Mi ricordo bene il viso che conobbe la prigione
i capelli neri e rustici, il suo nome e anche il cognome
e ricordo quella fame che lo colse sulla via
nel bel mezzo dei vent’anni: pane, amore. Ed utopia.
E ricordo le parole gocciolate rare e fiere
sopra al tavolo di un bar sospeso in mezzo alle torbiere
con la timidezza schiva che hanno i lupi di montagna
la spontaneità ribelle, forte come la gramigna
E i ricordi rotolavano come pale di un mulino
come rotolano i sogni di chi non sa viver chino
e quando la leva chiama per votarlo alla violenza
una mano rom lo prende, la virtù non è obbedienza!
Cercami
sulla strada che luccica
ben lontano da qui
tracce da fare perdere
e la bocca che mastica
la bellezza di un “no” … Gagiò romanò!
Gira gira la giostrina con i gagé belli dritti
se li guardi bene in faccia li puoi leggere negli occhi
gira gira la fortuna
che accarezza le tue voglie
lei che nega, lei che s’offre
lei che dona, lei che toglie
e Gaeta è un sogno strano per chi parla di diritti
è una gabbia chiusa in faccia, è uno sbattere di tacchi
è una corsa che resiste tra schiaffi del dolore
è una schiena sempre dritta, senza gloria, senza onore
Cercami
sulla strada che luccica
ben lontano da qui
tracce da fare perdere
e la bocca che mastica
la bellezza di un “no”…Gagiò romanò!
i capelli neri e rustici, il suo nome e anche il cognome
e ricordo quella fame che lo colse sulla via
nel bel mezzo dei vent’anni: pane, amore. Ed utopia.
E ricordo le parole gocciolate rare e fiere
sopra al tavolo di un bar sospeso in mezzo alle torbiere
con la timidezza schiva che hanno i lupi di montagna
la spontaneità ribelle, forte come la gramigna
E i ricordi rotolavano come pale di un mulino
come rotolano i sogni di chi non sa viver chino
e quando la leva chiama per votarlo alla violenza
una mano rom lo prende, la virtù non è obbedienza!
Cercami
sulla strada che luccica
ben lontano da qui
tracce da fare perdere
e la bocca che mastica
la bellezza di un “no” … Gagiò romanò!
Gira gira la giostrina con i gagé belli dritti
se li guardi bene in faccia li puoi leggere negli occhi
gira gira la fortuna
che accarezza le tue voglie
lei che nega, lei che s’offre
lei che dona, lei che toglie
e Gaeta è un sogno strano per chi parla di diritti
è una gabbia chiusa in faccia, è uno sbattere di tacchi
è una corsa che resiste tra schiaffi del dolore
è una schiena sempre dritta, senza gloria, senza onore
Cercami
sulla strada che luccica
ben lontano da qui
tracce da fare perdere
e la bocca che mastica
la bellezza di un “no”…Gagiò romanò!
envoyé par DonQuijote82 - 25/6/2016 - 17:12
Langue: français
Version française – GAGIÒ ROMANÒ – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Gagiò romanò – Alessandro Sipolo – 2015
C’est l’histoire d’un insoumis de Brescia, qui, dans les années 1970, se joint à un groupe de forains roms pour échapper au service militaire. Après la fuite, la contumace, la prison, les interpellations parlementaires à son propos, les tragédies personnelles, il revient à son existence de banlieue en refusant, avec sa cohérence habituelle, toute représentation « héroïque » de ses choix.
Dialogue maïeutique
Quand même, dit Marco Valdo M.I., on ne pouvait pas laisser cette canzone sans quelques mots d’explication. Pour mille raisons et la première étant que le personnage dont parle cette chanson, dont le narrateur raconte l’histoire, est d’abord et surtout, un insoumis.
C’est en effet un homme de raison. Un insoumis est un personnage que l’on se doit de saluer, dit Lucien l’âne, grattant le sol de son petit sabot noir pour renforcer sa conviction.
Certes, Lucien l’âne mon ami, le fait de refuser de faire un service militaire, avec tout ce que cette attitude comporte d’ennuis immédiats et ultérieurs, est en soi une preuve de volonté et de courage. Mais l’insoumission ne s’arrête pas là. C’est logique, si l’on veut bien considérer qu’un homme est un tout ; qu’il a – quand il a du caractère et une cohérence avec lui-même – la force d’être soi et d’affronter le monde. En lui résonne la voix de la liberté.
Son insoumission le pousse inéluctablement à la fuite et à une sorte de clandestinité. Comme le résistant, comme le partisan, comme le rebelle, il doit en quelque sorte disparaître, se fondre dans le paysage ou se glisser dans l’anonymat et il le fait en prenant la route avec un groupe de forains roms. C’est ce passage parmi les Roms qui lui vaut le nom de gagiò romanò, ce qui peut se traduire par « le Romain ». C’est comme dans nos régions où dans les quartiers, les usines, les groupes, que sais-je, on appelle celui-ci « l’Italien » ; l’autre, « l’Espagnol », « le Portugais », « le Grec », « le Suisse », « le Roumain », « l’ Allemand », « le Polonais », etc. Dans certains quartiers, il y a plusieurs dizaines de nationalités… Alors, la liste des surnoms est assez longue. Ou alors, du nom de sa région d’origine : « l’Ardennais », « le Flamand », le « Sicilien », « le Breton »… ou de sa ville : « le Liégeois », « le bruxellois », « le Parisien », « le Napolitain » et ici, « le Romain ».
Quant à l’expression complète « gagiò romanò », il faudrait dire à peu près : le « gars de Rome », mais en faisant entendre qu’il ne fait pas partie du groupe ou de la famille des Roms.
Oh, dit Lucien l’âne, c’est comme ça dans bien des endroits où je suis passé. C’est assez pratique ; tout le monde comprend de qui il s’agit.
C’est pratique, en effet, mais seulement s’il n’y en a qu’un. Au-delà, il faut utiliser un nom plus spécifique. Remarque cependant que c’est la même chose avec les noms et les prénoms et d’autre part, plus le groupe grandit, plus la complexité du problème augmente. Enfin, tu vois ce que je veux dire.
Bien sûr. Mais laissons ça et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde pétri de componction, assoiffé de respectabilité, conformiste, sérieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Chanson italienne – Gagiò romanò – Alessandro Sipolo – 2015
C’est l’histoire d’un insoumis de Brescia, qui, dans les années 1970, se joint à un groupe de forains roms pour échapper au service militaire. Après la fuite, la contumace, la prison, les interpellations parlementaires à son propos, les tragédies personnelles, il revient à son existence de banlieue en refusant, avec sa cohérence habituelle, toute représentation « héroïque » de ses choix.
Dialogue maïeutique
Quand même, dit Marco Valdo M.I., on ne pouvait pas laisser cette canzone sans quelques mots d’explication. Pour mille raisons et la première étant que le personnage dont parle cette chanson, dont le narrateur raconte l’histoire, est d’abord et surtout, un insoumis.
C’est en effet un homme de raison. Un insoumis est un personnage que l’on se doit de saluer, dit Lucien l’âne, grattant le sol de son petit sabot noir pour renforcer sa conviction.
Certes, Lucien l’âne mon ami, le fait de refuser de faire un service militaire, avec tout ce que cette attitude comporte d’ennuis immédiats et ultérieurs, est en soi une preuve de volonté et de courage. Mais l’insoumission ne s’arrête pas là. C’est logique, si l’on veut bien considérer qu’un homme est un tout ; qu’il a – quand il a du caractère et une cohérence avec lui-même – la force d’être soi et d’affronter le monde. En lui résonne la voix de la liberté.
Son insoumission le pousse inéluctablement à la fuite et à une sorte de clandestinité. Comme le résistant, comme le partisan, comme le rebelle, il doit en quelque sorte disparaître, se fondre dans le paysage ou se glisser dans l’anonymat et il le fait en prenant la route avec un groupe de forains roms. C’est ce passage parmi les Roms qui lui vaut le nom de gagiò romanò, ce qui peut se traduire par « le Romain ». C’est comme dans nos régions où dans les quartiers, les usines, les groupes, que sais-je, on appelle celui-ci « l’Italien » ; l’autre, « l’Espagnol », « le Portugais », « le Grec », « le Suisse », « le Roumain », « l’ Allemand », « le Polonais », etc. Dans certains quartiers, il y a plusieurs dizaines de nationalités… Alors, la liste des surnoms est assez longue. Ou alors, du nom de sa région d’origine : « l’Ardennais », « le Flamand », le « Sicilien », « le Breton »… ou de sa ville : « le Liégeois », « le bruxellois », « le Parisien », « le Napolitain » et ici, « le Romain ».
Quant à l’expression complète « gagiò romanò », il faudrait dire à peu près : le « gars de Rome », mais en faisant entendre qu’il ne fait pas partie du groupe ou de la famille des Roms.
Oh, dit Lucien l’âne, c’est comme ça dans bien des endroits où je suis passé. C’est assez pratique ; tout le monde comprend de qui il s’agit.
C’est pratique, en effet, mais seulement s’il n’y en a qu’un. Au-delà, il faut utiliser un nom plus spécifique. Remarque cependant que c’est la même chose avec les noms et les prénoms et d’autre part, plus le groupe grandit, plus la complexité du problème augmente. Enfin, tu vois ce que je veux dire.
Bien sûr. Mais laissons ça et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde pétri de componction, assoiffé de respectabilité, conformiste, sérieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
GAGIÒ ROMANÒ
Je me souviens bien de son visage qui connut la prison
Ses cheveux noirs et rustiques, son nom et même son prénom
Et je me rappelle de cette faim qui le cueillit dans la rue
Au beau milieu de ses vingt ans : pain, amour. Et utopie.
Et je me souviens de ses mots distillés, rares et fiers
Sur la table d’un bar suspendu au milieu des tourbières
Avec cette timidité trouble qu’ont les loups,
Sa spontanéité rebelle, forte comme le chiendent
Et ses souvenirs tournaient comme les pales au vent
Comme virevoltent les rêves de celui qui ne peut pas vivre à genoux
Et quand l’armée l’appela pour le vouer à la violence
Une main rom l’emporte, le courage n’est pas obéissance !
Cherche-moi
Sur la route qui rutile
Bien loin de là
Des traces à faire perdre
Et la bouche qui remâche
La beauté d’un « non »…
Gagiò romanò !, ton nom.
Tourne tourne le manège avec les gamins bien droits
Si on les regarde bien en face, dans leurs yeux, on peut lire
Tourne tourne la fortune
Qui caresse tes envies
Celle qui refuse, celle qui s’offre
Celle qui donne, celle qui enlève.
Gaeta est un étrange songe pour qui parle de droits
C’est une cage au visage fermé, c’est une porte de bois,
C’est une course où on résiste parmi les gifles de la douleur
C’est un dos toujours droit, sans gloire, sans honneur.
Cherche-moi
Sur la route qui rutile
Bien loin de là
Des traces à faire perdre
Et la bouche qui remâche
La beauté d’un « non »…
Gagiò romanò !, ton nom.
Je me souviens bien de son visage qui connut la prison
Ses cheveux noirs et rustiques, son nom et même son prénom
Et je me rappelle de cette faim qui le cueillit dans la rue
Au beau milieu de ses vingt ans : pain, amour. Et utopie.
Et je me souviens de ses mots distillés, rares et fiers
Sur la table d’un bar suspendu au milieu des tourbières
Avec cette timidité trouble qu’ont les loups,
Sa spontanéité rebelle, forte comme le chiendent
Et ses souvenirs tournaient comme les pales au vent
Comme virevoltent les rêves de celui qui ne peut pas vivre à genoux
Et quand l’armée l’appela pour le vouer à la violence
Une main rom l’emporte, le courage n’est pas obéissance !
Cherche-moi
Sur la route qui rutile
Bien loin de là
Des traces à faire perdre
Et la bouche qui remâche
La beauté d’un « non »…
Gagiò romanò !, ton nom.
Tourne tourne le manège avec les gamins bien droits
Si on les regarde bien en face, dans leurs yeux, on peut lire
Tourne tourne la fortune
Qui caresse tes envies
Celle qui refuse, celle qui s’offre
Celle qui donne, celle qui enlève.
Gaeta est un étrange songe pour qui parle de droits
C’est une cage au visage fermé, c’est une porte de bois,
C’est une course où on résiste parmi les gifles de la douleur
C’est un dos toujours droit, sans gloire, sans honneur.
Cherche-moi
Sur la route qui rutile
Bien loin de là
Des traces à faire perdre
Et la bouche qui remâche
La beauté d’un « non »…
Gagiò romanò !, ton nom.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 3/7/2016 - 22:04
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Eresie
E’ la storia di un renitente alla leva bresciano, aggregatosi, negli anni ‘70, ad un gruppo di giostrai rom per sfuggire al servizio militare. Dopo la fuga, la latitanza, la prigione, le interrogazioni parlamentari sul suo conto, le tragedie personali, torna alla sua vita di periferia rifiutando, con la consueta coerenza, ogni rappresentazione “eroica” delle sue scelte.