Je me sens mieux
Hier, moment délicieux
Une douche chaude, un plaisir oublié
J’ai savouré
Comme un cadeau précieux.
L’architecture de la prison
N’est pas laide, elle correspond
À la nature de sa mission
À cheval
Entre la ruche et l’hôpital.
Je suis dans une alvéole
Sans miel et sans nature.
J’ai pris la mesure
De cette cage de rossignol :
Vingt fois mes chaussures.
Le découpage mécanique du temps
M’est à présent indifférent.
C’est chose normale,
Ainsi va la vie carcérale.
Ah, si je pouvais peindre pourtant.
L’enfermement est une maladie
Vraiment, il anesthésie.
Ce n’est plus une vie qu’une vie
Où s’éteint le désir,
Où on survit sans plaisir.
Si le critère pour me libérer
Est mon innocence,
Je serais déjà en liberté.
Comme l’enfant à naître attend sa naissance,
Je me roule dans ma patience.
Hier, moment délicieux
Une douche chaude, un plaisir oublié
J’ai savouré
Comme un cadeau précieux.
L’architecture de la prison
N’est pas laide, elle correspond
À la nature de sa mission
À cheval
Entre la ruche et l’hôpital.
Je suis dans une alvéole
Sans miel et sans nature.
J’ai pris la mesure
De cette cage de rossignol :
Vingt fois mes chaussures.
Le découpage mécanique du temps
M’est à présent indifférent.
C’est chose normale,
Ainsi va la vie carcérale.
Ah, si je pouvais peindre pourtant.
L’enfermement est une maladie
Vraiment, il anesthésie.
Ce n’est plus une vie qu’une vie
Où s’éteint le désir,
Où on survit sans plaisir.
Si le critère pour me libérer
Est mon innocence,
Je serais déjà en liberté.
Comme l’enfant à naître attend sa naissance,
Je me roule dans ma patience.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 19/3/2019 - 11:21
En référence à cette discussion, j'ai une question: où est la musique de cette chanson?
Juha Rämö - 19/3/2019 - 19:11
Les musiciens sont en retard.
Pour bien clarifier les choses – en plus de ce qui a déjà été dit.
Comment naît la chanson ?
Pour qu’il y ait chanson, il faut un texte. C’est ce texte qui est la chanson.
La musique est un support qui s’ajoute ultérieurement.
On peut avoir le processus inverse, il y a une musique, un air… sur lequel on vient greffer un texte.
Alors, la musique est musique et le texte qui vient s’y ajouter est la chanson.
Prenons comme exemple, Eugène Pottier et son Internationale.
Il s’agit de faire un texte qui dit certaines choses d’une certaine façon. Pour favoriser la mémorisation, on va dans un premier temps (pendant des années) le chanter sur l’air musical le plus répandu dans les milieux républicains français de La Marseillaise – popom, popom, etc. Par la suite, on (Pierre Degeyter) lui composera un air spécifique : po-pom, etc. Ces deux airs devaient avoir la caractéristique d’être aisés à retenir et à jouer par les fanfares.
Concrètement, depuis la plus haute antiquité, les histoires sont contées – avec ou sans scansion – par ce qui est connu sous le nom génériques d’aèdes, troubadours, trouvères, ménestrels, rhapsodes…
L’aède – et le fait est attesté dans les pays du bord méditerranéen (notamment, en Grande Grèce (Le Parole sono pietre – Carlo Levi), Albanie (Ismail Kadaré – Le Dossier H. (Dosja H.))… ; en Sicile, on les nomme cantastorie) – utilise le rythme (effet musical, généralement marqué par un instrument – le bâton frappé au sol) pour soutenir le récit et aider la mémoire à se ressouvenir du texte, qui n’a pas encore de forme écrite et repose donc sur la mémoire.
C’est la chanson avec musique – celle du bâton – originelle.
Par la suite, on y adjoint d’autres instruments.
D’autre part, on remarque que la musique n’est pas essentielle, surtout quand les musiciens ne sont pas (encore) là.
Une chanson est chanson dès lors que son créateur l’imagine comme telle – voir le Canzoniere – Pétrarque.
Pour conclure, fondamentalement, hors la chanson commerciale, un genre qui a cours depuis relativement peu de temps, la chanson n’a pas besoin de musique ; une des raisons majeures, c’est que la musique est déjà en elle, portée par la voix intérieure.
Pour le reste, s’il n’y a pas (encore) de musique (distincte du texte, externe et instrumentale), c’est que les musiciens sont en retard.
D’autre part, il faut admettre que la musique n’a pas besoin de texte non plus.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pour bien clarifier les choses – en plus de ce qui a déjà été dit.
Comment naît la chanson ?
Pour qu’il y ait chanson, il faut un texte. C’est ce texte qui est la chanson.
La musique est un support qui s’ajoute ultérieurement.
On peut avoir le processus inverse, il y a une musique, un air… sur lequel on vient greffer un texte.
Alors, la musique est musique et le texte qui vient s’y ajouter est la chanson.
Prenons comme exemple, Eugène Pottier et son Internationale.
Il s’agit de faire un texte qui dit certaines choses d’une certaine façon. Pour favoriser la mémorisation, on va dans un premier temps (pendant des années) le chanter sur l’air musical le plus répandu dans les milieux républicains français de La Marseillaise – popom, popom, etc. Par la suite, on (Pierre Degeyter) lui composera un air spécifique : po-pom, etc. Ces deux airs devaient avoir la caractéristique d’être aisés à retenir et à jouer par les fanfares.
Concrètement, depuis la plus haute antiquité, les histoires sont contées – avec ou sans scansion – par ce qui est connu sous le nom génériques d’aèdes, troubadours, trouvères, ménestrels, rhapsodes…
L’aède – et le fait est attesté dans les pays du bord méditerranéen (notamment, en Grande Grèce (Le Parole sono pietre – Carlo Levi), Albanie (Ismail Kadaré – Le Dossier H. (Dosja H.))… ; en Sicile, on les nomme cantastorie) – utilise le rythme (effet musical, généralement marqué par un instrument – le bâton frappé au sol) pour soutenir le récit et aider la mémoire à se ressouvenir du texte, qui n’a pas encore de forme écrite et repose donc sur la mémoire.
C’est la chanson avec musique – celle du bâton – originelle.
Par la suite, on y adjoint d’autres instruments.
D’autre part, on remarque que la musique n’est pas essentielle, surtout quand les musiciens ne sont pas (encore) là.
Une chanson est chanson dès lors que son créateur l’imagine comme telle – voir le Canzoniere – Pétrarque.
Pour conclure, fondamentalement, hors la chanson commerciale, un genre qui a cours depuis relativement peu de temps, la chanson n’a pas besoin de musique ; une des raisons majeures, c’est que la musique est déjà en elle, portée par la voix intérieure.
Pour le reste, s’il n’y a pas (encore) de musique (distincte du texte, externe et instrumentale), c’est que les musiciens sont en retard.
D’autre part, il faut admettre que la musique n’a pas besoin de texte non plus.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Marco Valdo M.I. - 20/3/2019 - 10:57
×
Lettre de prison 13
27 avril 1934
Vois-tu, Lucien l’âne mon ami, quand on est dans un lieu clos et pendant un certain temps, on finit par en faire son univers. Ainsi en va-t-il de tous les enfermés, volontaires ou contraints, car il en est de volontaires parmi les cloîtrés. Cependant, et c’est ce que raconte la chanson, le séjour en un lieu étroit n’est pas aussi effrayant, ni terrible qu’on peut le supposer, vu de loin.
Oh, dit Lucien l’âne, tant qu’on vit, c’est déjà ça. On s’habitue à tout. On peut même, je pense, y trouver une certaine tranquillité de l’esprit.
En effet, dit Marco Valdo M.I., c’est ce que raconte notre prisonnier ; du moins, en partie. C’est l’objet de tout le début de cette lettre qui se veut rassurante, mis laisse quand même un goût amer. Temps 1 : Je me sens mieux ; la douche chaude, c’est délicieux. Temps 2 : la prison est un ensemble architectural pas pensé et « Le Nuove » avaient un sens pour qui en percevait le projet et le progrès qu’il représentait par rapport aux prisons plus anciennes. Elle était fille d’une conception plus volontaire et plus humaniste ; elle avait de l’ambition. Comme souvent ces grands ensembles architecturaux portent en eux une utopie, une vision qui dépasse et fait éclater le carcan qu’elles se doivent de créer. On parle alors d’une maison, d’un bâtiment, d’un ensemble, d’un quartier, d’une ville d’architecte ; de même, on peut parler de « prisons d’architecte », conçues spécialement pour l’usage. Ainsi, les Nuove ne sont ni un ancien fort, ni une ancienne caserne, ni un ancien couvent reconvertis.
Oui, dit Lucien l’âne, je comprends. Il y a là, dans ces prisons modernes – enfin, « modernes » il y a plus d’un siècle, une adéquation de l’objet au projet, une sorte d’équilibre, de dessin du dessein. Beccaria était passé par là.
De fait, dit Marco Valdo M.I., la prison moderne est d’une conception qui tient compte de certaines réflexions quant à son rôle dans la société. Ce qui, soit dit en passant, ne garantit en rien sa réussite. Celle-ci, pour le prisonnier Levi, médecin de formation, tient de la ruche et de l’hôpital.
« À prison grande, cellule petite », m’a dit un ancien habitué, dit Lucien l’âne, et ce à propos une abeille me l’a confirmé, la vie dans la ruche n’est pas sidésagréable ; il y fait chaud et on se sent entre soi. D’ailleurs, jamais on ne s’en éloigne sans être pressé d’y revenir ; par contre, ce n’est pas le cas de l’hôpital, je pense.
Ah, continue Marco Valdo M.I., la cellule : six pas en avant et retour, ça reste, une cage.
Sans miel et sans nature.
J’ai pris la mesure
De cette cage de rossignol :
Vingt fois mes chaussures. »
Néanmoins, on n’est pas vraiment dans cette ambiance qu’on imagine entre Maurice Maeterlinck (La Vie des Abeilles) et Xavier de Maistre (Voyage autour de ma chambre). À l’enfermement forcé, on survit sans plaisir ; en cellule, le désir s’éteint.
Oh, dit Lucien l’âne, ça devait bien arranger les moines. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde punitif, pénal, claustral, carcéral et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane