T'as ton fichu
Qu'est tout fichu,
La gueuse.
Ton bonnet qu'est tout délavé,
Ton cœur qui bat pour le malheur.
C'est pas le moment de te faire une fleur,
La gueuse.
C'est des soldats
Qui t'ont fait ça.
Pourtant, ça ne sait pas faire du charme,
Même que plutôt ça ferait des larmes
Avec des mitrailleuses,
La gueuse.
Il y a le père Danton
Dans la région,
La gueuse.
Il s'est retourné dans son panier ;
À croire qu'une tête dans un tas de son,
Ça fait penser dans la nation,
La gueuse.
Pour des soldats,
Tu as fait tout ça.
Moi qui croyais que tu étais en forme
Et voilà que tu fais les uniformes
Comme une pâle travailleuse,
La gueuse.
Dans tes beaux yeux,
Maintenant, il pleut,
La gueuse.
Il y a des clairons dans les chansons
À croire que pour mieux l'égorger
Un petit mouton, ça doit chanter,
La gueuse.
Mais les soldats
Qui t'ont fait ça
Finiront dans un livre au large
Avec du soleil dans la marge
Et puis toi en veilleuse,
La gueuse.
Ah, ça ira !
Tu connais ça,
La gueuse.
Même que Louis était parti
Sur cette machine à faire des ronds,
Un rond dans sa réputation.
La gueuse.
Si tu revenais,
On s'arrangerait ;
Si tu reviens pas, on se dérangera
Comme des marlous qui n'admettent pas
Qu'on leur prenne leur gueuse,
Leur gueuse, leur gueuse.
Qu'est tout fichu,
La gueuse.
Ton bonnet qu'est tout délavé,
Ton cœur qui bat pour le malheur.
C'est pas le moment de te faire une fleur,
La gueuse.
C'est des soldats
Qui t'ont fait ça.
Pourtant, ça ne sait pas faire du charme,
Même que plutôt ça ferait des larmes
Avec des mitrailleuses,
La gueuse.
Il y a le père Danton
Dans la région,
La gueuse.
Il s'est retourné dans son panier ;
À croire qu'une tête dans un tas de son,
Ça fait penser dans la nation,
La gueuse.
Pour des soldats,
Tu as fait tout ça.
Moi qui croyais que tu étais en forme
Et voilà que tu fais les uniformes
Comme une pâle travailleuse,
La gueuse.
Dans tes beaux yeux,
Maintenant, il pleut,
La gueuse.
Il y a des clairons dans les chansons
À croire que pour mieux l'égorger
Un petit mouton, ça doit chanter,
La gueuse.
Mais les soldats
Qui t'ont fait ça
Finiront dans un livre au large
Avec du soleil dans la marge
Et puis toi en veilleuse,
La gueuse.
Ah, ça ira !
Tu connais ça,
La gueuse.
Même que Louis était parti
Sur cette machine à faire des ronds,
Un rond dans sa réputation.
La gueuse.
Si tu revenais,
On s'arrangerait ;
Si tu reviens pas, on se dérangera
Comme des marlous qui n'admettent pas
Qu'on leur prenne leur gueuse,
Leur gueuse, leur gueuse.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 5/11/2014 - 00:45
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Chanson française – La Gueuse – Léo Ferré - 1961
2. (pol. spreg.)la Gueuse, la Repubblica francese (nel linguaggio degli esponenti di estrema destra).
Les samedi 18 février, vendredi 17 mars et mercredi 26 avril 1961, Léo Ferré enregistre un 25-cm de chansons censurées à la radio, Les Chansons interdites de Léo Ferré, qui comprend Les Rupins, Miss Guéguerre, Thank you Satan, Les 400 coups, Pacific Blues, Regardez-les, Mon Général et La Gueuse. Ce disque est interdit à la publication et le pressage est détruit (il n’en demeure qu’un 45-tours portant le même titre et proposant Les Rupins, Miss Guéguerre, Thank you Satan, Les 400 coups).
Censure à la radio
Mon ami Lucien l'âne, par parenthèse, c'est pas pour dire, mais quand même il n'y a pas beaucoup de gens qui ont pour ami un âne, je veux dire un âne avec des oreilles d'âne et des sabots d'âne et toutes les choses qui font qu'un âne est un âne. Donc, reprenons, Lucien l'âne mon ami, car tu es mon ami et on ne saurait rien y changer, j 'avais promis de la publier céans et c'est ce que je fais. Voici donc, cette Gueuse… Elle n'a rien à voir avec cette bière acide et deux fois bue (le faro étant une bière trois fois bue, n'en déplaise à Baudelaire !, mais j'admets que son appréciation est assez ancienne et que les choses ont pu évoluer depuis)… Non, il s'agit tout simplement de la bien-aimée de Danton, ainsi qu'il est dit dans la chanson.
La bien-aimée de Danton ? De qui donc peut-il s'agir ?
Mais de la république, pardi ! Celle que les réactionnaires, les royalistes, les attardés en tous genres appellent précisément la gueuse. Celle qu'interpellait l'autre jour Theobald Tiger, alias Kurt Tucholsky sous le titre Rathenau Rathenau. Elle gêne beaucoup cette fille-là, surtout les riches, car elle a de ces idées d'égalité et de fraternité qui sentent la fin de l'exploitation. La gueuse est d'essence populaire et orwellienne en diable, un clin d’œil à Voltaire, un clin d’œil à Meslier, un petit coup de rein pour aguicher le chaland, la gueuse est assez révolutionnaire dans l'âme… et diablement sympathique.
Si c'est comme ça, je la veux bien comme bien-aimée aussi. Ah, si je pouvais trouver une ânesse de ce genre...
C'est une excellente disposition. Mais la gueuse est une fille généreuse, elle peut se partager entre tous les celles et les ceusses qui la courtiseraient bellement… Elle est comme le savoir et l'intelligence : plus elle se répand, plus elle se renforce, plus elle embellit, plus elle fait d'heureux. Et à part les pisse-vinaigre, personne ne s'en plaint.
Oui, mais en quoi elle serait orwellienne ? Là, vraiment, j'ai besoin que tu me l'expliques…
Oh, Lucien l'âne mon ami, ce n'est pas bien difficile. J'ai dit orwellienne pour signifier qu'en bonne fille, en fille de petite extraction, elle ( la gueuse, cette république de petite extraction) sait en pense qu'il y a des choses qui ne se font pas et des choses qui doivent se faire. Elle a comme ambition de mettre fin à la guerre de cent mille ans que les riches font aux pauvres et c'est précisément cela qui lui vaut tant d'ennemis si virulents, si stupides, si méchants et si indécents. Elle a comme ennemis les infantiles, les médiocres, les fortunés et les aspirants au pouvoir, à la richesse et aux honneurs. Elle déteste les m'as-tu vu? Elle se contente de peu, elle s’accommode de vivre et c'est son vrai scandale. La source de la détestation qui la frappe depuis toujours.Mais quand même rassure-toi, pour elle, ça ira. Et puis, quelle chanson, quand même !
Là, tu as parfaitement raison… Quelle chanson ! Si on pouvait en faire autant… Mais voilà, nous les enfants de la gueuse, il nous faut composer avec nos mots, avec nos phrases. Mais cependant, il nous faut continuer encore à tisser le linceul de ce vieux monde réactionnaire, destructeur d'humanité, anxieux, ambitieux, avide, avare, âpre au gain et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane