album: Trotz Alledem! (1978)
Da, wo die Friedrichstraße sacht
den Schritt über das Wasser macht
da hängt über der Spree
die Weidendammerbrücke. Schön
kannst du da Preußens Adler sehn
wenn ich am Geländer steh.
dann steht da der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dem tun seine Arme so weh
er fliegt nicht weg - er stürzt nicht ab
macht keinen Wind - und macht nicht schlapp
am Geländer über der Spree
Der Stacheldraht wächst langsam ein
tief in die Haut, in Brust und Bein
ins Hirn, in graue Zelln
Umgürtet mit dem Drahtverband
ist unser Land ein Inselland
umbrandet von bleiernen Welln
da steht der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dem tun seine Arme so weh
er fliegt nicht hoch - und er stürzt nicht ab
macht keinen Wind - und macht nicht schlapp
am Geländer über der Spree
Und wenn du wegwillst, mußt du gehn
ich hab schon viele abhaun sehn
aus unserem halben Land
Ich halt mich fest hier, bis mich kalt
dieser verhaßte Vogel krallt
und zerrt mich übern Rand
dann bin ich der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dann tun mir die Arme so weh
dann flieg ich hoch - dann stürz ich ab
macht bißchen Wind - dann mach ich schlapp
am Geländer über der Spree
den Schritt über das Wasser macht
da hängt über der Spree
die Weidendammerbrücke. Schön
kannst du da Preußens Adler sehn
wenn ich am Geländer steh.
dann steht da der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dem tun seine Arme so weh
er fliegt nicht weg - er stürzt nicht ab
macht keinen Wind - und macht nicht schlapp
am Geländer über der Spree
Der Stacheldraht wächst langsam ein
tief in die Haut, in Brust und Bein
ins Hirn, in graue Zelln
Umgürtet mit dem Drahtverband
ist unser Land ein Inselland
umbrandet von bleiernen Welln
da steht der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dem tun seine Arme so weh
er fliegt nicht hoch - und er stürzt nicht ab
macht keinen Wind - und macht nicht schlapp
am Geländer über der Spree
Und wenn du wegwillst, mußt du gehn
ich hab schon viele abhaun sehn
aus unserem halben Land
Ich halt mich fest hier, bis mich kalt
dieser verhaßte Vogel krallt
und zerrt mich übern Rand
dann bin ich der preußische Ikarus
mit grauen Flügeln aus Eisenguß
dann tun mir die Arme so weh
dann flieg ich hoch - dann stürz ich ab
macht bißchen Wind - dann mach ich schlapp
am Geländer über der Spree
Langue: anglais
English Version by Melanie Hiepler
The Lyre
The Lyre
BALLADE OF THE PRUSSIAN ICARUS
See there where Friedrichstrasse ends,
and curving o’er the water bends:
there hangs over the Spree
the Weidendammerbrücke fair,
where Prussia’s eagle proudly glares
and I lean at the rail.
There stands the Prussian Icarus,
with wings of grey and an iron look,
his arms weighed down by his pride.
He does not soar, nor does he fall,
he’ll catch no wind, and give no call
at the handrail over the Spree.
The wire’s barbs grow in our breast
deep in our skin, in leg and chest;
its poison grips our minds.
Surrounded by this wire band,
has ours become a lonesome land
cut off by leaden waves?
There stands the Prussian Icarus,
with wings of grey and an iron look,
his arms weighed down by his pride.
He does not soar, nor does he fall,
he’ll catch no wind, and give no call
at the handrail over the Spree.
And if you leave, you have to go.
Some say they have no choice, you know,
but flee our divided land.
I’ll stay until I fall because
that hated bird has deadly claws
that drag me to my end.
Then I will be Prussia’s Icarus
with iron wings and a captive look
my shoulders will ache with deep pain.
I’ll try to fly, but tumble down.
Stir scare a wind, slump feebly down
at the handrail over the Spree.
See there where Friedrichstrasse ends,
and curving o’er the water bends:
there hangs over the Spree
the Weidendammerbrücke fair,
where Prussia’s eagle proudly glares
and I lean at the rail.
There stands the Prussian Icarus,
with wings of grey and an iron look,
his arms weighed down by his pride.
He does not soar, nor does he fall,
he’ll catch no wind, and give no call
at the handrail over the Spree.
The wire’s barbs grow in our breast
deep in our skin, in leg and chest;
its poison grips our minds.
Surrounded by this wire band,
has ours become a lonesome land
cut off by leaden waves?
There stands the Prussian Icarus,
with wings of grey and an iron look,
his arms weighed down by his pride.
He does not soar, nor does he fall,
he’ll catch no wind, and give no call
at the handrail over the Spree.
And if you leave, you have to go.
Some say they have no choice, you know,
but flee our divided land.
I’ll stay until I fall because
that hated bird has deadly claws
that drag me to my end.
Then I will be Prussia’s Icarus
with iron wings and a captive look
my shoulders will ache with deep pain.
I’ll try to fly, but tumble down.
Stir scare a wind, slump feebly down
at the handrail over the Spree.
Langue: français
Version française – BALLADE DE L’ICARE PRUSSIEN – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson allemande – Ballade vom preußischen Ikarus – Wolf Biermann – 1978
Chanson allemande – Ballade vom preußischen Ikarus – Wolf Biermann – 1978
Dialogue maïeutique
Ach, Lucien l’âne mon ami, kennst du das Land wo der Adler am Geländer steh ?, ou quelque chose comme ça ; ce qui peut se traduire par « Connais-tu le pays où l’aigle s’accroche à la balustrade » ?
Qu’est-ce que tu racontes, dit Lucien l’âne, un peu ébahi ? Aigle, balustrade, pays ? Je me demande bien lequel de pays ; c’est peut-être un pays qui n’existe pas.
D’une certaine façon, Lucien l’âne mon ami, tu as raison. C’est un pays qui – aujourd’hui – n’existe pas ou plus exactement, n’existe plus. Ça arrive souvent d’ailleurs que des pays qui disparaissent ou se dissolvent ou à l’inverse, que d’autres apparaissent, comme quoi les pays, ce sont des êtres vivants. Bref, en ce qui concerne l’aigle et la balustrade, il faut décomposer. L’aigle, en l’occurrence dans la chanson, il n’y en a qu’un, c’est l’aigle prussien, animal redoutable s’il en fut, et de fait, il est accroché à la balustrade du pont du quai des Weiden (saules) – le Weidendammerbrücke et ce depuis la construction du pont en 1895. Comme tu le sais, l’accroche – je veux dire ma première question, était une allusion à Erich Kästner, qui demandait : « Kennst du das Land, wo die Kanonen blühn? » (Connais-tu le pays où les canons fleurissent ?) et à l’écrivain allemand du siècle précédent Johann Wolfgang Goethe, qui rêvait de citrons et demandait : « Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn ? ».
D’accord, répond Lucien l’âne, je comprends ce que vient faire l’aigle ici, mais je ne vois toujours pas ce que vient y faire Icare et moins encore, un Icare prussien, car moi, Icare, son histoire est dans ma mémoire depuis très longtemps.
Soit, répond Marco Valdo M.I., je reprends mon histoire. Sur le pont, il y a une rambarde, autre mot pour balustrade ; sur cette balustrade est fixé un aigle en fonte et même plusieurs, comme je t’ai déjà expliqué, le pont est bordé de deux balustrades – une de chaque côté, chacune ornée d’aigles d’acier. Ils symbolisent l’Empire allemand, dominé par le roi de Prusse. Voilà pour le caractère prussien de l’aigle. Il me reste à situer Icare dans cette histoire. Comme tu le sais, de ça je suis sûr, Icare est célèbre pour son envol vers le soleil de la liberté et surtout, pour sa chute consécutive, quand la cire qui tenait ses plumes (sans doute, d’aigle) a fondu et que ses ailes n’ont plus fonctionné. Voilà pour Icare et la parabole qu’il incarne. Pour le reste, à l’évidence, un aigle en fonte ne agiter ses ailes et ne peut s’envoler ; il en est tout effondré et se tient la tête penchée au-dessus de la Sprée.
Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-ce que la Sprée ? Il faudrait sans doute le préciser.
La Sprée, Lucien l’âne mon ami, est cette rivière-canal-fleuve sur les bords de laquelle se trouve Berlin et que le Weidendammerbrücke traverse.
Et puis après, dit Lucien l’âne, je ne vois toujours pas où nous emmène cette chanson.
Après ?, dit Marco Valdo M.I., il faut te souvenir que Berlin, en 1978 – quand fut créée la chanson, était divisée – comme du reste, l’Allemagne, entre un Est et un Ouest politiques et que la Sprée était une des lignes qui marquait cette division. Le fait est aussi qu’en 1978, l’auteur de la chanson Wolf Bierman vivait à Berlin – Est et qu’il avait écrit de nombreuses chansons contestant le régime en place et notamment, si tu te souviens qu’on en avait dialogué, la Ballade auf den Dichter François Villon, écrite et chantée dix ans auparavant en 1968, dont la version française s’intitule Ballade du Poète François Villon. Le fait est aussi qu’il envisage dans la chanson de fuir de « demi-pays », mais que « l’oiseau immonde » le retient de ses serres. Comme il est apparu plus tard encore, Wolf Bierman, alias l’Icarus prussien, a finalement pu s’en aller – à pied, dans l’autre « demi-pays ».
Merci, merci beaucoup, Marco Valdo M.I. mon ami, mais arrête-toi là, j’en sais assez et si tu continues, j’en saurai trop et il n’y aura plus de plaisir à découvrir la chanson – du moins, sa version en français. Maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade, transi, tremblant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ach, Lucien l’âne mon ami, kennst du das Land wo der Adler am Geländer steh ?, ou quelque chose comme ça ; ce qui peut se traduire par « Connais-tu le pays où l’aigle s’accroche à la balustrade » ?
Qu’est-ce que tu racontes, dit Lucien l’âne, un peu ébahi ? Aigle, balustrade, pays ? Je me demande bien lequel de pays ; c’est peut-être un pays qui n’existe pas.
D’une certaine façon, Lucien l’âne mon ami, tu as raison. C’est un pays qui – aujourd’hui – n’existe pas ou plus exactement, n’existe plus. Ça arrive souvent d’ailleurs que des pays qui disparaissent ou se dissolvent ou à l’inverse, que d’autres apparaissent, comme quoi les pays, ce sont des êtres vivants. Bref, en ce qui concerne l’aigle et la balustrade, il faut décomposer. L’aigle, en l’occurrence dans la chanson, il n’y en a qu’un, c’est l’aigle prussien, animal redoutable s’il en fut, et de fait, il est accroché à la balustrade du pont du quai des Weiden (saules) – le Weidendammerbrücke et ce depuis la construction du pont en 1895. Comme tu le sais, l’accroche – je veux dire ma première question, était une allusion à Erich Kästner, qui demandait : « Kennst du das Land, wo die Kanonen blühn? » (Connais-tu le pays où les canons fleurissent ?) et à l’écrivain allemand du siècle précédent Johann Wolfgang Goethe, qui rêvait de citrons et demandait : « Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn ? ».
D’accord, répond Lucien l’âne, je comprends ce que vient faire l’aigle ici, mais je ne vois toujours pas ce que vient y faire Icare et moins encore, un Icare prussien, car moi, Icare, son histoire est dans ma mémoire depuis très longtemps.
Soit, répond Marco Valdo M.I., je reprends mon histoire. Sur le pont, il y a une rambarde, autre mot pour balustrade ; sur cette balustrade est fixé un aigle en fonte et même plusieurs, comme je t’ai déjà expliqué, le pont est bordé de deux balustrades – une de chaque côté, chacune ornée d’aigles d’acier. Ils symbolisent l’Empire allemand, dominé par le roi de Prusse. Voilà pour le caractère prussien de l’aigle. Il me reste à situer Icare dans cette histoire. Comme tu le sais, de ça je suis sûr, Icare est célèbre pour son envol vers le soleil de la liberté et surtout, pour sa chute consécutive, quand la cire qui tenait ses plumes (sans doute, d’aigle) a fondu et que ses ailes n’ont plus fonctionné. Voilà pour Icare et la parabole qu’il incarne. Pour le reste, à l’évidence, un aigle en fonte ne agiter ses ailes et ne peut s’envoler ; il en est tout effondré et se tient la tête penchée au-dessus de la Sprée.
Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-ce que la Sprée ? Il faudrait sans doute le préciser.
La Sprée, Lucien l’âne mon ami, est cette rivière-canal-fleuve sur les bords de laquelle se trouve Berlin et que le Weidendammerbrücke traverse.
Et puis après, dit Lucien l’âne, je ne vois toujours pas où nous emmène cette chanson.
Après ?, dit Marco Valdo M.I., il faut te souvenir que Berlin, en 1978 – quand fut créée la chanson, était divisée – comme du reste, l’Allemagne, entre un Est et un Ouest politiques et que la Sprée était une des lignes qui marquait cette division. Le fait est aussi qu’en 1978, l’auteur de la chanson Wolf Bierman vivait à Berlin – Est et qu’il avait écrit de nombreuses chansons contestant le régime en place et notamment, si tu te souviens qu’on en avait dialogué, la Ballade auf den Dichter François Villon, écrite et chantée dix ans auparavant en 1968, dont la version française s’intitule Ballade du Poète François Villon. Le fait est aussi qu’il envisage dans la chanson de fuir de « demi-pays », mais que « l’oiseau immonde » le retient de ses serres. Comme il est apparu plus tard encore, Wolf Bierman, alias l’Icarus prussien, a finalement pu s’en aller – à pied, dans l’autre « demi-pays ».
Merci, merci beaucoup, Marco Valdo M.I. mon ami, mais arrête-toi là, j’en sais assez et si tu continues, j’en saurai trop et il n’y aura plus de plaisir à découvrir la chanson – du moins, sa version en français. Maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade, transi, tremblant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
BALLADE DE L’ICARE PRUSSIEN
Là, où la Friedrichstraße à l’accoutumée
Fait son pas arqué par-dessus l’eau,
Là pend au-dessus de la Sprée
Le Weidendammerbrücke. Beau.
L’aigle de Prusse est à la parade
Et moi, je suis devant la balustrade
L’Icare prussien se tient là
Avec ses ailes grises en fonte ;
Ses bras inertes lui font honte,
Il ne s’envole pas, il ne tombe pas,
Il n’agite pas ses ailes et se tient la tête penchée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
Peu pressé, le barbelé pénètre en profondeur
Dans la poitrine, dans les jambes, sous la peau,
Dans les cellules grises, dans le cerveau.
Ceinturé de ce métal oppresseur,
Notre pays est une île tout du long
Cernée de vagues de plomb.
L’Icare prussien se tient là
Avec ses ailes grises en fonte ;
Ses bras inertes lui font honte,
Il ne s’envole pas, il ne tombe pas,
Il n’agite pas ses ailes et se tient la tête penchée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
Et si vous voulez vous en aller, allez-y.
J’ai vu beaucoup d’hommes se tailler
De notre demi-pays.
Moi, je reste jusqu’à ce que j’aie froid.
Cet oiseau immonde me serre déjà
Et m’entraîne et me jette bas.
Alors, je me tiens là, Icare prussien,
Avec mes ailes grises en fonte,
Mes bras inertes me font honte,
Je m’envole et je tombe soudain,
J’agite l’air, je m’effondre la tête posée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
Là, où la Friedrichstraße à l’accoutumée
Fait son pas arqué par-dessus l’eau,
Là pend au-dessus de la Sprée
Le Weidendammerbrücke. Beau.
L’aigle de Prusse est à la parade
Et moi, je suis devant la balustrade
L’Icare prussien se tient là
Avec ses ailes grises en fonte ;
Ses bras inertes lui font honte,
Il ne s’envole pas, il ne tombe pas,
Il n’agite pas ses ailes et se tient la tête penchée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
Peu pressé, le barbelé pénètre en profondeur
Dans la poitrine, dans les jambes, sous la peau,
Dans les cellules grises, dans le cerveau.
Ceinturé de ce métal oppresseur,
Notre pays est une île tout du long
Cernée de vagues de plomb.
L’Icare prussien se tient là
Avec ses ailes grises en fonte ;
Ses bras inertes lui font honte,
Il ne s’envole pas, il ne tombe pas,
Il n’agite pas ses ailes et se tient la tête penchée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
Et si vous voulez vous en aller, allez-y.
J’ai vu beaucoup d’hommes se tailler
De notre demi-pays.
Moi, je reste jusqu’à ce que j’aie froid.
Cet oiseau immonde me serre déjà
Et m’entraîne et me jette bas.
Alors, je me tiens là, Icare prussien,
Avec mes ailes grises en fonte,
Mes bras inertes me font honte,
Je m’envole et je tombe soudain,
J’agite l’air, je m’effondre la tête posée
Sur la balustrade au-dessus de la Sprée.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 20/12/2020 - 20:29
Poème à Félix Labisse, peintre décorateur de théâtre
Un tableau de Félix Labisse, Icare et Dédale – en train d’inventer l’aviation – illustre la version française Ballade de l’Icare prussien de Wolf Biermann.
À ce propos, il est amusant de retrouver de petit poème que Boris Vian avait écrit et dit pour saluer son ami Félix Labisse :
Ainsi Parlait Lucien Lane
Un tableau de Félix Labisse, Icare et Dédale – en train d’inventer l’aviation – illustre la version française Ballade de l’Icare prussien de Wolf Biermann.
À ce propos, il est amusant de retrouver de petit poème que Boris Vian avait écrit et dit pour saluer son ami Félix Labisse :
Ainsi Parlait Lucien Lane
Marco Valdo M.I. - 20/12/2020 - 20:57
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