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Andare, camminare, lavorare

Piero Ciampi
Langue: italien


Piero Ciampi

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1975
Andare, camminare, lavorare e altri discorsi
(Ciampi - Marchetti - Pavone)
Andare, camminare, lavorare e altri discorsi

Piero Ciampi (Livorno, 28 settembre 1934 – Roma, 19 gennaio 1980)

Oggi sono 39 anni che se n'è andato. Nell'estate del 1975 nei juke-box sulla spiaggia, inserivi la monetina e ascoltavi questo trascinante 45 giri appena uscito di un cantante che nessuno conosceva. Tutti sghignazzavano e leccavano il gelato. E siamo ancora qui a ricordare una voce che ha lasciato impronte e cicatrici su questo nostro bel mondo poetico. Un'anima alcolista e fannullona. Inaffidabile e spesso insopportabile, mentitrice e millantatrice. Ma che probabilemte aveva intuito molto in anticipo....

Interpretata tra gli altri dai Settore Out, Têtes de Bois, Riserva Moac e Bobo Rondelli
Andare camminare lavorare,
andare a spada tratta,
banda di timidi, di incoscenti, di indebitati, di disperati.
Niente scoramenti, andiamo, andiamo a lavorare,
andare camminare lavorare, il vino contro il petrolio,
grande vittoria, grande vittoria, grandissima vittoria.
Andare camminare lavorare,
il meridione rugge, il nord non ha salite,
niente paura, di qua c'è la discesa,
andare camminare lavorare,
rapide fughe rapide fughe rapide fughe.

Andare camminare lavorare
i prepotenti tutti chiusi a chiave
i cani con i cani nei canili
le rose sui balconi
i gatti nei cortili
andare camminare lavorare
andare camminare lavorare
dai, lavorare!

E che cos'è questo fuoco?
pompieri, pompieri, voi che siete seri, puntuali,
spegnete questi incendi nei conventi, nelle anime, nelle banche.
Andare camminare lavorare,
queste cassaforti che infernale invenzione, viva la ricchezza mobile,
andare camminare lavorare,
andare camminare lavorare.
Lavorare, lavorare!

Andare camminare lavorare
il passato nel cassetto chiuso a chiave
il futuro al Totocalcio per sperare
il presente per amare
non è il caso di scappare
andare camminare lavorare
andare camminare lavorare
dai, lavorare!

Nutriamo il lavoro, alé! gli agnelli a pascolare con le capre
fra i nitriti dei cavalli, questi rumorosi...
vigilati tutti da truppe di pastori,
andare camminare lavorare.
Niente paura, azzurri, azzurri, attaccare attaccare, attaccatevi a calci nel sedere,
la domenica tutti sul Pordoi a pedalare.
Lavorare pedalare lavorare,
con i contanti nell'osteria, con i contanti,
con tanti tanti tanti tanti auguri agli sposi!
Andare camminare lavorare, la Penisola in automobile,
tutti in automobile al matrimonio,

alé! la Penisola al volante, questa bella penisola è diventata un volante.
Andare camminare lavorare...

envoyé par Flavio Poltronieri - 20/1/2019 - 09:45



Langue: français

Version française – – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – Andare, camminare, lavorare – Piero Ciampi – 1975


Dialogue Maïeutique

 Piero Ciampi
Piero Ciampi


Andare, camminare, lavorare – ALLER, MARCHER, TRAVAILLER, tel est Lucien l’âne mon ami, le destin des gens d’à présent. Depuis un certain temps déjà et pas seulement des hommes, mais des femmes aussi – souvent encore, selon les endroits, aussi des enfants et des vieux. Est-ce heureux ? Je n’en sais rien. En vérité, je pense vraiment que ce ne l’est pas.

Pourquoi donc, Marco Valdo M.I., me dis-tu tout ça ?

Je dis tout ça, car Andare, camminare, lavorare – ALLER, MARCHER, TRAVAILLER, c’est le titre de la chanson dont je viens d’achever la version française ; et je te le dis, j’y ai mis du temps.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est toujours comme ça avec la poésie. Cela dit, je pense que tu aurais pu intituler ta version française : Métro, boulot, dodo. Une antienne de ces années-là qui me semble vouloir figurer la même réalité, celle de cette société libérale du travail obligatoire (S.T.O.), dont la devise est Arbeit macht frei (il lavoro rende liberi). Tu parles d’une farce, une réalité glaçante qui telle une peste frappe les contemporains et s’étend partout dans le monde. Nulle population touchée par la civilisation n’y échappe, sauf à se cacher – mais où ? Ou à mourir, c’est le cas le plus fréquent. Cette civilisation est une véritable escroquerie qui tue la vie quotidienne de tous ceux qu’elle arrive à convaincre ou à contraindre au travail ; pour elle, peu importe. Alors, de gré ou de force, on finit par étouffer. Burn out, qu’ils disent.

Sans doute, Lucien l’âne mon ami, mais au temps de Ciampi, vers 1975, c’était encore un mal circonscrit. Depuis la civilisation a touché jusqu’aux coins les plus reculés de la planète. Les Inuits, les Amérindiens, les Maoris et de lointaines peuplades africaines, amazoniennes, enfin, les gens du monde entier peuvent aussi bénéficier de l’alcool, des drogues, du coca et du porno. La plupart de ceux-là n’ont même pas la chance de la malédiction du travail stipendié, car chez eux, il n’arrive même pas. De toute façon, dans ce système du travail : ou on en a trop, ou on n’en a pas, mais dans les deux cas, on crève. Cependant, le destin des gens d’ici – des « privilégiés » – est de se lever matin et d’aller au boulot. Il y avait affichée sur les murs de cette époque lointaine une petite vignette qui disait très exactement : « Métro-boulot-dodo ! Y en a marre ! ». On la collait un peu partout – va-t’en savoir qui ?

Des anarchistes, certainement, répond Lucien l’âne. Mais parle-moi un peu de Piero Ciampi, quand même.

Piero Ciampi, répond Marco Valdo M.I., Piero Ciampi est à la fois l’auteur et l’interprète de la chanson ; le commentaire italien dit ceci : « Piero Ciampi (Livourne, 28 septembre 1934 – Rome, 19 janvier 1980) – À l’été 1975, dans les juke-boxes de la plage, on mettait une pièce de monnaie et on écoutait ce simple captivant, récemment sorti, d’un chanteur que personne ne connaissait. Tout le monde ricanait et léchait de la glace. Et nous sommes toujours là pour nous souvenir d’une voix qui a laissé des traces de pas et des cicatrices sur ce beau monde poétique qui est le nôtre. Un être alcoolique et fainéant. Indigne de confiance et souvent insupportable, menteur et vantard. Mais qu’est-ce qu’il avait probablement pressenti longtemps à l’avance… »

C’est dommage qu’il soit parti si vite cet homme-là, dit Lucien l’âne. Pour en revenir à al chanson, finalement, la question est de savoir si ce que se demandait le phoque – celui de « La Complainte Du Phoque En Alaska »– n’est pas la vraie interrogation :

« Ça ne vaut pas la peine
De laisser ceux qu’on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez. »


Cependant, ils sont tellement nombreux à le faire nos contemporains. En fait, ils sont tous coincés dans La Guerre de Cent mille ans que les riches font aux pauvres afin d’accroître leurs richesses, de multiplier leurs profits, d’étendre leur pouvoir et de renforcer leur domination. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde gangrené par le travail, fatigué, épuisé et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Aller, marcher, travailler,
Aller l’épée à la main,
Bande de timides, d’inconscients, d’endettés, de désespérés.
Pas de découragement, allons, allons travailler,
Aller, marcher, travailler, du vin contre du pétrole,
Grande victoire, grande victoire, très grande victoire !
Aller, marcher, travailler,
Le sud rugit, le nord ne monte pas,
Pas de panique, la descente est par là,
Aller, marcher, travailler,
Fuyons vite, fuyons vite, fuyons vite !

Aller, marcher, travailler,
Les puissants tous sous clé,
Au chenil, les chiens avec les chiens ;
Les roses avec les roses, au jardin ;
Les chats dans les cours.
Aller, marcher, travailler,
Aller, marcher, travailler,
Allez, travailler !

Et quel est ce feu ?
Pompiers, pompiers, ponctuels, vous qui êtes sérieux,
Éteignez ces incendies dans les couvents, les âmes, les banques.
Aller, marcher, travailler,
Ces coffres-forts, quelle invention infernale, vive la richesse mobile !
Aller, marcher, travailler,
Aller, marcher, travailler,
Travailler, travailler !

Aller, marcher, travailler,
Le passé dans le tiroir fermé à clé,
Le futur dans la loterie pour espérer,
Le présent pour aimer,
Ce n’est pas le moment s’en aller.
Aller, marcher, travailler,
Aller, marcher, travailler,
Allez, travaillez !

Nourrissons le travail, allez ! Menez paître les agneaux
Parmi les hennissements des chevaux,
Tous surveillés par des troupes de bergers,
Aller, marcher, travailler,
Pas de peur, bleus, bleus, attaquer, attaquer, attaquez à coups de pied,
Le dimanche, tout le monde en colline à pédaler.
Travailler, pédaler, travailler,
Avec l’argent au restaurant, avec l’argent,
Avec pour les mariés, des souhaits tant tant tant tant!
Aller, marcher, travailler, la péninsule en auto,
Au mariage, tous en auto !

Allez ! La Péninsule au volant, cette belle péninsule est devenue un volant.
Aller, marcher, travailler,
ALLEZ TRAVAILLER À PIED !

envoyé par Marco Valdo M.I. - 3/8/2019 - 21:33


...mi chiedo da dove sia saltata fuori la frase finale francese: ALLEZ TRAVAILLER À PIED!

Flavio Poltronieri - 4/8/2019 - 11:08


« Andare, camminare, lavorare » : À pied ?
D’où viennent les phrases ?


Odalisque


Jacques Prévert, poète français du siècle dernier avait écrit un poème, une chanson avec pour la chanter, une musique de Joseph Kosma – En sortant de l’école, que chanta Yves Montand, mais aussi Les Frères Jacques, Cora Vaucaire et tant d’autres. J’en avais fait une parodie intitulée Tout autour de la Terre, qui reprenait mot pour mot Prévert :

« Alors on est revenu à pied,
À pied tout autour de la terre,
À pied tout autour de la mer,
Tout autour du soleil,
De la lune et des étoiles,
À pied, à cheval, en voiture
Et en bateau à voiles. »


À pied, justement. Voilà, d’où vient ce « À pied ».

Mais aussi on va à pied dans une autre chanson, de Charles Trenet celle-là, qui s’intitulait : « Voyage au Canada », dont le refrain était :

« Nous irons à Toronto en auto,
Nous irons à Montréal à cheval,
Nous traverserons Québec à pied sec,
Nous irons à Ottawa en ouaoua.
Nous irons à Valleyfield sur un fil,
Nous irons à Trois-Rivières en litière.
Passant par Chicoutimi endormis,
Nous irons au Lac St-Jean en nageant.
Voilà, voilà un beau voyage,
Un beau voyage ;
Voilà, voilà,
Un beau voyage au Canada. »


Si on en prend le temps d’aller y voir, on s’apercevra dans cette chanson de Trenet que la confusion s’installe et que surgit par erreur une autre version du voyage :

« Ils allèrent à Toronto
En nageant,
Ils allèrent à Montréal endormis,
Ils se rendirent à Québec en litière,
Ils allèrent à Ottawa sur un fil.
Ils allèrent à Valleyfield à pied sec,
Ils allèrent à Trois Rivières en oua oua,
Passant par Chicoutimi à cheval,
Ils plongèrent dans le lac Saint-Jean en auto.
Voilà ! Voilà !
Un beau voyage au Canada ! »


Car effet, tout se mêle dans l’univers de la chanson, lequel univers tient plus du fantasmagorique et du poétique que du terre à terre. C’est un monde magique d’où « a surgi » – lutin hors d’une boîte – « ALLEZ TRAVAILLER À PIED ! », en manière de point final à la version française de la chanson de Piero Ciampi, marquant au sceau de l’ironie le « Andare, camminare, lavorare ».

Maintenant sur le fond de l’affaire, la question de Flavio Poltronieri : « mi chiedo da dove sia saltata fuori la frase finale francese: ALLEZ TRAVAILLER À PIED! », en gros : « d’où a surgi la phrase finale française ? » interpellait ; elle est excellente, car elle permet, ici et maintenant, de répéter et d’éclaircir encore un peu plus le fait qu’il y a un monde entre la traduction et la version et que ce monde est précisément un monde magique, poétique et fantasmagorique comme la chanson du poète Ciampi. Pour synthétiser, la traduction a comme objectif de (re)donner, dans une autre langue, le texte aussi près que possible de l’original. La version, elle, a d’autres manières ; elle entend créer un artefact, opérer par un procédé singulier une autre création qui entre en syntonie avec celle d’origine. C’est ce je fais – toujours – moi qui ne suis pas traducteur et qui serais bien incapable de l’être ; je ne connais que le français (et encore !). Je crée des objets artisanaux – des chansons, des poèmes qui évoquent les poèmes et les chansons d’origine, mais qui ont leur vie propre et leur propre univers.
On peut comparer ce travail à celui des peintres : l’« Olympia » d’Édouard Manet  est et n’est pas « La Maya nue » de Goya (Francisco José de Goya y Lucientes) ; laquelle était et n’était pas à son tour la « Vénus », vue par le Titien (Tiziano Vecellio). Ajoutons-y « La Vénus au miroir » de Vélasquez (Diego Rodríguez de Silva y Velázquez, dit Diego Velázquez, ou Diego Vélasquez) et la « Grande odalisque » d’Ingres (Jean-Auguste-Dominique), son « Odalisque à l’esclave », ou son introuvable « Vénus de Naples », toutes de face comme de dos, si semblables et si différentes.

Les professionnels de la chanson, notamment ceux qui en font commerce, savent très bien faire la différence. Ainsi, en va-t-il de la chanson anonyme : « The House of the Rising Sun », qui en a connu des versions. Ainsi, pour «Le Pénitencier », dont j’avais – nouvelle version – tiré « La fermeture », on voyait mal Johnny en jeune fille éplorée ; il a fallu adapter la version. Ainsi en va-t-il des différentes versions de La Marseillaise – les Chansons contre la Guerre en recensent au moins 15, dont Aux armes etc. a fait du bruit et surtout, cette Marseillaise dont la version la plus célèbre s’appelle « L'Internationale », elle-même objet de multiples versions.
Tout ça pour dire que les versions peuvent être très proches d’une « traduction » ou s’en aller à des années-lumières de l’original. Cependant, parfois, en effet, il y a des bribes qui viennent d’ailleurs et qui s’imposent.

Cependant, l’univers de la création poétique n’est pas sans une rationalité propre.
La question qui se pose alors pour « ALLEZ TRAVAILLER À PIED ! » est de savoir ce que ça veut dire par rapport au « Andare, camminare, lavorare » de la chanson de Ciampi. Du temps de la chanson de Ciampi, l’Italie (d’autres pays aussi) était encore en plein « boum », elle se relevait de la guerre, elle devenait euphorique de sa « croissance économique », comme l’Allemagne du Lied vom Wirtschaftswunder ou de Hazy Osterwald Sextett: Geh´n sie mit der Konjunktur (Konjunktur-Cha-Cha) et l’automobile en était le plus évident symbole et la chanson se terminait grosso-modo, ainsi : « Allez ! La Péninsule au volant, cette belle péninsule est devenue un volant. Aller, marcher, travailler. »
L’ajout « ALLEZ TRAVAILLER À PIED ! » est plus contemporain. Le soufflé est retombé, la Péninsule au volant est dans les bouchons ; Fellini l’avait bien vu, il y a déjà quelque temps ; Jean Yanne aussi : tout se bloque ; la Péninsule (et bien d’autres pays) étouffent sous la civilisation de l’auto. Cette nouvelle injonction est à double sens, elle aussi : pour ceux qui ont encore un travail, il s’agit d’être à l’heure et pour être à l’heure, c’est la nouvelle donne, « ALLEZ TRAVAILLER À PIED ». Mais aussi, le sens qu’on peut lui donner actuellement, encore plus moderne et même, futuriste, c’est l’injonction écologique et climatologique. C’est l’irruption du contemporain dans l’univers de Ciampi, qui s’en moquait déjà.

Enfin, je vois ça comme ça ; elle est venue toute seule, cette phrase, trempée à l’acide ironique et elle voulait dire en synthèse : tout ça qui précède, qui est un peu long dans une chanson.
Et même, elle-même est venue « à pied » ; mais d’où, là, vraiment, je ne sais pas. Peut-être, un neurologue pourrait-il nous l’indiquer, peut-être ? Il nous montrerait un point sur une image d’un cerveau et il dirait : « De là ! ». On n’arrête pas le progrès. Mais quand même, il resterait la question : D’où viennent les phrases ? .

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

Marco Valdo M.I. - 6/8/2019 - 16:56




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