Au village, Marco est un arbre
Dans sa forêt ;
Marco est l’histoire
D’un homme vrai.
Comme tant de ses frères,
De son finistère,
Il a quitté le village
Pour d’autres paysages.
Mais à la ville,
Qui est-il ?
Parmi tous ces gens de la terre,
Chassés par la misère.
Homme petit, tête ronde,
Venu d’un bout du monde,
Avec sa peau de paysan,
Ses yeux noirs et ses gestes lents.
Il marche à pas pesants
Du pas de l’âne prudent.
Il parle avec réticence
Et garde pour lui sa confiance.
À la ville, Marco n’est personne
Autour de lui, les autos klaxonnent
Souvent, les policiers le contrôlent.
En ville, la vie de pauvre n’est pas drôle.
« Eh, vous, là ! Vos papiers ! »
« Vous travaillez ? »
« Vous avez de quoi subsister ?
De l’argent sur vous. Oui, oui, j’en ai »
« Alors, ça peut s’arranger.
Nous on peut vous aider.
On connaît un bon travail, facile,
Bien payé et tranquille. »
Marco quand même intéressé,
Pensez donc, un travail assuré.
Dit « et pourquoi pas ?
Mais au fait, c’est quoi ? »
« Un poste de tout premier choix :
Concierge et jardinier
Au couvent des sœurs de la Sainte Croix ;
C’est la sécurité. »
C’est assez loin. Alors, on y va.
En chemin, ils m’offrent un café,
Plus tard, un petit repas.
On arrive enfin. On va sonner.
C’est un lieu assez écarté.
Et le soir tombe déjà.
Mais avant, il faut nous donner
La valise et l’argent que tu as là.
Le ton monte et descend ;
On crie, on menace.
C’est le face-à-face.
Donne-nous ton argent !
Oh, l’argent, je n’en ai pas ;
Je comptais sur ce boulot
Que je n’aurai pas.
Bande d’escrocs !
Marco laisse la valise et s’enfuit.
Il court, il court.
Où est le village, où sont les brebis ?
Ce soir, le ciel est bien lourd.
Dans sa forêt ;
Marco est l’histoire
D’un homme vrai.
Comme tant de ses frères,
De son finistère,
Il a quitté le village
Pour d’autres paysages.
Mais à la ville,
Qui est-il ?
Parmi tous ces gens de la terre,
Chassés par la misère.
Homme petit, tête ronde,
Venu d’un bout du monde,
Avec sa peau de paysan,
Ses yeux noirs et ses gestes lents.
Il marche à pas pesants
Du pas de l’âne prudent.
Il parle avec réticence
Et garde pour lui sa confiance.
À la ville, Marco n’est personne
Autour de lui, les autos klaxonnent
Souvent, les policiers le contrôlent.
En ville, la vie de pauvre n’est pas drôle.
« Eh, vous, là ! Vos papiers ! »
« Vous travaillez ? »
« Vous avez de quoi subsister ?
De l’argent sur vous. Oui, oui, j’en ai »
« Alors, ça peut s’arranger.
Nous on peut vous aider.
On connaît un bon travail, facile,
Bien payé et tranquille. »
Marco quand même intéressé,
Pensez donc, un travail assuré.
Dit « et pourquoi pas ?
Mais au fait, c’est quoi ? »
« Un poste de tout premier choix :
Concierge et jardinier
Au couvent des sœurs de la Sainte Croix ;
C’est la sécurité. »
C’est assez loin. Alors, on y va.
En chemin, ils m’offrent un café,
Plus tard, un petit repas.
On arrive enfin. On va sonner.
C’est un lieu assez écarté.
Et le soir tombe déjà.
Mais avant, il faut nous donner
La valise et l’argent que tu as là.
Le ton monte et descend ;
On crie, on menace.
C’est le face-à-face.
Donne-nous ton argent !
Oh, l’argent, je n’en ai pas ;
Je comptais sur ce boulot
Que je n’aurai pas.
Bande d’escrocs !
Marco laisse la valise et s’enfuit.
Il court, il court.
Où est le village, où sont les brebis ?
Ce soir, le ciel est bien lourd.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2018/1/10 - 18:27
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Canzone léviane – Marco et les Escrocs – Marco Valdo M.I. – 2018
Ainsi, aujourd’hui, Lucien l’âne mon ami, je recommence à écrire de nouvelles chansons lévianes. Il y en aura sans doute plusieurs, mais je ne sais vraiment pas te dire combien. Celle-ci est tirée d’un récit de Carlo Levi intitulé « Briganti e contadini » (1958), ce qu’on peut traduire en français par « Brigands et paysans ». Le personnage principal dénommé ici Marco est un lointain cousin de ce Marcovaldo auquel Italo Calvino avait consacré tout un roman. C’est d’ailleurs en référence à Marcovaldo qu’il porte ici ce prénom. Quant aux escrocs, ils n’ont pas de nom ; ce sont des escrocs ; deux escrocs déguisés en policiers. Ou l’inverse. Cependant, pour l’honorabilité de la profession, on n’en dira rien.
C’est mieux, dit Lucien l’âne. Imagine un peu que ce soit le cas ; des policiers véreux, corrompus, manipulateurs, cupides, extorquant le passant, ce serait désolant.
Dès lors, Lucien l’âne mon ami, pour mettre fin à toute dérive, il convient de préciser le contexte. Si j’ai parlé de Marcovaldo, c’est que le Marco qui nous occupe est lui aussi un paysan, monté à la ville pour chercher de quoi subsister. Comme son presque homonyme, comme tous les émigrés, il est assez décalé par rapport à la vie de cette ville anonyme et compte tenu de son ignorance supposée et de sa situation de faiblesse, de son désarroi, il est l’objet d’intimidations et la proie d’escrocs.
Certes, dit Lucien l’âne, ce sont là des choses anciennes et qui sont toujours d’actualité et d’autant plus que le nombre de nouveaux arrivants s’accroît. Il y faudrait une politique d’accueil intelligente et fonctionnelle. Mais, me semble-t-il, celle-là relève de l’oxymore.
C’est la cas bien souvent, répond Marco Valdo M.I., mais cette fois, Marco ne se laisse pas abuser par les escrocs, car comme on dit par chez nous, il sent venir l’oignon et s’il accepte la proposition d’aide de ses anges gardiens, il se tient sur ses gardes et laisse venir les événements en restant prêt à se dégager. Comme tu vas le voir, c’est finalement ce qui va se passer. Par ailleurs, ces escrocs ne sont pas de grands arnaqueurs, ils n’ont rien de ces grands hommes d’affaires qui se bâtissent des fortunes réelles ou feintes, qui se portent à des sommets de pouvoir à force de mensonges, de tricheries, de dettes et d’arrogances diverses. Les escrocs que l’on trouve ici sont des escrocs au petit pied, ils ne sont pas mieux lotis (et peut-être même moins) que Marco qu’ils tentent de dévaliser et leur combine va lamentablement foirer. Ce sont des branques, des branquignols, des caves, des nuls.
En somme, dit Lucien l’âne, c’est une histoire drôle dans le genre de celles des Pieds Nickelés ou de Charlot et le côté amusant pour moi tient aussi au fait qu’il s’agit d’une fable contemporaine, à la manière de celles d’Ésope ou de La Fontaine, mais où on aurait remplacé les animaux par des humains. Cela dit, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde escroc, perclus, menteur, minable et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane