Lamme et Till sont en chemin.
Les nues frôlent la terre
Et glissent sous le vent de mer.
Le soleil est encore lointain.
À l’entrée de Lokeren, soudain,
L’alouette chante son refrain.
De la forge, le coq répond,
Une vieille voix lance son clairon.
C’est le smittte qui le jour forge
Des bêches, des pioches, des socs et roues à gorge
Et même, des grilles de belle fonte
Pour l’église et le château du comte.
Le smitte forge la nuit
Les armes pour nos amis.
« Vous deux, les amis, entrez sans façon
Et menez vos ânes derrière la maison. »
Le smitte emporte à la cave
La moisson de la nuit : épées et fers de lance.
Il dit : « Avez-vous des nouvelles du Taiseux ? »
Till dit : « Les mercenaires ont trahi. Reste les Gueux.
Gueux de mer et gueux de terre
Mèneront seuls cette guerre.
La liberté patientera, elle est bonne enfant.
Mais il faut des armes et de l’argent. »
Le smitte dit : « J’enverrai dès demain
Des armes et neuf mille florins.
Mais on recherche deux assassins de prédicants
Sur deux ânes califourchonnant. »
Till dit : « Lamme et moi, on a tué
Ces espions du duc, ces meurtriers payés
Pour assassiner le Prince de Liberté.
Voici, smitte, leur argent et leurs papiers. »
Le smitte dit : « C’est un plan de conspiration.
Ces papiers iront au prince à qui on dira
Qu’à Lamme et Till, la vie sauve il doit.
Cependant, il faut vendre les ânes sans hésitation.
Pour circuler incognito, il vous faut à chacun un métier.
Till fera, réparera et vendra des cages en osier.
Lamme fera et vendra des couques et des croustillons ».
Le smitte est un homme d’organisation.
Les nues frôlent la terre
Et glissent sous le vent de mer.
Le soleil est encore lointain.
À l’entrée de Lokeren, soudain,
L’alouette chante son refrain.
De la forge, le coq répond,
Une vieille voix lance son clairon.
C’est le smittte qui le jour forge
Des bêches, des pioches, des socs et roues à gorge
Et même, des grilles de belle fonte
Pour l’église et le château du comte.
Le smitte forge la nuit
Les armes pour nos amis.
« Vous deux, les amis, entrez sans façon
Et menez vos ânes derrière la maison. »
Le smitte emporte à la cave
La moisson de la nuit : épées et fers de lance.
Il dit : « Avez-vous des nouvelles du Taiseux ? »
Till dit : « Les mercenaires ont trahi. Reste les Gueux.
Gueux de mer et gueux de terre
Mèneront seuls cette guerre.
La liberté patientera, elle est bonne enfant.
Mais il faut des armes et de l’argent. »
Le smitte dit : « J’enverrai dès demain
Des armes et neuf mille florins.
Mais on recherche deux assassins de prédicants
Sur deux ânes califourchonnant. »
Till dit : « Lamme et moi, on a tué
Ces espions du duc, ces meurtriers payés
Pour assassiner le Prince de Liberté.
Voici, smitte, leur argent et leurs papiers. »
Le smitte dit : « C’est un plan de conspiration.
Ces papiers iront au prince à qui on dira
Qu’à Lamme et Till, la vie sauve il doit.
Cependant, il faut vendre les ânes sans hésitation.
Pour circuler incognito, il vous faut à chacun un métier.
Till fera, réparera et vendra des cages en osier.
Lamme fera et vendra des couques et des croustillons ».
Le smitte est un homme d’organisation.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/7/22 - 19:38
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Chanson française – La Ballade du Smitte – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 71
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXIX)
Comme tu peux l’imaginer, Lucien l’âne mon ami, Till et Lamme ne peuvent rester longtemps au même endroit, car tel est leur destin et telle est leur mission, qui est de porter les messages du Taiseux en mains propres à divers agents secrets et de contribuer ainsi à l’organisation de la résistance dans la partie des Pays sous contrôle des Espagnols. Ils sont donc toujours derrière les lignes ennemies et en grand péril d’être pris, torturés, emprisonnés, condamnés à mort et exécutés – peu importe la méthode pendaison, bûcher, décapitation, fusillade, que sais-je ?
En ce temps-là, je m’en souviens très bien, Marco Valdo M.I. mon ami, il n’y avait ni train, ni auto, ni avion et encore moins, de radio, de télégraphe ou de téléphone. Toute la transmission des informations se faisait nécessairement par voie humaine qui elle-même se faisait à pied, à cheval, à dos d’âne ou en bateau. On peut toujours penser aux pigeons, mais c’est une méthode très marginale, pas facile à mettre en œuvre.
Effectivement, Lucien l’âne mon ami, les choses s’organisaient ainsi. De plus, Till et Lamme ne font pas que porter des lettres, ils agissent et leur rôle est essentiel. Résumons-le : ils assurent la liaison dans le réseau des Gueux, ils transmettent les informations et les ordres, ils recueillent l’information, ils collectent les fonds, ils organisent le transfert des fonds et des armes, ils liquident les indicateurs, démasquent les espions et les assassins à la solde des Espagnols. Cependant, ils ne doivent pas être les seuls à faire ce travail, mais la Légende raconte leur histoire et en quelque sorte synthétise cette longue lutte de libération – on l’appelle d’ailleurs historiquement La Guerre de Quatre-Vingts Ans.
Tout ça est intéressant, dit Lucien l’âne, mais au fait, que raconte La Ballade du Smitte ? Et qui donc est ce Smitte ?
Commençons par expliquer le smitte, reprend Marco Valdo M.I. ; en fait, un « smitte » est un forgeron et il était de coutume d’appeler les gens par le nom de leur métier ou de leur titre, comme on disait frère ou chevalier et quand on parle du personnage – encore aujourd’hui – on fait précéder de l’article le nom de métier ou le titre, mais aussi le prénom ou le nom : le smitte, le docteur, l’assistant, le prof, le Roland, le Bill, le Dupont ou des deux – c’est le cas dans la Légende où le smitte de la chanson s’appelle le smitte Wasteele. Donc, le smitte, est un forgeron et ce smitte-là, un relais important du réseau des Gueux, qui va répondre par le cri du coq hardi au chant de l’alouette. Pour le reste, je ne dévoilerai pas plus ce que raconte la chanson.
Et c’est bien ainsi, dit Lucien l’âne, car il est temps de conclure. Reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade de la guerre, vantard, stupide et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane