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Villejuif

Serge Reggiani
Langue: français


Serge Reggiani

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[1973]
Scritta da Alice Dona (compositrice e cantante) e Sylvain Lebel (paroliere)
Nell'album di Reggiani intitolato “Bon à tirer”

Bon à tirer

A Villejuif, in Val-de-Marne, alla fine dell'800 fu creata la prima UMD (acronimo per Unités pour malades difficiles) di Francia, un ospedale psichatrico per malati mentali giudicati pericolosi per sé stessi o per la collettività. Fautore di questo modello organizzativo fu il dottor Henri Colin. Il centro è ancora esistente e si chiama “Établissement public de santé Paul-Guiraud”, intitolato ad un altro psichiatra attivo fino agli anni 50 e uno dei primi a privilegiare il trattamento farmacologico nella “cura” (più che altro la sedazione) del dolore mentale.
Nel racconto di Serge Reggiani l'ospedale psichiatrico, e quello criminale in particolare, diventa il paradigma dell'istituzione totale, della repressione, di ogni regime.



Il testo della canzone l'ho trovato su Sans Remède - Critique et témoignages contre la psychiatrie et l'emprise médicale, da cui riprendo anche l'esaustiva introduzione:

Comme dans tous ses numéros précédents, Sans Remède vous propose une chanson. Cette fois-ci nous avons jugé bon d’expliquer notre choix. En effet, « Villejuif » de Serge Reggiani nous a semblée intéressante à plusieurs titres, et d’abord parce que le sujet qui chante est enfermé dans un hôpital psychiatrique, ce qui n’est pas une thématique si courante de la chanson française. Ensuite parce qu’il décrit l’enfermement dans des termes qui nous ont parlé : « on me cache dans un coin », « fourrière des humains ». Mais aussi parce que nous avons été obligés d’en retranscrire un couplet, souvent omis quand on cherche les paroles. Ce couplet est entre parenthèses dans le texte et marque le caractère éminemment politique de la chanson. En effet, on y lit bien que le narrateur est enfermé à l’hôpital psychiatrique de Villejuif par mesure répressive, car il s’est battu pour un idéal, « contre quelle vie me suis-je battu pour qu’on me cueille un matin ? » et qu’il a été interné sur dénonciation, « des gens ont dit… ».

Par ailleurs, certaines retranscriptions transforment Grèce en Brest. Nous n’avons pu nous empêcher de penser aux différentes versions du « Déserteur » de Boris Vian, chanson dont la censure a imposé une modification du dernier couplet, sans pour autant trouver aucune information précise de cet ordre pour « Villejuif ». Mais il reste que pour nous, cette chanson écrite en 73 nous paraît faire très clairement mention de l’écrasement du printemps de Prague en 1968 et de l’invasion de la ville un an plus tard par les chars russes, de la dictature des Généraux en Grèce (de 1967 à 1974) et de la dictature de Franco en Espagne (1939-1975)… Et met en rapport direct les systèmes répressifs en vogue à l’étranger avec la section Colin de l’hôpital de Villejuif. Pour mémoire, le docteur Henri Colin, qui s’est spécialisé dans l’étude de la question des « aliénés criminels et vicieux », a été chargé d’organiser le quartier spécial des aliénés difficiles à l’asile de Villejuif. La section a été ainsi nommée en son honneur, c’est la première Unité pour malades difficiles (UMD) créée en France, accueillant des hommes dès 1910 puis s’ouvrant aux femmes à partir de 1933.
Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi, je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif

Ça va bientôt faire dix années
Qu’on me cache dans un coin
Qu’on vient me jeter la pâtée
Dans ma chambre chaque matin
Je ne sais pas ce que j’ai bien pu faire
Pour être mis à la fourrière
A la fourrière des humains
Qu’est-ce que je fais en pyjama
A tourner entre ces murs blancs
Appeler qui, implorer quoi ?
D’où je suis personne ne m’entend
Toutes mes peines sont peines perdues
Je vis, mais ça ne compte plus
Puisqu’ils m’ont rayé des vivants

Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi, je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif

Ils peuvent me piquer la peau
Et me sangler à mon lit
J’entends toujours mille marteaux
Résonner dans mes insomnies
Je vois toujours des foules déferler
Des mains et des portes fermées
Je ne trouve plus la sortie
(Contre quelle vie me suis-je battu
Pour qu’on me cueille un matin
Des gens ont dit qu’ils m’avaient vu
Avec une arme dans la main
Les rêves à l’air et la tête en morceau
Ils m’ont jetés dans ce ghetto
A Villejuif section Colin)

Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi, je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif

J’ai pourtant dû être un enfant
Moi aussi j’ai dû courir
Après des chiens, des cerf-volant
Si je pouvais y revenir
Mais je ne sais plus où dans quelle banlieue
J’ai semé des cailloux qui me
Ramèneraient à ce jardin

Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi, je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif

envoyé par Bernart Bartleby - 3/7/2017 - 21:20




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