"Man soll das Neue Jahr nicht mit Programmen
beladen wie ein krankes Pferd,
wenn man es all zu sehr beschwert,
bricht es zu guter Letzt zusammen.
Je üppiger die Pläne blühen,
um so verzwickter wird die Tat.
Man nimmt sich vor, sich schrecklich zu bemüh'n
und schließlich hat man den Salat.
Es nützt nicht viel, sich rot zu schämen,
es nützt nichts und es schadet bloß,
sich tausend Dinge vorzunehmen.
Lasst das Programm und bessert euch drauflos."
beladen wie ein krankes Pferd,
wenn man es all zu sehr beschwert,
bricht es zu guter Letzt zusammen.
Je üppiger die Pläne blühen,
um so verzwickter wird die Tat.
Man nimmt sich vor, sich schrecklich zu bemüh'n
und schließlich hat man den Salat.
Es nützt nicht viel, sich rot zu schämen,
es nützt nichts und es schadet bloß,
sich tausend Dinge vorzunehmen.
Lasst das Programm und bessert euch drauflos."
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/1/8 - 18:13
Language: French
Version française – RÉSOLUTIONS DU NOUVEL AN – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson allemande – Vorsätze fürs neue Jahr – Erich Kästner
Chanson allemande – Vorsätze fürs neue Jahr – Erich Kästner
Dialogue Maïeutique
Finalement, Lucien l’âne mon ami, des fois je ne sais trop quoi dire. J’ai comme un cerveau plat quand j’arrive à la fin d’une version française. Car c’est un foutu boulot que ces versions et sans blague, j’en sors l’esprit un peu vidé ; ce n’est pas seulement une traduction – la traduction n’est qu’une étape vers autre chose et la version, c’est la mise en forme de cette autre chose. Ce qui en fait un objet particulier, c’est ce qui s’y ajoute et qui lui donne toute sa valeur, mais qui augmente aussi considérablement le temps qu’on doit y consacrer ; c’est tout le travail du sculpteur quand il a dégrossi la pierre ou celui du ciseleur qui fait du métal un bijou. Dans le cas de la version, c’est souvent deux journées – parfois bien plus – qui y passent. Bien sûr, il faut y inclure les périodes de latence où on laisse le texte reposer pour le reprendre plus tard, avec du recul. Et puis, on le modifie, on le peaufine et on y revient et on le met à nouveau au reposoir. Il faut parfois quatre ou cinq versions de la version pour arriver à ce qu’on laisse voir au lecteur. C’est seulement tout au bout de ce processus que vient, que peut venir le moment du dialogue maïeutique.
Ce doit être ainsi, j’imagine, répond Lucien l’âne, mais quand même, il te faut me parler à propos de la chanson – peu importe laquelle, c’est toujours la même nécessité du dialogue maïeutique, même si parfois, je ne vois pas très bien le rapport.
Oh, dit Marco Valdo M.I., là, tu dis juste, car parfois, ce que je raconte – et qui est la matière du dialogue – n’a qu’un rapport très lointain avec le sujet de la chanson ou de la version dont on cause. À propos de cause, je veux dire de cause de cet apparent éloignement, c’est que j’ai comme Sterne, Grass, McBain, Pratchett, Vialatte ou Lucien (Apulée) lui-même – une forte tendance à la digression. Avec elle, on finit même par s’apercevoir que c’est la digression qui importe. Cependant, si je la pratique si volontiers, ce n’est pas à la manière d’un procédé, d’une sorte de recette magique, c’est que, vois-tu, en vérité, elle m’est naturelle ; en quelque sorte, coexistentielle, consubstantielle.
Soit, dit Lucien l’âne, Homère n’a pas fait autre chose quand il a mis toute une odyssée pour dire qu’Ulysse était rentré en retard chez lui. Ce n’est quand même pas une raison pour échapper à ton obligation. Qu’est-ce qu’elle raconte cette chanson ?
Vite dit, Lucien l’âne mon ami, c’est une sorte de monologue à l’usage de tous, une parabole de circonstance, assez banale en apparence, un propos aux allures de sermon, une adresse à la ronde, un peu guindée dont on n’aperçoit pas tout de suite l’impertinence. Mais, justement, s’agissant d’Erich Kästner, il faut replacer ce laïus dans un certain contexte. K. n’interpelle pas ses contemporains, il s’adresse aux suivants - c’est peut-être dû à sa formation d’instituteur, il n’arrête pas d’ailleurs de le faire depuis qu’il a connu la guerre, vu et su ses horreurs et leurs séquelles. Il leur suggère, comme le ferait le vieil homme à l’enfant, que la vie vaut par elle-même et qu’il faut la prendre tant qu’il y en a, tant qu’elle n’est pas encombrée, tant qu’elle respire les petits atomes de bonheurs. Il s’agit, pour lui, d’apaiser le monde, d’améliorer la vie, d’alléger l’existence ; ce qui fait de lui, à vie, un homme contre la guerre.
Oui mais, dit Lucien l’âne, la chanson ?
Oh, la chanson ?, répond Marco Valdo M.I., elle fait exactement ça. Elle va au plus près de la matière qui fait les jours, celle qui pétrie, maniée, mise en forme fait la vie quotidienne dans laquelle se débat chacun aux prises avec La Guerre de Cent mille ans. Ici, il s’agit de rendre l’année à venir douce et légère, en tout cas, moins dure, moins lourde à porter. Ce n’est pas une grande proclamation, ce n’est pas une doctrine, ce n’est pas un discours politique – Erich Kästner en a entendu assez de ces discours à programmes, c’est juste une façon de vivre. Comme on le voit, le Ferré d’Y en a marre ! disait la même condition essentielle de l’existence paisible.
Peut-être bien, dit Lucien l’âne. De toute façon, il n’y a pas de mal à alléger le poids des jours et il est fort bien de ne pas trop charger le baudet, qu’on est, que chacun – en définitive – est. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde tristounet, chaotique, ballotté et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Finalement, Lucien l’âne mon ami, des fois je ne sais trop quoi dire. J’ai comme un cerveau plat quand j’arrive à la fin d’une version française. Car c’est un foutu boulot que ces versions et sans blague, j’en sors l’esprit un peu vidé ; ce n’est pas seulement une traduction – la traduction n’est qu’une étape vers autre chose et la version, c’est la mise en forme de cette autre chose. Ce qui en fait un objet particulier, c’est ce qui s’y ajoute et qui lui donne toute sa valeur, mais qui augmente aussi considérablement le temps qu’on doit y consacrer ; c’est tout le travail du sculpteur quand il a dégrossi la pierre ou celui du ciseleur qui fait du métal un bijou. Dans le cas de la version, c’est souvent deux journées – parfois bien plus – qui y passent. Bien sûr, il faut y inclure les périodes de latence où on laisse le texte reposer pour le reprendre plus tard, avec du recul. Et puis, on le modifie, on le peaufine et on y revient et on le met à nouveau au reposoir. Il faut parfois quatre ou cinq versions de la version pour arriver à ce qu’on laisse voir au lecteur. C’est seulement tout au bout de ce processus que vient, que peut venir le moment du dialogue maïeutique.
Ce doit être ainsi, j’imagine, répond Lucien l’âne, mais quand même, il te faut me parler à propos de la chanson – peu importe laquelle, c’est toujours la même nécessité du dialogue maïeutique, même si parfois, je ne vois pas très bien le rapport.
Oh, dit Marco Valdo M.I., là, tu dis juste, car parfois, ce que je raconte – et qui est la matière du dialogue – n’a qu’un rapport très lointain avec le sujet de la chanson ou de la version dont on cause. À propos de cause, je veux dire de cause de cet apparent éloignement, c’est que j’ai comme Sterne, Grass, McBain, Pratchett, Vialatte ou Lucien (Apulée) lui-même – une forte tendance à la digression. Avec elle, on finit même par s’apercevoir que c’est la digression qui importe. Cependant, si je la pratique si volontiers, ce n’est pas à la manière d’un procédé, d’une sorte de recette magique, c’est que, vois-tu, en vérité, elle m’est naturelle ; en quelque sorte, coexistentielle, consubstantielle.
Soit, dit Lucien l’âne, Homère n’a pas fait autre chose quand il a mis toute une odyssée pour dire qu’Ulysse était rentré en retard chez lui. Ce n’est quand même pas une raison pour échapper à ton obligation. Qu’est-ce qu’elle raconte cette chanson ?
Vite dit, Lucien l’âne mon ami, c’est une sorte de monologue à l’usage de tous, une parabole de circonstance, assez banale en apparence, un propos aux allures de sermon, une adresse à la ronde, un peu guindée dont on n’aperçoit pas tout de suite l’impertinence. Mais, justement, s’agissant d’Erich Kästner, il faut replacer ce laïus dans un certain contexte. K. n’interpelle pas ses contemporains, il s’adresse aux suivants - c’est peut-être dû à sa formation d’instituteur, il n’arrête pas d’ailleurs de le faire depuis qu’il a connu la guerre, vu et su ses horreurs et leurs séquelles. Il leur suggère, comme le ferait le vieil homme à l’enfant, que la vie vaut par elle-même et qu’il faut la prendre tant qu’il y en a, tant qu’elle n’est pas encombrée, tant qu’elle respire les petits atomes de bonheurs. Il s’agit, pour lui, d’apaiser le monde, d’améliorer la vie, d’alléger l’existence ; ce qui fait de lui, à vie, un homme contre la guerre.
Oui mais, dit Lucien l’âne, la chanson ?
Oh, la chanson ?, répond Marco Valdo M.I., elle fait exactement ça. Elle va au plus près de la matière qui fait les jours, celle qui pétrie, maniée, mise en forme fait la vie quotidienne dans laquelle se débat chacun aux prises avec La Guerre de Cent mille ans. Ici, il s’agit de rendre l’année à venir douce et légère, en tout cas, moins dure, moins lourde à porter. Ce n’est pas une grande proclamation, ce n’est pas une doctrine, ce n’est pas un discours politique – Erich Kästner en a entendu assez de ces discours à programmes, c’est juste une façon de vivre. Comme on le voit, le Ferré d’Y en a marre ! disait la même condition essentielle de l’existence paisible.
« On vit on mange et puis on meurt ;
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements. »
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements. »
Peut-être bien, dit Lucien l’âne. De toute façon, il n’y a pas de mal à alléger le poids des jours et il est fort bien de ne pas trop charger le baudet, qu’on est, que chacun – en définitive – est. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde tristounet, chaotique, ballotté et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
RÉSOLUTIONS DU NOUVEL AN
Il ne faut pas comme un malade,
Charger de programmes l’année nouvelle.
Si vous pesez trop sur elle,
Elle finira par tomber en capilotade.
Plus les plans fleurissent, plus ils croissent,
Plus l’action devient inextricable ;
On prend sur soi, on fait des efforts terribles
Et finalement, on se retrouve dans la poisse.
Rougir de honte ne sert pas à grand-chose.
Ça la fout mal et ça ne sert à rien
De se préoccuper de mille choses.
Oubliez les programmes et faites-vous du bien.
Il ne faut pas comme un malade,
Charger de programmes l’année nouvelle.
Si vous pesez trop sur elle,
Elle finira par tomber en capilotade.
Plus les plans fleurissent, plus ils croissent,
Plus l’action devient inextricable ;
On prend sur soi, on fait des efforts terribles
Et finalement, on se retrouve dans la poisse.
Rougir de honte ne sert pas à grand-chose.
Ça la fout mal et ça ne sert à rien
De se préoccuper de mille choses.
Oubliez les programmes et faites-vous du bien.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/1/8 - 18:17
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