À la taverne, les soldats entrent et sortent ;
Matthias songe près de la porte :
Je ne suis pas fait pour l’armée,
Je n’aime ni le fusil, ni l’épée.
Oh, Pollo, c’est toi, tout trempé sur ce banc ?
Oh, Pollo, ne te fais pas de mauvais sang.
Oh, Pollo, mange, bois ta bière, sois patient !
Oh, Pollo, il n’y a rien d’autre à faire par ce temps.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pollo, le galonné te reluque
Comme un curé le petit Jésus.
Pollo, ne laisse voir que ta nuque,
Si tu te tournes, tu es perdu.
L’officier se souvient bientôt,
Il se rappelle exactement ce visage :
Ce soldat avait déserté dans le village,
Là-bas en Italie, là-bas, à Marengo.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Fonce, Matthias, le bruit des pas
Martèle la boue et le pavé derrière toi ;
Vorwärts ! En avant ! Ne le perdez pas !
Arlecchino, mon ami, ne ralentis pas !
Ah, la porte, la porte, Maestro !
La cloche, la cloche, Sevastiano !
Père Prosper, ouvrez, ouvrez !
Entrez donc, mon frère, vous abriter.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matthias songe près de la porte :
Je ne suis pas fait pour l’armée,
Je n’aime ni le fusil, ni l’épée.
Oh, Pollo, c’est toi, tout trempé sur ce banc ?
Oh, Pollo, ne te fais pas de mauvais sang.
Oh, Pollo, mange, bois ta bière, sois patient !
Oh, Pollo, il n’y a rien d’autre à faire par ce temps.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pollo, le galonné te reluque
Comme un curé le petit Jésus.
Pollo, ne laisse voir que ta nuque,
Si tu te tournes, tu es perdu.
L’officier se souvient bientôt,
Il se rappelle exactement ce visage :
Ce soldat avait déserté dans le village,
Là-bas en Italie, là-bas, à Marengo.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Fonce, Matthias, le bruit des pas
Martèle la boue et le pavé derrière toi ;
Vorwärts ! En avant ! Ne le perdez pas !
Arlecchino, mon ami, ne ralentis pas !
Ah, la porte, la porte, Maestro !
La cloche, la cloche, Sevastiano !
Père Prosper, ouvrez, ouvrez !
Entrez donc, mon frère, vous abriter.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/11/2019 - 20:57
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Chanson française – La Porte – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN AMOUREUX – 7 ter
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
L’autre soir, on avait, Lucien l’âne mon ami, laissé notre Arlequin amoureux sur la scène du théâtre du Comte Wallenstein dans une position pour le moins scabreuse. Rappelle-toi que patatras, la statue du Commandeur était tombée de son socle et montrait au public ahuri son derrière, car, souviens-toi, Matthias à qui le Comte avait imposé ce rôle ingrat, s’était présenté aux gens et aux amis du Comte : de dos, à genoux et sans caleçon.
Évidemment que je m’en souviens, répond Lucien l’âne. On n’oublie pas une pareille scène, ni une chanson intitulée : « Une statue ne porte pas de caleçon ». J’en ris encore.
Toi, peut-être, répond Marco Valdo M.I., et peut-être même le public osa-t-il le faire après que la Comtesse Hohenfeld, d’ordinaire si rébarbative, ait laissé se déployer son hilarité éclatante. Certainement pas le Comte qui avait renvoyé Matthias sur le champ en lui concédant un viatique de huit piastres – une petite fortune pour notre vagabond. Luigi Sevastiano, maestro in teatro, alias pour l’intime Arlecchino, ainsi banni du château de Litomysl, se réfugie à la taverne où se retrouvent les soldats et les officiers de la garnison. Arlecchino prudent s’est installé à la table près de la porte.
À mon avis, dit Lucien l’âne, cette prudence de principe, ce principe de précaution appliquée est une seconde nature qu’il a dû acquérir au cours de ses années d’errance clandestine. Si je me souviens bien, il s’est écoulé au moins onze ans depuis sa première désertion.
En effet, dit Marco Valdo M.I., et bien lui en a pris, car dans la salle, un officier – présent à Marengo – reconnaît son visage et se dirige vers lui pour l’arrêter. Il ne reste à Arlequin (alias etc.) qu’à sortir sans tarder sous la pluie battante et à fuir dans la ville poursuivi par l’officier et quelques soldats. Cette chasse mène notre déserteur devant la porte du monastère des frères piaristes, où il est bien connu et apprécié du Père Prosper, avec lequel il travaillait au théâtre, qui l’accueille et l’abrite sans poser de question.
Ouf, dit Lucien l’âne, il a eu chaud sous la pluie glaciale, mais tout est bien qui finit bien – au moins pour ce soir-là. Je suis bien content pour le maestro Luigi Matthias Pollo Arlecchino Sevastiano. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde persécuteur, vindicatif, dangereux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane