Nés au temps où Marie-Thérèse chevauchait sa jument –
Pas grands, mesurant souvent seulement un empan,
Avec le déserteur, tous ces pantins fuient devant la mort,
Dans cette gondole bohémienne où ils vieillissent encore.
Périnet et Périnetova les ont traînées
Tout partout, ces poupées sans façons
Pour, vêtues de chutes et de chiffons,
Donner d’inoubliables spectacles en soirée.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Avec leurs têtes magnifiques, dans le tilleul sculptées,
Avec leurs yeux peints, immenses et purs,
Avec leurs moustaches noires aux pointes retroussées,
Avec aux tempes, des accroche-cœurs en bois dur.
Le vernis s’écaille sur leur peau
Et souvenir des mains et du savoir-faire
D’un artiste depuis longtemps sous terre,
Saigne chaque entaille au couteau.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Ils s’étagent par couches dans leur boîte :
Au-dessus Faust et Méphisto, un duo flamboyant,
Et auprès de Siegfried son époux se tient droite
Geneviève, comtesse palatine, duchesse de Brabant.
Matthias a là une troupe presque au grand complet
Avec un David et un Goliath en papier mâché,
Un Polichinelle, un Pantalone et même, un Pierrot amputé
Pour jouer Faust et La Belle Geneviève sur son castelet.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pas grands, mesurant souvent seulement un empan,
Avec le déserteur, tous ces pantins fuient devant la mort,
Dans cette gondole bohémienne où ils vieillissent encore.
Périnet et Périnetova les ont traînées
Tout partout, ces poupées sans façons
Pour, vêtues de chutes et de chiffons,
Donner d’inoubliables spectacles en soirée.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Avec leurs têtes magnifiques, dans le tilleul sculptées,
Avec leurs yeux peints, immenses et purs,
Avec leurs moustaches noires aux pointes retroussées,
Avec aux tempes, des accroche-cœurs en bois dur.
Le vernis s’écaille sur leur peau
Et souvenir des mains et du savoir-faire
D’un artiste depuis longtemps sous terre,
Saigne chaque entaille au couteau.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Ils s’étagent par couches dans leur boîte :
Au-dessus Faust et Méphisto, un duo flamboyant,
Et auprès de Siegfried son époux se tient droite
Geneviève, comtesse palatine, duchesse de Brabant.
Matthias a là une troupe presque au grand complet
Avec un David et un Goliath en papier mâché,
Un Polichinelle, un Pantalone et même, un Pierrot amputé
Pour jouer Faust et La Belle Geneviève sur son castelet.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 9/12/2019 - 17:00
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Chanson française – La Gondole bohémienne – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN AMOUREUX – 28
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Une gondole bohémienne, en voilà une invention fantastique,Marco Valdo mon ami ! Que pourrait faire une gondole en Bohême ?
Là, tu n’as pas tort, Lucien l’âne mon ami, car une gondole n’a rien à faire hors de Venise et de sa lagune. Il y a cependant une explication.
Laquelle, demande Lucien l’âne, je me le demande.
Alors, tu ne vois donc pas, Lucien l’âne mon ami. Donneras-tu ta langue au chat ?
Auquel ?, rétorque Lucien l’âne. Auquel, je me le demande, vu que là, devant toi et moi, il y en a trois : Jésus, Gudule et Makhno qui s’étendent comme des tapis persans sur ton lit. Regarde, ils nous regardent et cois, ils se demandent quoi.
Oh, Lucien l’âne mon ami, ne m’embrouille pas, car je te soupçonne d’esquiver ma question ; d’où, j’en conclus que tu ne sais pas et qu’en effet, tu tonnes ta langue aux chats ; note qu’une langue d’âne est suffisamment grande pour ces mignons félins. Mais trêve de fantaisie ! La gondole bohémienne est tout bonnement une manière de dire que « tous ces pantins », ceux de la chanson, ont été conçus et ont commencé leur carrière artistique à Venise avant d’émigrer à travers l’Europe et d’atterrir en Bohême quand les Périnet ont pris leur retraite et ont cédé leur troupe en bois à l’Arlequin déserteur afin qu’ils poursuivent leur itinérance. Matthias les oublia longtemps dans leur boîte et, contraint et forcé par le sort, y a à présent recours pour assurer sa subsistance et celle de sa protégée, Barbora.
Oh, répond Lucien l’âne, pourquoi ne cherche-t-il pas quelque besogne au rendement plus certain et au destin plus sédentaire ?
Précisément, car il ne le peut pas ; souviens-toi, Lucien l’âne mon ami, que notre Arlequin est né de la désertion et de l’interminable fugue qui en découle. Certainement, Matthias se poserait volontiers quelque part et il y accepterait les plus humbles besognes ; franchement, il y prendrait même racines – d’ailleurs, il n’a cessé d’essayer de s’acclimater partout où il passait (dernièrement, au château, au couvent, à la ferme), mais las, il ne peut y arriver. C’est le destin d’Arlequin.
Oui, mais, dit Lucien l’âne…
Mais quoi ?, reprend Marco Valdo M.I., tu sais quoi, il n’a pas le choix ; vraiment pas le choix : il doit vagabonder, il se doit d’être insaisissable et quoi de plus pratique, qu’un petit praticable ? Quoi de plus commode qu’un théâtre portable qui tient tout entier dans sa hotte que Matthias porte aisément sur son dos.
Donc, si j’ai bien compris, dit Lucien l’âne, notre Arlequin a reconstitué une troupe théâtrale miniature que tel un Père Noël – il véhicule dans une hotte sur son dos. Une jolie troupe composée de tous les personnages récupérés de Périnet qu’il met en action dans les petits villages, car évidemment, les villes lui sont fortement déconseillées pour les raisons que l’on sait. À cette tâche d’art mineur, j’imagine que Barbora l’aide tant qu’elle peut. Mais que peut-elle faire ?
Barbora ?, souffle Marco Valdo M.I., elle fait ce qu’elle sait faire : elle répare et entretient les marionnettes qui en fort besoin. Elle fabrique la toile de fond du décor et dans toute sa naïveté, elle regarde avec une admiration enfantine, les scénettes qui se déroulent devant ses yeux sur le castelet. Elle s’inquiète de Faust, elle frémit face au diable et elle s’émerveille de Geneviève. On joue en extérieur s’il ne pleut pas ; s’il pleut, on ne joue pas. Le rythme est de deux représentations dans l’après-midi ; faute d’éclairage, on ne peut jouer en soirée. Les spectateurs paient en menue monnaie ou en nature : pain, pomme, poire, œuf : tout fait farine à ce moulin du désespoir. Le lendemain, tôt au matin, tout ce monde d’Arlequin est déjà reparti ; le théâtre et sa troupe a repris son chemin ; la fugue doit continuer.
Ah, dit Lucien l’âne, la vie de saltimbanque est mouvementée ; pour une vie errante, c’est est une ; tout à fait comparable à celle que j’ai connue ma vie d’âne durant. Crois-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, la vie est plus aérée le long de mes sentiers que dans les salons et puis, qui sait, c’est peut-être notre vocation cet art de la fugue. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde inerte, immobile empesté, asphyxié et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane