Manger trop de chocolat
Donne la colique.
La pâtisserie rend le Roi
Philippe mélancolique.
Quand il broie du noir,
Philippe joue du clavecin vivant,
Une caisse avec des chats en dedans
Où chaque touche actionne un dard.
Le dard frappe à chaque note
La tête d’un chat ;
Chaque chat chante une note ;
Chaque note charme l’oreille du Roi.
Douleur de chat n’émeut pas le Roi :
Philippe s’amuse des cris des chats,
Il joue cette sonate à sept voix,
Mais Philippe ne rit pas.
Philippe est plus catholique
Que le Pape et l’Italie ;
Sur le trône d’Albion, fin politique,
Au lieu d’Élisabeth, il veut Marie.
Deux assassins vont là-bas
Sur les ordres du Roi.
Élisabeth les pend à son grand mat,
Mais Philippe ne rit pas.
Philippe se voit roi d’Angleterre,
Puis maître de toute la Terre,
Pour la foi, exterminer les réformés
Et des biens des victimes être l’héritier.
Philippe aime beaucoup la torture ;
Il fait chauffer en une boîte en fer
Des souris, des mulots, de pauvres créatures
Sans défense, elles ne savent que faire.
Elles crient, geignent, gémissent,
Courent, sautent, mais n’en sortent pas.
Les bestioles cuites meurent,
Mais Philippe ne rit pas.
Have, pâle, blême, tout tremblant,
Il s’en va triste amant
Dans le lit de celle qui craint le Roi,
Mais ne l’aime pas.
Donne la colique.
La pâtisserie rend le Roi
Philippe mélancolique.
Quand il broie du noir,
Philippe joue du clavecin vivant,
Une caisse avec des chats en dedans
Où chaque touche actionne un dard.
Le dard frappe à chaque note
La tête d’un chat ;
Chaque chat chante une note ;
Chaque note charme l’oreille du Roi.
Douleur de chat n’émeut pas le Roi :
Philippe s’amuse des cris des chats,
Il joue cette sonate à sept voix,
Mais Philippe ne rit pas.
Philippe est plus catholique
Que le Pape et l’Italie ;
Sur le trône d’Albion, fin politique,
Au lieu d’Élisabeth, il veut Marie.
Deux assassins vont là-bas
Sur les ordres du Roi.
Élisabeth les pend à son grand mat,
Mais Philippe ne rit pas.
Philippe se voit roi d’Angleterre,
Puis maître de toute la Terre,
Pour la foi, exterminer les réformés
Et des biens des victimes être l’héritier.
Philippe aime beaucoup la torture ;
Il fait chauffer en une boîte en fer
Des souris, des mulots, de pauvres créatures
Sans défense, elles ne savent que faire.
Elles crient, geignent, gémissent,
Courent, sautent, mais n’en sortent pas.
Les bestioles cuites meurent,
Mais Philippe ne rit pas.
Have, pâle, blême, tout tremblant,
Il s’en va triste amant
Dans le lit de celle qui craint le Roi,
Mais ne l’aime pas.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/9/6 - 17:03
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Chanson française – Le Roi ne rit pas – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 85
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XLI)
Donc, Lucien l’âne mon ami, Je te remémore ce qui était dit dans notre dialogue maïeutique à propos de Festins de Carême, la précédente chanson de la Légende :
« Mais vois-tu, Lucien l’âne mon ami, il faut lier cette chanson à la suivante, dont je ne connais pas encore le titre, ni le texte, mais qui sera le négatif de celle-ci. Lamme incarne le bonhomme et l’homme bon, aimant la vie et la bombance, mais aussi celui qui ne fait cette guerre que contraint et forcé et encore, afin d’accéder à la paix dans les Hauts et Bas Pays et fait contraste avec Philippe, roi d’Espagne, fauteur de guerre, de religion et de malheur. Lamme est authentiquement contre la guerre et sa chanson aussi. »
Tout comme lorsqu’au début, je veux dire au moment de sa naissance ou à peu près, Till le (futur) Gueux était mis en balance avec Philippe le (futur) Roi, dans la canzone précisément intitulée : Till et Philippe, cette confrontation traçait l’antagonisme essentiel entre les Pays (Hauts et Bas) et l’occupant espagnol et son Inquisition, Till apparaissait comme le symbole de la résistance, de l’engagement volontaire de liberté, ici, dans une autre confrontation – entre Lamme le Gueux bedonnant et Philippe le Roi aigre, Lamme incarne l’autre facette de La Guerre de Cent mille ans, celle de la résistance malgré elle, du pacifique contraint à se muer en guerrier à son corps défendant, par la force des choses. De façon principale et préférentielle, a priori, le bonhomme préfère la vie calme et tranquille, et tel l’ours d’autres légendes du Nord, il ne s’agite que s’il ne peut faire autrement, que sa dignité et sa conscience l’en persuadent et l’y poussent fortement. Souvent cette résistance ne se révèle que par une forme d’inertie, de lenteur dans l’obéissance, de candeur dans le raisonnement, ne se dévoile pas, reste confidentielle et agit clandestinement, parfois même, à l’insu de son porteur.
Fort bien, dit Lucien l’âne. Je comprends bien ce parallèle et ce qu’il exprime, mais, dis-moi, mon ami, au fond que raconte la canzone.
Comme le laisse entendre le titre « Le Roi ne rit pas », répond Marco Valdo M.I., titre qui n’est autre que la rengaine de la chanson, ce Roi Philippe est un triste sire, dans tous les sens. C’est un personnage aigre, méchant, absurde, sadique qui ne règne que par la peur qu’il inspire, même en ses amours.
Souvent d’ailleurs, je me demande, Marco Valdo M.I., comment les hommes, je veux dire les humains, peuvent volontairement obéir à de tels êtres et comment ils ne les ignorent tout simplement pas, les laissant ainsi à leur bêtise et à leur rancœur et je ne pense pas qu’à ce roi Philippe qui ne pleure pas plus qu’il ne rit.
Une fois encore, cet illuminé, qu’il eût mieux valu enfermer dès sa prime jeunesse quand il torturait la La Guenon Hérétique, ce furieux torture des animaux avec raffinement, plaisir et malsaine délectation, précise Marco Valdo M.I. Il met au supplice du feu les mulots et les souris, il joue du clavecin à chats. Ce dément aurait mérité que s’accomplisse la vengeance que Georges Brassens imagine dans son Testament (Georges Brassens: Le Testament) :
« Mais que jamais – mort de mon âme !,
Jamais il ne fouette mes chats.
Quoique je n’aie pas un atome,
Une ombre de méchanceté,
S’il fouette mes chats, il y a un fantôme
Qui viendra le persécuter. »
Quelle différence avec le bon Lamme et l’intrépide et honnête Till !, dit Lucien l’âne. Encore une fois, comment les humains peuvent-ils tolérer ça ? D’autant qu’un tel signe de décrépitude morale est le reflet du caractère profond de cet ignoble et du danger potentiel et dans le cas de ce Roi Philippe et des autres du même acabit, du danger réel qu’il fait courir à ses contemporains. La torture de la Guenon hérétique s’est traduite au fil du temps par des milliers de morts d’hérétiques. Mais, ce qui peut quelque peu rassurer et laisser un peu de vie à certains d’entre nous, c’est que ces cinglés, je veux dire les hommes de pouvoir, n’ont qu’une action marginale et ne peuvent toucher directement qu’une très petite partie des milliards de gens, qui échappent ainsi à leurs pénibles manigances. La dernière guerre mondiale fit des dizaines de millions de victimes, après quoi, la population est passée de grosso modo, un milliard à sept milliards et demi à présent. La-dite guerre fit environ 60 000 000 de morts, ce qui est largement inférieur à l’accroissement annuel de 90 000 000 que l’on connaît à présent. Il n’empêche que ces tortures, ces massacres, ces assassinats sont d’authentiques saloperies et qu’il conviendrait de refuser d’obéir à ceux qui les promeuvent et les décident. Quant à nous, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde furieux, dément, débile, pervers et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane