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Kurzgefasster Lebenslauf

Erich Kästner
Langue: allemand


Erich Kästner

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Kurzgefasster Lebenslauf

Erich Kästner – 1930

les jeunes dames  <br />
 Et les dimanches où toujours il pleuvait.
les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.

Musica di Will Elfes (1924-1971), scultore e musicista tedesco. Nel suo album “Will Elfes Singt Kästner” del 1970.

Will Elfes Singt Kästner

(Bernart Bartleby)
Wer nicht zur Welt kommt, hat nicht viel verloren.
Er sitzt im All auf einem Baum und lacht.
Ich wurde seinerzeit als Kind geboren,
eh ich's gedacht.
 
Die Schule, wo ich viel vergessen habe,
bestritt seitdem den grössten Teil der Zeit.
Ich war ein patentierter Musterknabe.
Wie kam das bloss? Es tut mir jetzt noch leid.
 
Dann gab es Weltkrieg, statt der grossen Ferien.
Ich trieb es mit der Fussartillerie.
Dem Globus lief das Blut aus den Arterien.
Ich lebte weiter. Fragen Sie nicht, wie.
 
Bis dann die Inflation und Leipzig kamen;
Mit Kant und Gotisch, Börse und Büro,
mit Kunst und Politik und jungen Damen.
Und sonntags regnete es sowieso.
 
Nun bin ich zirka 31 Jahre
Und habe eine kleine Versfabrik.
Ach, an den Schläfen blühn schon graue Haare,
Und meine Freunde werden langsam dick.
 
Ich setze mich gerne zwischen Stühle.
Ich säge an dem Ast, auf dem wir sitzen.
Ich gehe durch die Gärten der Gefühle,
die tot sind, und bepflanze sie mit Witzen.
 
Auch ich muss meinen Rucksack selber tragen!
Der Rucksack wächst. Der Rücken wird nicht breiter
Zusammenfassend lässt sich etwas sagen:
Ich kam zur Welt und lebe trotzdem weiter.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 24/12/2014 - 21:49



Langue: français

Version française - CURRICULUM VITAE ABRÉGÉ – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Kurzgefasster Lebenslauf – Erich Kästner – 1930

Regarde, Lucien l'âne mon ami, voici que Kästner, le grand Kästner… Bien sûr, c'est au second degré, avec un certain recul, mais quand même je n'en connais pas tellement des poètes, des écrivains, des hommes de cette envergure. Donc, cette fois, la canzone rapporte le curriculum vitae – le parcours de vie, d'Erich Kästner, c'est-à-dire qu'il paraît à le lire, le parcours de vie d'un jeune homme de son époque. Lui ou un autre, qu'importe. Enfin quelqu'un qui a 30 ans environ en 1930. Trente ans, tu imagines encore ce que ça peut être. C'est l'âge de Brel quand il chante Bruxelles… En fait, Brel en avait trente-trois, comme le célèbre tram qu'il ne prendra jamais avec Madeleine… si l'on en croit sa chanson.

Oh, pour Bruxelles, c'était il y a longtemps, très longtemps… mais j'imagine encore. Si, si, Marco Valdo M.I. mon ami, j’imagine très bien. C'était au temps où Bruxelles rêvait, c'était au temps du cinéma muet ; c'était au temps où Bruxelles chantait, c'était au temps où Bruxelles brusselait… Excuse-moi, mais quand j'enchaîne des mots de Brel… Il faut que je continue, c'est plus fort que moi… Je ne sais d'ailleurs pas si d'autres ont ce réflexe-là…

Rassure-toi. C'est normal. Ici, on l'a presque tous… Surtout quand c'est cette chanson-là… D'ailleurs, il faudra bien l'insérer dans les Chansons contre la Guerre, si elle n'y est pas déjà… Rien que pour ce « Il attendait la guerre, elle attendait mon père. Ils l'avaient donc fait tous les deux et on voudrait que je sois sérieux ». Donc ici avec Erich Kästner, on serait plutôt à Berlin et vers 1930, juste avant le déferlement de la conjuration des imbéciles, des pires assassins qui soient. Et cette chanson comme beaucoup de chansons de Kästner, c'est sans doute l'effet de l'acide poétique, analyse le cheminement du passé, constate le présent et laisse présager des temps futurs. C'est terrible de décrypter, maintenant, ce qu'il disait sans trop savoir et Kästner, on le voit, ne parlait pas que pour lui, mais pour toute une génération, ou plusieurs, c'est selon :

« Je m'assieds volontiers entre deux chaises.
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants. »


Et puis, ce début… D'autant qu'il s'agit d'une vraie autobiographie. Au-delà de pensées générales sur l'école, la guerre – qui pourraient être celles de beaucoup de gens de son temps et qui l'ont véritablement été – et quelle amertume, il y a des détails qui ne trompent pas et par exemple  :

Jusqu'à l'inflation et Leipzig, il y avait
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.


Analyse : à l'époque de l'inflation – dans les années 20, Leipzig – ville où Kästner fait ses études – Kant et le gothique et Kästner travaille dans une banque – la bourse, le bureau ; il s'intéresse à l'art, la politique et aux jeunes dames … Quant aux dimanches pluvieux, ce n'est pas spécifique, ni pointilleusement vrai ; c'est juste une tonalité. Et puis, Kästner sait qu'il est un survivant… Laconique :
« En résumé, on ne peut dire qu'une chose :
Je suis venu au monde et je continue à vivre. » 

Ce qui est étrange, vois-tu Marco Valdo M.I., j'ai un peu l'impression que c'est la même chose à présent, que quelque chose se prépare, mais je ne saurais trop dire quoi. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde au bord du précipice, aux dimanches pluvieux, aux enfants modèles et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
CURRICULUM VITAE ABRÉGÉ

Celui qui ne vient pas au monde ne perd pas grand chose.
Il s'assied sur un arbre et rit doucement.
Je suis né en ce temps-là enfant,
Et quand j'y repense...
L'école, où j'ai beaucoup oublié,
A consommé la plus grande partie du temps.
J'étais un garçon modèle courant.
Comment c'est advenu ? J'en suis encore tout désolé.

Ensuite, on eut une guerre mondiale au lieu de grandes vacances.
Je la fis dans l'artillerie de campagne.
Des artères du globe a coulé un flot de sang.
J'ai continué à vivre. Ne demandez pas comment.

Jusqu'à l'inflation et Leipzig, il y avait
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.

Maintenant, j'ai environ 31 ans
Et une petite fabrique de poésie.
Ah, à mes tempes, flottent des cheveux, déjà gris
Et mes amis deviennent lentement corpulents.

Je m'assieds volontiers entre deux chaises.
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants.

Moi aussi, je dois porter mon sac à dos moi-même !
Le sac à dos grandit. Mon dos n'en devient pas plus large.
En résumé, on ne peut dire qu'une chose :
Je suis venu au monde et je continue à vivre.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 24/12/2014 - 21:50




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