Faust souffle sur sa moustache ;
Arlequin joue à cache-cache ;
Sans but, sans refuge, sans rien,
Il s’éveille le matin dans le foin.
Que mangera-t-il le jour : du millet ?
Où sera-t-il le soir ? Il ne sait.
Écorché, déplumé, râpé, étrange corbeau,
Le déserteur rêve d’un monde nouveau.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pâques, pas que pâques, parce qu’à pâques
Il fait déjà moins froid à pâques, pas que :
Dans les montagnes, il y a des champignons
Et des fraises à la bonne saison.
Et le théâtre ? Je ne suis pas acteur,
Je suis tout juste un bon bouffon
Avec une saucisse dans le caleçon.
Chienne de vie ! À la fin, on meurt.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Qui es-tu toi, homme de piété ?
Je suis Labyrinthe, enfant de Coménius.
Je veux dans l’errance vous accompagner ;
Labyrinthe croit en Dieu ; que demander de plus ?
Allez, on part. Avis aux amateurs !
« Qui n’a pas envie de marcher,
N’a qu’à rester couché ! »
C’est la morale du déserteur.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Arlequin joue à cache-cache ;
Sans but, sans refuge, sans rien,
Il s’éveille le matin dans le foin.
Que mangera-t-il le jour : du millet ?
Où sera-t-il le soir ? Il ne sait.
Écorché, déplumé, râpé, étrange corbeau,
Le déserteur rêve d’un monde nouveau.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pâques, pas que pâques, parce qu’à pâques
Il fait déjà moins froid à pâques, pas que :
Dans les montagnes, il y a des champignons
Et des fraises à la bonne saison.
Et le théâtre ? Je ne suis pas acteur,
Je suis tout juste un bon bouffon
Avec une saucisse dans le caleçon.
Chienne de vie ! À la fin, on meurt.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Qui es-tu toi, homme de piété ?
Je suis Labyrinthe, enfant de Coménius.
Je veux dans l’errance vous accompagner ;
Labyrinthe croit en Dieu ; que demander de plus ?
Allez, on part. Avis aux amateurs !
« Qui n’a pas envie de marcher,
N’a qu’à rester couché ! »
C’est la morale du déserteur.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/1/7 - 21:51
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Chanson française – La Morale du Déserteur – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN AMOUREUX – 34
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Dans le fond, Lucien l’âne mon ami, la vie d’un déserteur n’est pas tellement différente de celle d’un mineur, au fond ; à ceci près cependant que le mineur est par essence sédentaire et quant au déserteur, il lui faut fuir, toujours partir ailleurs, qu’il lui faut sauter d’un gîte précaire en chemin détourné. À ceci près qu’il ne peut rien bâtir, qu’il lui faut tout le temps se dissimuler et que ce simple fait pose d’énormes problèmes d’intendance – qu’on appelle aujourd’hui logistique ; ça fait plus sérieux et plus moderne. Quel sera son nom dans le futur ? Évidemment, le déserteur n’a pas les besoins d’une armée en campagne, ni ceux d’une industrie. Il peut presque, il doit même vivre de presque rien et dans l’improvisation permanente. Qu’y aura-t-il à manger ? Y aura-t-il seulement à manger ? Où sera-t-il ce soir ? Demain ? Aura-t-il un abri pour la nuit ? Cette perpétuelle incertitude est sa seule certitude.
Oui, oui, rétorque Lucien l’âne, je sais que tu aimes à rappeler cette antienne : « Dans un monde incertain, la seule chose certaine, c’est l’incertitude », mais alors, il est très difficile de bâtir sur un sol aussi mouvant, dans un monde si évanescent.
En effet, Lucien l’âne mon ami, chanter et danser sous la pluie, c’est bien à l’écran, mais dans le réel, c’est très déprimant. Alors, notre Arlequin rêve d’un monde nouveau, où il ne ferait pas froid. Il songe à Pâques et à la bonne saison. Il s’imagine sur scène au théâtre, juste avant de se souvenir de son insurmontable déficience professionnelle.
Je suis tout juste un bon bouffon
Avec une saucisse dans le caleçon. »
Évidemment, répond Lucien l’âne, vu comme ça, il a peu de chances de faire une grande carrière au théâtre et même, à l’opéra. Peut-être, dans le futur, aurait-il sa chance au cinéma ou à la télévision ? Mais au fait, qui est ce Labyrinthe ? Moi, je pensais que c’était une série de couloirs enchevêtrés, une sorte de dédale où on pouvait se perdre, un immense piège à cons qu’on avait construit en Crête, il y a bien longtemps.
Au fait, Lucien l’âne mon ami, tu ne te trompes pas du tout, mais ici, il s’agit d’un personnage d’un roman, j’irais jusqu’à prétendre qu’il s’agit du roman fondateur de la culture tchèque moderne. Il s’intitulait exactement « Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur » (1623), œuvre majeure du philosophe Johannes Amos Comenius, alias Jan Amos Komenský, qui fut lui aussi une grande partie de sa vie un fuyard, un fugitif en raison-même de ses idées. Il faut dire qu’il était persuadé des vertus du bien penser et du bien agir. Il disait même que les filles étaient aussi intelligentes que les garçons et d’autres choses dérangeantes. M’est avis que notre Arlequin en serait la réincarnation – une réincarnation littéraire, s’entend.
Peut-être, Marco Valdo M.I. mon ami, un jour, aura-t-on le temps de mieux connaître ce diable de Komenský. Comme lui, du moins, je l’imagine, tissons le linceul de ce vieux monde ignare, persécuteur, déboussolé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane