Le Parti est uni
À l’ensemble du pays
Et aux plus éminents
De ses représentants.
Avec ses fantasmes,
Il enflamme l’enthousiasme,
Dans le cœur de ses partisans,
Il agrandit ses rangs.
Pour l’essor du parti,
Il faut de l’argent, les amis.
Le Parti aux élections
A déjà obtenu des voix
Pas assez toutefois.
Trahi par le système truqué
Il fut battu sans discussion.
Par une énorme majorité.
Par son programme modulable,
Le Parti est admirable ;
Le succès du Parti viendra,
Le Parti l’emportera.
Le Parti incarne la différence,
Le Parti est le changement en puissance.
Le Parti est peu nombreux,
Le Parti a un discours creux.
Tous ses membres sont respectables.
La victoire du Parti est inexorable,
Le Parti incarne la nation, dans son être,
Dans son âme, le Parti incarne le peuple,
Le Parti est la nouvelle espérance
D’un avenir dans l’abondance.
Le Parti a son comité exécutif
Pour mener son action
Avec la plus grande circonspection.
Le Parti a un programme alternatif.
Nourri du plus pur idéalisme,
Le Parti prône le plus solide matérialisme.
Le Parti est son propre intellectuel.
Pour imposer le bien-être universel,
Le Parti crée une œuvre d’envergure,
La Vérité et le Parti ont la peau dure.
À l’ensemble du pays
Et aux plus éminents
De ses représentants.
Avec ses fantasmes,
Il enflamme l’enthousiasme,
Dans le cœur de ses partisans,
Il agrandit ses rangs.
Pour l’essor du parti,
Il faut de l’argent, les amis.
Le Parti aux élections
A déjà obtenu des voix
Pas assez toutefois.
Trahi par le système truqué
Il fut battu sans discussion.
Par une énorme majorité.
Par son programme modulable,
Le Parti est admirable ;
Le succès du Parti viendra,
Le Parti l’emportera.
Le Parti incarne la différence,
Le Parti est le changement en puissance.
Le Parti est peu nombreux,
Le Parti a un discours creux.
Tous ses membres sont respectables.
La victoire du Parti est inexorable,
Le Parti incarne la nation, dans son être,
Dans son âme, le Parti incarne le peuple,
Le Parti est la nouvelle espérance
D’un avenir dans l’abondance.
Le Parti a son comité exécutif
Pour mener son action
Avec la plus grande circonspection.
Le Parti a un programme alternatif.
Nourri du plus pur idéalisme,
Le Parti prône le plus solide matérialisme.
Le Parti est son propre intellectuel.
Pour imposer le bien-être universel,
Le Parti crée une œuvre d’envergure,
La Vérité et le Parti ont la peau dure.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/6/13 - 21:51
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Chanson française – Le Parti – Marco Valdo M.I. – 2021
Épopée en chansons, tirée de L’Histoire du Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi (Dějiny Strany mírného pokroku v mezích zákona) de Jaroslav Hašek – traduction française de Michel Chasteau, publiée à Paris chez Fayard en 2008, 342 p.
Épisode 1.
Eloy Vincent – 1910
On doit supposer, Lucien l’âne mon ami, que personne au monde n’ignore qui était Jaroslav Hašek.
Euh, dit Lucien l’âne, je ne suis pas certain de ça. Peut-être, on le reconnaîtra mieux quand tu auras dit qu’il s’agit de l’auteur, du créateur, de l’inventeur, pour tout dire, du père du soldat Chveik.
C’est bien de lui qu’il s’agit, répond Marco Valdo M.I., un écrivain remarquable. Quant à son rapport avec Chveik, je dirais plutôt qu’il s’agit de son créateur, de son concepteur, de son inspirateur. Par ailleurs, il est patent auprès des spécialistes de la littérature tchèque que la vie de Chveik est si semblable à celle de Hašek qu’on doit se convaincre que d’une certaine manière Chveik et Hašek sont une seule et même personne : l’un dans l’univers réel et l’autre dans l’imaginaire du premier au point que souvent les personnages imaginaires du monde chveikien portent le même nom que leur double dans la vie d’Hašek.
Mais on s’égare, dit Lucien l’âne, il n’était pas vraiment question de Chveik, dont tu as déjà illustré la mémoire dans « La chanson de Chveik le soldat », mais d’un Parti.
En effet, le titre le dit d’ailleurs, répond Marco Valdo M.I. ; c’est la nécessité même de commencer cette épopée par présenter le personnage principal dont elle raconte l’étonnante et burlesque histoire. Cependant, tout comme pour les aventures du soldat Chveik, le Parti a véritablement existé et Hašek en fut à la fois, le fondateur, le théoricien, l’orateur et le candidat aux élections – il s’agissait des élections municipales de Prague en 1911 ; la Tchécoslovaquie ou ce qui en tenait lieu, était à ce moment, sous la domination de la Cacanie, l’impériale et royale Autriche. C’est son auto-aventure politico-électorale catastrophique qui l’a conduit à écrire cette saga.
Bien, dit Lucien l’âne, je commence à y voir un peu plus clair.
Comme il est établi, reprend Marco Valdo M.I., Jaroslav Hašek, qui au moment de la constitution du Parti faisait la profession de journaliste, chroniqueur satirique, était un anarchiste tendance éthylique, orientation bière.
En ce qui concerne la tendance et l’orientation, dit Lucien l’âne, il était un vrai Tchèque.
Oui, dit Marco Valdo M.I., c’est une dimension nationale tchèque, tout comme il y a une certaine façon tchèque de considérer le monde. Donc, le Parti est créé et se lance dans la campagne électorale de 1911. Hašek écrit la chronique du Parti et la remet dès 1912 à l’éditeur. Il faudra attendre 1963 – environ 40 ans pour que sorte de presse cette édition tchèque et encore, 45 ans pour l’édition française. Mais enfin, nous y voilà.
Très bien, dit Lucien l’âne, mais quid de la chanson du Parti ?
Elle, Lucien l’âne mon ami, permets-moi d’indiquer qu’elle n’existe qu’ici et qu’elle est la première d’une série. Pour ce qu’elle raconte, il suffit de la lire. Pourtant un dernier éclairage historique s’impose. Quand en 1963, enfin, on publie le livre d'Hašek aux éditions de l’Écrivain tchécoslovaque – à Prague, comme sur le reste de l’imperium soviétique règne un Parti qui ne rit pas et avec lequel on rigole pas et publier cette Histoire du Parti était une rare audace. On le fit bien savoir aux Tchèques quelques années plus tard. (voir Printemps de Prague)
Certes, dit Lucien l’âne, mais la situation en Bohême et ailleurs a évolué.
C’est l’étrange comportement les situations, dit Marco Valdo M.I. : elles ont l’habitude d’évoluer pour que tout change afin que rien ne change, comme le faisait dire à un de ses personnages Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
Oui, dit Lucien l’âne pensif, c’est presque toujours comme ça dans La Guerre de Cent mille ans que les riches et les puissants, les avides et les ambitieux font au pauvre monde afin de le dominer et de lui imposer leur arrogance et de satisfaire leurs incoercibles appétits. Mais au fait, le Parti ?
Écoute, Lucien l’âne mon ami, pour ce qui est du Parti, on en saura déjà beaucoup avec cette chanson et beaucoup plus encore avec celles qui suivront, dont c’est précisément la tâche d’en rapporter l’Histoire afin que nul n’en ignore et que tous puissent envisager la question du Parti avec sérénité.
Bonne idée, dit Lucien l’âne, attendons donc la suite et tissons le linceul de ce vieux monde attristant, lamentable, languissant, politiquement correct, insupportable et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane