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È fatto giorno

Maria Monti
Language: Italian


Maria Monti

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[1972]
Scritta da Mario Pogliotti a partire dalla poesia e dalla raccolta poetica "È fatto giorno" di Rocco Scotellaro. L'ultima strofa riprende infatti creativamente il testo originale del grande poeta della Basilicata:

È fatto giorno, siamo entrati in giuoco anche noi
con i panni e le scarpe e le facce che avevamo.
Le lepri si sono ritirate e i galli cantano,
ritorna la faccia di mia madre al focolare.

(da "È fatto giorno. 1940-1953", 1954)

Nell'album "Maria Monti e i contrautori".
Testo trovato su YouTube

È fatto giorno
Maria Monti e i contrautori
Io sono meno di niente
in questa folla fatta di stracci
ho preparato la sacca da viaggio
come una di passaggio

Binario numero dieci
non più sentire l'urlo del tram
le voci stanche, le voci spente
della vostra povera gente

Nella grotta in fondo al vico
eran tutti intorno alla morta
le legavano strette le punte
delle scarpe di tela incerata

Lasciare questa città
vuoto confine pieno d'attese
dove piangevano nell'emigrare
i loro padri all'oltremare

Son sola di passaggio
una che torna alla montagna
dove la casa è una gabbia sospesa
dell'alba del libero cielo

Qui da noi nessuno è mai morto
mai nessuno ha cambiato toletta
qui si portano ancora le ghette
quelle stesse d'una volta

Da noi non si può morire
venga con me chi vuole venire
suoneremo la nostra zampogna
sulla pelle di giovane capra

Batteremo sul nostro tamburo: è fatto giorno!

La la la larara la la la...

Siamo entrati nel gioco anche noi
con i panni e le facce che abbiamo
i conigli si son ritirati
e già cantano i galli nel cielo: è fatto giorno!

La la la larara la la la...

Contributed by Bernart Bartleby - 2019/9/21 - 21:17



Language: French

Version française – LE JOUR S’EST LEVÉ – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – È fatto giorno – Maria Monti – 1972

Écrit par Mario Pogliotti à partir du poème et du recueil poétique "È fatto giorno" de Rocco Scotellaro. Le dernier vers reprend de façon créative le texte original du grand poète lucanien :

« Le jour s’est levé, nous sommes entrés dans le jeu nous aussi.
Avec les vêtements et les souliers et les faces que nous avions.
Les lièvres se sont cachés et les coqs chantent,
Revient le visage de ma mère au foyer.
(extrait de "È fatto giorno. 1940-1953", 1954)


Dialogue Maïeutique

Rocco Scotellaro en discussion  - tableau de Carlo Levi (partie) - Carlo Levi s'est représenté à gauche avec une casquette
Rocco Scotellaro en discussion - tableau de Carlo Levi (partie) - Carlo Levi s'est représenté à gauche avec une casquette


Lucien l’âne mon ami, « Les lièvres s’étaient retirés », sauf l’un ou l’autre distrait qui vaguait encore dans le champ moissonné, disait le poète de Tricarico, là-bas en Lucanie. Écoute bien ceci qu’il dit qui me paraît convenir parfaitement à notre monde : « Qui da noi nessuno è mai morto – Ici, chez nous, personne n’est jamais mort ». Oui, chez nous personne ne meurt jamais, car tout un chacun qui y est entré persiste dans sa mémoire. Il y a ici, là, une version plausible de l’éternité, de l’éternité à l’échelle humaine, car l’éternité plausible ne saurait excéder cette durée : l’éternité ne durera qu’autant qu’il y aura des hommes pour la penser.

Évidemment, répond Lucien l’âne, sans cela, l’éternité n’existe pas. À mon sens, et je pense que tu en conviendras, l’éternité est faire de la matière étrange de la mémoire, qui s’étage sur trois niveaux : la mémoire du passé (à quoi on réduit communément la mémoire) ; la mémoire du présent (sans elle, on est perdu, comme le sont ceux que les médecins nomment les « désorientés ») et la mémoire du futur (qui le voit sous de multiples formes, une mémoire infinie faite d’imagination et de poésie). Ainsi, la mémoire est la mesure de l’éternité.

Et, reprend Marco Valdo, Rocco Scotellaro est une pierre de cette mémoire, tout entière faite de pierres imputrescibles. Cependant, la chanson – même si elle reprend quasi-mot pour mot – le poème « È fatto giorno », qui très court comporte 4 vers, elle l’amplifie, le paraphrase, l’illumine ; en quelque sorte, elle le célèbre. Et dans la chanson, comme dans toute la poésie de Scotellaro, celui qui parle, celui qui chante est soi un « Nous » ou fait référence à un « nous » dans lequel il s’incarne, il s’enfonce, il se meut ; il se lie indissolublement à un « chez nous » (« da noï »), à un « nous aussi » (« anche noï ») qui se lève avec le jour pour entrer dans le jeu, dans le grand jeu de la vie.

Oui, dit Lucien l’âne, je vois bien tout ça. Cependant, je pressens un sens caché derrière l’évidence.

Et tu as raison, Lucien l’âne mon ami, ce sens caché est ce dialogue entre deux frères, entre deux liés au-delà de l’amitié. Voici ce qu’en dit Rocco Scotellaro dans son roman « L’Uva Putanella » – il s’adresse à ses codétenus de la prison de Matera, où il fut enfermé 45 jours avant d’être acquitté, codétenus – la plupart analphabètes, ce qui ne veut pas ire incultes ou idiots – à qui il lit chaque jour un passage du livre dont ils lui réclament de connaître la suite.

« Io ho avuto la fortuna di conoscere l’uomo che l’ha scritto, non è veramente moi amico, non è nemmeno, vi avverto, un vostro amico… Pero, vi dicevo, dello scrittore, che non è un amico… Amico è l’avvovato, il medico, il testimone, il deputato, il prete. Questo uomo è un fratellastro, mio, nostro, che abbiamo un giorno incontrato per avventura. Cio che ci lega a lui è la fiducia… È stato lui anche in galera e va dicendo che ognuno dal presidente al cancelliere, dal miliardario al pezzente, dovrebbe andarci una volta. » (Laterza, 1977, pp.75-76)

« Moi, j’ai eu la chance de connaître l’homme qui l’a écrit, ce n’est pas vraiment mon ami, ni même, je vous en avertis, votre ami… Donc, je vous disais de l’écrivain qu’il n’est pas un ami… Ami est l’avocat, le médecin, le témoin, le député, le prêtre. Cet homme est un grand frère, le mien, le nôtre, que nous avons un jour rencontré par hasard. Ce qui nous lie à lui est la confiance… Il a été lui aussi en prison et il s’en va disant que chacun du président au chancelier, du milliardaire au puissant, devrait y aller une fois. »


Pour la forme, Marco Valdo M.I., je te demande quel est ce livre et qui est ce « fratellastro » des contadini, des somari.

Il s’agit, comme tu l’as sans doute deviné, Lucien l’âne mon ami, le livre que Rocco lit dans la cour de la prison est de Carlo Levi et s’intitule « Le Christ s’est arrêté à Eboli », qui a précisément pour sujet ce « nous » des paysans pauvres de Lucanie et du monde. Et si j’ai fait ce détour par l’Uva Putanella, c’est parce que cette anecdote de Rocco Scotellaro permet de comprendre tout le non-dit de cette chanson, tout l’arrière-plan de cette longue, très longue, aussi infinie que La Guerre de Cent mille ans, révolte des pauvres contre le monde des puissants, des riches, des dominateurs.

Oh, dit Lucien l’âne, « Noi, non siamo cristiani, siamo somari » et nous tissons le linceul de ce vieux monde engoncé dans ses richesses, étouffant, glouton, avide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
LE JOUR S’EST LEVÉ

Je suis moins que rien
Dans cette foule faite de loques.
J’ai préparé mon sac de voyage.
Comme quelqu’un de passage.

Quai numéro dix :
Ne plus entendre le crissement du tram,
Les voix fatiguées, les voix éteintes
De vos pauvres gens.

Dans la grotte au fond de l’impasse,
Ils étaient tous autour de la morte,
Ils lui liaient les pointes serrées
De ses chaussures de toile cirée.

Quitter cette ville,
Frontière vide pleine d’attente,
Où pleuraient leurs pères
En émigration outremer.

Je suis seulement de passage,
Moi qui retourne à ma montagne,
Où ma maison est une cage suspendue
À l’aube du ciel libre.

Ici, chez nous, jamais personne n’est mort,
Jamais personne n’a changé de toilette :
Ici, on porte encore les guêtres,
Les mêmes que nos ancêtres.

Chez nous, on ne peut pas mourir.
Viens avec moi qui veut venir ;
Nous jouerons de notre cornemuse
Sur la peau d’une jeune chèvre.

Nous battrons notre tambour :
Il fait jour !
La la la la larara la la la la la…

Nous sommes entrés dans le jeu nous aussi
Avec les vêtements et les visages que nous avons.
Les lapins s’en vont
Et les coqs chantent déjà dans le ciel : le jour s’est levé !

La la la la larara la la la la la…

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2019/9/23 - 18:35




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