Il est cinq heures, Paris s'éveille

Cette chanson originale, dans le ton et la forme, mérite et de loin d'être reprise comme chanson contre la guerre en tant que telle. Peu importe d’ailleurs, quand et pour quoi elle avait été conçue… Même si elle avait été conçue en mars (était-ce aussi le 22 mars?), même si elle n'était qu'une chanson parmi d'autres, liée au commerce de l'édition médiatique, elle déboula comme le son de la tempête. On entendait cet étrange bruit serpentant, le solo de flûte inventé par Roger Bourdin, à toutes les heures du jour et de la nuit… Puis, sortant des transistors à pile, venait la voix un peu métallique et sèche de Jacques Dutronc… « Il est cinq heures, Paris s'éveille ». On était en mai 1968 et Paris (et pas seulement Paris, d'ailleurs, mais c'était le cœur de la révolte qui gagnait feu de brousse le territoire de langue française) était en révolte contre la société qui l'étouffait et qui soit dit en passant, l'étouffe encore.

Car, c'est elle, la chanson de mai 1968. Pas seulement en théorie, dans une sorte de nostalgique réminiscence. Non, elle était la voix du mouvement. Comme Grandola, pour d'autres lieux et d'autres jours. C'était la chanson de mai 1968, celle qu'on entendait partout et qu'on chantonnait partout - pour être plus précis, que les révoltés chantaient, qui les aidait à passer les nuits et spécialement, lors des occupations vers l'aube naissante. Forcément, quand on occupe, on y reste les nuits entières et le matin est bienvenu pour ceux qui ont tenu la garde ; c'est l'heure où en effet, ils rentrent se coucher. Pour la situer, « Il est cinq heures... » est en quelque sorte à mai 1968, ce que par exemple, est « Le Temps des Cerises » à la Commune de Paris.
Certes, à un autre moment, cette chanson aurait pu être le pendant des « Paumés du petit matin » de Jacques Brel ; ce qu'elle devait être au départ… Mais entretemps, la vague estudiantine a déferlé, les ouvriers ont embrayé et le soleil de mai a brillé.

Elle était tellement présente, tellement prégnante qu'elle fit quasi-immédiatement l'objet d'une parodie situationniste, d'un détournement qui était dans l'air du temps. Le situationnisme se répandait ; c'était un des facteurs de la révolte.

Au fait, elle devrait figurer dans les « Canzoni fondamentali » aux côtés de Lili Marleen et du Déserteur… Car là est sa vraie place.

Puis, elle apparaît avec le recul comme une chanson prémonitoire… Surtout, si l'on veut bien la lire en entier.

Par exemple, ceci :



qui – volens nolens – annonçait la liquidation du mouvement par les apparatchicks des grandes organisations ouvrières – politiques (PCF) et syndicales (CGT) en tête, qui n'avaient rien compris à ce qui était en train de se passer … ou alors, avaient trop bien compris. Allez savoir ! Il est vrai que comme en d'autres lieux – à Prague, par exemple, la révolte se faisait sans eux, sans qu'ils l'aient préméditée et sans qu'ils puissent la conduire. Alors, on liquide ! Circulez, il n'y a rien à voir !
Ô la grande victoire des accords de Grenelle… Depuis lors, les journaux sont imprimés, les ouvriers sont déprimés et ils ne sont pas près d'en sortir de cette dépression. Et de fait encore aujourd'hui, « Les gens se lèvent, ils sont brimés... ».

La Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres se poursuit.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I et Lucien Lane

qui tissent encore aujourd'hui le linceul de ce vieux monde déprimé, en éternelle crise, plein d'accords, de stratégies et de tactiques, d'apparatchicks, de dirigeants et cacochyme. Heureusement !!

Questa canzone originale, nel tono e nella forma, merita di gran lunga di essere inserita come canzone contro la guerra. Non importa del resto, quando e per che cosa sia stata concepita… anche se fosse stata concepita a marzo (anche stavolta il 22 di marzo?), anche se fosse soltanto una canzone tra tante altre, legata al commercio dell'edizione mediatica, saltò fuori come il suono della tempesta. Si sentiva questo rumore strano serpentino, l'assolo di flauto traverso inventato da Roger Bourdin, a tutte le ore del giorno e della notte… Quindi, dai transistor a pila, usciva la voce un po' metallica e secca di Jacques Dutronc… « Sono le cinque, Parigi si sveglia... ».  Era il maggio 1968 e Parigi (e non soltanto Parigi, peraltro, ma Parigi era il cuore della rivolta che conquistava. fuoco di boscaglia, il territorio di lingua francese) era in rivolta contro la società che la soffocava e, sia detto per inciso, la soffoca ancora.

Perché è questa la canzone del maggio 1968. Non soltanto in teoria, per una sorta di reminiscenza nostalgica. No, era proprio la voce del movimento. Come lo è stata Grandola, per altri luoghi ed altri giorni. Era la canzone del maggio 1968, quella che si sentiva e si canticchiava ovunque - per essere più precisi, che i rivoltosi cantavano, che li aiutava a passare le notti e soprattutto, durante le occupazioni, verso l'alba nascente. Inevitabilmente, quando si occupa, si deve restare per notti intere e il mattino è benvenuto per quelli che hanno fatto la guardia; è l'ora in cui, infatti, rientrano a coricarsi. Per situarla, « sono le cinque » è per il maggio 1968, quello che ad esempio, è Le temps des cerises per la comune di Parigi.

Certo, in un altro momento, questa canzone avrebbe potuto essere l'altra faccia della medaglia dei Salmi del primo mattino di Jacques Brel; questo doveva essere all'origine… Ma nel frattempo, l'onda studentesca è arrivata, gli operai hanno innestato la frizione ed il sole di maggio ha brillato.

Era così presente, così pregnante che fu quasi immediatamente oggetto di una parodia situationista, di un détournement che era nell'aria del tempo. Il situazionismo si diffondeva; era uno dei fattori della sommossa.

In effetti, dovrebbe apparire tra le Canzoni fondamentali accanto a Lili Marleen e del Déserteur… Perché è là il suo vero posto.

Inoltre con il senno di poi può apparire come una canzone premonitrice... Soprattutto se la si legge fino in fondo.
Ad esempio



che – volenti o nolenti – annunciava la liquidazione del movimento da parte degli apparatčik delle grandi organizzazioni operaie – politiche (PCF) e sindacali (CGT) in testa, che non avevano capito nulla di ciò che si stava succedendo… o forse, lo avevano capito anche troppo bene. Vallo a sapere ! È vero che come in altri luoghi – a Praga, ad esempio, la sommossa si faceva senza di loro, senza che la avessero progettata e senza che potessero guidarla. Allora, si liquida tutto! Circolare, non c'è nulla a vedere!
Ohime la grande vittoria degli « accordi de Grenelle »… Da allora, i giornali sono stampati, gli operai sono depressi e non ce la fanno più ad uscire da questa depressione. E di fatto ancora oggi, “la gente si alza, sono umiliati…„

La Guerre de Cent Mille Ans che i ricchi fanno ai poveri continua.

Così parlarono Marco Valdo M.I e Lucien Lane

che tessono ancora oggi il sudario di questo vecchio mondo depresso, in crisi eterna, pieno di accordi, di strategie e di tattiche, di apparatčik, di dirigenti e malato di cacochimia. Fortunatamente!