Dans notre école, un vieux professeur
Souvent victime de sa bonne humeur
Nous enseignait, en récréation seulement,
Un jeu qui le passionnait de son temps.
À chaque phrase que disaient ses parents,
Il ajoutait « Par derrière ou par devant ».
Le brave homme ne se doutait pas
Qu’en nous enseignant ce jeu-là,
Il signait la condamnation
De toutes ses prochaines leçons.
Le nez de Cléopâtre eût été par derrière,
La face du Monde en eût été par devant ;
Henri IV avait panache blanc par derrière,
Henri III n’avait pas sentiment par devant ;
Charlemagne portait barbe fleurie par derrière,
Cachez ce sein que je ne saurais voir par devant ;
Démons déchaînés, nous étions tous par derrière,
Au visage pur d’enfants charmants par devant.
S’en est allé le vieux professeur
Près du bon Dieu, et pourtant nos cœurs
N’oublieront pas le petit avertissement
De son jeu qui nous divertissait tant.
Par devant, nombre de compliments
Deviennent par derrière propos désobligeants.
Le brave homme ne se doutait pas
Qu’en nous enseignant ce jeu-là,
Il nous initiait tout petits
À la dure école de la vie.
Que de recommandations m’a-t-on fait par derrière,
Lorsque devaient m’être présentés par devant
Des fripouilles, des brigands, m’assurait-on par derrière,
Mais qu’amicalement on appelle vieux frères par devant.
Les vieux frères en question m’avaient prévenue par derrière
De me méfier de ceux qui me prévenaient par devant.
Mieux vaut que la franchise reste par derrière,
Un brin de mensonge est plus utile par devant.
L’amour est l’exception qui nous fait dire par derrière
Des choses aussi jolies que celles qu’on dit par devant.
Des « Je t’aime, je t’adore pour la vie entière »,
Il y en a autant par derrière que par devant,
Car le brave Cupidon, de sa flèche légendaire,
Vise tous les cœurs de la Terre
Par derrière
Ou par devant.
Souvent victime de sa bonne humeur
Nous enseignait, en récréation seulement,
Un jeu qui le passionnait de son temps.
À chaque phrase que disaient ses parents,
Il ajoutait « Par derrière ou par devant ».
Le brave homme ne se doutait pas
Qu’en nous enseignant ce jeu-là,
Il signait la condamnation
De toutes ses prochaines leçons.
Le nez de Cléopâtre eût été par derrière,
La face du Monde en eût été par devant ;
Henri IV avait panache blanc par derrière,
Henri III n’avait pas sentiment par devant ;
Charlemagne portait barbe fleurie par derrière,
Cachez ce sein que je ne saurais voir par devant ;
Démons déchaînés, nous étions tous par derrière,
Au visage pur d’enfants charmants par devant.
S’en est allé le vieux professeur
Près du bon Dieu, et pourtant nos cœurs
N’oublieront pas le petit avertissement
De son jeu qui nous divertissait tant.
Par devant, nombre de compliments
Deviennent par derrière propos désobligeants.
Le brave homme ne se doutait pas
Qu’en nous enseignant ce jeu-là,
Il nous initiait tout petits
À la dure école de la vie.
Que de recommandations m’a-t-on fait par derrière,
Lorsque devaient m’être présentés par devant
Des fripouilles, des brigands, m’assurait-on par derrière,
Mais qu’amicalement on appelle vieux frères par devant.
Les vieux frères en question m’avaient prévenue par derrière
De me méfier de ceux qui me prévenaient par devant.
Mieux vaut que la franchise reste par derrière,
Un brin de mensonge est plus utile par devant.
L’amour est l’exception qui nous fait dire par derrière
Des choses aussi jolies que celles qu’on dit par devant.
Des « Je t’aime, je t’adore pour la vie entière »,
Il y en a autant par derrière que par devant,
Car le brave Cupidon, de sa flèche légendaire,
Vise tous les cœurs de la Terre
Par derrière
Ou par devant.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/5/3 - 18:06
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Chanson française – Par derrière ou par devant – Marie-Josée Neuville – 1957
Album: Le monsieur du métro (1957)
Lorsque j’avais proposé la version française POSITION H de la chanson italienne de Sine Frontera intitulée «Posizione orizzontale », tu m’avais fait me ressouvenir d’une chanson et d’une chanteuse du siècle dernier. C’était justement « Par derrière ou par devant » et la chanteuse était Marie-Josée Neuville et j’avais promis qu’on en reparlerait et nous y voilà.
Oh, dit Lucien l’âne, c’est toujours une bonne idée de tenir sa parole et aussi, d’insérer une chanson et en plus, de faire connaître une artiste.
D’abord, reprend Marco Valdo M.I., deux mots concernant Marie-Josée Neuville, à la ville : Josée Françoise Deneuville. Je n’en ferai pas la biographie (Wiki s’en charge fort bien), mais je voudrais en éclairer un peu certain aspect amusant. Même si elle avait commencé fort tôt dans la chanson, au moment où elle aborde sa carrière professionnelle, Marie Josée n’était plus la collégienne qu’on prétendait qu’elle fut sur les affiches, les pochettes de disque, les notices publicitaires et les articles de journaux. Sans vouloir trop la dévoiler, en 1957, Marie-Josée n’avait pas tout à fait vingt ans, mais presque.
C’est beaucoup pour une collégienne, dit Lucien l’âne en riant.
De même, toujours sans vouloir dévoiler plus qu’il ne faut son intimité, la jeune demoiselle se devait – contrat commercial oblige – de conserver ses tresses juvéniles, qui faisaient sa réputation dans le domaine de la chanson.
Moi, dit Lucien l’âne, j’aurais préféré que ma réputation se bâtisse sur la qualité de mes chansons et de mes interprétations, plus que sur mes tresses. Enfin, tant que c’était les tresses, ça allait encore. Tout ça est bien futile et en réalité, je m’en fous.
Moi aussi, dit Marco Valdo M.I., d’ailleurs, foin de ces petits potins, j’en viens à cette chanson dont l’arrière-plan est une solide mise en cause de l’Histoire telle qu’elle était enseignée et ensuite, une leçon de vie non négligeable. Enfin, elle comporte une aimable fin (« happy end » en franglais) où triomphe l’amour dans sa version la plus romantique ou la plus évangélique, je ne sais trop. Sauf que tout ce bel ensemble est pimenté d’un « Par derrière ou par devant » qui lui donne une tout autre dimension.
Ah, dit Lucien l’âne, je crois comprendre que tu entrevois dans l’adorable comptine de Marie Josée, une version cryptée de La Complainte de Marinette.
Exactement, Lucien l’âne mon ami, mais l’antienne est inversée et dans un sens comme dans l’autre, dans nos régions, ce « Par derrière ou par devant » réjouit petits et grands. Et tous s’amusent de cet équivoque qui fait d’une innocente chanson un joli conte pornographique :
« Des « Je t’aime, je t’adore pour la vie entière »,
Il y en a autant par derrière que par devant,
Car le brave Cupidon, de sa flèche légendaire,
Vise tous les cœurs de la Terre
Par derrière
Ou par devant. »
On dirait, Marco Valdo M.I., une chanson de bonobos. À propos, c’est pareil avec cet autre impérissable succès de Georges Millandy (1930) : « Le Petit Cœur de Ninon » dont on a plaisir à subvertir les sens en remplaçant le mot « cœur » par son initiale suivie de trois points de suspension : « C… », ce qui donne :
« Le petit c… de Ninon
Est si petit, est si gentil,
Est si fragile.
C’est un léger papillon,
Le petit c… de Ninon,
Il est mignon mignon.
Si le pauvret parfois coquet
Est peu docile,
Ce n’est pas sa faute, non
Au petit c…,
Au petit c… de Ninon. »
Mais assez ri, tissons le linceul de ce vieux monde burlesque, cocasse, libidineux, ridicule et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane