On s’assembla de tous les Pays
À La Haye, pour juger Philippe, roi
D’Espagne et souverain d’autres endroits.
Et voici ce qu’on en dit.
Un monarque, un dirigeant de confiance
Se doit de défendre et préserver
De toutes injures, oppressions et violences
Gens et pays à sa garde confiés.
Gens et pays ne sont pas nés
Pour l’usage des majestés ;
L’inverse est vrai totalement :
Des gens, le seigneur est sujet et instrument.
Princes, dirigeants et gouvernements
N’ont pouvoir que par truchement
Et se doivent d’être obéissants
Et servir toujours humblement.
S’ils agissent et font autrement,
Ils mentent et trahissent les gens,
Ils bafouent leur mandat impudemment.
Ainsi, de gouvernants deviennent tyrans.
Philippe contre nous lance excommunications,
Espagnole croisade et troupes de soldats ;
Quelle punition pour un tel roi ?
Qu’il soit déchu sans rémission !
Il nous pille et nous rançonne ;
Il nous brime et nous inquisitionne ;
Il nous piège et nous espionne :
Déchu, qu’on lui enlève sa couronne !
Nous aimons la paix, il apporte la guerre.
À l’Espagne, il a vendu les Pays ;
À l’Église catholique, il a soumis
Tous nos gens et la terre des pères.
Viol et meurtre des pays avec préméditation,
Saccage, exaction, confiscation, le roi hérite ;
Inquisition, persécution, exécution, le roi hérite :
Qu’il soit déchu est notre décision.
Les sceaux sont brisés,
Philippe et son parti sont bannis.
Paix, amour et liberté
Est la devise des gens d’esprit.
À La Haye, pour juger Philippe, roi
D’Espagne et souverain d’autres endroits.
Et voici ce qu’on en dit.
Un monarque, un dirigeant de confiance
Se doit de défendre et préserver
De toutes injures, oppressions et violences
Gens et pays à sa garde confiés.
Gens et pays ne sont pas nés
Pour l’usage des majestés ;
L’inverse est vrai totalement :
Des gens, le seigneur est sujet et instrument.
Princes, dirigeants et gouvernements
N’ont pouvoir que par truchement
Et se doivent d’être obéissants
Et servir toujours humblement.
S’ils agissent et font autrement,
Ils mentent et trahissent les gens,
Ils bafouent leur mandat impudemment.
Ainsi, de gouvernants deviennent tyrans.
Philippe contre nous lance excommunications,
Espagnole croisade et troupes de soldats ;
Quelle punition pour un tel roi ?
Qu’il soit déchu sans rémission !
Il nous pille et nous rançonne ;
Il nous brime et nous inquisitionne ;
Il nous piège et nous espionne :
Déchu, qu’on lui enlève sa couronne !
Nous aimons la paix, il apporte la guerre.
À l’Espagne, il a vendu les Pays ;
À l’Église catholique, il a soumis
Tous nos gens et la terre des pères.
Viol et meurtre des pays avec préméditation,
Saccage, exaction, confiscation, le roi hérite ;
Inquisition, persécution, exécution, le roi hérite :
Qu’il soit déchu est notre décision.
Les sceaux sont brisés,
Philippe et son parti sont bannis.
Paix, amour et liberté
Est la devise des gens d’esprit.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/12/24 - 18:44
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Chanson française – Paix, Amour et Liberté – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 120
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – V, VIII)
Il te souviendra, Lucien l’âne mon ami, que l’histoire de la légende, que je nommerai sans doute finalement La Geste de Liberté, avait commencé en mettant en avant deux figures de proue, deux personnages qui faisaient leur entrée dans le monde à peu près en même temps : l’un était Till, fils de Claes le charbonnier et de Soetkin, la bonne mère ; l’autre était Philippe, fils de Charles l’Empereur, qui régnait sur le pays de Till et bien d’autres endroits, dont l’Espagne. On était à l’aube du XVIᵉ siècle. L’âge moyen des hommes (celui des femmes a toujours été un peu plus long) qui survivaient aux maladies infantiles, aux épidémies, aux famines, aux massacres, et aux bûchers pouvait atteindre la bonne soixantaine ou un peu plus. Ainsi, la Légende jusqu’ici a suivi le parcours de ces deux hommes (qui ont échappé aux diverses causes de décès anticipé) pendant une trentaine d’années environ et elle a raconté cette période où le monde était en expansion tout autour de soi-même ; il n’était pas encore question de s’évader réellement dans l’espace – sauf pour les messies, leur famille et les prophètes – à dos de mule. Apollon tournait toujours autour de la terre et réveillait les gens chaque matin. Je veux évidemment parler du monde dans lequel vivaient ces deux héros de la Geste : le monde tel qu’ils le voyaient, en avaient entendu parler et s’en faisaient une idée.
Bien sûr, dit Lucien l’âne. Le monde quant à lui n’avait que peu à faire de ces bouleversements, même si à l’échelle des hommes d’ici, ils étaient considérables.
Et d’ailleurs, reprend Marco Valdo M.I., qui s’est plus trompé que ce Génois qui s’en fut, ces années-là, chercher la Chine et en croyant trouver l’Inde, découvrait l’Amérique – enfin, ce qui sera nommé plus tard, l’Amérique ? En fait, on remarquera que jusque-là, l’Amérique n’existait tout simplement pas.
Oh oui, dit Lucien l’âne, c’est assez énorme. Et les soi-disant Indiens de Chine, tout nus sur la plage, criaient en langue caraïbe : « Ciel ! Nous sommes découverts ! » D’autre part, rassure-toi, les missionnaires ont vite couru les rhabiller ces Amérindiens nudistes. On était au temps des Adamites, une sorte d’hérétiques dont il fallait préserver ce Nouveau Monde – le temps de les massacrer dans l’Ancien. On fit pareil avec les Amérindiens, même rhabillés.
Mais cependant, dit Marco Valdo M.I., il n’y avait rien là d’extraordinaire à cette pseudo-découverte. D’autres gens venant d’Europe, à pied ou par la mer, avaient depuis longtemps atteint ces contrées désolées.
Certes, dit Lucien l’âne, mais toute façon, la chose se serait produite inévitablement tôt ou tard. Mais, je t’en prie, revenons à la chanson.
J’y viens, Lucien l’âne mon ami, j’y viens d’autant plus aisément que je ne l’ai jamais quittée. Donc, on avait commencé cette Geste avec deux personnages emblématiques et nous arrivons à l’heure du bilan, du moins pour le dénommé Philippe, roi d’Espagne et souverain de plein d’autres endroits, lequel avait déjà perdu sa couronne d’Angleterre. Comme tu l’auras sans doute deviné, ces deux-là s’étaient affrontés métaphoriquement dans le long combat – la Guerre de Quatre-Vingts Ans – qui devait mettre fin à l’occupation espagnole des Pays. Entre Till et Philippe, Till l’emportait aux points. Quant à la chanson, elle procède au jugement de Philippe, tel qu’il fut prononcé par les États-Généraux des pays à La Haye en 1581. En fait, on aurait pu intituler cette chanson : « Le Jugement du roi Philippe », mais il est tant de rois Philippe actuellement, qu’on aurait pu y voir une intention malicieuse.
Avant de conclure, dit Lucien l’âne, je ne peux m’empêcher de relever certaine coïncidence que j’imagine malicieuse dans le fait que ce jugement d’un roi Philippe d’Espagne ait lieu devant un grand tribunal à La Haye. N’est-ce pas là qu’a son siège au Palais de Paix, précisément, un tribunal international qui juge les dirigeants, gouvernants, bref, les responsables qui auraient opprimé, persécuté, massacré des gens. À mon sens, au vu de l’Histoire, le dénommé Philippe d’Espagne y aurait toute sa place. Mais voyons la chanson et tissons le linceul de ce vieux monde ankylosé dans l’Histoire, myope, absurde, assassin, criminel et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane