Nelle dit à sa mère, « Ce matin,
Hans ton mignon réclame la main
Gauche d’Hilbert, il faut la chercher. »
Katheline répond : « J’irai la couper ! »
Et Katheline s’en va au champ,
Elle marche vite et fièrement.
Nelle porte une bêche, elle porte un couteau ;
Les officiers la suivent comme des corbeaux.
Katheline dit : « J’étais cachée là.
Hilbert était laid, Hans, tu es beau.
Tu auras tantôt sa main ; elle est là
Où la terre éponge l’eau. »
Là, près de la digue, sous la lune,
Quelle terrible dispute, quelles colères.
J’entendais tout de la dune,
J’ai vu ton poignard le mettre à terre. »
Elle prend la bêche et dit soudain :
« Ami Hilbert, Hans mon seigneur
M’ordonne de couper ta main.
Ne me cherche pas malheur ! »
Elle casse la glace, creuse découvrant
La forme d’un corps sur le dos étendu.
C’est un jeune homme au visage blanc,
D’un habit de gros drap gris vêtu.
Son épée repose à côté de lui,
En sa poitrine, un poignard est planté.
Katheline coupe la main sans hésiter
Et la remise dans son étui.
Le Bailli mande de le déshabiller.
Le cadavre d’Hilbert dépouillé,
Tous peuvent voir ôter le poignard.
On couvre le mort de sable sans retard.
Le cortège rentre en procession funéraire.
Katheline s’en va devant, joyeuse commère,
Porter la main à Hans en sa prison.
Nelle pleure, il n’y aura pas de pardon.
Comme sorcière coupable de conjurations,
Par le Bailli en personne constatées,
Katheline à peine entrée, est appréhendée
Et dans la cave, à double tour, enfermée.
Hans ton mignon réclame la main
Gauche d’Hilbert, il faut la chercher. »
Katheline répond : « J’irai la couper ! »
Et Katheline s’en va au champ,
Elle marche vite et fièrement.
Nelle porte une bêche, elle porte un couteau ;
Les officiers la suivent comme des corbeaux.
Katheline dit : « J’étais cachée là.
Hilbert était laid, Hans, tu es beau.
Tu auras tantôt sa main ; elle est là
Où la terre éponge l’eau. »
Là, près de la digue, sous la lune,
Quelle terrible dispute, quelles colères.
J’entendais tout de la dune,
J’ai vu ton poignard le mettre à terre. »
Elle prend la bêche et dit soudain :
« Ami Hilbert, Hans mon seigneur
M’ordonne de couper ta main.
Ne me cherche pas malheur ! »
Elle casse la glace, creuse découvrant
La forme d’un corps sur le dos étendu.
C’est un jeune homme au visage blanc,
D’un habit de gros drap gris vêtu.
Son épée repose à côté de lui,
En sa poitrine, un poignard est planté.
Katheline coupe la main sans hésiter
Et la remise dans son étui.
Le Bailli mande de le déshabiller.
Le cadavre d’Hilbert dépouillé,
Tous peuvent voir ôter le poignard.
On couvre le mort de sable sans retard.
Le cortège rentre en procession funéraire.
Katheline s’en va devant, joyeuse commère,
Porter la main à Hans en sa prison.
Nelle pleure, il n’y aura pas de pardon.
Comme sorcière coupable de conjurations,
Par le Bailli en personne constatées,
Katheline à peine entrée, est appréhendée
Et dans la cave, à double tour, enfermée.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/10/12 - 22:22
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Chanson française – La Main d'Hilbert – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 97
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, IV)
Cette fois aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, il te faudra expliquer ce titre tant il est étrange et réfrigérant. Quoi ! Que veut dire cette « main d’Hilbert » ? Serait-elle séparée de son corps ? Ah, il me souvient que le dit Hilbert est porté disparu, tenu pour mort et même, on connaît son assassin.
Ah, Lucien l’âne mon ami, tu as bien résumé la situation. Hilbert est mort assassiné par Joos Damman, son ami, celui qui se fait passer pour Hans auprès de Katheline. Sans doute, ce meurtre avait pour objet une sordide question d’argent – la possession des sept cents carolus d’or que le tandem avait récupérés dans le fond du jardin de Katheline. Oui, c’est bien de la main de cet Hilbert disparu qu’il s’agit.
Justement, réfléchit Lucien l’âne, s’il a disparu, il me semble que ses mains ont disparu avec lui ; une main ne se promène quand même pas toute seule.
En effet, mon ami Lucien l’âne, comme tu le dis si bien, une main ne se promène pas toute seule et si elle est seule, c’est qu’on l’a séparée de son corps. Ce sont là choses certaines et un raisonnement impeccable. Mais dans la chanson, comme tu vas t’en apercevoir, il y a un raisonnement inverse et caché quant à son objectif réel et c’est Nelle qui va mener la manœuvre.
Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, quel est le but réel de Nelle et quelle est son idée ?
D’abord, Lucien l’âne mon ami, ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que Nelle a pris résolument la défense (Nelle accuse) de sa mère Katheline, laquelle est folle et subjuguée par son amour mal placé. Ensuite, que pour défendre Katheline, il est indispensable de ne laisser aucun doute quant à la culpabilité de Joos Damman dans l’assassinat d’Hilbert et que le premier objectif est de retrouver le corps d’Hilbert, preuve du crime. Nelle pense que Katheline sait où est le corps ; la difficulté est de l’amener à révéler l’endroit où il est enterré. C’est une difficulté car Katheline ne veut pas trahir son bien-aimé. C’est là que la ruse de Nelle se révèle efficace : elle suggère à sa mère que Hans, son amant diabolique, veut qu’elle lui porte la main gauche d’Hilbert. Et pour ce faire, c’est ici qu’intervient le raisonnement inverse, il faut séparer la main du corps, dès lors, déterrer le corps et donc, aller à l’endroit du crime. C’est ce que va faire Katheline, poussée par sa folie et suivie par le Bailli et ses juges. Une fois, le mort déterré, il ne reste plus qu’à couper la main gauche d’Hilbert et la porter à Hans, alias Joos Damman en sa prison.
Ainsi éclairci le mystère de la main d’Hilbert, conclut Lucien l’âne, tissons le linceul de ce monde funèbre, macabre et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane