La pluie fait rage, on n’y voit pas.
Pollo, où donc te mène ton errance ?
Déserteur, où aller sinon en haut là-bas
En Bohême, mon chez moi en déshérence.
Arlequine retrouvée, l’Arlecchina !
Avant l’hiver froid, retour à Venezia.
Et le cirque déjà s’en reva.
Arlequine reperdue, l’Arlecchina !
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pollo, dis-moi, la Bohême ?
La Bohême, oh, je ne sais pas.
Tu trembles, la belle, tu as froid ?
Je ne sais pas, Pollo, quand même.
Pollo, tu as quelqu’un, là-bas ?
Où là-bas ? En Bohême, chez toi ?
Depuis le temps, on ne sait pas.
Personne, sans doute ; on verra.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Assis sous la galerie de bois,
Écoutant la pluie qui s’obstine
Sous sa cape mouillée, l’Arlequine
Frissonne et Mathias lui tient le bras.
Faust, mon Faust, de ma terre lointaine,
J’étais venue à toi,
Et tu te détournes de moi.
Je pars, Marguerite, j’ai trop de peine.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pollo, où donc te mène ton errance ?
Déserteur, où aller sinon en haut là-bas
En Bohême, mon chez moi en déshérence.
Arlequine retrouvée, l’Arlecchina !
Avant l’hiver froid, retour à Venezia.
Et le cirque déjà s’en reva.
Arlequine reperdue, l’Arlecchina !
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pollo, dis-moi, la Bohême ?
La Bohême, oh, je ne sais pas.
Tu trembles, la belle, tu as froid ?
Je ne sais pas, Pollo, quand même.
Pollo, tu as quelqu’un, là-bas ?
Où là-bas ? En Bohême, chez toi ?
Depuis le temps, on ne sait pas.
Personne, sans doute ; on verra.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Assis sous la galerie de bois,
Écoutant la pluie qui s’obstine
Sous sa cape mouillée, l’Arlequine
Frissonne et Mathias lui tient le bras.
Faust, mon Faust, de ma terre lointaine,
J’étais venue à toi,
Et tu te détournes de moi.
Je pars, Marguerite, j’ai trop de peine.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2019/10/17 - 16:44
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Chanson française – L’Errance – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN AMOUREUX – 3 ter
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
L’Errance, dit Lucien l’âne, je connais ça ; je la pratique depuis la plus haute Antiquité et même avant – peut-être. Mais quel merveilleux titre que l’errance et surtout quel moteur de l’aventure et du récit. Et de l’histoire ; oui, de l’Histoire, car elle est au cœur de l’Histoire et même de la Préhistoire. L’errance, c’est le destin des vivants ; ils ne font rien d’autre que d’errer, d’aller à l’aventure, de migrer. Le vivant est une histoire de migration. Demandez aux oiseaux, demandez aux poissons, demandez aux virus, demandez aux bactéries.
Certainement, Lucien l’âne mon ami, l’errance est l’âme du mouvement et le moteur premier de l’évolution qui est le sens même de la vie. En fait le sédentaire est un migrant qui s’est arrêté. Le sédentaire est un migrant qui se terre et un jour, comme tous les autres migrants, il lui faudra bouger, il lui faudra se remettre en marche. Mille circonstances l’y amènent : la famine, l’inondation, les pluies, la sécheresse, le mildiou, le froid, le chaud, l’ambition, la religion, le désir d’un ailleurs meilleur, l’illusion, les pogroms, les massacres, la guerre, que sais-je et je ne sais quoi d’autre encore. Il n’est pas un vivant qui ne soit migrant, en mouvement ou provisoirement arrêté. Seuls les morts atteignent vraiment à la sédentarité définitive. Les Gaulois et les Francs, pour ne citer qu’eux, n’étaient rien d’autres que des migrants.
Oh, Marco Valdo M.I., tu peux y ajouter les Lombards et les Germains et tant d’autres encore jusqu’au milieu des océans. En effet, et même avec le recul des temps et des temps, je peux voir le monde comme un grand carrousel, qui tourne, qui tourne. Mais, foin des considérations générales, il nous faut progresser et j’aimerais savoir ce que raconte la chanson.
J’hésitais à t’en parler directement, répond Marco Valdo M.I., car elle est triste cette chanson.
Triste ? Triste à pleurer ?, demande Lucien l’âne.
Triste à pleurer, exactement !, Lucien l’âne mon ami. Tellement triste que le ciel lui-même débonde ses nuages et s’en donne à cœur joie ; il déverse une insondable averse sur ce moment d’indicible désespoir de ces deux vieux amoureux que le destin contrariant réunit et sépare. L’errance, c’est aussi ça, la séparation d’Arlequin et d’Arlequine. Et pourquoi ? Tout simplement ceci que pour l’une comme pour l’autre, il faut bien vivre. Alors, elle repart dans la carriole du cirque ; lui reprend son chemin chaotique et forcément clandestin de déserteur. Bohémien, il retourne vers sa Bohême ; il retrouve cette errance qui caractérise aux yeux des sédentaires d’Europe, les bohémiens. Comme l’archétype, il lui faut se cacher des autorités et ne jamais longtemps s’attarder parmi les sédentaires. Il ne peut être que fugace ; un souffle, à peine entrevu, il lui faut fui ; passer comme l’ombre d’un nuage. Encore et encore perdre son Arlequine, se perdre dans le paysage, ça le désespère et ça l’attriste.
J’étais venue à toi,
Et tu te détournes de moi.
Je pars, Marguerite, j’ai trop de peine. »
Il aurait sans doute aimé le vieil amoureux pour arrêter l’errance en un mariage d’amour, avoir un cortège nuptial :
« dans un char à bœufs, s’il faut parler bien franc
Tiré par les amis, poussé par les parents
Que les vieux amoureux firent leurs épousailles
Après long temps d’amour, long temps de fiançailles »
Voilà bien toute sa tristesse et voilà le trop de peine qui l’emporte vers sa Bohême, tenant son amour bien serré dans son mouchoir.
Je comprends, Marco Valdo M.I., pourquoi tu as si longtemps retenu ses larmes et je trouve si triste sa tristesse, mais sans doute aussi, n’y avait-il pas d’autre issue ; c’est le lot des déserteurs que d’être contraint à l’errance et à l’exil jusque chez eux. Enfin, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce monde hostile, soupçonneux, rébarbatif et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane