Je suis aveugle, on me plaint
Et moi je plains tout le monde,
Mes deux yeux ne sont plus pleins
Car ils ont perdu leur bombe.
Dans un malheur comme le mien
Je me lève dès le matin,
Je m'en vais d'village en village,
L'un me donne un bout de pain,
L'autre un morceau de fromage.
Et quelques fois, par hasard,
Je me moque du mercier
Et de toutes ses cassettes,
Je n'use point de papier,
Encore moins de lunettes.
J'ai pour peigne mes dix doigts,
J'ai mon chien et mon bâton,
Mes deux compagnons fidèles,
L'un me mène à tâton,
L'autre au bout d'une ficelle.
N'aimeriez-vous pas bien mieux
Si jamais me venait un fils
Dans cette agréable vie,
Je prierais bien le Bon Dieu,
Aussi la Vierge Marie
Qu'ils lui crèvent les deux yeux
Et moi je plains tout le monde,
Mes deux yeux ne sont plus pleins
Car ils ont perdu leur bombe.
Dans un malheur comme le mien
Tu t'en, tu t'en, tu t'en moques
La chandelle ne vaut rien. Je me lève dès le matin,
Je m'en vais d'village en village,
L'un me donne un bout de pain,
L'autre un morceau de fromage.
Et quelques fois, par hasard,
Tu t'en, tu t'en, tu t'en moques
Un petit morceau de lard. Je me moque du mercier
Et de toutes ses cassettes,
Je n'use point de papier,
Encore moins de lunettes.
J'ai pour peigne mes dix doigts,
Tu t'en, tu t'en, tu t'en moques
Mes deux manches pour mouchoir. J'ai mon chien et mon bâton,
Mes deux compagnons fidèles,
L'un me mène à tâton,
L'autre au bout d'une ficelle.
N'aimeriez-vous pas bien mieux
Tu t'en, tu t'en, tu t'en moques
Ces deux guides que deux yeux. Si jamais me venait un fils
Dans cette agréable vie,
Je prierais bien le Bon Dieu,
Aussi la Vierge Marie
Qu'ils lui crèvent les deux yeux
Tu t'en, tu t'en, tu t'en moques
Pour en faire un vieux luneux.
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