Wir haben die Frauen zu Bett gebracht,
als die Männer in Frankreich standen.
Wir hatten uns das viel schöner gedacht.
Wir waren nur Konfirmanden.
Dann holte man uns zum Militär,
bloß so als Kanonenfutter.
In der Schule wurden die Bänke leer,
zu Hause weinte die Mutter.
Dann gab es ein bißchen Revolution
und schneite Kartoffelflocken;
dann kamen die Frauen, wie früher schon,
und dann kamen die Gonokokken.
Inzwischen verlor der Alte sein Geld,
da wurden wir Nachtstudenten.
Bei Tag waren wir bureau-angestellt
und rechneten mit Prozenten.
Dann hätte sie fast ein Kind gehabt
ob von dir, ob von mir - was weiß ich!
Das hat ihr ein Freund von uns ausgeschabt,
Und nächstens werden wir Dreißig.
Wir haben sogar ein Examen gemacht
und das meiste schon wieder vergessen.
Jetzt sind wir allein bei Tag und bei Nacht
und haben nichts Rechtes zu fressen!
Wir haben der Welt in die Schnauze geguckt,
anstatt mit Puppen zu spielen.
Wir haben der Welt auf die Weste gespuckt,
soweit wir vor Ypern nicht fielen.
Man hat unsern Körper und hat unsern Geist
ein wenig zu wenig gekräftigt.
Man hat uns zu lange, zu früh und zumeist
in der Weltgeschichte beschäftigt!
Die Alten behaupten, es würde nun Zeit
für uns zum Säen und Ernten.
Noch einen Moment. Bald sind wir bereit.
Noch einen Moment. Bald ist es so weit!
Dann zeigen wir euch, was wir lernten!
als die Männer in Frankreich standen.
Wir hatten uns das viel schöner gedacht.
Wir waren nur Konfirmanden.
Dann holte man uns zum Militär,
bloß so als Kanonenfutter.
In der Schule wurden die Bänke leer,
zu Hause weinte die Mutter.
Dann gab es ein bißchen Revolution
und schneite Kartoffelflocken;
dann kamen die Frauen, wie früher schon,
und dann kamen die Gonokokken.
Inzwischen verlor der Alte sein Geld,
da wurden wir Nachtstudenten.
Bei Tag waren wir bureau-angestellt
und rechneten mit Prozenten.
Dann hätte sie fast ein Kind gehabt
ob von dir, ob von mir - was weiß ich!
Das hat ihr ein Freund von uns ausgeschabt,
Und nächstens werden wir Dreißig.
Wir haben sogar ein Examen gemacht
und das meiste schon wieder vergessen.
Jetzt sind wir allein bei Tag und bei Nacht
und haben nichts Rechtes zu fressen!
Wir haben der Welt in die Schnauze geguckt,
anstatt mit Puppen zu spielen.
Wir haben der Welt auf die Weste gespuckt,
soweit wir vor Ypern nicht fielen.
Man hat unsern Körper und hat unsern Geist
ein wenig zu wenig gekräftigt.
Man hat uns zu lange, zu früh und zumeist
in der Weltgeschichte beschäftigt!
Die Alten behaupten, es würde nun Zeit
für uns zum Säen und Ernten.
Noch einen Moment. Bald sind wir bereit.
Noch einen Moment. Bald ist es so weit!
Dann zeigen wir euch, was wir lernten!
envoyé par Marco Valdo M.I. - 11/12/2014 - 20:29
Langue: français
Version française – CLASSE 1899 – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande - Jahrgang 1899 - Erich Kästner – 1928
Chanson allemande - Jahrgang 1899 - Erich Kästner – 1928
Donc, Lucien l'âne mon ami, quand j'indique, comme ici, « version française », il faut comprendre très exactement : « Ceci n'est pas une traduction ». Ce qui a l'avantage de ne pas tromper les gens sur ce qu'ils peuvent lire.
De toute façon, dit Lucien l'âne en riant de toutes ses dents, il suffit d'aller voir ce que font les traducteurs patentés pour comprendre combien tu as raison de désigner ainsi ton travail.
Cela dit, j'en viens à cette histoire d'Erich Kästner qui est remarquable en ce qu'elle exprime le destin de toute une génération : celle dont la vie a commencé la dernière année du siècle précédent, celle qui vivra son adolescence dans la guerre 14-18 et passera finalement du banc de l'école au casse-pipe ; c'était aussi celle d'Erich Maria Remarque (né en juin 1898). Une génération entière qui est passée du catéchisme aux joies du sexe… De la confirmation aux multiples éjaculations. Ainsi, j'y ai retrouvé ce mot quasiment disparu du vocabulaire de notre époque et certainement de la majorité écrasante de nos contemporains, le mot « confirmand » qui désigne chez les catholiques et les protestants les gens qui reçoivent la confirmation de leur engagement religieux ; il s'agit d'une cérémonie qui se fait à l'adolescence. C'est le début de l'histoire. La fin est tout aussi étonnante. Quand je dis que cette canzone, publiée en 1928, exprime le destin de ces hommes, elle le fait aussi pour le futur et combien :
« Les vieux disent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !».
En somme, dit Lucien l'âne , mon ami Marco Valdo M.I., tu es en train de me dire que Kästner prophétisait que 14-18 engendrerait 39-45.
C'est bien l'impression que l'on a avec le recul. Qui sème le vent, récolte la tempête, dirait-on presque. Je t'ai déjà parlé de cet effet second de l'art poétique, de tisser les trames invisibles du futur. Cependant, je ne pense pas un seul instant qu'Erich Kästner fût devin, ni qu'il imaginait ce qui allait suivre, même s'il savait à quoi s'en tenir avec cette bande de crapules nazies. Pour le reste, tout est dit par la chanson. Il y a seulement ces étranges flocons de pommes de terre qui se mettent à neiger. Tout s'explique par le fait que d'un côté, il y avait ces années-là un excédent de patates et de l'autre, simultanément, on assistait à un manque de céréales… Alors, il a fallu sécher les pommes de terre – ce sont ainsi que sont fait les flocons : par séchage – pour que la fécule ne pourrisse pas et combler la pénurie des céréales en mêlant les flocons de patates aux farines pour faire le pain – mieux connu sous le nom de K-Brot (pain de guerre)… qui manifestement a laissé de mauvais souvenirs. Et puis, il y a ce « craché par terre » qui est un geste de conjuration de la jettatura...
Chez les ânes aussi, on crache par terre pour conjurer et même, pour jurer. Le mieux est donc à présent de regarder ce texte et puis, de reprendre notre tâche et nous remettre à tisser le linceul de ce vieux monde polysémique, polémophère, polymorphe, politiquement bancal et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
De toute façon, dit Lucien l'âne en riant de toutes ses dents, il suffit d'aller voir ce que font les traducteurs patentés pour comprendre combien tu as raison de désigner ainsi ton travail.
Cela dit, j'en viens à cette histoire d'Erich Kästner qui est remarquable en ce qu'elle exprime le destin de toute une génération : celle dont la vie a commencé la dernière année du siècle précédent, celle qui vivra son adolescence dans la guerre 14-18 et passera finalement du banc de l'école au casse-pipe ; c'était aussi celle d'Erich Maria Remarque (né en juin 1898). Une génération entière qui est passée du catéchisme aux joies du sexe… De la confirmation aux multiples éjaculations. Ainsi, j'y ai retrouvé ce mot quasiment disparu du vocabulaire de notre époque et certainement de la majorité écrasante de nos contemporains, le mot « confirmand » qui désigne chez les catholiques et les protestants les gens qui reçoivent la confirmation de leur engagement religieux ; il s'agit d'une cérémonie qui se fait à l'adolescence. C'est le début de l'histoire. La fin est tout aussi étonnante. Quand je dis que cette canzone, publiée en 1928, exprime le destin de ces hommes, elle le fait aussi pour le futur et combien :
« Les vieux disent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !».
En somme, dit Lucien l'âne , mon ami Marco Valdo M.I., tu es en train de me dire que Kästner prophétisait que 14-18 engendrerait 39-45.
C'est bien l'impression que l'on a avec le recul. Qui sème le vent, récolte la tempête, dirait-on presque. Je t'ai déjà parlé de cet effet second de l'art poétique, de tisser les trames invisibles du futur. Cependant, je ne pense pas un seul instant qu'Erich Kästner fût devin, ni qu'il imaginait ce qui allait suivre, même s'il savait à quoi s'en tenir avec cette bande de crapules nazies. Pour le reste, tout est dit par la chanson. Il y a seulement ces étranges flocons de pommes de terre qui se mettent à neiger. Tout s'explique par le fait que d'un côté, il y avait ces années-là un excédent de patates et de l'autre, simultanément, on assistait à un manque de céréales… Alors, il a fallu sécher les pommes de terre – ce sont ainsi que sont fait les flocons : par séchage – pour que la fécule ne pourrisse pas et combler la pénurie des céréales en mêlant les flocons de patates aux farines pour faire le pain – mieux connu sous le nom de K-Brot (pain de guerre)… qui manifestement a laissé de mauvais souvenirs. Et puis, il y a ce « craché par terre » qui est un geste de conjuration de la jettatura...
Chez les ânes aussi, on crache par terre pour conjurer et même, pour jurer. Le mieux est donc à présent de regarder ce texte et puis, de reprendre notre tâche et nous remettre à tisser le linceul de ce vieux monde polysémique, polémophère, polymorphe, politiquement bancal et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
CLASSE 1899
Nous avons couché avec les femmes,
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.
Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,
Comme chairs à canon.
À l'école, les bancs se vidèrent,
Les mères pleuraient à la maison.
Ensuite, il y eut un peu de révolution
La pomme de terre neigea en flocons ;
Puis, les femmes revinrent,
Et vinrent les gonocoques.
Entre-temps, les vieux ont été ruinés,
Il nous resta la nuit pour étudier ;
Le jour, nous étions employés
Et nous comptions les billets.
Alors, elle a presque eu un enfant
De toi ou de moi – on ne sait !
Un de nos amis l'a cureté.
Et bientôt nous aurons trente ans.
Nous avons passé nos examens finalement
Et nous avons déjà tout oublié.
Nous sommes seuls jour et nuit maintenant
Et nous n'avons juste rien à manger !
Nous avons vu le monde en face,
Au lieu de jouer avec des poupées.
Nous avons craché par terre,
Pour ne pas tomber devant Ypres.
Notre corps et notre esprit progressivement
Se sont durcis et renforcés.
On nous avait trop longtemps, trop tôt et trop intensément
Dans l'histoire mondiale projetés!
Les vieux dirent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous, nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !
Nous avons couché avec les femmes,
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.
Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,
Comme chairs à canon.
À l'école, les bancs se vidèrent,
Les mères pleuraient à la maison.
Ensuite, il y eut un peu de révolution
La pomme de terre neigea en flocons ;
Puis, les femmes revinrent,
Et vinrent les gonocoques.
Entre-temps, les vieux ont été ruinés,
Il nous resta la nuit pour étudier ;
Le jour, nous étions employés
Et nous comptions les billets.
Alors, elle a presque eu un enfant
De toi ou de moi – on ne sait !
Un de nos amis l'a cureté.
Et bientôt nous aurons trente ans.
Nous avons passé nos examens finalement
Et nous avons déjà tout oublié.
Nous sommes seuls jour et nuit maintenant
Et nous n'avons juste rien à manger !
Nous avons vu le monde en face,
Au lieu de jouer avec des poupées.
Nous avons craché par terre,
Pour ne pas tomber devant Ypres.
Notre corps et notre esprit progressivement
Se sont durcis et renforcés.
On nous avait trop longtemps, trop tôt et trop intensément
Dans l'histoire mondiale projetés!
Les vieux dirent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous, nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !
envoyé par Marco Valdo M.I. - 11/12/2014 - 20:30
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