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Man müßte wieder sechzehn Jahre sein

Erich Kästner
Langue: allemand


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(Marco Valdo M.I.)
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Man müßte wieder sechzehn Jahre sein
oder 
Existenz im Wiederholungsfälle 

Erich Kästner 1936
(« Doktor Erich Kästners Lyrische Hausapotheke »)

Front 1915
Man müßte wieder sechzehn Jahre sein 
und alles, was seitdem geschah, vergessen. 
Man müßte wieder seltne Blumen pressen 
und (weil man wächst) sich an der Türe messen 
und auf dem Schulweg in die Tore schrein. 

Man müßte wieder nachts am Fenster stehn 
und auf die Stimme der Passanten hören, 
wenn sie den leisen Schlaf der Straßen stören. 
Man müßte sich, wenn einer lügt, empören 
und ihm fünf Tage aus dem Wege gehn. 

Man müßte wieder durch den Stadtpark laufen 
mit einem Mädchen, das nach Hause muß 
und küssen will und Angst hat vor dem Kuß. 
Man müßte ihr und sich, vor Ladenschluß, 
für zwei Mark fünfzig ein paar Ringe kaufen. 

Man würde seiner Mutter wieder schmeicheln, 
weil man zum Jahrmarkt ein paar Groschen braucht. 
Man sähe dann den Mann, der lange taucht. 
Und einen Affen, der Zigarren raucht. 
Und ließe sich von Riesendamen streicheln. 

Man ließe sich von einer Frau verführen 
und dächte stets: das ist Herrn Lehmanns Braut. 
Man spürte ihre Hände auf der Haut. 
Das Herz im Leibe schlüge hart und laut, 
als schlügen nachts im Elternhaus die Türen. 

Man sähe alles, was man damals sah. 
Und alles, was seit jener Zeit geschah, 
das würde nun zum zweitenmal geschehn ... 
Dieselben Bilder willst du wiedersehn? 
Ja! 

envoyé par Marco Valdo M.I. - 28/12/2014 - 21:32



Langue: français

Version française - ON DEVRAIT AVOIR SEIZE ANS ENCORE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Man müsste wieder sechzehn sein (Existenz im Wiederholungsfälle) - Erich Kästner – 1936.

« Ce beau poème intemporel d'Erich Kästner s'appelle à l'origine « L'existence dans le piège de la répétition » (Existenz im Wiederholungsfälle ). Mais comme pour d'autres de ses poèmes, je trouve le titre un peu mal choisi. J'ai aussi omis la dernière ligne. À la question de savoir si on veut revoir les images d'alors, quand on était jeune, le Kästner répond résolument « Oui ! »
Je voudrais laisser la réponse ouverte. », ainsi commentait ce poème tiré de « Lyrische Hausapothek » - « Pharmacie Lyrique », un de ses admirateurs contemporains. [Die Magie der Verse].

Eh bien, alors, dit Lucien l'âne un peu ébahi…

Eh bien, si j'ai cité ce propos, c'est qu'il me sert de parfaite introduction. Ainsi, nous connaissons l’intention de Kästner et sa réponse à la question de savoir, s'il souhaitait revenir à ses seize ans… Il répond carrément oui… Son commentateur semble hésiter et vouloir laisser la « porte ouverte ». Étrange dispute qui repose à mon sens sur un malentendu. Et un malentendu historique. Je dis historique, car la clé de ce poème se trouve très précisément dans la biographie d'Erich Kästner et de tous les jeunes gens de son âge, je veux dire ceux qui sont nés en 1899 ou aux environs. Repartons de là et que constate-t-on ? Quelqu'un (Kästner, par exemple) qui est né en 1899 atteint l'âge de 16 ans en 1915. Et souviens-toi de cette autre chanson de Kästner que je t'ai fait connaître l'autre jour – Jahrgang 1899 – CLASSE 1899 et de ce qu'il y dit :
Nous avons couché avec les femmes,
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.

Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,
Comme chairs à canon.
À l'école, les bancs se vidèrent,
Les mères pleuraient à la maison. »

Voilà, les 16 ans de Kästner et de ses camarades adolescents. Et c'était en quelque sorte « l'âge d'or » L'Âge d'Or pour les adolescents. Il est donc facile de comprendre qu'Erich Kästner aurait aimé en rester là et surtout ne pas connaître la suite – Classe 1899 – incorporation 1917. Erich Maria Remarque n'en pensait pas moins (Classe 1898 – incorporation en 1916). Et sans doute, dès qu'ils ont eu un peu de recul sur l'événement, qu'ils ont eu le nez dans la gadoue, le face-à-face avec l’écœurante physionomie de la guerre, tous les jeunes Allemands, Français, Belges, Autrichiens, Italiens, Hongrois, Russes … Indistinctement, tous, sauf quelques malades déments, tels Ernst Jünger, dit Orages d'acier Boue, bombe, bruit et brouillard.

Ah, je comprends… Moi aussi, j'aurais voulu rester à mes jeunes années… avant de devenir un âne errant. Quoique… Mais mon sort est bien différent de celui de ces jeunes futurs cadavres, futurs mutilés et futurs restes.

Mais, car il y a un mais. Il y a mon interprétation… « a posteriori » et elle diffère de celles-là. Je m'en tiens au texte et à la capacité particulière de la poésie d'évoquer autre chose… que ce que l'auteur croit y mettre. Précisément dans la même finale. Regarde :
« On verrait tout, ce qu'on voyait à ce moment...
Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment !? »
Sincèrement, Lucien l'âne mon ami, peut-on penser un instant vouloir « revoir les mêmes images » ? Les massacres grandeur nature, la misère, l'inflation, le chômage, les assassinats politiques, la montée des fascismes, la peste brune s'étalant tout au travers du pays les nazis au pouvoir… et ce qui s'en suivra. Vraiment !? D'où vient-elle cette extraordinaire lucidité ? Franchement, je ne peux l'attribuer qu'à cette dimension particulière de la poésie. Et puis, il faut aussi tenir compte du moment où le recueil dont elle est extraite et qui s'intitule très exactement « Doktor Erich Kästners Lyrische Hausapotheke » a été publié en 1936, mais bien évidemment pas en Allemagne (les nazis avaient déjà brûlé les livres de Kästner dès 1933), mais en Suisse. Et se poser aussi la question – en connaissant l'humour ravageur de Kästner – de savoir ce que cette pharmacie lyrique était censée devoir soigner…

Moi qui ai entendu Cassandre, je ne peux que te dire comme Erich Kästner dans sa fin tronquée : « Ja ! Oui ! ». Mais reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde mercantile, militarisé, âpre et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
On devrait avoir seize ans encore
Et oublier tout ce qui est arrivé depuis lors.
On devrait serrer des fleurs rares encore 
Et – en grandissant - se mesurer aux portes
Et sur le chemin de l'école, sauter les barrières.

On devrait encore la nuit se tenir à la fenêtre
Pour entendre les voix des passants,
Quand elles troublent le sommeil léger des rues.
On devrait s'indigner, quand quelqu'un ment,
Et passer son chemin cinq jours durant.

On devrait courir dans le parc encore.
Avec une fille qui doit rentrer chez elle
A peur d'embrasser et veut un baiser.
On devrait avant la fermeture des magasins, avec elle, 
Pour deux marks cinquante acheter une paire de bagues.

Une fois encore, on amadouerait sa maman, 
Car on a besoin de quelques sous pour la foire.
On irait voir l'homme qui plonge longtemps.
Et le singe qui fume le cigare.
Et caresser des dames monstrueuses.

On se laisserait séduire par une femme
Et on penserait toujours : « C'est la poule de Monsieur Quidam. »
Ses mains sur la peau, on sentit.
Le cœur dans le corps battait fort et vite,
Comme à la maison, les portes battent la nuit.

On verrait tout, ce qu'on voyait à ce moment...
Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment ?
Vraiment !?

envoyé par Marco Valdo M.I. - 28/12/2014 - 21:34




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