Divisant son armée en deux corps,
Albe fait marcher le premier
Vers le Luxembourg qui est un duché,
L’autre vers Namur et son fameux fort.
Marchant au bord de Meuse,
Till scrute tous les bateaux,
Il repère vite la sirène joyeuse
Qui rit à la proue d’un cent tonneaux.
Alors chante l’alouette primesautière,
Alors répond le coq altier ;
Jef et Jean, baissant les oreilles, se mettent à braire ;
Till gesticule, s’agite et se met à brailler.
Sur le fleuve, un batelier gagne le bord,
Brait et se moque de Till, Lamme et des ânes.
Oh, dit une femme, c’est Pierre le Fort,
Il lève sur son dos le cavalier et l’âne.
Hi han ! Hi han ! Hi han !
Sur le pont monte et brait un enfant.
Hi han ! Hi han ! Hi han !
La femme s’effraie, Till rit à pleines dents.
Ce Pierre si fort, dit Till
N’est pas de taille à lutter
Contre Lamme mon ami fort civil.
Hi han ! Font l’enfant et le batelier.
Tu fais le fort, Pierre ?
Si tu l’oses, viens à terre !
Moi, je suis Till Ulenspiegel
Et lui, c’est Lamme, mon ami éternel.
Hi han ! Hi han !, répond le batelier.
Venez, venez avec moi, batailler.
Venez sur mon bateau jouer du pied et du poing,
Ces hommes et ces commères seront témoins.
Moi, je suis Pierre et je n’ai peur de rien.
Till fait monter Lamme sur le bateau
Et Pierre dit : « Grosse baleine, vaurien ! »
Lamme furieux se lance sur lui aussitôt.
Et Lamme frappe et frappe encore,
Et le batelier tombe comme mort.
Lamme le prend à la gorge et dit :
« Demande grâce ! » et le batelier le dit.
Albe fait marcher le premier
Vers le Luxembourg qui est un duché,
L’autre vers Namur et son fameux fort.
Marchant au bord de Meuse,
Till scrute tous les bateaux,
Il repère vite la sirène joyeuse
Qui rit à la proue d’un cent tonneaux.
Alors chante l’alouette primesautière,
Alors répond le coq altier ;
Jef et Jean, baissant les oreilles, se mettent à braire ;
Till gesticule, s’agite et se met à brailler.
Sur le fleuve, un batelier gagne le bord,
Brait et se moque de Till, Lamme et des ânes.
Oh, dit une femme, c’est Pierre le Fort,
Il lève sur son dos le cavalier et l’âne.
Hi han ! Hi han ! Hi han !
Sur le pont monte et brait un enfant.
Hi han ! Hi han ! Hi han !
La femme s’effraie, Till rit à pleines dents.
Ce Pierre si fort, dit Till
N’est pas de taille à lutter
Contre Lamme mon ami fort civil.
Hi han ! Font l’enfant et le batelier.
Tu fais le fort, Pierre ?
Si tu l’oses, viens à terre !
Moi, je suis Till Ulenspiegel
Et lui, c’est Lamme, mon ami éternel.
Hi han ! Hi han !, répond le batelier.
Venez, venez avec moi, batailler.
Venez sur mon bateau jouer du pied et du poing,
Ces hommes et ces commères seront témoins.
Moi, je suis Pierre et je n’ai peur de rien.
Till fait monter Lamme sur le bateau
Et Pierre dit : « Grosse baleine, vaurien ! »
Lamme furieux se lance sur lui aussitôt.
Et Lamme frappe et frappe encore,
Et le batelier tombe comme mort.
Lamme le prend à la gorge et dit :
« Demande grâce ! » et le batelier le dit.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/7/7 - 22:25
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Chanson française – Le Combat de Lamme – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 65
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVII)
« Le Combat de Lamme » ?, s’exclame Lucien l’âne. Tu ne vas quand même pas me dire que Lamme va se battre et qu’il va le faire devant un public comme un lutteur de foire ; tu ne vas quand même pas prétendre qu’il se bat à mains nues tel un sumo contre un adversaire de la taille d’un ours.
Eh bien, si !, réplique Marco Valdo M.I., c’est très exactement ce que raconte cette canzone. Lamme exerce l’art du sumo ou de la boxe française et mieux encore, il sort vainqueur de cette étonnante confrontation. Que la chose désarçonne un peu, je l’admets, mais il faudra bien s’y faire. C’est la stricte vérité, c’est la réalité, mais comme tu l’as anticipé, c’est une vérité, une réalité en trompe l’œil.
En trompe l’œil ?, demande Lucien l’âne. Comment ça, en trompe l’œil ? Il n’y a pas de combat ? Lamme n’est pas le vainqueur ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Et d’ailleurs, pourquoi se bat-il, ce patapouf de Lamme ? Et contre qui ? Je me le demande.
À tant de questions, Lucien l’âne mon ami, je ne peux répondre d’un coup. Je commencerai par le plus facile. Lamme va vraiment se battre en un faux combat contre un batelier gigantesque qui est connu sous le nom de Pierre le Fort, c’est tout te dire. Un personnage énorme et d’une force légendaire, capable de porter une charrette pleine sur ses épaules. Pourtant, notre bonhomme va l’attaquer tout soudainement et le jeter à terre, l’immobiliser et l’obliger à demander grâce devant une foule de badauds ébahie. Voilà le résumé de la chanson, le compte-rendu quasiment sténographique de cet impérissable exploit.
Moi, je veux bien, dit Lucien l’âne, mais ça ne me paraît pas vraisemblable. On dirait un match de catch truqué. Voilà ce que j’en pense.
Et tu penses bien, Lucien l’âne mon ami, car c’est parfaitement ça. Même Lamme lui-même n’y comprend goutte et n’est pas certain de ne pas être en train de rêver.
Donc, c’est bien un combat pour du rire, comme disent les enfants de chez nous. Mais pourquoi soudain, Lamme le pus pacifique des hommes se lance-t-il à l’assaut de cette montagne de muscles lui qui a tout d’un Bouddha graisseux ?
Ce mystère, Lucien l’âne mon ami, je m’en vais te le dévoiler illico, même si ce faisant, j’enlève beaucoup de charme à la chanson. Pour ne pas trop abîmer le secret, je te dirai de réfléchir au chant de l’alouette et à la réponse du coq.
« Alors chante l’alouette primesautière,
Alors répond le coq altier ; »
Ce sont, comme tu le sais, les signes de reconnaissance des partisans du Taiseux et il s’agit tout simplement à ces conjurés de se rencontrer sans susciter de suspicion. Ce pourquoi ils doivent se rencontrer est explicité dans une autre chanson que je dois encore écrire.
Et pourquoi, Marco Valdo M.I. mon ami, Lamme gagne-t-il de haute lutte cette bagarre de Titans ? Peux-tu me le dire ?
Bien sûr, Lucien l’âne mon mai, mais ce sera dit dans l’autre chanson.Il te suffira de faire attention.
Fort bien, conclut Lucien l’âne, je ferai attention à ça et en attendant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde musclé, lutteur, bagarreur, truqué, sportif et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane