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Le Troupeau nu

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Vêtu d’un mantelet en loques,
D’un pourpoint en guenilles,
D’un haut-de-chausses à la mode de Séville
Une plume flottant sur sa toque,

Son arquebuse à la main,
L’épée arrimée à la hanche,
Till s’en va bon train
Vers l’est, un dimanche.

Au-delà du talus, la neige empile
Les flocons sur la plaine toute pâle,
Un grand vent ronfle ;
En tourbillons geignent les rafales.

Trois loups prennent sa trace.
Till de sa bonne arquebuse tire
Et d’un coup abat le premier sur place.
Les autres s’arrêtent pour le secourir.

Soulagé, Till reprend son chemin.
Au bout de la plaine, il voit des points,
De grises statues dans le brouillard.
Derrière avancent deux hautes formes noires.

Le vent lui dit un long murmure,
Des pleurs, des plaintes lugubres.
Peut-être des pèlerins chantant,
Allant dans la neige en habits blancs ?

De plus près, il les voit
Vieux, jeunes hommes nus trébuchant
Et les deux cavaliers, noirs harnas
Sur leurs destriers trop grands.

Ces deux caballeros silencieux
Poussent lentement devant eux,
Comme des gardians, des taureaux,
À coups de fouet, ce pauvre troupeau.

L’arquebuse fait son œuvre encore
Et délivre les rebelles prisonniers,
Faute de payer rançon, d’avance, condamnés
À la torture, aux galères, à la mort.

Rendus à Mézières,
Les rescapés reçoivent soupe et bière,
Abri, habits aux frais de la commune
Et Till reprend sa route à la brune.



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