Langue   

Le Cimetière

Marco Valdo M.I.
Langue: français


Marco Valdo M.I.


L’alderman Bowler, un homme sensé,
De toute sa vie, n’avait rien remarqué.
Johnny, lui, remarque plein de choses
Et voir les morts le rend tout chose.

Les gens normaux ignorent presque tout
Sauf les choses importantes, voyez-vous :
Se lever, se laver, déjeuner, aller aux toilettes,
Les gens normaux vivent ainsi ; rien ne les inquiète.

Tout le jour, Maman fume comme un pompier.
Las de crier, Papa est parti.
Les choses vont peut-être s’arranger.
Johnny s’est installé chez Papy.

Pour aller à l’école le matin et revenir le soir,
Le long du canal, il prend le sentier,
Traverse le cimetière par-derrière le crématoire :
Ça raccourcit le chemin de moitié.

Un vieux cimetière peuplé de freux, de hiboux,
De mulots, de rats, de chats et de renards.
Un chouette endroit sympa, avec un sous-sol où
Les squelettes sourient dans le noir.

Au Rayon de Soleil, à presque cent ans,
Mémé, l’hiver dernier, est morte
En regardant la télé et la porte
En attendant le repas suivant.

Le cimetière est une vraie ville
Entre l’avenue du Sud et l’allée du Nord,
Il y a une placette, une sorte de centre-ville
Avec ses mausolées des riches morts.

Sur le marbre en lettres de bronze terni,
Alderman Thomas Bowler,
Pro bono publico, c’est écrit.
Johnny frappe à la porte en fer.

Oui, dit l’alderman, c’est pourquoi ?
Vous êtes mort ? Certainement !
En mil-neuf-cent-six, par là.
Un très bel enterrement, vraiment.

Comment tu t’appelles, mon jeune ami ?
Johnny. Comment c’est d’être mort ?
Bof, parfois, on s’ennuie très fort.
Passe quand tu veux, je ne bouge pas d’ici.



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