Ils me band'ront les yeux
Avec un mouchoir bleu
Ils me feront mourir
Sans me faire souffrir
Ils m'avaient tué un camarade
Je leur ai tué un camarade.
Ils m'ont battue et enfermée.
Ont mis des fers à mes poignets
- Sept pas de long
A ma cellule
Et en largeur
Quatre petits -
Elle est murée- plus de lumière-
La fenêtre de mon cachot.
Et, la porte, elle est verrouillée.
J'ai les menottes dans le dos
- Tu te souviens ?
Soirs sur la Seine…
Et les reflets…
Le ciel et l'eau…
Ils sont dehors, mes frères de guerre
Dans le soleil et dans le vent.
Et si je pleure - je pleure souvent -
C'est qu'ici je ne puis rien faire.
- Sept pas de long
Et puis un mur
Si durs, les murs
Et la serrure.
Ils ont bien pu tordre mes mains
Je n'ai jamais livré vos noms.
On doit me fusiller. Demain.
As-tu très peur, dis ? Oui ou non ?
Le temps à pris
Le mors aux dents
Courez, courez
Après le temps !
Ceux-là, demain, qui me tueront,
Ne les tuez pas à leur tour.
Ce soir, mon cœur n'est plus qu'amour.
Ce sera comme la chanson :
Les yeux bandés
Le mouchoir bleu
Le poing levé
Le grand adieu
Avec un mouchoir bleu
Ils me feront mourir
Sans me faire souffrir
Ils m'avaient tué un camarade
Je leur ai tué un camarade.
Ils m'ont battue et enfermée.
Ont mis des fers à mes poignets
- Sept pas de long
A ma cellule
Et en largeur
Quatre petits -
Elle est murée- plus de lumière-
La fenêtre de mon cachot.
Et, la porte, elle est verrouillée.
J'ai les menottes dans le dos
- Tu te souviens ?
Soirs sur la Seine…
Et les reflets…
Le ciel et l'eau…
Ils sont dehors, mes frères de guerre
Dans le soleil et dans le vent.
Et si je pleure - je pleure souvent -
C'est qu'ici je ne puis rien faire.
- Sept pas de long
Et puis un mur
Si durs, les murs
Et la serrure.
Ils ont bien pu tordre mes mains
Je n'ai jamais livré vos noms.
On doit me fusiller. Demain.
As-tu très peur, dis ? Oui ou non ?
Le temps à pris
Le mors aux dents
Courez, courez
Après le temps !
Ceux-là, demain, qui me tueront,
Ne les tuez pas à leur tour.
Ce soir, mon cœur n'est plus qu'amour.
Ce sera comme la chanson :
Les yeux bandés
Le mouchoir bleu
Le poing levé
Le grand adieu
envoyé par Bernart Bartleby - 17/1/2018 - 15:04
Langue: anglais
Versione inglese / English Version
A SONG
“They blindfolded me
with a blue handkerchief
They will murder me
but offer relief.”
They killed one of my comrades.
I killed one of their comrades.
They have beaten and locked me up,
have put my wrists in chains.
--My cell is seven
steps long
and four
short steps wide --
The window of my cell
is walled up -- more light!
And the door is bolted.
I have handcuffs against my back.
-- Do you remember
evenings on the Seine…
and the reflection…
the sky and the water…
My brothers in war are outside
in the sun and in the wind.
And if I weep -- I weep often --
it’s because here I can do nothing!
-- Seven steps long
and then the wall:
the walls, so hard…
and the lock!
They may well have mangled my hands,
I never gave up your names.
I must be shot -- tomorrow --
Say, are you very afraid? Yes or no?
-- Seize the moment
the bit in the teeth!
Hurry, hurry
along this moment!
Those who kill me tomorrow --
do not kill them in return.
This evening my heart feels only love.
It will be like the song:
“The eyes blindfolded
The handkerchief blue
The fist raised
The great adieu!”
(Fresnes prison
August, 1944)
“They blindfolded me
with a blue handkerchief
They will murder me
but offer relief.”
They killed one of my comrades.
I killed one of their comrades.
They have beaten and locked me up,
have put my wrists in chains.
--My cell is seven
steps long
and four
short steps wide --
The window of my cell
is walled up -- more light!
And the door is bolted.
I have handcuffs against my back.
-- Do you remember
evenings on the Seine…
and the reflection…
the sky and the water…
My brothers in war are outside
in the sun and in the wind.
And if I weep -- I weep often --
it’s because here I can do nothing!
-- Seven steps long
and then the wall:
the walls, so hard…
and the lock!
They may well have mangled my hands,
I never gave up your names.
I must be shot -- tomorrow --
Say, are you very afraid? Yes or no?
-- Seize the moment
the bit in the teeth!
Hurry, hurry
along this moment!
Those who kill me tomorrow --
do not kill them in return.
This evening my heart feels only love.
It will be like the song:
“The eyes blindfolded
The handkerchief blue
The fist raised
The great adieu!”
(Fresnes prison
August, 1944)
envoyé par Stephanie Cox - 3/7/2019 - 04:31
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Versi di Madeleine Riffaud, che a 19 anni entrò nella Resistenza. Poi giornalista e corrispondente di guerra per L'Humanité da Algeria e Vietnam.
Nella raccolta “Cheval rouge: anthologie poétique, 1939-1972”, pubblicata nel 1973
Testo trovato qui
Giovanissima resistente, nell’agosto del 1944 Madeleine Riffaud uccise un ufficiale nazista sulla passerelle Solférino (oggi passerelle Léopold-Sédar-Senghor) a Parigi, sulla Senna. Fu poi arrestata, torturata, condannata a morte, ma riuscì a scappare durante un trasferimento e partecipò alla Liberazione di Parigi.
Dopo la guerra divenne corrispondente dall'Algeria – dove scampò miracolosamente ad un attentato dell'OAS – e poi in Indocina, dove scriveva i suoi rapporti dal fronte della resistenza vietcong.