La cloche sonne le vacarme,
Un enfant court le village
Et partout donne l’alarme :
« Garou est pris dans le bocage. »
Les bras pris au piège, le garou
Ne hurle pas comme un loup,
C’est un démon, il a des mains ;
Il pleure, il prie, il geint.
Comme un humain, il mande pitié.
« Je ne suis pas loup, je ne suis pas diable,
Je suis vieux, je saigne, je suis blessé,
Je souffre, c’est épouvantable ! »
Till dit : « Oh, poissonnier détestable,
Je te reconnais et comme alors, je te hais !
Les cendres sur mon cœur sont intraitables :
Foi de Till, je te le dis, pitié de toi, jamais ! »
« Poissonnier, tu as dénoncé mon père,
J’ai vu mourir ma mère ;
Je n’oublie rien de tout cela. »
Et Till sort alors son coutelas.
« Tenez le vif, il faut justice ! »,
Supplie la mère de l’enfant morte.
« Gardez-le vif pour les supplices
Et qu’à la fin seulement, le diable l’emporte ! »
Elle trouve l’arme du crime, le gaufrier ardent.
Elle l’ouvre, une gueule de lévrier
Aux brillantes et longues et dures dents ;
Elle ferme cent fois les mâchoires d’acier.
Sur les jambes, sur les pieds, sur les bras,
Le fer mord en haut, le fer mord en bas,
Et le poissonnier sanglote et se débat,
Et sans cesse encore, la morsure le broie.
« Il a fait ainsi à Betkine, il paye !
Le vilain paye ses odieux sévices.
Le meurtrier hurle et saigne, c’est justice !
La cloche des morts l’appelle, il paye ! »
« Je suis mouillé de sang, pitié ! »
« Du sang de l’enfant, pas de pitié !
À petit feu, main coupée, tenaille ardente,
La mort te tient, la mort est patiente ! »
Un enfant court le village
Et partout donne l’alarme :
« Garou est pris dans le bocage. »
Les bras pris au piège, le garou
Ne hurle pas comme un loup,
C’est un démon, il a des mains ;
Il pleure, il prie, il geint.
Comme un humain, il mande pitié.
« Je ne suis pas loup, je ne suis pas diable,
Je suis vieux, je saigne, je suis blessé,
Je souffre, c’est épouvantable ! »
Till dit : « Oh, poissonnier détestable,
Je te reconnais et comme alors, je te hais !
Les cendres sur mon cœur sont intraitables :
Foi de Till, je te le dis, pitié de toi, jamais ! »
« Poissonnier, tu as dénoncé mon père,
J’ai vu mourir ma mère ;
Je n’oublie rien de tout cela. »
Et Till sort alors son coutelas.
« Tenez le vif, il faut justice ! »,
Supplie la mère de l’enfant morte.
« Gardez-le vif pour les supplices
Et qu’à la fin seulement, le diable l’emporte ! »
Elle trouve l’arme du crime, le gaufrier ardent.
Elle l’ouvre, une gueule de lévrier
Aux brillantes et longues et dures dents ;
Elle ferme cent fois les mâchoires d’acier.
Sur les jambes, sur les pieds, sur les bras,
Le fer mord en haut, le fer mord en bas,
Et le poissonnier sanglote et se débat,
Et sans cesse encore, la morsure le broie.
« Il a fait ainsi à Betkine, il paye !
Le vilain paye ses odieux sévices.
Le meurtrier hurle et saigne, c’est justice !
La cloche des morts l’appelle, il paye ! »
« Je suis mouillé de sang, pitié ! »
« Du sang de l’enfant, pas de pitié !
À petit feu, main coupée, tenaille ardente,
La mort te tient, la mort est patiente ! »
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/9/13 - 19:10
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Chanson française – Le Gaufrier – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 89
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XLIII)
« Le Gaufrier », demande Lucien l’âne, serait-ce une chanson de cuisine ?
Pas exactement, dit Marco Valdo M.I., ou alors, un gaufrier sorti tout droit de la cuisine du diable. En réalité, ce gaufrier, comme on le découvre dans la chanson, est un instrument de meurtre, c’est l’arme du crime. En principe, un gaufrier est bien un outil de cuisinière ; il est équipé de longs bras de fer épais et au bout de ces bras, on trouve des plaques de fonte d’acier, fort épaisses et fort lourdes. Manié avec vigueur, c’est une masse d’arme redoutable. Il assomme et blesse et peut même tuer sur le coup si on frappe à la tête. Mais il y a pire encore, le gaufrier de la chanson est muni de dents d’acier qui crèvent les chairs, les arrachent, broient les os et les vertèbres.
Donc, reprend Lucien l’âne, on découvre le gaufrier entre les mains du poissonnier et que raconte-t-elle d’autre la canzone ?
Elle raconte, Lucien l’âne mon ami, que Till reconnaît dans ce garou, le poissonnier qui avait dénoncé son père, Claes le charbonnier et comme on peut le penser, Till n’est pas tendre avec cette crapule. Il a sorti son coutelas et s’apprête à lui percer la gorge quand Toria, la mère de Betkine, l’enfant assassinée, le retient. Pas par bonté d’âme ou par miséricorde, mais, car elle veut justice et elle veut surtout vengeance et elle se met sur le champ à l’exercer à l’aide du gaufrier. Une application immédiate de la loi du talion, en quelque sorte et de cette bouche létale, elle mord, elle mord pour faire mal, pour faire payer le meurtrier.
Hou-là, dit Lucien l’âne, c’est une louve en colère que cette femme. Elle va le tuer…
Je ne pense pas, rétorque Marco Valdo M.I, j’en tiens pour preuve ce qu’elle demande et d’ailleurs quand le meurtrier – sous ses coups – supplie qu’on l’achève, elle s’y oppose vivement en disant :
« Gardez-le vif pour les supplices
Et qu’à la fin seulement, le diable l’emporte ! »
Oh, je vois, s’exclame Lucien l’âne : « Les supplices et à la fin seulement… », je comprends purquoi elle empêche Till de le tuer sur place et tout compte fait, elle fait bien. Elle évite à Till d’être poursuivi comme assassin. Car, même si la guerre en cours avec ses sacs et ses massacres peuvent faire paraître ces faits-divers insignifiants, il n’en reste pas moins qu’il faut que justice se fasse, mais par la voix de la justice. C’est un dilemme que se présente souvent quand le chaos de la guerre embrouille les événements. Quant à nous, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde chaotique, périlleux, massacreur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane