Pour nous, il n’y a de liberté nulle part !
Où que mes yeux regardent, nulle part !
Que faire ? Que faire ? C’est plein de militaires.
Chut ! Vous allez réveiller les vers de terre.
Et il n’y aura jamais de liberté ?
Il ne faut pas trop y compter.
À supposer qu’elle sorte de terre
Ou qu’ils rentrent dans leurs chaumières.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Saleté d’exode, errance et aberrance.
Se priver, mais survivre pourtant,
Se nourrir de vent et de sentences.
Oh, Barbora ! Où es-tu maintenant ?
Ici, viens vite, ils nous font souffrir,
Ils traitent le petit de bâtard et moi pire.
Qui ? Qui ? Ce sont les soldats du ciel.
Quoi ? Quoi ? Le service éternel ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Je viens juste de trouver le bonheur.
Oh Barbora, je ne sais pas mourir,
Souviens-toi, je suis déserteur,
Fuir, il nous faudra encore fuir !
Le bétail crève, les gens ont faim ;
Les prix volent toujours plus haut.
On arrête le meneur de la révolte du grain ;
Ivre, il raconte la bataille de Marengo.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Où que mes yeux regardent, nulle part !
Que faire ? Que faire ? C’est plein de militaires.
Chut ! Vous allez réveiller les vers de terre.
Et il n’y aura jamais de liberté ?
Il ne faut pas trop y compter.
À supposer qu’elle sorte de terre
Ou qu’ils rentrent dans leurs chaumières.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Saleté d’exode, errance et aberrance.
Se priver, mais survivre pourtant,
Se nourrir de vent et de sentences.
Oh, Barbora ! Où es-tu maintenant ?
Ici, viens vite, ils nous font souffrir,
Ils traitent le petit de bâtard et moi pire.
Qui ? Qui ? Ce sont les soldats du ciel.
Quoi ? Quoi ? Le service éternel ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Je viens juste de trouver le bonheur.
Oh Barbora, je ne sais pas mourir,
Souviens-toi, je suis déserteur,
Fuir, il nous faudra encore fuir !
Le bétail crève, les gens ont faim ;
Les prix volent toujours plus haut.
On arrête le meneur de la révolte du grain ;
Ivre, il raconte la bataille de Marengo.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 20/2/2020 - 16:08
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Chanson française – Bonheur et Misère du Déserteur – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN AMOUREUX – 42
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Je vois, Lucien l’âne, à ton œil de basalte tout frétillant que tu es une fois encore perturbé par ce titre qui peut-être ne te dit rien ou sans doute, te rappelle quelque chose, comme un titre ancien.
C’est ça, en effet, répond Lucien l’âne, c’est la sensation que je ressens et je sens mon cerveau qui tourne à plein rendement comme s’il savait qu’il lui suffit de sasser et de ressasser pour retrouver l’origine de ce sentiment ; mais pour faire court, dis-moi quoi.
Figure-toi, Lucien l’âne mon ami, que j’ai eu la même sensation en composant ce titre « Bonheur et Misère du Déserteur » et après avoir sassé et ressassé, il m’est apparu qu’il s’agit d’une réminiscence de Balzac ; oui, du brave et pantagruélique Honoré de Balzac et de son roman, en quatre tomes, « Splendeurs et misères des courtisanes ». Au passage, disons que Balzac n’a quasiment fait que ça dans sa vie, des romans, des romans, des romans, tant de romans, de quoi remplir une bibliothèque à lui tout seul ; enfin, on peut même y ajouter ses hétéronymes et tous ses autres écrits ; mais de Balzac je n’en dirai pas plus, tant il est gigantesque ; c’est une encyclopédie ; il faudrait y consacrer sa vie et je n’en ai pas le temps ; lui-même d’ailleurs ne l’avait pas.
Je l’ai entendu dire, dit Lucien l’âne. Il paraît qu’il carburait au café. Mais je t’en prie, poursuis.
Dans le fond, c’était juste un clin d’œil à cet homme qui était lui aussi un fuyard, un fugitif, mais d’un autre genre que l’Arlequin déserteur, quoique. Quoique, s’il a fui toute sa vie adulte les créanciers, sautant d’une résidence à une autre, il a fui aussi son obligation de servir dans la Garde nationale, ce qui en fait un déserteur. D’ailleurs, la Garde nationale le rattrapa et le mit en prison. Heureusement pour lui, ce n’était pas une période de guerre ouverte.
En voilà assez, dit Lucien l’âne. Si je te laissais courir, tu nous assommerais tous de ces fragments biographiques ; qu’importe si Balzac se cachait sous la Veuve Durand, parle-moi de la chanson et de ce fuyard d’Arlequin amoureux.
Ah, Lucien l’âne, je t’avoue que je fuyais moi aussi devant la complexité des choses. À mon sens, il suffit de lire la chanson après avoir lu toutes celles qui la précèdent ; tout est clair quand on prend le temps de regarder. Cependant, je te concède qu’elle peut aussi – qu’elle doit aussi – valoir par elle-même.
Alors, dit Lucien l’âne, tenons-nous en là ; ce sera déjà beaucoup.
Soit, reprend Marco Valdo M.I., au début, Matthias – car c’est sa voix qu’on entend, sa voix intérieure et un peu plus tard, celle de Barbora ; bref, il dialogue – tient un discours sur l’inaccessible liberté.
« Pour nous, il n’y a de liberté nulle part !
Où que mes yeux regardent, nulle part ! »
En fait, je soupçonne qu’il parle de la Tchécoslovaquie de la fin des années soixante, dont l’horizon était bouché par la domination soviétique et même, plus traditionnellement, russe ; même, si elle fut antérieurement, autrichienne. Il ne faut pas perdre de vue cette manière de lire l’Arlequin amoureux. C’est la clé de toute cette histoire. Tout comme, à mon sens, doit l’être Barbora. Elle parle dès lors aussi de la Bohême au temps de François Ier d’Autriche ou peut-être également, en d’autres temps. Elle est transhistorique et transnationale, car notre Arlequin fugueur est lui-même la figure de tous les réfugiés et de tous les fuyards du monde qui dans La Guerre de Cent mille ans rassemblent les dispersés en un peuple considérable. L’Amérique ou l’Australie, par exemple et pour l’essentiel de leurs populations, sont remplies de fuyards, de gens qui fuyaient la misère et les guerres.
Et, dit Lucien l’âne, il en arrive toujours, de tous lieux de tous bords et je ne vois pas que ça va ralentir – là et ailleurs dans le monde. Le monde fuit de partout.
Pourtant, je pense que même s’il y a encore tant de choses à dire de cette chanson, comme pour Balzac et comme souvent, je me dois de ne rien dire de plus. Ici, dans ce petit monde de « Bonheur et Misère du Déserteur » même le ciel n’est pas une limite.
Certainement, répond Lucien l’âne, on n’en finirait pas et de ce fait, tu ne ferais plus rien d’autre. Je ne peux donc que t’approuver. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde fugueur, fuyant, fugitif, fuyard, inhospitalier, bondé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane