Ne faites pas la guerre avec amour !
Accueillez la mort avec humour !
Quand la guerre reviendra,
Quand contre les autres, on se battra.
On n’a pas connu la guerre !
Quand elle reviendra la guerre !
On la voit déjà dans ce brillant espace,
Sur les maisons et dans les rues, son ombre passe,
Où sont encore les gestes singuliers,
Les rires, les pleurs, les mots familiers ?
Passent les jours, passent les années,
Et la mort toujours recommencée.
Le monde a peur de la guerre,
En cas de guerre, que faire ?
Vaut mieux se faire la paire,
À l’autre bout de la terre.
C’était vrai pour les grands-pères,
Mais la terre n’a plus de bout, pépère.
Alors ? En cas de guerre, que faire ?
En silence, se rendre au cimetière,
Finir, dans de beaux draps,
Avec un linceul sous le bras,
Anticipez, préparez-le déjà !
Sinon, avec quoi, on vous enterrera ?
Y aura-t-il encore assez de places,
Dans nos funéraires palaces ?
Avec tous ces gens à mettre en terre,
Il faut créer de nouveaux cimetières
Dans nos campagnes
Pour nos enfants, pour nos compagnes.
Premier arrivé, premier servi
La mort toujours plus loin se défile
Loin des villes, loin des villes.
Dernier arrivé, tant pis, c’est fini.
Les vieux, soyez gentils, vivez longtemps !
Laissez la place aux enfants.
Ils n’ont pas connu la guerre !
Ce qu’il leur faut, c’est une bonne guerre !
Mais la guerre, la belle affaire !
On va pas la refaire.
Faudrait pas confondre la guerre et l’amour,
Faudrait pas mêler l’amour et l’humour.
Cause toujours !
Préparez la guerre avec amour !
Regardez la mort avec humour !
Préparez la guerre avec humour !
Regardez la mort avec amour !
Cause toujours !
Accueillez la mort avec humour !
Quand la guerre reviendra,
Quand contre les autres, on se battra.
On n’a pas connu la guerre !
Quand elle reviendra la guerre !
On la voit déjà dans ce brillant espace,
Sur les maisons et dans les rues, son ombre passe,
Où sont encore les gestes singuliers,
Les rires, les pleurs, les mots familiers ?
Passent les jours, passent les années,
Et la mort toujours recommencée.
Le monde a peur de la guerre,
En cas de guerre, que faire ?
Vaut mieux se faire la paire,
À l’autre bout de la terre.
C’était vrai pour les grands-pères,
Mais la terre n’a plus de bout, pépère.
Alors ? En cas de guerre, que faire ?
En silence, se rendre au cimetière,
Finir, dans de beaux draps,
Avec un linceul sous le bras,
Anticipez, préparez-le déjà !
Sinon, avec quoi, on vous enterrera ?
Y aura-t-il encore assez de places,
Dans nos funéraires palaces ?
Avec tous ces gens à mettre en terre,
Il faut créer de nouveaux cimetières
Dans nos campagnes
Pour nos enfants, pour nos compagnes.
Premier arrivé, premier servi
La mort toujours plus loin se défile
Loin des villes, loin des villes.
Dernier arrivé, tant pis, c’est fini.
Les vieux, soyez gentils, vivez longtemps !
Laissez la place aux enfants.
Ils n’ont pas connu la guerre !
Ce qu’il leur faut, c’est une bonne guerre !
Mais la guerre, la belle affaire !
On va pas la refaire.
Faudrait pas confondre la guerre et l’amour,
Faudrait pas mêler l’amour et l’humour.
Cause toujours !
Préparez la guerre avec amour !
Regardez la mort avec humour !
Préparez la guerre avec humour !
Regardez la mort avec amour !
Cause toujours !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/11/6 - 21:52
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Chanson française – Cause toujours ! – Marco Valdo M.I. – 2021
Léon Spilliaert – 1904
J’aime autant l’admettre tout de suite, dit Marco Valdo M.I., cette chanson est une enchevêtrure d’expressions, un emmêlement de paroles, un méli-mélo dit de mots, un pot-pourri de bouts de vers de poètes divers et de slogans populaires. Appelons ça des réminiscences, car – en plus – elles viennent toutes seules s’insérer dans la danse.
Mais évidemment, dit Lucien l’âne, qu’est-ce que ce serait d’autre ? Et puis, qu’est-ce que ça peut avoir d’étonnant ? C’est une manière très honorable et quasiment classique de faire. Elle est fort répandue et c’est un jeu amusant que d’en retrouver les origines. Cela dit, de quoi est-il question dans la chanson ?
De la vie, de la guerre, de la mort, de l’amour, répond Marco Valdo M.I., et de plein d’autres choses encore.
Oui, dit Lucien l’âne, mais encore ?
Si tu insistes, Lucien l’âne, il faudra bien que je te conte la genèse de cette canzone sans doctrine.
J’insiste, j’insiste, insiste Lucien l’âne.
Dans ce cas, voici, reprend Marco Valdo M.I. ; tout est venu d’un passage de « Para Bellum » d’Alexandre Zinoviev et précisément de celui intitulé « Prépare la guerre » – celui de la page 32, car il y en a d’autres, où j’ai trouvé l’inspiration. On y relate une blague du temps de Khrouchtchev – autant dire au moment où la troisième guerre mondiale était dans toutes les gazettes ; je te la rapporte ici pour l’exactitude :
« Que faire en cas de guerre atomique ? Demande un citoyen à ses collègues. – S’envelopper dans un drap propre et rejoindre en silence le cimetière qui vous est attribué en fonction de votre grade. »
Soit, dit Lucien l’âne, en démarrant sur de telles bases, on est vite au-delà de la stratosphère. Et donc, je me répète, mais encore ?
Je vois que tu insistes encore, mais moi, je ne dirai pas beaucoup plus que ceci. Tu prends une tête, pendant des années, tu lui fais lire des poèmes, des romans, des récits, des contes, des histoires, tu la bombardes de nouvelles et puis, tu la secoues vigoureusement et tu la laisses régurgiter. Il ressort des bouts rimés dans le désordre réorganisé. Juste un exemple : Les routiers sont dans la chanson, regarde :
Qui défile qui défile
Et se perd à l’infini
Loin des villes, loin des villes
Le routier à son volant
Qui trépide qui trépide
N’a jamais jamais le temps
De se perdre dans les champs. »
et ce bout de la chanson :
« Premier arrivé, premier servi
La mort toujours plus loin se défile
Loin des villes, loin des villes.
Dernier arrivé, tant pis, c’est fini.
Les vieux, soyez gentils, vivez longtemps !
Laissez la place aux enfants. »
Au passage, il faut quand même méditer sur cette place. Laquelle ?
Oh, dit Lucien l’âne, j’y penserai. Moi, par exemple, j’entends d’ici Apollinaire et son Pont Mirabeau – dont tu fis usage déjà avec ton « Celan Sous Le Pont Mirabeau» et par parenthèse, il devait nécessairement être là, Valéry et son cimetière marin, Rouget de Lisle et la Marseillaise, Jacques Prévert et le général de brigade de Pierre Desproges et « Chantez » de Boris Vian. Et continuons à tisser le linceul de ce vieux monde agonisant, finissant, râlant, branlant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane