu.
Quel changement maintenant en Zinovie,
Avec le temps, on améliore la vie.
Bon débarras, cette émigration,
Elle nettoie le pays de ces gens
Toujours à faire de l’agitation.
Qu’ils restent à l’étranger et longtemps.
Il y a du laisser-aller à présent ;
Avant, faces au mur, on les mettait en rang.
Il faut refaire pareil, en plus intelligent.
Il n’y a pas à dire, tout fout le camp.
La Zinovie a plus de terres vides
Qu’aucun autre pays sur Terre ;
Elle est grande, très grande
Elle veut étendre encore ses frontières.
La résistance des pays voisins
Rend nos dirigeants chagrins,
Avec nous, tous seraient si bien,
On leur offrirait notre langue, notre littérature ;
On leur apprendrait notre science, notre culture.
Ces gens ne comprennent rien.
En tout, on les mettrait à notre niveau ;
Ils verraient l’avenir radieux du monde nouveau.
En Zinovie, on édifie une seconde nature.
Le Guide veut une pensée uniforme ;
Une humanité d’une nouvelle stature ;
La vie entière sous une commune norme ;
Vider l’homme ancien de sa substance
Pour instaurer une nouvelle conscience,
Adaptée à la nouvelle forme de vie
Qui s’impose à la Zinovie :
Un citoyen ardent au travail, adapté,
Prêt à répondre à l’appel, sans rechigner
Apte à manifester, acclamer et si nécessaire,
À se sacrifier, à faire la guerre.
À la guerre comme à la guerre,
Chacun vide son verre.
Moi, j’étais pilote de guerre,
Comme qui dirait, un chasseur de l’air.
Bombarder, tirer en piqué,
Et ce qui est bien, ne voir jamais
Les gens qu’on va assassiner.
À chaque fois, l’instant parfait.
À mon dernier raid, je suis parti,
J’ai rien vu, j’étais fini.
C’est dur de mourir à vingt ans ?
Je n’ai plus mal aux dents.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 6/8/2022 - 21:20
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Chanson française — La Grande Zinovie — Marco Valdo M.I. — 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie
Épisode 60
Comme s’en va le temps, dit Marco Valdo M.I., va notre voyage en Zinovie. On entend à nouveau des échos venus de cette anonyme cohue de gens, dont nous ne saurons jamais plus que ce qui est dit ici. Les uns disent ceci, les autres cela ; nous, on se contente de noter ce qu’ils se racontent. Nous sommes les oreilles enregistreuses qui traînent au coin des rues, sur les places, au fond des parcs, jusque dans les arrières-cours des immeubles, dans les marchés, dans les bistrots, les tavernes, dans les gares, les bus, les trains, que sais-je, j’en oublie certainement, chez des gens ou dans des assemblées. Le principal sujet de conversation dans tout ce brouhaha est évidemment la Zinovie elle-même, ceux qui la dirigent, ceux qui y vivent y meurent. On y trouve souvent — dans la mouvance du Guide et de ses séides, des propos nostalgiques qui exhalent un regret malsain du passé et pas de n’importe quel passé.
J’imagine, dit Lucien l’âne, que ce sont des discours du genre : c’était mieux avant, au temps où…
Exactement, Lucien l’âne mon ami. Il s’agit surtout de l’époque du grand guide (Jisef Stalone), quand, disent-ils, les trains étaient à l’heure et les ennemis intérieurs fusillés ou envoyés moisir au camp. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et après être entrés dans le Paradis, on s’en allait défiler en rangs vers l’avenir radieux.
Si je suis bien, répond Lucien l’âne, c’est la Zinovie de cette époque-là que l’actuel Guide et sa camarilla veulent rétablir.
Oui, dit Marco Valdo M.I., et qui plus est, ils veulent refaire une Zinovie encore plus grande et au demeurant, carrément messianique. Au besoin par la guerre. Tel est le thème de la chanson et à la guerre comme à la guerre, c’est un aviateur qui conclut l’affaire — je veux dire la dernière strophe.
J’ai rien vu, j’étais fini.
C’est dur de mourir à vingt ans ?
Je n’ai plus mal aux dents. »
Oui, dit Lucien l’âne, c’est toujours comme ça. On part dans l’enthousiasme et on finit on ne sait jamais comment.
Incidemment, Lucien l’âne mon ami, deux mots à propos de la fin de cette chanson pour indiquer que si certains (toit par exemple) y respirent un parfum de Brel et de Brassens, ils auraient raison. Ainsi, « À mon dernier raid » renvoie à « Le dernier repas » de Brel — en ce que tous deux sont les prémices de la mort ; « C’est dur de mourir » au Moribond de Brel ; « Je n’ai plus mal aux dents » au Georges Brassens: Le Testament de Brassens ; et enfin, « je suis parti, J’ai rien vu, j’étais fini » au Veni, vidi, vinci de Jules César.
Arrêtons là, dit Lucien l’âne, et reprenons notre sempiternelle tâche et tissons le linceul de ce vieux monde nostalgique, vindicatif, brutal, bête, barbare et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane