Dans de difficiles conditions climatiques,
À la guerre, on attaqua au printemps
Les villes et les villages pacifiques
De l’ennemi perfide et résistant.
Pour préserver nos forces de commandement,
On mit toutes les nullités devant.
Les nullités sont la base des unités,
Ce sont des pions peu importants,
On les nourrit de bouillie et de mauvais thé,
On les loge dans de précaires cantonnements.
On les gave d’alcool et ils se font tuer.
Ce ne sont ni les premiers, ni les derniers.
En Zinovie, on ne dit rien des nullités,
On n’en fait pas toute une histoire.
Seuls les responsables font l’Histoire,
C’est leur rôle, ils ont mérité
Médailles, récompenses, promotions,
Titres, honneurs et grandes pensions.
En Zinovie, les livres sur les grands hommes
Ont déjà été écrits en d’énormes sommes.
Sur les nullités, pas un seul livre édité ;
C’est une terrible absurdité,
Car chose établie par la science,
De l’humanité, la nullité est la quintessence.
Dans le futur, nous sommes entrés.
Le présent, c’est l’avenir du passé.
Sur la Zinovie, où tout est mal foutu,
Le progrès historique s’est abattu.
En Zinovie, le beau temps reviendra.
En Zinovie, l’avenir radieux sourit déjà.
Quel imbécile ne voudrait pas
D’un espoir grandiose comme celui-là ?
La vodka, vous connaissez ?
Nous, on la siffle sans sourciller.
C’est de l’espérance en concentré.
En Zinovie, on n’en a jamais assez.
En Zinovie, romantisme zéro :
On n’a plus de vrais héros.
Chez nous, on désigne les volontaires
Pour la récolte des pommes de terre.
On assiste aux réunions,
Les guides nous gavent de citations,
On applaudit, on crie c’est bien
En Zinovie, tout est embrouillé,
Sens dessus dessous, mal fagoté.
On se méfie de tout et de rien.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Nous, on rit d’une triste hilarité.
À la guerre, on attaqua au printemps
Les villes et les villages pacifiques
De l’ennemi perfide et résistant.
Pour préserver nos forces de commandement,
On mit toutes les nullités devant.
Les nullités sont la base des unités,
Ce sont des pions peu importants,
On les nourrit de bouillie et de mauvais thé,
On les loge dans de précaires cantonnements.
On les gave d’alcool et ils se font tuer.
Ce ne sont ni les premiers, ni les derniers.
En Zinovie, on ne dit rien des nullités,
On n’en fait pas toute une histoire.
Seuls les responsables font l’Histoire,
C’est leur rôle, ils ont mérité
Médailles, récompenses, promotions,
Titres, honneurs et grandes pensions.
En Zinovie, les livres sur les grands hommes
Ont déjà été écrits en d’énormes sommes.
Sur les nullités, pas un seul livre édité ;
C’est une terrible absurdité,
Car chose établie par la science,
De l’humanité, la nullité est la quintessence.
Dans le futur, nous sommes entrés.
Le présent, c’est l’avenir du passé.
Sur la Zinovie, où tout est mal foutu,
Le progrès historique s’est abattu.
En Zinovie, le beau temps reviendra.
En Zinovie, l’avenir radieux sourit déjà.
Quel imbécile ne voudrait pas
D’un espoir grandiose comme celui-là ?
La vodka, vous connaissez ?
Nous, on la siffle sans sourciller.
C’est de l’espérance en concentré.
En Zinovie, on n’en a jamais assez.
En Zinovie, romantisme zéro :
On n’a plus de vrais héros.
Chez nous, on désigne les volontaires
Pour la récolte des pommes de terre.
On assiste aux réunions,
Les guides nous gavent de citations,
On applaudit, on crie c’est bien
En Zinovie, tout est embrouillé,
Sens dessus dessous, mal fagoté.
On se méfie de tout et de rien.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Nous, on rit d’une triste hilarité.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 21/6/2022 - 09:15
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Chanson française – Les Nullités – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ;
Épisode 51
Georges Rohner - 1956
Chez nous, on désigne les volontaires
Pour la récolte des pommes de terre.
Oui, Lucien l’âne mon ami, il faut toujours faire attention au titre de la chanson et
c’est spécialement le cas pour celui-ci : « Les Nullités ».
C’est ce que je me disais, répond Lucien l’âne. Je me demandais ce que peuvent bien être ces nullités.
D’abord, reprend Marco Valdo M.I., il faut dire que ce terme, ainsi compris, n’a d’usage qu’en Zinovie et dans les pays qui partagent sa conception des choses et du monde. Il désigne des gens, il les classe, il les catégorise, il les range, il les homogénéise et du coup, il les dépersonnalise. Une nullité n’a plus d’identité.
En quelque sorte, réfléchit Lucien l’âne, ce seraient comme des pions.
Exactement, dit Marco Valdo M.I., et la chanson le dit : « Ce sont des pions peu importants » et, logiquement dès lors, ils ne comptent pas, ils n’existent que comme un matériau primaire que manipulent des « responsables », lesquels comptent et font l’Histoire. D’ailleurs, les nullités ne font pas d’histoires ; les nullités n’ont pas d’histoire. Cependant, il faut remarquer que la chanson elle-même dément cette conception et affirme :
Car chose établie par la science,
De l’humanité, la nullité est la quintessence. »
Décidément, dit Lucien l’âne, vue de l’intérieur, la Zinovie est un drôle d’État.
Un pays, Lucien l’âne mon ami, où tout est « sens dessus dessous, mal fagoté », de guingois, où les citoyens (autrement dit, pour l’essentiel, les nullités) en viennent à se demander et à conclure :
Nous, on rit d’une triste hilarité. »
Mais au fait, dit Lucien l’âne, il me semble qu’il serait là-bas question d’une guerre ; de quelle guerre s’agit-il ?
La guerre, dit Marco Valdo M.I., la guerre, quelle guerre ? Il n’y a pas de guerre en Zinovie et la Zinovie ne fait pas la guerre, la Zinovie n’envahit pas les pays voisins. Rien de tout ça n’a été confirmé par les « responsables » de la Zinovie. D’ailleurs, officiellement, en Zinovie,
Quel imbécile ne voudrait pas
D’un espoir grandiose comme celui-là ? »
Ambiance, ambiance, dit Lucien l’âne. Quelle ambiance, quelle atmosphère en Zinovie, je n’aimerais pas en être citoyen, j’y serais placé (et toi aussi) au rang des nullités – de celles qu’on envoie devant ; cela est certain. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde méprisant, dépressif, démoralisé, immoral et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane