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Salmo alla casa e agli emigranti

Rocco Scotellaro
Langue: italien


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Terra
(Rocco Scotellaro)
Così papà mio nell’America
(Rocco Scotellaro)
Noi non ci bagneremo
(Rocco Scotellaro)


[1952]
Testo trovato in “L'universo contadino e l'immaginario poetico di Rocco Scotellaro”, di Giovanni Battista Bronzini, Edizioni Dedalo, 1987.
Nella sezione intitolata “Quaderno a cancelli” della raccolta “È fatto giorno. 1940-1953”, Milano, Mondadori, 1954.



Dopo aver visto i suoi contadini imbarcarsi a Napoli, Rocco Scotellaro, postosi il problema della forma poetica più idonea a esprimere l'angoscia di chi assiste al ripetersi dell'esodo biblico, lo risolse per il salmo: “Epica: è falsa, ora. Elegia: è facilissima. Ode: per chi e che? Sonetto: ci vuol pace e molti giorni di incubazione, non delle rime, del fatto. Canzone: sono solo. Comizio: idem. Epicedio: i morti sono freddi. Salmo: sto per arrivarci, ma l'ignoto è lontano. Vada per una specie di Salmo...”
Inchinati alla terra, alla piccola porta mangiata della casa,
noi siamo i figli e la porta è carica di altri sudori,
e la terra, la nostra porzione, puzza e odora.
Mi uccidono, mi arrestano, morirò di fame, affogato
perché vento e polvere, sotto il filo della porta, ardono la gola;
nessuna altra donna mi amerà, scoppierà la guerra,
cadrà la casa, morirà mamma e perderò gli amici.
Il paese mio si va spopolando, imbarcano senza canzoni
con i nuovi corredi di camicie e mutande i miei paesani.
Che vanno a pigliare l'anello? Come nel giuoco,
sui muli bardati di coperte, e con le aste di ferro uncinato,
al filo teso sulla rotabile, nel giorno di San Pancrazio? (*)
Ve ne andate anche voi, padri della terra, e lasciate
il filo della porta più nero del nero fumo.
Quale spiraglio ai figli che avete fatto
quando la sera si ritireranno?
Nota

(*) Il gioco dell’anello durante la festa di San Pancrazio (“chi strappa, in piedi sul mulo, l’anello con una lunga asta, ha in premio un anello d’oro”) sta ad “indicare la sproporzione tra il pericolo di cadere e il premio”, la stessa sproporzione insita nell’atto di emigrare, lasciando tutto per un destino oscuro ed ignoto...

envoyé par Bernart Bartleby - 1/6/2014 - 00:02



Langue: français

Version française – PSAUME DE CHEZ NOUS ET DES ÉMIGRANTS – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Salmo alla casa e agli emigranti – Rocco Scotellaro – 1952

In “L'universo contadino e l'immaginario poetico di Rocco Scotellaro”, de Giovanni Battista Bronzini, Edizioni Dedalo, 1987.
Dans la section intitulée « Quaderno a cancelli » du recueil « È fatto giorno. 1940-1953 », Milan, Mondadori, 1954.

Le Jules César sur la route de l'émigration de l'après-guerre Direction : de Naples, Gênes vers Rio de Janeiro, Buenos Aires
Le Jules César sur la route de l'émigration de l'après-guerre Direction : de Naples, Gênes vers Rio de Janeiro, Buenos Aires


Après avoir vu ses compatriotes s'embarquer à Naples, à Rocco Scotellaro, s'est posé le problème de la forme poétique la plus apte à exprimer l'angoisse de qui voit se répéter l'exode biblique. Il le résolut par le psaume : « Épique : sonne faux, maintenant. Élégie : c'est trop facile. Ode : pour qui et quoi ? Sonnet : il faut de la paix et beaucoup de jours d'incubation, pas des rimes, du fait. Chanson : je suis seul. Discours : idem. Epicedio (chant funèbre en présence du mort ; en français, parfois, thrène, mais en fait, le thrène (treno en italien) se chante en l'absence du mort) : les morts sont froids. Psaume : je suis en train d'y arriver, mais l'inconnu est lointain. Allons pour une sorte de Psaume… »

Face à la misère croissante, les campagnes d'Italie se dépeuplent et des millions de « paysans » (dans la chanson compatriotes) émigrent. Nous sommes vers 1950 et cette hémorragie dure depuis des dizaines d'années. C'est là un des effets amplifié de la période fasciste et de la politique nataliste couplée à l'effondrement économique résultant de l'autarcie et de la guerre.
Pour Rocco Scotellaro, ce dépeuplement pose un double problème.

Mais pour commencer, je pense qu'il est bon de rappeler qui est Rocco Scotellaro…

C'est ce que j'allais faire. Donc, Rocco Scotellaro est une personne hors du commun et en même temps, c'est un de ces pauvres gens du Sud ; en l'occurrence, la Lucanie. Personne hors norme, il va se faire la voix des sans-voix, la voix des siens, la voix de ces éternels taiseux, ces taciturnes que sont les « terroni », les « braccianti », les « somari », peu importe le nom qu'on leur donne. Cela va l'amener à parcourir u itinéraire de vie à double voie : celle du combat politique contre les partisans de l'immobilisme, , essentiellement les « grands propriétaires » et leurs obligés et celle, plus forte, plus intime, de la poésie. La première de ces voies le conduira à assumer le rôle de maire socialiste de sa ville : Tricarico ; la seconde fera de lui un des poètes les plus poignants de la condition paysanne, un homme qui souffrira de la mort lente de ce monde où il est né et a toujours vécu. Il y a chez Rocco Scotellaro un attachement à son monde tout entier tenu dans les « argiles » lucaniens.

Dis-moi maintenant, parle-moi maintenant, Marco Valdo M.I. mon ami, de ce poème, de cette chanson…

J'y viens. J'y viens. En premier, comme tu as pu le comprendre de la petit citation de Rocco Scotellaro rapportée ci-dessus, il s'agit là d'un psaume : chose héritée de la poésie grecque de l'antiquité. Un chant psalmodié, c'est-à-dire (ici) une lamentation à caractère collectif, qui en principe, est accompagnée ou soutenue par une musique instrumentale. L'instrument, du moins à l'origine, est le psaltérion – un instrument à cordes, muni d'une caisse de résonance ; on le dit ancêtre du clavecin.

Oui, oui, dit Lucien l'âne en souriant. J'en ai déjà entendu jouer ; c'était aux temps où Athènes rêvait, bien avant le cinéma muet.

J'en reviens à Rocco Scotellaro et à ce Psaume. Tout d'abord, le titre. En italien, c'est : « Salmo alla casa e agli emigranti » et j'ai donné un titre français : « PSAUME DE CHEZ NOUS ET DES ÉMIGRANTS ». En deux mots, « alla casa » signifie littéralement « à la maison », ce qu'on traduit aussi par « chez soi ». Mais, vois-tu Lucien l'âne mon ami, c'est un psaume à vocation collective et ni la maison, ni le chez soi ne rendaient cela. Alors, j'ai trouvé ce « chez nous » qui inclut aussi le psalmiste – i.e. Rocco Scotellaro lui-même, bien qu'il n'ait pas l'intention d'émigrer. Ce psaume est aussi « aux émigrants ». Car cette émigration est en fait un malheur. Non seulement, elle est un malheur en elle-même, mais en plus, elle crée du malheur. D'une part, l'émigration – pour la plupart des gens – n'est pas un voyage d'agrément, un départ souhaité ou désiré, sauf apr désespérance ; elle résulte d'une situation malheureuse, tellement malheureuse qu'il faut fuir. Ainsi, pour résumer : on n'émigre pas par plaisir ; généralement, il faut des circonstances extrêmes pour abandonner son pays et les siens. Si l’émigration est un malheur, résulte d'un malheur, elle en crée aussi d'autres. Je cite pêle-mêle : la désertification du pays, la pénibilité du « voyage » (il suffit de regarder ce qui se passe actuellement aux entrées de l’Europe…) et le destin souvent très difficile à l'arrivée. En plus, et c'est un des thèmes évoqués par le Psaume, les émigrants laissent derrière eux un monde en ruines. Voilà ce que raconte cette chanson.

Bien. Découvrons ce psaume et ensuite, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde enclin aux migrations, incohérent, absurde et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
PSAUME DE CHEZ NOUS ET DES ÉMIGRANTS

Courbés vers la terre, à la petite porte rongée de la maison,
Nous sommes ses enfants et la porte est chargée d'autres sudations,
Et la terre, notre portion, pue et flaire.
Ils me tuent, m'arrêtent, je mourrai de faim, étouffé
Car vent et poussière, sous la porte, brûlent la gorge ;
Aucune autre femme ne m'aimera, éclatera la guerre,
Croulera la maison, mourra maman et mes amis, je perdrai .
Mon pays va se dépeuplant, sans chansons embarquent
Avec leurs trousseaux de chemises et de culottes, mes compatriotes.
Vont-ils attraper l'anneau ? Comme dans le jeu,
Sur des mulets bardés de couvertures, et avec leurs pertuisanes,
En file tendue sur le chemin, le jour de Saint Pancrace ? (*)
Même vous, pères de la terre, vous partez laissant
Le jour sous la porte plus noir que la fumée noire.
Quelle lumière avez-vous léguée à vos enfants
Quand ils se retireront le soir ?
NOTE

(*) le jeu de l'anneau pendant la fête de San Pancrazio (« qui arrache, debout sur le mulet, l'anneau avec une longue perche, reçoit en prix un anneau d'or ») sert à « indiquer la disproportion entre le danger de tomber et le prix », la même disproportion inhérente dans l'acte d'émigrer, en laissant tout pour un destin obscur et inconnu…

envoyé par Marco Valdo M.I. - 30/10/2015 - 22:56




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