Ich baue meinen Karren um, weil ich so langsam spüre,
Der Felix Dahn kriegt Publikum, nach rechts geht die Lektüre.
Den Emil Ludwig stell ich weg, der hat nun ausgejodelt,
jetzt kommt die Karre aus dem Dreck: Wir werden umgemodelt!
Wie sag ich's meinen Lesern gleich:
Wir kriegen jetzt das Dritte Reich!
Wenn ich wüßte, was der Adolf mit uns vorhat,
Wenn er erst die Macht am Brandenburger Tor hat?
Müssen wir dann alle braune Hemden tragen?
Darf dann niemand mehr das Wörtchen “nebbich” sagen?
Wird ein Vollbart unsre Heldenbrust bedecken?
Werden wir zum Gruß die dürren Arme recken?
Rufen wir dem Adolf “Heil”?!
Oder auch das Gegenteil?
Bald gibt es keine Mollen Bier, nur Met gibt es zu trinken,
Und bei Kempinski rollen wir aufs Brot den Bärenschinken.
Statt Girls tanzt ein Walkürenchor bei Hermann Haller balde,
Das Kadeko macht Kabarett im Teutoburger Walde.
Hab ich das richtig vorgeahnt?
Ich weiß ja nicht, was Adolf plant!
Wenn ich wüßte, was der Adolf mit uns vorhat,
Macht er aus Berlin nur eine Münchner Vorstadt?
Wird das Tageblatt Fraktur nur schreiben?
Wird der Kreuzberg ohne Haken bleiben?
Darf sich Reinhardt nur noch Goldmann nennen?
Oder wird man ihn trotzdem verbrennen?
Trifft ins Herz uns Adolfs Pfeil?
Oder nur ins Gegenteil?
Der Felix Dahn kriegt Publikum, nach rechts geht die Lektüre.
Den Emil Ludwig stell ich weg, der hat nun ausgejodelt,
jetzt kommt die Karre aus dem Dreck: Wir werden umgemodelt!
Wie sag ich's meinen Lesern gleich:
Wir kriegen jetzt das Dritte Reich!
Wenn ich wüßte, was der Adolf mit uns vorhat,
Wenn er erst die Macht am Brandenburger Tor hat?
Müssen wir dann alle braune Hemden tragen?
Darf dann niemand mehr das Wörtchen “nebbich” sagen?
Wird ein Vollbart unsre Heldenbrust bedecken?
Werden wir zum Gruß die dürren Arme recken?
Rufen wir dem Adolf “Heil”?!
Oder auch das Gegenteil?
Bald gibt es keine Mollen Bier, nur Met gibt es zu trinken,
Und bei Kempinski rollen wir aufs Brot den Bärenschinken.
Statt Girls tanzt ein Walkürenchor bei Hermann Haller balde,
Das Kadeko macht Kabarett im Teutoburger Walde.
Hab ich das richtig vorgeahnt?
Ich weiß ja nicht, was Adolf plant!
Wenn ich wüßte, was der Adolf mit uns vorhat,
Macht er aus Berlin nur eine Münchner Vorstadt?
Wird das Tageblatt Fraktur nur schreiben?
Wird der Kreuzberg ohne Haken bleiben?
Darf sich Reinhardt nur noch Goldmann nennen?
Oder wird man ihn trotzdem verbrennen?
Trifft ins Herz uns Adolfs Pfeil?
Oder nur ins Gegenteil?
Contributed by Bernart Bartleby - 2014/3/19 - 16:30
Language: French
Version française – LES ÉTAGÈRES DE LIVRES – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Der Bücherkarren – Hellmuth Krüger – 1931
Texte de Hellmuth Kruger (1890-1955), écrivain allemand, acteur et comique très actif dans le cabaret berlinois des années dorées de Weimar.
Chanson allemande – Der Bücherkarren – Hellmuth Krüger – 1931
Texte de Hellmuth Kruger (1890-1955), écrivain allemand, acteur et comique très actif dans le cabaret berlinois des années dorées de Weimar.
Dans cette chanson – pour ce que j'ai pu comprendre - Hellmuth Kruger énonce ironiquement ses doutes sur le nazisme désormais envahissant et il préfigure presque prophétiquement ce qui se passera peu après (et qui en partie déjà se passait), les campagnes de « nettoyage » contre des citoyens et les intellectuels juifs (est cité, par exemple, Emil Ludwig, écrivain et journaliste connu qui en 1932 sera forcé de fuir d'abord en Suisse et ensuite aux USA) et les Bücherverbrennungen, les autodafés ou les bûchers de livres des auteurs interdits qui inaugurèrent tristement la venue au pouvoir de Hitler en 1933.
*
Ah, Lucien l'âne mon ami, tu me vois tout contrit, car cette fois-ci aussi, même si je crois bien avoir tout compris, il me reste une petite appréhension, que je vais tenter de combler ici maintenant.
Allons, allons, Marco Valdo M.I., mon ami, ne te laisse pas aller à l'amertume... Qu'est-ce donc qui te chagrine ainsi ?
N'exagérons pas. Je ne suis pas tombé dans une mer amère, je suis simplement un peu inquiet pour ceux qui comme toi – et comme moi tout à l'heure, je veux dire avant que je ne fasse cette version, au premier abord, en quelque sorte – sont perdus face à cette chanson sans doute remarquable, mais dont les allusions échappent la plupart du temps. Bref, s'il m'a fallu bien des réflexions et des recherches pour éclairer ma lanterne ( et il faut – c'est un postulat sur lequel je dois bien m'appuyer – il faut donc que je me persuade de ne m'être pas (trop) trompé ; il va de soi que j'accepte par avance toute remarque ou correction), je n'ai pu rendre – et à mon sens la chose est proprement impossible – immédiatement compréhensible les événements et les personnages de l'époque. C'est à dire : le Berlin de 1931. Ce qui me chagrine, vois-tu, Lucien l'âne mon ami, c'est que je vais devoir faire ce que j'évite autant que possible : une explication de texte. Il est d'ailleurs possible que pour bien des gens, tout ce que je dirai est du connu et qu'ils auront un peu l'impression que je les prends pour des ânes... Mais enfin, on dira que je le fais pour toi, voilà tout. Lira qui voudra.
Soit... Vas-y, éclaire l'âne avec autre chose qu'un autodafé...
Donc, il y a un personnage – sans doute, un bibliothécaire résistant clandestin – qui émet une série de réflexions à propos de la montée d'Adolf Hitler et ses nazis vers le pouvoir et des conséquences qui vont sans doute en découler. Primo, il commence par évoquer les écrivains et les livres et – je te rappelle que nous sommes en 1931 – il imagine, subodore les autodafés, comme une dérivée logique du nazisme... Ces autodafés auront lieu en 1933 et ils seront menés par des étudiants, des professeurs, des bibliothécaires et les inévitables chemises de couleur uniforme.
( http://de.wikipedia.org/wiki/B%C3%BCcherverbrennung_1933_in_Deutschland?oldid=94392411
http://fr.wikipedia.org/wiki/Autodaf%C3%A9s_de_1933_en_Allemagne
http://it.wikipedia.org/wiki/B%C3%BCcherverbrennungen )
C'est à peine imaginable une telle déchéance de tout un pan de la société, dit Lucien l'âne en pointant ses oreilles vers l'infini.
Remarque..., Lucien l'âne mon ami...
C'est le cas de le dire..., dit Lucien l'âne en raclant le sol de son petit sabot plus noir qu'une botte cirée de SS.
Oui, oui, certes, Remarque... C'est le cas de le dire. En effet, Erich Maria Remarque (voir notamment :Boue, bombe, bruit et brouillard, sqq) était parmi les ostracisés et en effet, on brûlait ses livres. Erich Kästner, quant à lui, était présent sur la place de Berlin où se déroulait cette sinistre comédie dérisoire et il assista au brûlage de ses livres... à la suite de quoi, raconte-t-il, il se sentit comme « un mort-vivant ». Mais enfin, je continue cette explication : je voulais te faire remarquer le strict parallèle entre « le camion poubelle arrive » et « le Troisième Reich arrive... »... Peut-être n'est-ce pas exactement ainsi dans le texte allemand, mais c'en est l'esprit... À coup sûr.
Et puis, il y a les écrivains cités : par exemple, Felix Dahn :
« Felix Dahn conquiert un public, la lecture passe à droite. »
qui est un des inventeurs du national patriotisme ethnicoïde, qui sous-tend le rêve d'Otto, c'est-à-dire la Grande Allemagne et ses reichs successifs.
Celle qui phagocyte toute l'Europe aujourd'hui ?, demande Lucien l'âne.
Sans doute, sans doute... Et pour en revenir à Felix Dahn, je ne sais si la chose est formellement exacte, mais je trouve que les grandes barbes sur les poitrines correspondent assez à ce personnage à voir son portrait et je pense que la forêt de Teutobourg semble y faire allusion aussi, vu que Dahn avait écrit une « Bataille de Teutobourg ».... Dahn fut aussi l'initiateur du Monument, dont j'avais fait une chanson précédemment. (Le monument)
Pour le pouvoir à la Porte de Brandebourg, je te renvoie à la chanson Le Maître et Martha (Le Maître et Martha)
Pour le Kadeko, s'installer à Teutobourg était évidemment une absurdité..., mais c'était un lieu « germanique ».
L'autre écrivain directement cité est Emil Ludwig et avec lui, c'est une histoire bien différente : l'histoire vue et revue par un pacifiste audacieux et lucide – voir notamment son essai « 1914 », qu'il publia en 1928.
Il me reste à te donner deux trois indications encore :
d'abord ceci :
« Fera-t-il de Berlin un faubourg de Munich ? »... qui évoque nettement le coup d'État manqué de Munich en 1923 et alerte sur une éventuelle réédition à Berlin... De fait, elle se fera un peu plus tard, mais mieux préparée.
Et puis :
« Le journal devra-t-il s'écrire en gothique ? »
Le journal (en fait, le Berliner Tageblatt) était imprimé « normalement » en caractères « latins » – comme ceux qu'on utilise ici ; mais les nazis appréciaient assez les caractères « gothiques » (alias la Fracture) ; à leurs yeux, sans doute plus ethniques ou plus teutoniques.
Ensuite, le plus difficile à expliquer est celui-ci :
La traduction littérale de l'allemand donne à peu près ceci, comme sens :
Le Kreuzberg restera-t-il sans « crochets » ou la croix restera-t-elle « non-gammée »... ? J'en ai ait :
« Le Kreuzberg en Swastikaberg sera-t-il changé ? ».
Crois-moi, c'est un peu tordu, mais à mon sens, ça tient. Le Kreuzberg est un quartier populaire de Berlin , un quartier ouvrier de tradition communiste ou socialiste... Laissons de côté le suffixe « berg » - colline, montagne... Il nous reste : Kreuz : la croix et Swastika : la croix gammée. Traduction : le quartier du Kreuzberg va-t-il devenir le Swastikaberg, c'est-à-dire le quartier de la Swastika (sous contrôle nazi)... Et l'enjeu était bien celui-là et l'enjeu était d'importance... La fin de la résistance du Kreuzberg était le triomphe des nazis... On connaît la suite.
Et puis encore,
"Max Reinhardt devra-t-il s'appeler Max Goldmann, maintenant ?"
Il s'agit là du grand dramaturge berlinois Max Reinhardt, d'origine autrichienne et considéré comme Juif, dont le nom à l'état-civil était effectivement Max Goldmann. Il dut bientôt s'exiler aux États-Unis...
Enfin, la chanson se termine sur une invocation (et même, le souhait) de la mort d'Adolf se tuant de sa propre flèche... Et c'est bien ce qui arrivera...
Voilà, dit Lucien l'âne en dressant la tête, maintenant, je suis paré et je peux autant que toi m'y retrouver. Enfin, cette chanson démontre à l'envi le courage et la pénétration des auteurs de chansons, des poètes, des chansonniers qui ont souvent été parmi les premiers à sonner le tocsin et à affronter publiquement la « bête immonde » et ce sont les mêmes trublions qui aujourd'hui continuent à dénoncer ce vieux monde dont comme nous, ils tissent le linceul... Un monde autodestructeur, suicidaire, inconscient et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
*
Ah, Lucien l'âne mon ami, tu me vois tout contrit, car cette fois-ci aussi, même si je crois bien avoir tout compris, il me reste une petite appréhension, que je vais tenter de combler ici maintenant.
Allons, allons, Marco Valdo M.I., mon ami, ne te laisse pas aller à l'amertume... Qu'est-ce donc qui te chagrine ainsi ?
N'exagérons pas. Je ne suis pas tombé dans une mer amère, je suis simplement un peu inquiet pour ceux qui comme toi – et comme moi tout à l'heure, je veux dire avant que je ne fasse cette version, au premier abord, en quelque sorte – sont perdus face à cette chanson sans doute remarquable, mais dont les allusions échappent la plupart du temps. Bref, s'il m'a fallu bien des réflexions et des recherches pour éclairer ma lanterne ( et il faut – c'est un postulat sur lequel je dois bien m'appuyer – il faut donc que je me persuade de ne m'être pas (trop) trompé ; il va de soi que j'accepte par avance toute remarque ou correction), je n'ai pu rendre – et à mon sens la chose est proprement impossible – immédiatement compréhensible les événements et les personnages de l'époque. C'est à dire : le Berlin de 1931. Ce qui me chagrine, vois-tu, Lucien l'âne mon ami, c'est que je vais devoir faire ce que j'évite autant que possible : une explication de texte. Il est d'ailleurs possible que pour bien des gens, tout ce que je dirai est du connu et qu'ils auront un peu l'impression que je les prends pour des ânes... Mais enfin, on dira que je le fais pour toi, voilà tout. Lira qui voudra.
Soit... Vas-y, éclaire l'âne avec autre chose qu'un autodafé...
Donc, il y a un personnage – sans doute, un bibliothécaire résistant clandestin – qui émet une série de réflexions à propos de la montée d'Adolf Hitler et ses nazis vers le pouvoir et des conséquences qui vont sans doute en découler. Primo, il commence par évoquer les écrivains et les livres et – je te rappelle que nous sommes en 1931 – il imagine, subodore les autodafés, comme une dérivée logique du nazisme... Ces autodafés auront lieu en 1933 et ils seront menés par des étudiants, des professeurs, des bibliothécaires et les inévitables chemises de couleur uniforme.
( http://de.wikipedia.org/wiki/B%C3%BCcherverbrennung_1933_in_Deutschland?oldid=94392411
http://fr.wikipedia.org/wiki/Autodaf%C3%A9s_de_1933_en_Allemagne
http://it.wikipedia.org/wiki/B%C3%BCcherverbrennungen )
C'est à peine imaginable une telle déchéance de tout un pan de la société, dit Lucien l'âne en pointant ses oreilles vers l'infini.
Remarque..., Lucien l'âne mon ami...
C'est le cas de le dire..., dit Lucien l'âne en raclant le sol de son petit sabot plus noir qu'une botte cirée de SS.
Oui, oui, certes, Remarque... C'est le cas de le dire. En effet, Erich Maria Remarque (voir notamment :Boue, bombe, bruit et brouillard, sqq) était parmi les ostracisés et en effet, on brûlait ses livres. Erich Kästner, quant à lui, était présent sur la place de Berlin où se déroulait cette sinistre comédie dérisoire et il assista au brûlage de ses livres... à la suite de quoi, raconte-t-il, il se sentit comme « un mort-vivant ». Mais enfin, je continue cette explication : je voulais te faire remarquer le strict parallèle entre « le camion poubelle arrive » et « le Troisième Reich arrive... »... Peut-être n'est-ce pas exactement ainsi dans le texte allemand, mais c'en est l'esprit... À coup sûr.
Et puis, il y a les écrivains cités : par exemple, Felix Dahn :
« Felix Dahn conquiert un public, la lecture passe à droite. »
qui est un des inventeurs du national patriotisme ethnicoïde, qui sous-tend le rêve d'Otto, c'est-à-dire la Grande Allemagne et ses reichs successifs.
Celle qui phagocyte toute l'Europe aujourd'hui ?, demande Lucien l'âne.
Sans doute, sans doute... Et pour en revenir à Felix Dahn, je ne sais si la chose est formellement exacte, mais je trouve que les grandes barbes sur les poitrines correspondent assez à ce personnage à voir son portrait et je pense que la forêt de Teutobourg semble y faire allusion aussi, vu que Dahn avait écrit une « Bataille de Teutobourg ».... Dahn fut aussi l'initiateur du Monument, dont j'avais fait une chanson précédemment. (Le monument)
Pour le pouvoir à la Porte de Brandebourg, je te renvoie à la chanson Le Maître et Martha (Le Maître et Martha)
Pour le Kadeko, s'installer à Teutobourg était évidemment une absurdité..., mais c'était un lieu « germanique ».
L'autre écrivain directement cité est Emil Ludwig et avec lui, c'est une histoire bien différente : l'histoire vue et revue par un pacifiste audacieux et lucide – voir notamment son essai « 1914 », qu'il publia en 1928.
Il me reste à te donner deux trois indications encore :
d'abord ceci :
« Fera-t-il de Berlin un faubourg de Munich ? »... qui évoque nettement le coup d'État manqué de Munich en 1923 et alerte sur une éventuelle réédition à Berlin... De fait, elle se fera un peu plus tard, mais mieux préparée.
Et puis :
« Le journal devra-t-il s'écrire en gothique ? »
Le journal (en fait, le Berliner Tageblatt) était imprimé « normalement » en caractères « latins » – comme ceux qu'on utilise ici ; mais les nazis appréciaient assez les caractères « gothiques » (alias la Fracture) ; à leurs yeux, sans doute plus ethniques ou plus teutoniques.
Ensuite, le plus difficile à expliquer est celui-ci :
La traduction littérale de l'allemand donne à peu près ceci, comme sens :
Le Kreuzberg restera-t-il sans « crochets » ou la croix restera-t-elle « non-gammée »... ? J'en ai ait :
« Le Kreuzberg en Swastikaberg sera-t-il changé ? ».
Crois-moi, c'est un peu tordu, mais à mon sens, ça tient. Le Kreuzberg est un quartier populaire de Berlin , un quartier ouvrier de tradition communiste ou socialiste... Laissons de côté le suffixe « berg » - colline, montagne... Il nous reste : Kreuz : la croix et Swastika : la croix gammée. Traduction : le quartier du Kreuzberg va-t-il devenir le Swastikaberg, c'est-à-dire le quartier de la Swastika (sous contrôle nazi)... Et l'enjeu était bien celui-là et l'enjeu était d'importance... La fin de la résistance du Kreuzberg était le triomphe des nazis... On connaît la suite.
Et puis encore,
"Max Reinhardt devra-t-il s'appeler Max Goldmann, maintenant ?"
Il s'agit là du grand dramaturge berlinois Max Reinhardt, d'origine autrichienne et considéré comme Juif, dont le nom à l'état-civil était effectivement Max Goldmann. Il dut bientôt s'exiler aux États-Unis...
Enfin, la chanson se termine sur une invocation (et même, le souhait) de la mort d'Adolf se tuant de sa propre flèche... Et c'est bien ce qui arrivera...
Voilà, dit Lucien l'âne en dressant la tête, maintenant, je suis paré et je peux autant que toi m'y retrouver. Enfin, cette chanson démontre à l'envi le courage et la pénétration des auteurs de chansons, des poètes, des chansonniers qui ont souvent été parmi les premiers à sonner le tocsin et à affronter publiquement la « bête immonde » et ce sont les mêmes trublions qui aujourd'hui continuent à dénoncer ce vieux monde dont comme nous, ils tissent le linceul... Un monde autodestructeur, suicidaire, inconscient et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
LES ÉTAGÈRES DE LIVRES
Je renouvelle mes étagères, peu à peu je m'adapte.
Felix Dahn conquiert un public, la lecture passe à droite.
J'écarte Emil Ludwig qui jodèle maintenant à l'extérieur,
Nous sommes remodelés; le camion poubelle arrive.
Comme je le dis aussi à mes lecteurs :
Maintenant, le Troisième Reich arrive !
Si je savais, ce que l'Adolf nous prépare,
N le'a-t-il pas le pouvoir à la porte de Brandebourg déjà ?
Devrons-nous tous porter des chemises brunes ?
« Nebbich » ou « Juif », ne pourra-t-on plus dire ces mots-là ?
Une grande barbe couvrira-t-elle nos poitrines héroïques ?
Tendrons-nous pour saluer un bras mécanique?
Crierons-nous pour l'Adolf : « Heil Hitler!» ? !
Ou bien aussi le contraire ?
Bientôt, il n'y aura plus de Mollen Bier, seulement de l'hydromel à boire,
Et chez Kempinski, on aura le jambon d'ours au lieu de pain.
Chez Hermann Haller, au lieu des girls, on aura des Walkyries tous les soirs
Le Kadeko fera son cabaret dans la forêt de Teutobourg, dès demain.
Ai-je correctement prévu tout cela ?
Je ne sais pas déjà ce que l'Adolf inventera !
Si je savais ce que l'Adolf va nous réserver...
Fera-t-il de Berlin un faubourg de Munich ?
Le journal devra-t-il s'écrire en gothique ?
Le Kreuzberg en Swastikaberg sera-t-il changé ?
Max Reinhardt devra-t-il s'appeler Max Goldmann, maintenant ?
Ou le brûlera-t-on de toute manière ?
La flèche d'Adolf frappera-t-elle notre coeur mortellement?
Ou bien sera-ce le contraire ?
Je renouvelle mes étagères, peu à peu je m'adapte.
Felix Dahn conquiert un public, la lecture passe à droite.
J'écarte Emil Ludwig qui jodèle maintenant à l'extérieur,
Nous sommes remodelés; le camion poubelle arrive.
Comme je le dis aussi à mes lecteurs :
Maintenant, le Troisième Reich arrive !
Si je savais, ce que l'Adolf nous prépare,
N le'a-t-il pas le pouvoir à la porte de Brandebourg déjà ?
Devrons-nous tous porter des chemises brunes ?
« Nebbich » ou « Juif », ne pourra-t-on plus dire ces mots-là ?
Une grande barbe couvrira-t-elle nos poitrines héroïques ?
Tendrons-nous pour saluer un bras mécanique?
Crierons-nous pour l'Adolf : « Heil Hitler!» ? !
Ou bien aussi le contraire ?
Bientôt, il n'y aura plus de Mollen Bier, seulement de l'hydromel à boire,
Et chez Kempinski, on aura le jambon d'ours au lieu de pain.
Chez Hermann Haller, au lieu des girls, on aura des Walkyries tous les soirs
Le Kadeko fera son cabaret dans la forêt de Teutobourg, dès demain.
Ai-je correctement prévu tout cela ?
Je ne sais pas déjà ce que l'Adolf inventera !
Si je savais ce que l'Adolf va nous réserver...
Fera-t-il de Berlin un faubourg de Munich ?
Le journal devra-t-il s'écrire en gothique ?
Le Kreuzberg en Swastikaberg sera-t-il changé ?
Max Reinhardt devra-t-il s'appeler Max Goldmann, maintenant ?
Ou le brûlera-t-on de toute manière ?
La flèche d'Adolf frappera-t-elle notre coeur mortellement?
Ou bien sera-ce le contraire ?
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2014/4/12 - 22:55
×
Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Versi di Hellmuth Kruger (1890-1955), scrittore tedesco, attore e comico molto attivo nel cabaret berlinese negli anni d’oro di Weimar.
Ignoro se la musica sia sua oppure di qualche famoso ovvero ignoto compositore dell’epoca, come ce n’erano tantissimi nella vivissima Berlino prenazista.
“Chiamiamo Adolf ‘Salvatore della Patria’… o non sarà piuttosto il contrario?”
In questa canzone – per quello che sono riuscito a capire - Hellmuth Kruger pone ironicamente i propri dubbi sull’ormai dilagante nazismo e prefigura quasi profticamente quello che sarebbe successo di lì a poco (e che in parte stava già sordidamente succedendo), la campagne di “pulizia” contro cittadini ed intellettuali ebrei (viene citato, per esempio, Emil Ludwig, noto scrittore e giornalista che nel 1932 sarà costretto a fuggire prima in Svizzera e poi negli USA) ed i Bücherverbrennungen, i roghi di libri degli autori vietati che inaugurarono tristemente l’avvento al potere di Hitler nel 1933.