Μέσα στα κρεβάτια
τα παιδιά τα κουρεμένα
σίδερο έχουν στον αυχένα
την ψυχή στα μάτια
σύννεφο έχουν στον αυχένα
την ψυχή στα μάτια.
Βγαίνουν να παίξουν
στην αυλή την τσιμεντένια
τα ποδάρια τους δεμένα
και μπορούν να τρέξουν
τα ποδάρια τους δεμένα
και μπορούν να τρέξουν.
Το ψωμί στο χώμα
το νερό ξινό στο στόμα
το ποτάμι
το γεφύρι
όλα αλλάζουν χρώμα
το ποτάμι
το γεφύρι
όλα αλλάζουν χρώμα.
Οι γραμμές στο χέρι
οδηγούν στην παραλία
το `χουν γράψει τα βιβλία
το `παν οι αγγέλοι
το `χουν γράψει τα βιβλία
το `παν οι αγγέλοι.
Είδαν τα ματάκια
κι η αυγή σαν ξημερώσει
το μαχαίρι θα πυρώσει
θα κοπούν κεφάλια
το μαχαίρι θα πυρώσει
θα κοπούν κεφάλια.
τα παιδιά τα κουρεμένα
σίδερο έχουν στον αυχένα
την ψυχή στα μάτια
σύννεφο έχουν στον αυχένα
την ψυχή στα μάτια.
Βγαίνουν να παίξουν
στην αυλή την τσιμεντένια
τα ποδάρια τους δεμένα
και μπορούν να τρέξουν
τα ποδάρια τους δεμένα
και μπορούν να τρέξουν.
Το ψωμί στο χώμα
το νερό ξινό στο στόμα
το ποτάμι
το γεφύρι
όλα αλλάζουν χρώμα
το ποτάμι
το γεφύρι
όλα αλλάζουν χρώμα.
Οι γραμμές στο χέρι
οδηγούν στην παραλία
το `χουν γράψει τα βιβλία
το `παν οι αγγέλοι
το `χουν γράψει τα βιβλία
το `παν οι αγγέλοι.
Είδαν τα ματάκια
κι η αυγή σαν ξημερώσει
το μαχαίρι θα πυρώσει
θα κοπούν κεφάλια
το μαχαίρι θα πυρώσει
θα κοπούν κεφάλια.
envoyé par Riccardo Venturi - Ελληνικό Τμήμα των ΑΠΤ "Gian Piero Testa" - 25/5/2018 - 12:16
Langue: italien
Traduzione italiana di Riccardo Venturi
25 maggio 2018 12:18
25 maggio 2018 12:18
LERO
Nei letti
i ragazzi, rapati a zero
hanno catene alla nuca
e l'anima negli occhi
hanno una nuvola alla nuca
e l'anima negli occhi.
Escono a giocare
nel cortile di cemento
coi piedi legati
eppure possono correre
coi piedi legati
eppure possono correre.
Il pane per terra,
l'acqua aspra in bocca
il fiume
il ponte
tutto cambia colore
il fiume
il ponte
tutto cambia colore
Li portano a file,
per mano, alla spiaggia
lo hanno scritto i libri,
lo hanno detto gli angeli
lo hanno scritto i libri,
lo hanno detto gli angeli.
Lo hanno visto gli occhietti
e l'alba, quando fa giorno
il coltello a arroventarsi,
saranno tagliate teste,
il coltello a arroventarsi,
saranno tagliate teste.
Nei letti
i ragazzi, rapati a zero
hanno catene alla nuca
e l'anima negli occhi
hanno una nuvola alla nuca
e l'anima negli occhi.
Escono a giocare
nel cortile di cemento
coi piedi legati
eppure possono correre
coi piedi legati
eppure possono correre.
Il pane per terra,
l'acqua aspra in bocca
il fiume
il ponte
tutto cambia colore
il fiume
il ponte
tutto cambia colore
Li portano a file,
per mano, alla spiaggia
lo hanno scritto i libri,
lo hanno detto gli angeli
lo hanno scritto i libri,
lo hanno detto gli angeli.
Lo hanno visto gli occhietti
e l'alba, quando fa giorno
il coltello a arroventarsi,
saranno tagliate teste,
il coltello a arroventarsi,
saranno tagliate teste.
Langue: français
Version française – LÉROS – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – 2018
d’une chanson grecque – Λέρος – Martha Frintzila / Μάρθα Φριντζήλα – 1989 (?)
Paroles : Martha Frintzila
Musique : Vasilis Mantzoukis
Interprète : Martha Frintzila
1. Léros et son histoire. Léros, ses moulins à vent, son château médiéval
L’île de Léros, en grec Λέρος, dans le Dodécanèse et face à l’Asie Mineure, a une histoire aussi longue que sa distance de la Grèce continentale. Il est à cent nonante-six milles (317 kilomètres) du Pirée, et il faut huit heures et demie pour s’y rendre par bateau. Elle s’étend sur un peu plus de soixante-quatorze kilomètres carrés et compte environ huit mille habitants. Au large de la côte de Léros se trouve une autre petite île qui en fait partie, Farmakonisi, l’île aux herbes médicinales, qui compte dix habitants. À Léros, qui a toujours été un avant-poste, se trouve un imposant château médiéval des Chevaliers de Saint-Jean, probablement construit sur les ruines d’une forteresse byzantine. Il s’appelle Léros depuis l’antiquité, un nom d’origine inconnue et, selon toute vraisemblance, pré-grecque.
Une longue, très longue histoire, comme peut-être la plus longue de toutes les îles de la Méditerranée. Dans l’Antiquité, on disait que c’était l’île de Parthénos Iokallis, la « Belle Vierge des Violes », qui y était la déesse vénérée. Pendant la guerre du Péloponnèse, comme l’a souligné Thucydide, les baies et les ports de Léros étaient considérés comme très importants ; Léros était un allié d’Athènes lointaine, mais après la fin d’une des guerres qui reste sans conteste, encore considérée des milliers d’années plus tard, parmi les plus imbéciles de l’histoire, elle passa sous le contrôle spartiate. Il y avait aussi un temple d’Artémis, c’est pourquoi on l’appelle souvent « l’île d’Artémis ».
Au fil des siècles, et après les périodes hellénistique et romaine, elle fit partie de l’Empire byzantin. Au XIIIe siècle, elle fut occupée par les Génois, puis par les Vénitiens, jusqu’en 1309, date à laquelle elle fut conquise par les Chevaliers de Saint-Jean, ou Hospitaliers, qui la fortifièrent. Près de deux siècles plus tard, en 1505, l’amiral ottoman Kemal Reis (connu en Italie sous le nom de "Camali" ou "Camalicchio") tente de l’assiéger et de la conquérir avec trois galères et soixante-dix autres navires de guerre, mais en vain. La légende raconte que le seul chevalier de Saint-Jean qui survécut au siège, un jeune homme de seulement dix-huit ans, fit porter aux femmes et aux enfants l’armure et les armes des défenseurs morts, faisant ainsi croire aux Ottomans que la garnison était encore forte. Le 24 décembre 1522, après le siège de Rhodes, un traité fut signé entre le sultan Soliman et le Grand Maître des Chevaliers de Saint-Jean, Philippe Villiers de L’Isle-Adam, ancêtre de l’écrivain Auguste Villiers de l’Isle-Adam, prétendant légitime au trône de Grèce [qu’il disait, car Jean-Marie-Mathias-Philippe-Auguste de Villiers de L’Isle-Adam était un hâbleur ; d’ailleurs, ce fut un excellent conteur, susurre Lucien l’âne], auteur des « Contes cruels ». Avec ce traité, Léros et tous les autres biens des Chevaliers Hospitaliers de la Mer Egée passèrent à l’Empire Ottoman. Avec de brèves interruptions, Léros resta ottoman pendant quatre siècles. Sous la domination ottomane, Léros jouissait de prospérité et d’autonomie : c’était une île privilégiée pour les Turcs, qui n’opprimaient pas du tout la population grecque. Dans la pratique, les Ottomans ont donné aux Lérites une forme d’autonomie gouvernementale. Avec la Révolution grecque et la guerre d’indépendance de 1821, cependant, Léros fut occupée par les Grecs et devint une base importante pour l’approvisionnement de la marine hellénique, passant sous la juridiction de la commission temporaire des Sporades orientales. Avec le traité de Londres de 1830, cependant, l’île n’a pas été assignée à l’État hellénique nouveau-né, et est passée de nouveau à l’Empire ottoman. Aucune vengeance n’a été prise par les Turcs : comme auparavant, le conseil d’administration de Léros a été formé à parts égales par des Grecs et des Turcs.
Tout cela jusqu’en 1912, date à laquelle Léros, avec toutes les autres îles du Dodécanèse, sauf Kastellorizo ou Castelrosso, fut occupée par les Italiens après la guerre italo-turque, ou « Guerre de Libye ». Le 12 mai 1912, Léros fut pris par les marins du cuirassé « San Giorgio ». Les habitants grecs de l’île déclarèrent leur autonomie sous le nom d’« État égéen », en vue d’une future réunification avec la Grèce promise par les Italiens ; mais au début de la première guerre mondiale, tout restait lettre morte et l’Italie garda le contrôle du Dodécanèse. Cependant, de 1916 à 1918, Léros servit de base navale aux Britanniques ; selon l’accord Venizelos-Tittoni de 1919, l’île devait être rendue à la Grèce avec tous les Dodécanésiens sauf Rhodes ; mais, après la défaite grecque de 1922 dans la guerre gréco-turque, cet accord fut annulé et le Dodécanèse resta italien.
Le régime fasciste a tenté d’italianiser de force le Dodécanèse en rendant obligatoire l’usage de la langue italienne, en encourageant la population locale à acquérir la nationalité italienne et en réprimant les institutions grecques. Pendant les 31 années de domination italienne sur Léros, des fortifications ont été construites en raison de la position stratégique de l’île et de ses grands ports naturels (le plus grand d’entre eux, Lakki, en italien Portolago, est le plus grand port en eau profonde en Méditerranée). En pratique, Léros est entièrement militarisée : avec sa transformation en une grande base navale, l’Italie prend le contrôle d’une zone d’intérêt vital pour les Alliés (Égée, Dardanelles et Proche-Orient). Mussolini appelait Léros « le Corregidor de la Méditerranée ». La grande base navale de Portolago / Lakki a été achevée en 1930 : elle a également pris place dans l’histoire de l’art, comme l’un des meilleurs exemples de l’architecture rationaliste italienne. On dit que Mussolini avait aussi fait construire une maison à Lakki, on voit ainsi qu’il aimait l’île.
À partir de 1940, lorsque l’Italie fasciste « brisa les reins de la Grèce » – pour ainsi dire – avec « l’aide minuscule des alliés nazis », la base navale de Léros fut bombardée à plusieurs reprises par la Royal Air Force. Le résultat fut très peu enviable : c’est, après la Crète, l’île méditerranéenne qui subit le plus de bombardements pendant la seconde guerre mondiale. Le 8 septembre 1943, avec l’Armistice et l’effondrement total des forces armées italiennes, Léros passe aux Alliés, avec l’arrivée de renforts importants comme sur toutes les autres îles du Dodécanèse. C’était intolérable pour les Allemands, qui à leur tour commencèrent à déverser une pluie de bombardements sur Léros. Le navire amiral de la marine grecque, la reine Olga, fut coulé à Portolago par les Allemands le 26 septembre 1943, en même temps que l’Intrepid britannique ; entre le 12 et le 16 novembre 1943, avec l’opération Taifun, Léros fut conquis par les Allemands du Bataillon aéroporté du Brandenbourg, soutenus par les interventions massives de la Luftwaffe. Léros resta sous occupation allemande jusqu’à la fin de la guerre.
2. Après la guerre. L’asile, le camp, les immigrants.
Après la guerre, Léros a connu une histoire à la fois différente et identique. Après la défaite allemande et l’évacuation qui s’ensuivit, l’île passa sous administration britannique directe jusqu’au 7 mars 1948. Ce jour-là, les Britanniques, qui avaient résolument soutenu les forces anticommunistes grecques dans la guerre civile, ont remis Léros et toutes les autres îles du Dodécanèse à la Grèce, un retour de Léros après sept cents ans d’une île très éloignée, et bien défendue par la nature. L’usage qui en sera fait par l’État hellénique sera, d’une part, « historique », une base navale (utilisant la base italienne préexistante) et, d’autre part, une toute nouvelle : elle sera utilisée comme un hôpital psychiatrique. En 1959, le plus grand asile de Grèce fut établi à Léros, utilisant en partie d’anciennes installations militaires italiennes, et l’île devint ainsi l’« île des fous », détenus loin à l’écart et dans des conditions inimaginables (ou peut-être terriblement imaginables). Bientôt, des centaines de patients psychiatriques ont été internés à Léros, maintenus en isolement et constamment enchaînés ou en contention. Le 21 avril 1967, avec le coup d’État des colonels, arrive et la Junte (Χούντα) décide d’ajouter à l’asile un joli camp de concentration pour les opposants, profitant de l’ancienne caserne italienne ; et c’est ainsi que Léros devient aussi une île-lager pour des centaines d’antifascistes grecs. Parmi les prisonniers de Léros, il y eut le poète Yannis Ritsos. En 1974, le camp de Léros a été démantelé, mais pas l’asile.
En 1989, Léros revient à l’avant-plan de l’actualité internationale. Un scandale a éclaté, d’abord lié à la découverte de détournements de fonds alloués au centre psychiatrique, par les dirigeants nommés par l’État (l’asile de Léros est une institution de santé publique). Bientôt, cependant, le scandale s’est étendu aux mauvais traitements répétés infligés aux internés, qui ont été maintenus dans des conditions épouvantables pendant que les dirigeants volaient à tours de bras. Le scandale est énorme, entraînant à la fois une relative « amélioration » et une réduction de la taille de l’asile à un maximum de 200 personnes ; mais, en juin 2009, un reportage de la BBC montre que tous les changements prévus n’ont pas été effectués, et à ce moment, nous sommes déjà dans la crise grecque. Mais ce n’est pas tout.
En décembre 2015, le gouvernement grec alors au pouvoir, qui est déjà le gouvernement « de gauche » de Syriza et Alexis Tsipras, le ministre de la Politique migratoire Ioannis Mouzalas, en accord avec le maire de Léros, Michalis Kolias, décide de construire sur l’île un camp de réfugiés, un « hot spot » pour environ 1000 réfugiés fuyant la Syrie et autres pays. Où est construit ce camp de réfugiés ? Exactement dans les locaux de l’asile, déjà connu comme « Le coupable secret de l’Europe », selon les termes du journaliste britannique John Merritt (dans son article publié le 10 septembre 1989 dans le London Observer). Le camp de réfugiés est situé à Lepida, à côté de l’asile où environ 200 patients sont encore détenus dans de petits centres de réhabilitation. En 2015, donc, on recommence à parler de l’asile de Léros, apprenant que, depuis 1959, environ trois mille patients y sont morts dans des conditions très difficiles. Entre 1967 et 1974, environ quatre mille déportés politiques sont passés par les mêmes zones de l’asile. L’asile et le camp de réfugiés existent toujours.
3. La chanson.
La chanson est consacrée, sans conteste, aux événements de l’asile de Léros. Il n’y a pas de mention directe des prisonniers politiques de la junte des Colonels. Les vers sont de Martha Frintzila. Il est possible que la chanson ait été écrite vers 1989, lorsque le scandale des fonds et des conditions de l’asile de Léros a éclaté. La chanson les décrit évidemment, même avec le couplet final troublant. Cependant, il n’est pas exclu que ce qu’elle dit vous fasse aussi penser aux déportés politiques des années de la Junte, comme il est possible que l’écouter aujourd’hui puisse faire penser aux réfugiés enfermés à Léros. Malheureusement, je ne peux en dire plus.
Quant à Martha Frintzila, elle est née à Elefsina le 7 avril 1972. En plus d’être chanteuse, elle est actrice, scénographe et professeur d’art dramatique à l’École dramaturgique du Théâtre national d’Athènes.
Léros est une île sauvage, venteuse et magnifique. Elle a encore ses moulins à vent. Comme presque toutes les îles de la mer Égée, c’est actuellement une destination touristique de première classe, comme Lesbos, comme Lampedusa ( Le Radeau de Lampéduse). [RV]
d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – 2018
d’une chanson grecque – Λέρος – Martha Frintzila / Μάρθα Φριντζήλα – 1989 (?)
Paroles : Martha Frintzila
Musique : Vasilis Mantzoukis
Interprète : Martha Frintzila
1. Léros et son histoire. Léros, ses moulins à vent, son château médiéval
L’île de Léros, en grec Λέρος, dans le Dodécanèse et face à l’Asie Mineure, a une histoire aussi longue que sa distance de la Grèce continentale. Il est à cent nonante-six milles (317 kilomètres) du Pirée, et il faut huit heures et demie pour s’y rendre par bateau. Elle s’étend sur un peu plus de soixante-quatorze kilomètres carrés et compte environ huit mille habitants. Au large de la côte de Léros se trouve une autre petite île qui en fait partie, Farmakonisi, l’île aux herbes médicinales, qui compte dix habitants. À Léros, qui a toujours été un avant-poste, se trouve un imposant château médiéval des Chevaliers de Saint-Jean, probablement construit sur les ruines d’une forteresse byzantine. Il s’appelle Léros depuis l’antiquité, un nom d’origine inconnue et, selon toute vraisemblance, pré-grecque.
Une longue, très longue histoire, comme peut-être la plus longue de toutes les îles de la Méditerranée. Dans l’Antiquité, on disait que c’était l’île de Parthénos Iokallis, la « Belle Vierge des Violes », qui y était la déesse vénérée. Pendant la guerre du Péloponnèse, comme l’a souligné Thucydide, les baies et les ports de Léros étaient considérés comme très importants ; Léros était un allié d’Athènes lointaine, mais après la fin d’une des guerres qui reste sans conteste, encore considérée des milliers d’années plus tard, parmi les plus imbéciles de l’histoire, elle passa sous le contrôle spartiate. Il y avait aussi un temple d’Artémis, c’est pourquoi on l’appelle souvent « l’île d’Artémis ».
Au fil des siècles, et après les périodes hellénistique et romaine, elle fit partie de l’Empire byzantin. Au XIIIe siècle, elle fut occupée par les Génois, puis par les Vénitiens, jusqu’en 1309, date à laquelle elle fut conquise par les Chevaliers de Saint-Jean, ou Hospitaliers, qui la fortifièrent. Près de deux siècles plus tard, en 1505, l’amiral ottoman Kemal Reis (connu en Italie sous le nom de "Camali" ou "Camalicchio") tente de l’assiéger et de la conquérir avec trois galères et soixante-dix autres navires de guerre, mais en vain. La légende raconte que le seul chevalier de Saint-Jean qui survécut au siège, un jeune homme de seulement dix-huit ans, fit porter aux femmes et aux enfants l’armure et les armes des défenseurs morts, faisant ainsi croire aux Ottomans que la garnison était encore forte. Le 24 décembre 1522, après le siège de Rhodes, un traité fut signé entre le sultan Soliman et le Grand Maître des Chevaliers de Saint-Jean, Philippe Villiers de L’Isle-Adam, ancêtre de l’écrivain Auguste Villiers de l’Isle-Adam, prétendant légitime au trône de Grèce [qu’il disait, car Jean-Marie-Mathias-Philippe-Auguste de Villiers de L’Isle-Adam était un hâbleur ; d’ailleurs, ce fut un excellent conteur, susurre Lucien l’âne], auteur des « Contes cruels ». Avec ce traité, Léros et tous les autres biens des Chevaliers Hospitaliers de la Mer Egée passèrent à l’Empire Ottoman. Avec de brèves interruptions, Léros resta ottoman pendant quatre siècles. Sous la domination ottomane, Léros jouissait de prospérité et d’autonomie : c’était une île privilégiée pour les Turcs, qui n’opprimaient pas du tout la population grecque. Dans la pratique, les Ottomans ont donné aux Lérites une forme d’autonomie gouvernementale. Avec la Révolution grecque et la guerre d’indépendance de 1821, cependant, Léros fut occupée par les Grecs et devint une base importante pour l’approvisionnement de la marine hellénique, passant sous la juridiction de la commission temporaire des Sporades orientales. Avec le traité de Londres de 1830, cependant, l’île n’a pas été assignée à l’État hellénique nouveau-né, et est passée de nouveau à l’Empire ottoman. Aucune vengeance n’a été prise par les Turcs : comme auparavant, le conseil d’administration de Léros a été formé à parts égales par des Grecs et des Turcs.
Tout cela jusqu’en 1912, date à laquelle Léros, avec toutes les autres îles du Dodécanèse, sauf Kastellorizo ou Castelrosso, fut occupée par les Italiens après la guerre italo-turque, ou « Guerre de Libye ». Le 12 mai 1912, Léros fut pris par les marins du cuirassé « San Giorgio ». Les habitants grecs de l’île déclarèrent leur autonomie sous le nom d’« État égéen », en vue d’une future réunification avec la Grèce promise par les Italiens ; mais au début de la première guerre mondiale, tout restait lettre morte et l’Italie garda le contrôle du Dodécanèse. Cependant, de 1916 à 1918, Léros servit de base navale aux Britanniques ; selon l’accord Venizelos-Tittoni de 1919, l’île devait être rendue à la Grèce avec tous les Dodécanésiens sauf Rhodes ; mais, après la défaite grecque de 1922 dans la guerre gréco-turque, cet accord fut annulé et le Dodécanèse resta italien.
Le régime fasciste a tenté d’italianiser de force le Dodécanèse en rendant obligatoire l’usage de la langue italienne, en encourageant la population locale à acquérir la nationalité italienne et en réprimant les institutions grecques. Pendant les 31 années de domination italienne sur Léros, des fortifications ont été construites en raison de la position stratégique de l’île et de ses grands ports naturels (le plus grand d’entre eux, Lakki, en italien Portolago, est le plus grand port en eau profonde en Méditerranée). En pratique, Léros est entièrement militarisée : avec sa transformation en une grande base navale, l’Italie prend le contrôle d’une zone d’intérêt vital pour les Alliés (Égée, Dardanelles et Proche-Orient). Mussolini appelait Léros « le Corregidor de la Méditerranée ». La grande base navale de Portolago / Lakki a été achevée en 1930 : elle a également pris place dans l’histoire de l’art, comme l’un des meilleurs exemples de l’architecture rationaliste italienne. On dit que Mussolini avait aussi fait construire une maison à Lakki, on voit ainsi qu’il aimait l’île.
À partir de 1940, lorsque l’Italie fasciste « brisa les reins de la Grèce » – pour ainsi dire – avec « l’aide minuscule des alliés nazis », la base navale de Léros fut bombardée à plusieurs reprises par la Royal Air Force. Le résultat fut très peu enviable : c’est, après la Crète, l’île méditerranéenne qui subit le plus de bombardements pendant la seconde guerre mondiale. Le 8 septembre 1943, avec l’Armistice et l’effondrement total des forces armées italiennes, Léros passe aux Alliés, avec l’arrivée de renforts importants comme sur toutes les autres îles du Dodécanèse. C’était intolérable pour les Allemands, qui à leur tour commencèrent à déverser une pluie de bombardements sur Léros. Le navire amiral de la marine grecque, la reine Olga, fut coulé à Portolago par les Allemands le 26 septembre 1943, en même temps que l’Intrepid britannique ; entre le 12 et le 16 novembre 1943, avec l’opération Taifun, Léros fut conquis par les Allemands du Bataillon aéroporté du Brandenbourg, soutenus par les interventions massives de la Luftwaffe. Léros resta sous occupation allemande jusqu’à la fin de la guerre.
2. Après la guerre. L’asile, le camp, les immigrants.
Après la guerre, Léros a connu une histoire à la fois différente et identique. Après la défaite allemande et l’évacuation qui s’ensuivit, l’île passa sous administration britannique directe jusqu’au 7 mars 1948. Ce jour-là, les Britanniques, qui avaient résolument soutenu les forces anticommunistes grecques dans la guerre civile, ont remis Léros et toutes les autres îles du Dodécanèse à la Grèce, un retour de Léros après sept cents ans d’une île très éloignée, et bien défendue par la nature. L’usage qui en sera fait par l’État hellénique sera, d’une part, « historique », une base navale (utilisant la base italienne préexistante) et, d’autre part, une toute nouvelle : elle sera utilisée comme un hôpital psychiatrique. En 1959, le plus grand asile de Grèce fut établi à Léros, utilisant en partie d’anciennes installations militaires italiennes, et l’île devint ainsi l’« île des fous », détenus loin à l’écart et dans des conditions inimaginables (ou peut-être terriblement imaginables). Bientôt, des centaines de patients psychiatriques ont été internés à Léros, maintenus en isolement et constamment enchaînés ou en contention. Le 21 avril 1967, avec le coup d’État des colonels, arrive et la Junte (Χούντα) décide d’ajouter à l’asile un joli camp de concentration pour les opposants, profitant de l’ancienne caserne italienne ; et c’est ainsi que Léros devient aussi une île-lager pour des centaines d’antifascistes grecs. Parmi les prisonniers de Léros, il y eut le poète Yannis Ritsos. En 1974, le camp de Léros a été démantelé, mais pas l’asile.
En 1989, Léros revient à l’avant-plan de l’actualité internationale. Un scandale a éclaté, d’abord lié à la découverte de détournements de fonds alloués au centre psychiatrique, par les dirigeants nommés par l’État (l’asile de Léros est une institution de santé publique). Bientôt, cependant, le scandale s’est étendu aux mauvais traitements répétés infligés aux internés, qui ont été maintenus dans des conditions épouvantables pendant que les dirigeants volaient à tours de bras. Le scandale est énorme, entraînant à la fois une relative « amélioration » et une réduction de la taille de l’asile à un maximum de 200 personnes ; mais, en juin 2009, un reportage de la BBC montre que tous les changements prévus n’ont pas été effectués, et à ce moment, nous sommes déjà dans la crise grecque. Mais ce n’est pas tout.
En décembre 2015, le gouvernement grec alors au pouvoir, qui est déjà le gouvernement « de gauche » de Syriza et Alexis Tsipras, le ministre de la Politique migratoire Ioannis Mouzalas, en accord avec le maire de Léros, Michalis Kolias, décide de construire sur l’île un camp de réfugiés, un « hot spot » pour environ 1000 réfugiés fuyant la Syrie et autres pays. Où est construit ce camp de réfugiés ? Exactement dans les locaux de l’asile, déjà connu comme « Le coupable secret de l’Europe », selon les termes du journaliste britannique John Merritt (dans son article publié le 10 septembre 1989 dans le London Observer). Le camp de réfugiés est situé à Lepida, à côté de l’asile où environ 200 patients sont encore détenus dans de petits centres de réhabilitation. En 2015, donc, on recommence à parler de l’asile de Léros, apprenant que, depuis 1959, environ trois mille patients y sont morts dans des conditions très difficiles. Entre 1967 et 1974, environ quatre mille déportés politiques sont passés par les mêmes zones de l’asile. L’asile et le camp de réfugiés existent toujours.
3. La chanson.
La chanson est consacrée, sans conteste, aux événements de l’asile de Léros. Il n’y a pas de mention directe des prisonniers politiques de la junte des Colonels. Les vers sont de Martha Frintzila. Il est possible que la chanson ait été écrite vers 1989, lorsque le scandale des fonds et des conditions de l’asile de Léros a éclaté. La chanson les décrit évidemment, même avec le couplet final troublant. Cependant, il n’est pas exclu que ce qu’elle dit vous fasse aussi penser aux déportés politiques des années de la Junte, comme il est possible que l’écouter aujourd’hui puisse faire penser aux réfugiés enfermés à Léros. Malheureusement, je ne peux en dire plus.
Quant à Martha Frintzila, elle est née à Elefsina le 7 avril 1972. En plus d’être chanteuse, elle est actrice, scénographe et professeur d’art dramatique à l’École dramaturgique du Théâtre national d’Athènes.
Léros est une île sauvage, venteuse et magnifique. Elle a encore ses moulins à vent. Comme presque toutes les îles de la mer Égée, c’est actuellement une destination touristique de première classe, comme Lesbos, comme Lampedusa ( Le Radeau de Lampéduse). [RV]
LÉROS
Dans les lits,
Les gars, anéantis,
Ont des chaînes à la nuque
Et l’âme dans les yeux ;
Ils ont un nuage à la nuque
Et l’âme dans les yeux.
Ils sortent pour jouer
dans la cour en béton,
Avec les pieds liés ;
Et pourtant ils arrivent à courir
Avec les pieds liés
Et pourtant ils arrivent à courir.
Du pain par terre,
L’eau âpre en bouche,
Le fleuve,
Le pont,
Tout change de couleur ;
Le fleuve,
Le pont,
Tout change de couleur.
On les conduit en rang,
Par la main, à la plage.
Les livres l’ont écrit,
Les anges l’ont dit.
Les livres l’ont écrit,
Les anges l’ont dit.
Les petits yeux l’ont vu
Et l’aube, quand il fait jour,
Le couteau porté au rouge,
Les têtes seront coupées,
Le couteau porté au rouge,
Les têtes seront coupées.
Dans les lits,
Les gars, anéantis,
Ont des chaînes à la nuque
Et l’âme dans les yeux ;
Ils ont un nuage à la nuque
Et l’âme dans les yeux.
Ils sortent pour jouer
dans la cour en béton,
Avec les pieds liés ;
Et pourtant ils arrivent à courir
Avec les pieds liés
Et pourtant ils arrivent à courir.
Du pain par terre,
L’eau âpre en bouche,
Le fleuve,
Le pont,
Tout change de couleur ;
Le fleuve,
Le pont,
Tout change de couleur.
On les conduit en rang,
Par la main, à la plage.
Les livres l’ont écrit,
Les anges l’ont dit.
Les livres l’ont écrit,
Les anges l’ont dit.
Les petits yeux l’ont vu
Et l’aube, quand il fait jour,
Le couteau porté au rouge,
Les têtes seront coupées,
Le couteau porté au rouge,
Les têtes seront coupées.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/12/2019 - 18:32
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Στίχοι: Μάρθα Φριντζήλα
Μουσική: Βασίλης Μαντζούκης
Ερμηνεία: Μάρθα Φριντζήλα
Testo / Lyrics: Martha Frintzila
Musica / Music: Vasilis Mantzoukis
Interprete / Performed by: Martha Frintzila
1. Leros e la sua storia.
L'isola di Lero, in greco Λέρος, nel Dodecaneso e di fronte all'Asia Minore, ha una storia lunga quanto la sua distanza dalla Grecia continentale. Sta a centonovantasette miglia (317 chilometri) dal Pireo, e per andarci in nave ci vogliono otto ore e mezzo. E' grande poco più di settantaquattro km2, e ci vivono circa ottomila persone. Al largo di Leros c'è un'altra isoletta alla cui comunità appartiene, Farmakonisi, l' “Isola delle Erbe Medicinali”, che ha dieci abitanti. A Lero, sempre stata un avamposto, esiste un imponente castello medievale dei Cavalieri di San Giovanni, probabilmente costruito sui resti di una fortezza bizantina. Si chiama Leros fin dall'antichità più remota, un nome di origine sconosciuta e, con tutta probabilità, pregreco.
Una storia lunga, lunghissima, come forse quella di ogni isola del Mediterraneo. Nei tempi antichi, si dice fosse l'isola della Parthenos Iokallis, la “Bella Vergine delle Viole” che era la dèa che vi era venerata. Durante la Guerra del Peloponneso, come fu fatto notare da Tucidide, le baie e i porti di Leros erano ritenuti importantissimi; Leros era alleata della lontanissima Atene, ma dopo il termine di una delle guerre che, a distanza di millenni, resta incontestabilmente tra le più imbecilli della storia, passò sotto il controllo spartano. Vi era presente anche un tempio di Artemide; per questo motivo, la si chiama spesso "L'Isola di Artemide".
Coll'avanzare dei secoli, e dopo l'epoca ellenistica e romana, fu parte dell'Impero Bizantino. Nel XIII secolo fu occupata dai genovesi, e in seguito dai veneziani, finché, nel 1309, non fu conquistata dai Cavalieri di San Giovanni, o Cavalieri Ospitalieri, che la fortificarono. Quasi due secoli dopo, nel 1505, l'ammiraglio ottomano Kemal Reis (noto in Italia come “Camali” o “Camalicchio”), tentò di assediarla e conquistarla con tre galee ed altre settanta navi da guerra, ma non ci riuscì. Ci riprovò nel 1508, di nuovo invano; la leggenda vuole che l'unico Cavaliere di San Giovanni sopravvissuto all'assedio, un giovane di soli diciott'anni, fece indossare le armature e le armi dei difensori morti alle donne e ai bambini, facendo così credere agli ottomani che la guarnigione era ancora forte. Il 24 dicembre 1522, dopo l'assedio di Rodi, fu siglato un trattato tra il sultano Solimano e il Gran Maestro dei Cavalieri di San Giovanni, Philippe Villiers de L'Isle-Adam, antenato dello scrittore Auguste Villiers de l'Isle-Adam, pretendente legittimo al trono di Grecia, autore dei “Racconti Crudeli”, vissuto e morto in povertà dopo una vita scapigliata. Con tale accordo, Leros e tutti gli altri possessi dei Cavalieri Ospedalieri nell'Egeo passarono all'Impero Ottomano. Con brevi interruzioni, Leros restò ottomana per quattro secoli.
Durante il dominio ottomano, Leros godette di benessere e di autonomia: era un'isola privilegiata dai turchi, che non oppressero affatto la popolazione greca. In pratica, gli ottomani concessero ai lerioti una forma di autogoverno. Con la rivoluzione e la guerra d'indipendenza greca del 1821, Leros fu però occupata dai greci e divenne un'importante base per il rifornimento della Marina Ellenica, passando sotto la giurisdizione del Comitato Temporaneo delle Sporadi Orientali. Col trattato di Londra del 1830, però, l'isola non fu assegnata al neonato stato Ellenico, e passò di nuovo all'Impero Ottomano. Nessuna vendetta fu eseguita dai turchi: come prima, il consiglio amministrativo di Leros era formato in parti uguali da greci e da turchi.
Tutto questo fino al 1912, quando Leros, assieme a tutte le altre isole del Dodecaneso (o “Dodecanneso”, come spesso lo si chiamava in Italia), tranne Kastellorizo o Castelrosso, fu occupata dagli italiani dopo la guerra italo-turca, o “Guerra di Libia”. Il 12 maggio 1912, Leros fu presa dai marinai della corazzata “San Giorgio”. Gli abitanti greci dell'isola ne dichiararono l'autonomia con la denominazione di “Stato Egeo”, al fine di una futura riunificazione con la Grecia promessa dagli italiani; ma allo scoppio della I guerra mondiale, tutto restò lettera morta, e l'Italia mantenne il controllo del Dodecaneso. Peraltro, dal 1916 al 1918, Leros fu usata come base navale dai Britannici; in base all'accordo Venizelos-Tittoni del 1919, l'isola doveva essere restituita alla Grecia assieme a tutto il Dodecaneso tranne Rodi; ma, dopo la disfatta greca del 1922 nella guerra greco-turca, l'accordo fu cancellato e il Dodecaneso rimase italiano.
Il regime fascista cercò di italianizzare forzatamente il Dodecaneso, rendendo obbligatorio l'uso della lingua italiana, incentivando i locali ad assumere la nazionalità italiana e reprimendo le istituzioni greche. Nei 31 anni di dominio italiano su Leros, furono costruite fortificazioni dovute alla posizione strategica dell'isola e ai suoi ampi porti naturali (il più grande di loro, Lakki, in italiano detta Portolago, è il più grande porto d'acqua profonda nel Mediterraneo). In pratica, Leros fu interamente militarizzata: con la sua trasformazione in grande base navale, l'Italia prendeva il controllo di un'area di vitale interesse per gli Alleati (l'Egeo, i Dardanelli e il vicino Oriente). Mussolini ebbe a chiamare Leros “la Corregidor del Mediterraneo”. La grande base navale di Portolago / Lakki fu terminata nel 1930: è andata a finire pure nella storia dell'arte, come tra i migliori esempi dell'architettura razionalista italiana. Si dice che Mussolini si fece costruire anche un'abitazione a Lakki, si vede che l'isola gli piaceva.
A partire dal 1940, quando l'Italia fascista “spezzò le reni alla Grecia” -si fa per dire- con il piccolissimo aiutino degli alleati nazisti, la base navale di Leros fu bombardata a ripetizione dalla Royal Air Force. Il risultato fu assai poco invidiabile: fu, dopo Creta, l'isola del Mediterraneo ad aver subito più bombardamenti durante la II guerra mondiale. L'8 settembre 1943, con l'Armistizio e lo sfaldamento totale delle forze armate italiane, Leros passò agli Alleati, con l'arrivo di grossi rinforzi come su tutte le altre isole del Dodecaneso. Una cosa intollerabile da parte dei tedeschi, che cominciarono a loro volta a riversare su Leros una pioggia di bombardamenti. L'ammiraglia della Marina Greca, la Regina Olga, fu affondata a Portolago dai tedeschi il 26 settembre 1943, assieme alla Intrepid britannica; tra il 12 e il 16 novembre 1943, con l'Operazione Taifun, Leros fu conquistata dai tedeschi del Battaglione Aerotrasportato Brandenburg, supportati dai massicci interventi della Luftwaffe con gli Stuka-Wing 3. Leros rimase sotto occupazione tedesca fino al termine della guerra.
2. Nel dopoguerra. Il manicomio, il lager, gli immigrati.
Nel dopoguerra inizia per Leros una storia al tempo stesso diversa ed uguale. Dopo la sconfitta tedesca, e con la conseguente evacuazione, l'isola passa sotto diretta amministrazione britannica fino al 7 marzo 1948. Quel giorno, i britannici che sostengono decisivamente le forze anticomuniste greche nella guerra civile, riconsegnano Leros e tutte le altre isole del Dodecaneso alla Grecia, che ne ritorna quindi in possesso dopo settecento anni. Un'isola lontanissima, e ben difesa dalla natura: l'uso che ne sarà fatto dallo stato ellenico sarà, da un lato, quello “storico”, una base navale (utilizzando la preesistente base italiana) e, dall'altro, uno nuovo di zecca: sarà usata come manicomio. Nel 1959, a Leros viene impiantato, sfruttando in parte vecchie installazioni militari italiane, il più grande manicomio di tutta la Grecia, e l'isola diviene così l' “isola dei pazzi”, tenuti ben lontani e in condizioni inimmaginabili (o, forse, immaginabilissime). Ben presto, centinaia di malati psichiatrici vengono internati a Leros, tenuti sotto isolamento e costantemente incatenati o comunque in contenzione. Arriva il 21 aprile 1967, con il colpo di stato dei Colonnelli, e la Χούντα decide di affiancare al manicomio anche un bel campo di concentramento per gli oppositori, sfruttando anche gli antichi baraccamenti italiani; ed è così che Leros diventa anche un'isola-lager per centinaia di antifascisti greci. Tra i rinchiusi a Leros, c'è il poeta Giannis Ritsos, che vi scriverà parte della raccolta che, in italiano, si chiama Pietre. Ripetizioni. Sbarre. Nel 1974 il lager di Leros viene smantellato, ma non il manicomio.
Si arriva al 1989, quando Leros torna alla ribalta delle cronache internazionali. Scoppia uno scandalo, legato dapprima alla scoperta di appropriazioni indebite dei fondi stanziati per il centro psichiatrico, da parte dei suoi dirigenti nominati dallo stato (il manicomio di Leros è un'istituzione sanitaria statale). Ben presto, però, lo scandalo si allarga ai maltrattamenti a ripetizione dei suoi internati, che vi sono tenuti in condizioni spaventose mentre i dirigenti rubano a man bassa. Lo scandalo è enorme, e porta sia ad un “miglioramento” relativo, sia alla riduzione delle dimensioni del manicomio, che vengono portate ad un massimo di 200 persone; ma, nel giugno 2009, un reportage della BBC mette in luce che non tutte le modifiche previste sono state realizzate, e siamo già durante la crisi greca. Non è, però, finita qui.
Nel dicembre 2015, il governo greco allora in carica, che è gia quello “di sinistra” di Syriza e di Alexis Tsipras, per mano del Ministro per le Politiche Migratorie Ioannis Mouzalas e in accordo con il sindaco di Leros, Michalis Kolias, decidono di costruire sull'isola un Campo Profughi, un hotspot per circa 1000 rifugiati in fuga dalla Siria ed altri paesi. Dove viene costruito tale campo profughi? Esattamente nelle strutture del manicomio, già conosciuto come “Il colpevole segreto d'Europa” secondo la definizione del giornalista britannico John Merritt (in suo articolo pubblicato il 10 settembre 1989 sul London Observer. Il campo profughi si trova a Lepida, contiguo al manicomio dove sono tenuti ancora circa 200 pazienti in piccole strutture riabilitative. Nel 2015, quindi, si torna a parlare anche del manicomio di Leros, venendo a sapere che, dal 1959, vi sono morti circa tremila pazienti in condizioni durissime. Negli stessi spazi del manicomio, tra il 1967 e il 1974 erano passati circa quattromila deportati politici. Sia il manicomio, sia il campo profughi esistono ancora.
3. La canzone.
La canzone di questa pagina è dedicata, incontestabilmente, alle vicende del manicomio di Leros. Non vi si fa menzione diretta dei prigionieri politici della giunta dei Colonnelli. I versi sono di Martha Frintzila, già presente nel sito per essere stata l'interprete di Α ρε Σύντροφε, una versione ridotta di una poesia di Katerina Gogou; la musica è del marito di Martha Frintzila, Vasilis Mantzoukis. Su YouTube non ne esiste che una registrazione in video, di qualità purtroppo scadente. Terminano qui le notizie certe su questa canzone, che non conoscevo e che ho reperito in modo del tutto casuale; né su stixoi.info (da dove ho ripreso il testo, correggendo un errore ortografico che vi è presente), né sul video YouTube, sono contenute indicazioni discografiche ed altre informazioni. Quelle che seguono sono quindi pure ipotesi, tutte da verificare. E' possibile che la canzone sia stata scritta attorno al 1989, quando scoppiò lo scandalo dei fondi e delle condizioni del manicomio di Leros. La canzone le descrive evidentemente, anche con l'inquietante strofa conclusiva. Non è però escluso che quanto vi si dice possa far pensare anche ai deportati politici degli anni della Giunta, come è possibile che il suo ascolto al giorno d'oggi possa far pensare ai rifugiati rinchiusi a Leros. Non sono, purtroppo, in grado di dire altro. Il testo si trova anche in (pochi) altri forum e portali di canzoni e video, senza alcuna ulteriore indicazione.
Martha Frintzila è nata a Elefsina il 7 aprile 1972. Oltre che cantante, è attrice e scenografa teatrale nonché docente di arte drammatica presso la Scuola Drammaturgica del Teatro Nazionale di Atene. Ha collaborato con artisti del calibro di Maria Farandouri, Haris Alexiou, Nikos Xydakis, Thanasis Papakonstandinou, Fevos Delivoriàs e Mihalis Grigoriou.
Leros è un'isola aspra, ventosa e bellissima. Ha ancora i suoi mulini a vento. Al pari di quasi tutte le isole dell'Egeo, è attualmente una meta turistica di prim'ordine, come Lesbo, come Lampedusa. [RV]