Maumariée, oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde.
Maumariée, oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée noyée
Dans le courant,
Entre tes draps de mousse,
Dans le courant,
Les yeux fermés, si douce,
Comme un jardin de fleurs,
Comme un jardin
Saccagé par l’orage,
Comme un jardin,
Comme une fleur sauvage,
Tu fuyais ton malheur
Entre deux eaux,
Entre deux eaux.
Et j’étais là, moi,
J’étais là,
Inutile et vain,
Avec mes deux mains.
Imbécile et froid,
Avec mes deux bras,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée,
Je t’aurais consolée.
Moi, maumariée,
Que j’aurais su t’aimer.
Et tous les hommes qui sont là
T’auraient ouvert portes et bras,
Tous auraient voulu empêcher
Cet irrémédiable péché.
Toi si blonde, maumariée,
Toi si blonde, mal aimée.
Maumariée, oh maumariée !
Quand tu t’es sauvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde,
Maumariée, oh maumariée,
Quand tu as désespéré,
Ne pouvais–tu,
Ne pouvais–tu m’attendre,
Ne pouvais–tu,
À cet instant comprendre
Que je courais vers toi,
Que je courais
Comme vers une source,
Ignorant que ma course
Me conduisait là–bas
Au bord de l’eau,
Au bord de l’eau
Et je suis là, moi,
Je suis là,
Avec mes deux mains
Qui ne tiennent rien.
Ton image en moi
Qui ne s’en va pas,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée.
Jamais je n’oublierai,
Moi, maumariée
Que j’aurais pu t’aimer.
Maumariée, oh maumariée,
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde…
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde.
Maumariée, oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée noyée
Dans le courant,
Entre tes draps de mousse,
Dans le courant,
Les yeux fermés, si douce,
Comme un jardin de fleurs,
Comme un jardin
Saccagé par l’orage,
Comme un jardin,
Comme une fleur sauvage,
Tu fuyais ton malheur
Entre deux eaux,
Entre deux eaux.
Et j’étais là, moi,
J’étais là,
Inutile et vain,
Avec mes deux mains.
Imbécile et froid,
Avec mes deux bras,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée,
Je t’aurais consolée.
Moi, maumariée,
Que j’aurais su t’aimer.
Et tous les hommes qui sont là
T’auraient ouvert portes et bras,
Tous auraient voulu empêcher
Cet irrémédiable péché.
Toi si blonde, maumariée,
Toi si blonde, mal aimée.
Maumariée, oh maumariée !
Quand tu t’es sauvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde,
Maumariée, oh maumariée,
Quand tu as désespéré,
Ne pouvais–tu,
Ne pouvais–tu m’attendre,
Ne pouvais–tu,
À cet instant comprendre
Que je courais vers toi,
Que je courais
Comme vers une source,
Ignorant que ma course
Me conduisait là–bas
Au bord de l’eau,
Au bord de l’eau
Et je suis là, moi,
Je suis là,
Avec mes deux mains
Qui ne tiennent rien.
Ton image en moi
Qui ne s’en va pas,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée.
Jamais je n’oublierai,
Moi, maumariée
Que j’aurais pu t’aimer.
Maumariée, oh maumariée,
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde…
envoyé par Marco Valdo M.I. - 4/11/2018 - 20:34
×
Chanson française – La Maumariée – Anne Sylvestre – 1968
Paroles et musique : Anne Sylvestre – 1968
Écrite pour Serge Reggiani en 1968 et interprétée pour la première fois à Bobino (Paris) – 1968
Vois-tu, Lucien l’âne mon ami, j’ai toujours du mal à commenter certaines chansons d’Anne Sylvestre ou de Barbara.
Qu’est-ce que tu me chantes là, Marco Valdo M.I. mon ami ? Du mal et pourquoi donc ?
Du mal, mon ami Lucien l’âne, car leurs chansons, leur voix, leur ton, que sais-je, tout ça à la fois, ça me fait mal. Une douleur profonde, insinuante et pénétrante, rien que d’y penser et dont je n’arrive pas à me dépêtrer et si j’ai le malheur de les écouter, c’est pire encore. Oh, ce n’est pas que je ne les aime pas ; à vrai dire, je les aime trop et l’émotion, telle une cascade sauvage et gigantesque se déverse en moi et m’emporte sans que j’y puisse rien faire.
Et alors, Marco Valdo M.I., qui t’oblige à les écouter ou même, à t’en souvenir ?
Personne, ni rien, Lucien l’âne mon ami, elles s’invitent toutes seules. Soudain, elles sont là. D’aucuns disent que ce sont des chansons sorcières et je le croirais volontiers, mais malgré tout, ce sont de bonnes sorcières. Ah, si je commence à les écouter, il me faut me faire violence à moi-même pour m’en échapper. Ce ne sont pas les seules, évidemment ; c’est comme ça avec tant de chansons. Celles de Brassens, Ferré, Brel, Lapointe et d’autres me prennent aussi la mémoire et me poursuivent des heures, des jours durant, mais elles ne font pas ce mal-là. Elles ne me noient pas dans cette mélancolie qui m’enveloppe comme une brume de novembre. Tiens, c’est comme le dimanche soir, ça me fout le bourdon.
Voilà qui est déroutant, dit Lucien l’âne. Cependant, qu’en est-il de la chanson elle-même ?
Pour ce que j’en sais, elle serait une réminiscence de chansons anciennes, d’histoires qui se sont transmises de femme en femme dans les provinces lointaines du Québec ou de n’importe quel village de n’importe quelle province. C’est l’histoire finalement banale d’une femme mal mariée, mariée contre son gré, mariée de force… Comme ça s’est toujours fait et ça se fait encore dans les sociétés patriarcales où la coutume, quand ce n’est pas la loi, ou un Dieu ou un prophète ramène la femme à moins qu’un homme et lui impose la soumission aux mots de la tribu. Certaines femmes sont patientes, certaines s’en accommodent – ce sont les plus résistantes ; d’autres mettent fin au supplice en se suicidant – ce sont les plus douces. La maumariée de la chanson est de celles-là.
Oh, dit Lucien l’âne, quelle triste histoire ! Elle a dû se demander comme Caussimon et Ferré après lui :
« …si c’est utile et surtout,
Si ça vaut le coup,
Si ça vaut le coup,
De vivre sa vie. »
Cela dit, il me semble qu’il existe déjà une « autre maumariée » (La maumariée vengée par son frère) au destin guère meilleur. Pour le reste, même si elle doit t’écorcher vif, écoutons cette chanson et puis, pour te consoler, tissons le linceul de ce vieux monde mélancolique, triste, sinistre et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane