On entend le pas de la gloire,
Le soleil monte sur les lendemains.
De la plaine suinte une odeur noire,
C’est le grincement de la fin.
Songeant aux grouillantes hécatombes
Dans les boues des trous de bombes,
Les morts quittent leurs tombes.
Aux vivants écharnés, il incombe
De remettre aux jours pacifiques
Ces fantômes traumatiques
Et y rallier les visages et les yeux
Pour accueillir l’avenir radieux.
En Zinovie, la criminalité a disparu ;
Elle a longtemps sévi,
Mais à présent, c’est fini.
Si certains sont de sordides individus,
Si certains doivent être punis,
Que faire, si le crime n’existe plus ?
Les vrais crimes échappent au châtiment
Et les punis sont souvent innocents.
Sous la contrainte du réel,
En Zinovie, on pratique la prévention.
Avant leur crime, on extermine les criminels ;
C’est une grandiose évolution.
En Zinovie, on fait la queue partout ;
En Zinovie, on fait la queue pour tout ;
Avec lenteur, avec patience, avec ennui ;
La queue, mon ami, ce n’est jamais fini.
Par exemple, la queue aux Pompes Funèbres ;
Au comptoir, il y a un drôle de zèbre.
Il touche un salaire de misère,
Il peste et déteste toute la Terre.
Il vérifie les papiers d’un air sévère,
Fait remplir pointilleusement les formulaires,
Et fait tout recommencer plusieurs fois.
C’est à en mourir et on n’y arrive pas.
Alors, pour vous, tout est en ordre.
Enfin, presque, mais ça ne fait rien.
On n’est pas des bureaucrates aux ordres,
On est là pour faire le bien.
Un billet pour le crématoire ?
Trop jeune, faut être retraité
Ou au moins, avoir attrapé
Une maladie rédhibitoire.
Je souffre d’un ennui mortel.
Ah ! C’est autre chose, je comprends !
Voilà votre papier officiel.
Reste plus qu’à mourir. Au suivant !
Le soleil monte sur les lendemains.
De la plaine suinte une odeur noire,
C’est le grincement de la fin.
Songeant aux grouillantes hécatombes
Dans les boues des trous de bombes,
Les morts quittent leurs tombes.
Aux vivants écharnés, il incombe
De remettre aux jours pacifiques
Ces fantômes traumatiques
Et y rallier les visages et les yeux
Pour accueillir l’avenir radieux.
En Zinovie, la criminalité a disparu ;
Elle a longtemps sévi,
Mais à présent, c’est fini.
Si certains sont de sordides individus,
Si certains doivent être punis,
Que faire, si le crime n’existe plus ?
Les vrais crimes échappent au châtiment
Et les punis sont souvent innocents.
Sous la contrainte du réel,
En Zinovie, on pratique la prévention.
Avant leur crime, on extermine les criminels ;
C’est une grandiose évolution.
En Zinovie, on fait la queue partout ;
En Zinovie, on fait la queue pour tout ;
Avec lenteur, avec patience, avec ennui ;
La queue, mon ami, ce n’est jamais fini.
Par exemple, la queue aux Pompes Funèbres ;
Au comptoir, il y a un drôle de zèbre.
Il touche un salaire de misère,
Il peste et déteste toute la Terre.
Il vérifie les papiers d’un air sévère,
Fait remplir pointilleusement les formulaires,
Et fait tout recommencer plusieurs fois.
C’est à en mourir et on n’y arrive pas.
Alors, pour vous, tout est en ordre.
Enfin, presque, mais ça ne fait rien.
On n’est pas des bureaucrates aux ordres,
On est là pour faire le bien.
Un billet pour le crématoire ?
Trop jeune, faut être retraité
Ou au moins, avoir attrapé
Une maladie rédhibitoire.
Je souffre d’un ennui mortel.
Ah ! C’est autre chose, je comprends !
Voilà votre papier officiel.
Reste plus qu’à mourir. Au suivant !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2022/6/15 - 16:20
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Chanson française – La Queue – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ;
Épisode 50
Oui, Lucien l’âne mon ami, je sais, La Queue est un titre étrange et il faudrait un peu l’expliciter.
Certainement, répond Lucien l’âne, car il est pour le moins ambigu. Déjà, de quelle queue, il s’agit ?
E bien, dit Marco Valdo M.I., il est très pertinent de poser cette question, car comme tu le soulignes, des queues, il y en a beaucoup et de tous les genres. En plus, il s’agit non pas de la queue comme en porte fièrement l’âne, mais de la queue considérée comme une institution nationale en Zinovie et même comme un phénomène historique et une dimension quasiment folklorique. Ce n’est pas une nouveauté, elle fait partie du quotidien des Zinoviens depuis au moins un siècle. Pour tout dire, il s’agit de cette procédure de la file d’attente que l’on subit là-bas à répétition, à propos de tout et de rien. Le moindre achat, la moindre démarche administrative, la visite médicale, tout est régi par la queue. C’est une sorte d’embouteillage piéton. Là-bas, tout est régi par la queue.
Tout ?, demande Lucien l’âne, c’est énorme. Il ne manquerait plus que de devoir faire la queue pour ses propres funérailles.
Si, répond Marco Valdo M.I., il faut faire la queue partout, du début à la fin de la vie et comme tu le supposes, pour ces derniers instants. C’est ce que content les deux dernières strophes dans lesquelles il apparaît que la queue (interminable – il faut même parfois s’y reprendre à plusieurs fois et réserver sa place) est requise pour avoir le document nécessaire à l’accès au crématorium et subséquemment, une place au columbarium. Toutefois, arrivé à ce point de leur existence, ça n’étonne plus personne ; les Zinoviens ont intégré la queue, c’est devenu un usage familier, une habitude. Et la question se pose de savoir si les Zinoviens croyants, qui la plupart du temps s’abîment dans la croyance en un Dieu anthropomorphique, s’attendent à retrouver la queue dans leur au-delà, de voir la queue s’étendre à l’entrée du paradis ou de l’enfer, c’est selon. De ce fait, il est probable qu’ils doivent s’imaginer l’extension de l’univers bureaucratique à l’éternité.
Ohlala, dit Lucien l’âne, l’éternité gérée par une grande administration, voilà qui ouvre des perspectives de carrière à plus d’un et pour certains, des perspectives de rattrapage infinies aux examens de promotion. J’aime mieux ne pas y penser. Qu’y a-t-il d’autre à dire de cette chanson ?
Il faut noter, Lucien l’âne mon ami, qu’il s’agit du cinquantième épisode, de la cinquantième étape de ce voyage et Zinovie et qu’elle clôt notre incursion dans les Hauteurs Béantes. Cependant, rassure-toi, on va poursuivre notre périple en visitant La Maison Jaune, autre roman qui conte la vie en Zinovie, où sans doute, on pourra découvrir de nouvelles choses. Pour le reste, voir la chanson elle-même.
Bien sûr, dit Lucien l’âne, j’y compte bien et je vais m’y employer. Ensuite, tissons le linceul de ce vieux monde embouteillé, encombré, engorgé, bouché, surchargé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane