Depuis que tu es reparti
Retrouver dans ton Algérie
Tout ce qui te manquait chez nous,
Tu nous manques un peu
Et tu me croiras si tu veux,
Tu nous manques même beaucoup.
Tu nous disais qu’avec le temps,
On oublierait les bons moments.
Hélas, tu n’étais pas prophète,
Car le temps passe et tu verras,
Quand tu liras cette lettre,
Que les copains ne t’oublient pas.
Dans Paris que tu aimais bien,
Il y a de plus en plus d’Algériens,
Il en arrive tous les jours.
Comme disent les gens civilisés,
On sera bientôt colonisés ;
Moi, je leur dis chacun son tour.
Ils ont des yeux de pauvre chien
Qui me rappellent un peu les tiens
Lorsque nous avons fait connaissance.
Je ne sais plus pourquoi on s’est parlé,
Mais je sais qu’on ne s’est plus quittés
Jusqu’à ce que tu quittes la France.
Aujourd’hui, c’est comme autrefois,
Tous les Arabes sont en proie
Aux quolibets des imbéciles.
Tous les Arabes ont des surnoms :
Bicots, bougnoules, ratons –
Tu parles d’un état-civil.
On a des fourmis dans les poings
Quand la vue d’un Nord-Aricain
Fait déblatérer les minables ;
Mais s’il fallait cogner les cons,
Il faudrait un marteau-pilon
D’une taille incommensurable.
Comment se portent tes enfants
Que tu nous montrais en ouvrant
Ton portefeuille en peau de chagrin ?
La photo était si râpée
Qu’il nous fallait deviner,
Mais tu nous en parlais si bien
Que malgré la distance qui
Nous séparait de ton pays,
On les voyait mieux qu’en image
Et le parasol du café
Se changeait alors en palmier,
Le court espace d’un mirage.
Et puis l’automne a rappliqué,
Les parasols ont replié
Les feuilles qui nous abritaient.
Alors, avec tous les oiseaux,
Tu as rejoint les pays chauds
En nous disant, je reviendrai.
On a dit oui en sachant bien
Que tu mentais comme un chrétien,
Sacré Bon Dieu de fils de ta race !
Le jour où on se reverra,
Je suis certain qu’il y aura
De vrais palmiers sur la terrasse.
Retrouver dans ton Algérie
Tout ce qui te manquait chez nous,
Tu nous manques un peu
Et tu me croiras si tu veux,
Tu nous manques même beaucoup.
Tu nous disais qu’avec le temps,
On oublierait les bons moments.
Hélas, tu n’étais pas prophète,
Car le temps passe et tu verras,
Quand tu liras cette lettre,
Que les copains ne t’oublient pas.
Dans Paris que tu aimais bien,
Il y a de plus en plus d’Algériens,
Il en arrive tous les jours.
Comme disent les gens civilisés,
On sera bientôt colonisés ;
Moi, je leur dis chacun son tour.
Ils ont des yeux de pauvre chien
Qui me rappellent un peu les tiens
Lorsque nous avons fait connaissance.
Je ne sais plus pourquoi on s’est parlé,
Mais je sais qu’on ne s’est plus quittés
Jusqu’à ce que tu quittes la France.
Aujourd’hui, c’est comme autrefois,
Tous les Arabes sont en proie
Aux quolibets des imbéciles.
Tous les Arabes ont des surnoms :
Bicots, bougnoules, ratons –
Tu parles d’un état-civil.
On a des fourmis dans les poings
Quand la vue d’un Nord-Aricain
Fait déblatérer les minables ;
Mais s’il fallait cogner les cons,
Il faudrait un marteau-pilon
D’une taille incommensurable.
Comment se portent tes enfants
Que tu nous montrais en ouvrant
Ton portefeuille en peau de chagrin ?
La photo était si râpée
Qu’il nous fallait deviner,
Mais tu nous en parlais si bien
Que malgré la distance qui
Nous séparait de ton pays,
On les voyait mieux qu’en image
Et le parasol du café
Se changeait alors en palmier,
Le court espace d’un mirage.
Et puis l’automne a rappliqué,
Les parasols ont replié
Les feuilles qui nous abritaient.
Alors, avec tous les oiseaux,
Tu as rejoint les pays chauds
En nous disant, je reviendrai.
On a dit oui en sachant bien
Que tu mentais comme un chrétien,
Sacré Bon Dieu de fils de ta race !
Le jour où on se reverra,
Je suis certain qu’il y aura
De vrais palmiers sur la terrasse.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/12/6 - 20:50
Language: Italian
Traduzione italiana di Lorenzo Masetti
aspettando l'aereo...
aspettando l'aereo...
L'ALGERINO
Da quando sei ripartito
a ritrovare nella tua Algeria,
tutto quelli che ti mancava qui da noi,
ci manchi un po'
e, spero che mi crederai
se ti dico che a volte ci manchi molto
ci dicevi che con il tempo
avremmo dimenticato i bei momenti
Ahimè, non sei stato profeta
ché il tempo passa e lo vedrai
quando leggerai questa lettera
che gli amici non si scordano di te
Qui a Parigi, che ti piaceva tanto,
ci sono sempre più algerini
ne arrivano ogni giorno
come dice la gente civile
saremo presto colonizzati
io gli rispondo che si farà a turno
Hanno occhi da poveri diavoli
che un po' mi ricordano i tuoi
quando ci siamo conosciuti
Non so più perché ci siamo parlati
ma so che non ci siamo più lasciati
finché tu non hai lasciato la Francia
Oggi, è proprio come allora,
tutti gli arabi sono vittime
degli insulti degli imbecilli.
Tutti gli arabi hanno dei soprannomi:
beduini, negri del deserto, topi di fogna [1]
Tu parli di uno stato civile.
Ci prudono le mani
quando alla vista di un nord africano
ci tocca sentire blaterare i miserabili
ma se si dovesse schiacciare tutti gli stronzi
servirebbe un martello a vapore
di dimensioni incommensurabili
Come vanno i tuoi figli
che ci mostravi aprendo
il tuo portafoglio in pelle di tristezza?
La foto era così rovinata
che ci toccava indovinare,
ma tu ce ne parlavi così bene
che malgrado la distanza che
ci separava dal tuo paese
li vedevamo meglio che in immagine
e l'ombrellone del bar
si trasformava allora in palma
per il corto spazio di un miraggio
Poi l'autunno è ritornato,
gli ombrelloni hanno ripiegato
le foglie che ci facevano ombra.
Allora, con tutti gli uccelli
hai raggiunto i paesi caldi
e ci hai detto, tornerò.
Abbiamo detto di sì sapendo bene
che mentivi come un cristiano,
per dio, da figlio della tua razza!
Il giorno che ci rivedremo
Sono sicuro che ci saranno
delle vere palme sulla veranda.
Da quando sei ripartito
a ritrovare nella tua Algeria,
tutto quelli che ti mancava qui da noi,
ci manchi un po'
e, spero che mi crederai
se ti dico che a volte ci manchi molto
ci dicevi che con il tempo
avremmo dimenticato i bei momenti
Ahimè, non sei stato profeta
ché il tempo passa e lo vedrai
quando leggerai questa lettera
che gli amici non si scordano di te
Qui a Parigi, che ti piaceva tanto,
ci sono sempre più algerini
ne arrivano ogni giorno
come dice la gente civile
saremo presto colonizzati
io gli rispondo che si farà a turno
Hanno occhi da poveri diavoli
che un po' mi ricordano i tuoi
quando ci siamo conosciuti
Non so più perché ci siamo parlati
ma so che non ci siamo più lasciati
finché tu non hai lasciato la Francia
Oggi, è proprio come allora,
tutti gli arabi sono vittime
degli insulti degli imbecilli.
Tutti gli arabi hanno dei soprannomi:
beduini, negri del deserto, topi di fogna [1]
Tu parli di uno stato civile.
Ci prudono le mani
quando alla vista di un nord africano
ci tocca sentire blaterare i miserabili
ma se si dovesse schiacciare tutti gli stronzi
servirebbe un martello a vapore
di dimensioni incommensurabili
Come vanno i tuoi figli
che ci mostravi aprendo
il tuo portafoglio in pelle di tristezza?
La foto era così rovinata
che ci toccava indovinare,
ma tu ce ne parlavi così bene
che malgrado la distanza che
ci separava dal tuo paese
li vedevamo meglio che in immagine
e l'ombrellone del bar
si trasformava allora in palma
per il corto spazio di un miraggio
Poi l'autunno è ritornato,
gli ombrelloni hanno ripiegato
le foglie che ci facevano ombra.
Allora, con tutti gli uccelli
hai raggiunto i paesi caldi
e ci hai detto, tornerò.
Abbiamo detto di sì sapendo bene
che mentivi come un cristiano,
per dio, da figlio della tua razza!
Il giorno che ci rivedremo
Sono sicuro che ci saranno
delle vere palme sulla veranda.
[1] non ho trovato in italiano dei soprannomi dispregiativi simili per gli arabi.
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Chanson française – L’Algérien – Patrick Font – 1972
La guerre d’Algérie est déjà de l’Histoire ancienne, presqu’aussi ancienne dans la mémoire des gens d’aujourd’hui que les guerres mondiales, déclare Marco Valdo M.I.
Oui, dit Lucien l’âne, elle date de plus d’un demi-siècle. C’est déjà un bon bout de temps.
Imagine Lucien l’âne mon ami que sur les 42 000 000 d’Algériens actuellement en Algérie, seuls les gens de plus de 60 ans, soit environ 5 % auront vécu durant cette guerre et plus de la moitié de la population a moins de 30 ans. Cependant, sauf peut-être pour de vieux Pieds-Noirs ou de vieux harkis ou les vieux d’Algérie, elle ne fait plus l’actualité, même si le FLN (Front de Libération Nationale) est encore toujours au pouvoir ; mais, il a perdu l’aura qu’il avait vers 1960, au moment de l’indépendance.
En effet, dit Lucien l’âne, l’Algérie n’est plus ce qu’elle était ou ce qu’on a cru ou espéré qu’elle pourrait être. Elle n’est pas la seule dans ce cas, on dirait même que c’est une sorte d’évolution naturelle. Avec le temps, les États (et leurs dirigeants, leurs élites) se sclérosent et paralysent leur environnement, l’empoisonnent ou l’étouffent.
Il y a certainement de ça et nous ne pouvons que le constater, reprend Marco Valdo M.I. ; pourtant, la chanson même si elle s’intitule « L’Algérien » ne pare directement ni de l’Algérie, ni de la guerre d’Algérie, même si, à la réflexion, elle baigne dedans. Elle est une lettre adressée par un Français à un de ses amis Algériens, qui dix ans après l’indépendance, après des années de travail immigré en France, vraisemblablement à Paris, est retourné au pays. C’est une lettre d’adieu, car les deux amis savent ou sentent qu’ils ne se reverront jamais. Elle raconte avec nostalgie leur amitié et l’espoir d’une future « mythique » retrouvaille. Elle me fait penser à ce Flamenco de Paris de Léo Ferré, qui dit :
En fait, si je comprends bien, dit Lucien l’âne, si ce sont des amis depuis un certain temps, ils devaient être amis depuis un certain temps déjà et pour eux, la guerre était encore toute proche, toute chaude.
À mon sens, précise Marco Valdo M.I., ce sont d’incorrigibles pacifistes, pour, sur les cendres d’une guerre qui avait fait environ 350 000 morts algériens en moins d’une dizaine d’années, vouloir bâtir une amitié entre des gens des camps adverses. Un peu comme si, au cours de la guerre de 1914-18, un poilu avait fait ami-ami avec un fritz.
Certes, dit Lucien l’âne, il faut du courage, de la conscience, de la confiance et de la volonté pour affirmer son humanité au milieu du délire binaire et massacreur, face aux nationalismes des camps.
Ce que tu dis, Lucien l’âne mon ami, est vrai pour ces deux amis de la chanson, mais aussi et même surtout, pour celui qui l’a écrite et qui l’a chantée en public ces années de tout-après-guerre. On lui en a beaucoup voulu.
Je pense qu’on en a dit assez à propos de la chanson ; alors, tissons le linceul de ce vieux monde guerrier, nationaliste, binaire, vindicatif, absurde et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane